Viandes bovines

Le manque de bovins tire les prix

Le manque d’animaux s’inscrit dans la durée en France comme dans le reste de l’Europe. Les prix des gros bovins maigres et finis continuent donc de grimper. La forte baisse des abattages de veaux en Europe, en particulier aux Pays-Bas, a sonné la fin de la baisse saisonnière des cours, sauf en France, où elle est cependant tardiv. Le cours des jeunes veaux laitiers atteint des niveaux inégalés depuis près de vingt ans. La consommation par bilan de viande bovine a reculé au premier quadrimestre, en lien avec la baisse du disponible et une inflation supérieure au reste des produits alimentaires.

Viandes bovines » Gros bovins » France »

Abattages de gros bovins en recul, prix en hausse

Côté prix, les cours de tous les gros bovins finis progressent, portés par le recul de l’offre, dans un contexte sanitaire inquiétant en ferme. Côté coûts, l’IPAMPA recule modérément.

Le cours de la vache O progresse toujours

Les cours des vaches laitières poursuivent leur hausse, cependant à un rythme légèrement moins soutenu qu’il y a un mois (+16 centimes en quatre semaines pour la vache O, contre 33 centimes quatre semaines plus tôt). Les prix des réformes laitières augmentent toujours car elles sont peu nombreuses en France et Europe, avec la baisse des cheptels et un marché du lait porteur. En France, les bonnes conditions de pâturage et de fourrage et un prix du lait en hausse de 33 € /1000 L en avril sur un an, incitent les éleveurs laitiers à conserver leurs femelles.

La cotation française de la vache O atteignait donc 6,12 €/kg carcasse en semaine 24 (+30% /2024) et celle de la vache P flirtait avec les 6 €, du jamais vu, à 5,95 €/kg carcasse (+35% /2024).

Malgré cette hausse spectaculaire, les cotations françaises restent inférieures à leurs voisines européennes (voir notre article sur vaches en Europe).

Le prix de la vache U en France : toujours plus haut

Après avoir un peu fléchi suite au pic de prix de Pâques, les cours des meilleures vaches de race à viande sont repartis à la hausse, l’offre étant toujours limitée par le recul du cheptel allaitant. Par ailleurs, la raréfaction des réformes laitières et la hausse de leur prix pousse les abatteurs à augmenter les tarifs d’achat de tous les types de vaches. La cotation des vaches standard U atteignait donc 6,85 €/kg de carcasse en semaine 24 (+ 23 centimes en quatre semaines, +15% /2024).

La cotation de la vache R suivait la même tendance sur quatre semaines : +16 centimes, à 6,42 €/kg de carcasse en semaine 24 (+19% /2024).

Les prix des JB à contre-pied de la baisse saisonnière habituelle

Après un plateau en mars, les cotations des jeunes bovins français sont reparties à la hausse en avril et continuent de gagner quelques centimes chaque semaine. En effet, sur le marché européen, la production de jeunes bovins est en baisse, face à une demande ferme en UE, sur le pourtour méditerranéen et dans les Balkans.

La cotation française du jeune bovin U a donc gagné 8 centimes sur les quatre dernières semaines pour atteindre 6,57 €/kg de carcasse en semaine 24 (+23 % /2024). La hausse a été tout à fait similaire pour le jeune bovin R, à 6,41 €/kg en semaine 20 (+23% /2024). La cotation du jeune bovin O a progressé un peu plus vite, de 14 centimes dans le sillage des vaches laitières, à 6,04 €/kg (+27% /2024).

Dans les autres États membres, les cours augmentent plus fortement, sauf en Espagne où le JB R subit un léger revers depuis deux semaines après avoir dépassé le cours de tous les JB européens fin novembre (voir notre article dédié aux jeunes bovins en Europe).

Les abattages reculent

Après une baisse de 3% en tonnage sur les quatre premiers mois de l’année, les abattages poursuivent leur recul d’après les données hebdomadaires de Normabev.

Sur les semaines 21 à 24, le nombre de gros bovins abattus affiche un recul de 2% /2024. Certaines catégories sont en fort recul :

  • -9% en têtes pour les vaches laitières, avec un poids carcasse moyen nettement plus élevé que l’an passé : +3 kg,
  • -3% /2024 ou – 1 500 têtes pour les jeunes bovins de type viande, avec un poids moyen carcasse équivalent à l’an passé,
  • -3% également pour les jeunes bovins de type lait.

Au contraire, les abattages de vaches de type viande ont progressé un peu (+2% /2024) le poids carcasse progressant nettement, comme en vache laitière, de 3kg en un an, pour un âge à l’abattage inchangé. De même, les génisses de type viande ont davantage été conduites à l’abattoir (+1%) pour un âge à l’abattage en hausse d’environ un mois depuis le début de l’année, et un poids carcasse équivalent ces quatre dernières semaines, comparé à l’an passé.

La baisse de cheptel de reproductrices se poursuit

Au 1er mai 2025, la France comptait 3,417 millions de vaches allaitantes, soit -2,4% /2024 ou -83 000 têtes. Les génisses de type viande âgées de plus de 18 mois étaient en revanche plus nombreuses qu’il y a un an : +2,1% ou +33 000 têtes /2024, sans que l’on sache si elles sont destinées au renouvellement du cheptel ou à l’abattage. Une partie d’entre elles sont sans doute des génisses de reproduction ayant eu des problèmes de fertilité liés aux épizooties présentes depuis l’automne 2024.

Le nombre de vaches laitières était lui aussi en baisse au 1er mai, de 2,3% à 3,241 millions de têtes, soit -75 000 têtes /2024. Les génisses laitières de plus de 18 mois étaient aussi en recul (-2,5% ou -28 000 têtes /2024).

Le contexte sanitaire (MHE, FCO) impacte les élevages. De nombreuses naissances manquent (lien vers notre article broutards) et la mortalité est plus élevée en vaches comme en veaux et dans les deux cheptels (allaitant et laitier).

L’IPAMPA en légère baisse

L’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles) varie peu actuellement. En avril, il a légèrement diminué grâce au repli du prix de l’énergie, à 123,8 (-0,6% / mars 2025 et -2,1% /avril 2024). L’IPAMPA énergie et lubrifiants a reculé de 19% en un an, l’IPAMPA aliments achetés de -2,7% /2024, mais les engrais progressent (+4,9% /2024) ainsi que l’entretien et réparations du matériel et des bâtiments (respectivement +3,3% et +1,7%).

À noter, l’IPAMPA ne couvre pas l’ensemble des charges des exploitations. D’autres charges comme les coûts salariaux ou les coûts des travaux par tiers, qui ne sont pas prises en compte dans l’IPAMPA, restent en hausse par rapport à 2024.

Viandes bovines » Jeunes bovins » Europe »

Les prix continuent de croître en Europe   

Les prix des jeunes bovins continuaient d’augmenter au sein de l’UE, en raison du manque d’animaux. Les abatteurs italiens comme allemands peinent à trouver les animaux dont ils ont besoin.  

Les cours repartent à la hausse en Italie et poursuivent sur leur lancée en Allemagne.   

Le manque d’offre sur le marché européen conduit à une hausse des prix des jeunes bovins, contrant l’effet saisonnier du ralentissement de la demande qui traditionnellement oriente les cours à la baisse au printemps.   

  

En semaine 24, la cotation du jeune bovin charolais italien «prima Qualità» est repartie à la hausse à la bourse de Modène, gagnant 17 centimes en une semaine, à 7,34 €/kg de carcasse.   

La cotation du jeune bovin U allemand poursuit sa progression rapide. Elle a gagné 2,05 €/kg de carcasse depuis le début de l’année, atteignant les 7 € €/kg en semaine 24 (+41% /2024).   

Celle du jeune bovin U espagnol oscille autour de 7 €/kg depuis fin février après avoir enregistré une hausse spectaculaire, liée à la forte demande des pays du Maghreb.   

La cotation du jeune bovin U français semble à la traîne par rapport à ses voisines. À 6,5 €/kg de carcasse en semaine 24 (+23% /2024), elle n’a augmenté que de 61 centimes depuis le début de l’année (plus de détails dans notre article sur les gros bovins en France)

Les abattages allemands toujours à la baisse en ce début d’année 

Les prix allemands ont continué d’augmenter. Ils semblent dépasser les prix espagnols lors des dernières semaines. C’est que l’offre est très limitée en Allemagne, tant en jeunes bovins qu’en vaches de réforme, ce qui tire les prix vers le haut. Les abatteurs sont donc en forte concurrence pour l’approvisionnement en animaux et sont prêts à payer plus pour que leur outil de production ait une activité suffisante pour amortir les charges fixes. Les engraisseurs voyant les prix monter retiennent leurs animaux pour gagner quelques kilos et quelques euros, accentuant momentanément la pénurie, et ce d’autant plus que les veaux Fleckvieh sont particulièrement chers (voir l’article sur les veaux laitiers de mai 2025) et que les difficultés pour s’en procurer n’incitent pas les engraisseurs à vider leurs ateliers.  

  

Sur les 3 premiers mois de 2024, les abattages de jeunes bovins étaient en recul de 12% /2024 et de 19% /2023, à 109 000 téc. Les génisses sont également en baisse de 2%/2024 à 44 000 téc et les vaches de 3% à 80 000 téc.  

Italie : une demande de JB qui souffre de la hausse des prix 

En Italie, les sorties de jeunes bovins sont limitées par la faiblesse des disponibilités en broutards français depuis plus de deux ans.  

Sur les quatre premiers mois de l’année, 232 000 taurillons ont été abattus en Italie, en recul de 5% /2024. Par ailleurs, les abattages de génisses étaient stables par rapport à 2024, grâce au maintien des envois de femelles françaises lourdes pour compenser le manque de mâles. 

Pour pallier le manque d’offre, les abatteurs italiens se tournent vers les bovins finis importés et se trouvent obligés de diversifier les origines de ces bovins d’abattage compte tenu des effectifs limités dans chaque État membre. Depuis le début de l’année, 47 000 bovins finis ont été importés par l’Italie (+1% /2024). Environ 19 000 venaient de France d’après les douanes italiennes (= /2024), 10 000 de Slovénie (+43% /2024), 5 000 de Croatie (-24% /2024) et 4 000 de République Tchèque (+93%). Les importations de bovins finis depuis l’Espagne étaient en fort recul, les bovins espagnols ayant été happés par les pays du Maghreb. Les importations depuis la Hongrie, l’Irlande et d’autres pays de l’UE étaient également en hausse. 

Viandes bovines » Femelles » France »

Érosion de la consommation de viande bovine

Le disponible consommable en viande bovine a reculé an avril, du fait du fort recul des imports depuis les Pays-Bas et d’exportations de viande en hausse. La hausse du prix au consommateur du bœuf et du veau est supérieure à l’inflation et accélère depuis février.

Le disponible en viande bovine a reculé de 2% en avril

En avril 2025, la consommation par bilan de viandes bovines (y compris veau) a diminué de 2% comparé à 2024, du fait du recul des importations (-11% /avril 2024) et de la progression des exports (+5% /2024). Les abattages CVJA de gros bovins et de veaux sont demeurés stables par rapport à l’an passé. Au cours du premier quadrimestre 2025, la consommation par bilan enregistre une baisse de 3% /2024. Elle est affectée par la hausse des prix au consommateur et par un moral des ménages en baisse, impacté par des inquiétudes sur leur pouvoir d’achat et leur capacité d’épargne (voir l’article de l’INSEE).

D’après Agreste pour les abattages, et les Douanes pour le commerce extérieur du dernier mois, le disponible consommable d’avril était de 117 000 téc (-2%). La part d’import dans le disponible consommable a baissé de 1 point comparé à avril 2024, à 24%, du fait du fort recul des imports.


Part-de-la-viande-d-import-dans-les-viandes-bovines-consommee-en-France-en-2025

Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée.

Par ailleurs, depuis le Brexit début 2021, les statistiques douanières sont perturbées par l’organisation des opérateurs. En effet, plusieurs exportateurs britanniques font dédouaner leurs viandes en France avant de les réexpédier vers les Pays-Bas afin de faciliter les procédures de dédouanement. Ces effets ne sont pas déduits ici.

L’inflation annuelle est réduite mais se poursuit

En mai, l’inflation se poursuivait à bas bruit, à un rythme annuel de 0,7%, contre 0,8% les trois mois précédents. Les prix de l’énergie reculaient toujours (-8,0% sur un an, quatrième mois consécutif de baisse) via la baisse des produits pétroliers (-9,7% sur un an) et de l’électricité (-14% sur un an). Cependant le conflit entre Israël et l’Iran depuis vendredi 13 juin crée quelques incertitudes sur le marché. Le prix des produits manufacturés a légèrement faibli en avril (-0,2% en rythme annuel) comme depuis plusieurs mois, mais ceux des services progressent toujours (+2,1% contre +2,4% un mois plus tôt) à travers la hausse des loyers, de l’eau et du coût des ordures ménagères. Le prix de l’alimentaire progressait un peu plus (+1,3% contre +0,6% deux mois plus tôt), en particulier pour les produits frais (+1,5%). En mai, le prix du bœuf et du veau a progressé de +3,9% sur un an (contre +2,9% un mois plus tôt) du fait de la hausse des prix au producteur qui finit par se répercuter en magasin.

Le chiffre d’affaires du steak haché réfrigéré en hausse

Entre les semaines 19 et 22, le chiffres d’affaires (C.A.) des ventes de steak haché réfrigéré a progressé de 4% /2024 tandis que celui du haché congelé s’est effrité de 1% /2024 (Circana). L’évolution positive du C.A. en réfrigéré reflète la hausse du prix de vente au consommateur. En cumul depuis le début de l’année les ventes en valeur de steak haché réfrigéré sont en progression de 5%, celui du congelé se replie de 3%.

En avril, les imports des Pays-Bas ont subi un revers

En avril 2025, les importations ont nettement reculé, à 26 500 téc (-11% /2024) tandis que les exportations de viandes bovines ont progressé de 5% /2024, à 20 000 téc, du fait de la demande export dynamique pour la viande de jeune bovin.

En cumul sur le premier quadrimestre de l’année, nos importations ont reculé de 5% /2024 (-6 000 téc) à 113 000 téc.

Sur quatre mois, nos imports ont reculé de 13% /2024 depuis les Pays-Bas, notre principal fournisseur (-3 500 téc, à 24 000 téc) du fait du recul historique des abattages de veaux néerlandais au premier trimestre (-22% / 2024 ou -12 000 téc, voir notre article sur le veau de boucherie). Nos achats au Royaume-Uni, en partie envoyés ensuite vers d’autres pays de l’UE ont reculé de 8% par rapport à 2024 (-1 000 téc, à 13 000 téc). Enfin nos achats en Espagne s’effondrent depuis le début de l’année : -21% (-1 500 téc) à 6 000 téc, les abattages espagnols ayant reculé de 5% au premier trimestre et la demande de la rive sud méditerranéenne étant particulièrement forte cette année.

Pour compenser une partie seulement de cette baisse, nos achats ont progressé de 3% en Irlande, à 20 000 téc et surtout de 12% en Pologne (+ 1 500 téc, à 12 000 téc), pour une viande à prix plus attractif.

Provenances-de-la-viande-importee-en-France-et-destinations-de-la-viande-FR-exportee-en-2025

Nos exportations de viande bovine progressent encore au premier quadrimestre de 3% /2024, à 77 000 téc, dont une hausse de 5% des envois en mars et en avril. Les expéditions ont augmenté ou sont stables vers nos trois principaux clients :

  • vers l’Italie (+11% /2024 ou +2 000 tec, à 17 500 téc) du fait de la baisse de la production nationale, confrontée à la réduction des envois français de broutards mâles (voir notre article sur les jeunes bovins en Europe pour plus de précisions)
  • vers la Grèce (+3% ou +300 téc /2024, à 11 000 téc)
  • et vers l’Allemagne, des envois quasi stables (-1% ou -100 téc, à 12 500 téc).

Nos expéditions vers les Pays-Bas ont nettement reculé, de 12% /2024 (-1 500 téc), notamment en rapport avec le recul des imports français depuis le Royaume-Uni (-1 000 téc).

Enfin, les envois de viande progressaient très nettement vers d’autres pays de l’UE (+61% ou +3 000 téc) notamment vers l’Espagne (+84% à 1 800 téc) et le Portugal (+71% à 2 300 téc), l’Espagne étant confrontée à la baisse de ses abattages et à de forts besoins en viande chez les pays tiers. L’Espagne a par exemple envoyé 9 000 téc de viande en Algérie sur les trois premiers mois de l’année (+71% ou +3 500 téc), qui manquent par conséquent sur le marché domestique.

Viandes bovines » Femelles » Europe »

Manque criant de vaches de réforme sur le marché européen

La baisse des cheptels, les effets de traîne de la FCO et les bons prix du lait conduisent à une baisse prononcée des réformes en Europe et à une forte hausse des prix.

Baisse prononcée des abattages de vaches dans l’UE

D’après Eurostat, les abattages de vaches de réformes (laitières et allaitantes) dans l’Union européenne au premier trimestre ont enregistré une baisse de 4% à 494 000 téc (-22 000 téc /2024). Plusieurs éléments expliquent ce recul :

  • La baisse marquée du cheptel reproducteur européen en début d’année (-3% à 29,3 millions de vaches, laitières et allaitantes confondues),
  • La hausse du prix du lait qui incite les éleveurs à conserver leurs vaches. La moyenne européenne du prix du lait payé au producteur atteignait 531,9 €/tonne en mars (+15% /2024) et 533,4 €/tonne en mai (+16% /2024, chiffre provisoire).
  • Les maladies vectorielles et notamment la FCO-3 qui a dégradé les performances zootechniques dans certaines régions d’Allemagne, des Pays-Bas, de Belgique et de France, incitant finalement les éleveurs à conserver davantage de reproductrices.

Le manque de vaches s’est même accentué par la suite au niveau européen, avec une mise à l’herbe dans des conditions globalement plus favorables que les années précédentes.

Belgique : les abatteurs manquent de vaches et viennent en chercher en France

En Belgique, le cheptel était en baisse significative lors de l’enquête de décembre dernier. Le pays comptait alors 862 000 vaches (-3,6% /2023), dont 518 000 laitières (-3,2%) et 344 000 allaitantes (-4,2%).

Les abattages de vaches sur les quatre premiers mois de l’année 2025 sont tombés à 93 000 têtes, affichant une baisse de 10% par rapport à l’an dernier.

Résultat, les prix des vaches belges se sont envolés et sont passés au-dessus des prix français mi-février.

La cotation de la vache R a atteint 6,75 €/kg de carcasse en semaine 23 (+44% /2024) et celle de la vache O 6,25 €/kg (+48% /2024). La vache R belge cotait ainsi 30 centimes de plus que son homologue française et la vache O 20 centimes de plus.

Cet écart de prix a poussé les abatteurs belges à venir s’approvisionner en France. Sur les quatre premiers mois de l’année, la France a ainsi exporté 1 050 vaches de boucherie vers la Belgique, contre seulement 220 en 2024. D’après les opérateurs, ce flux se serait intensifié au mois de mai.

Irlande : fort recul du cheptel de vaches, abattages au plus bas


L’Irlande a perdu près de 100 000 vaches en un an, entre avril 2024 et avril 2025. Après une longue phase de capitalisation laitière liée à la fin des quotas laitiers – qui se faisait en parallèle d’une baisse du cheptel allaitant – le cheptel laitier a amorcé une baisse l’an dernier, qui s’est accentuée en 2025. Le cheptel allaitant n’a pas stoppé son recul pour autant, la chute s’étant au contraire accélérée sur la dernière année.

D’après les données de la base nationale des mouvements de bovins, l’Irlande comptait 1,583 million de vaches laitières au 1er avril 2025 (-49 000 têtes /avril 2024, soit -3%) et 744 000 vaches allaitantes (-48 000 têtes, soit -6%). La baisse du cheptel reproducteur irlandais atteint 97 000 têtes sur un an. Sur les trois dernières années, le recul se chiffre à 191 000 vaches (125 000 vaches allaitantes et 66 000 vaches laitières).

Les génisses de renouvellement sont également peu nombreuses. Dans le cheptel laitier, le nombre de génisses âgées de 18 à 30 mois était en baisse de 9% sur un an au 1er avril. Ceci pousse les éleveurs à conserver leurs vaches pour répondre aux bons prix du lait d’autant que les conditions de pâturage sont plus favorables que les années précédentes. Les abattages de vaches sont donc au plus bas.

Sur les quatre dernières semaines connues (20-23), le ministère de l’Agriculture irlandais a enregistré une forte chute des abattages de vaches : -14% /2024 et -17% /2023. Les autres catégories de bovins baissent moins significativement. Néanmoins, le recul des abattages totaux de bovins reste marqué (-6% /2024 et -10% /2023).
Les prix irlandais ont stoppé leur flambée mais restent les plus élevés d’Europe. La vache O cotait 6,64 €/kg de carcasse en semaine 23 (+54% /2024).

Allemagne : abattages réduits, prix en hausse

En Allemagne, la baisse du cheptel en début d’année (-3%), les difficultés sanitaires dans l’ouest du pays impactant les rendements par vache, ainsi que le prix du lait relativement élevé (543,6 €/tonne en moyenne sur le mois de mai, soit +19% /2024) incitent les éleveurs à conserver leurs reproductrices.

Le marché allemand de la viande bovine manque donc cruellement de vaches de réforme. D’après l’indicateur d’AMI, les abattages de vaches sur les semaines 21 à 24 ont été très inférieurs à leurs niveaux des années précédentes : -16% /2024 et -13% /2023.

Cette pénurie tire les prix à la hausse, une hausse qui ne faiblit pas malgré les niveaux déjà atteints. La cotation de la vache O allemande publiée par AMI a encore progressé de 23 centimes sur les quatre dernières semaines connues, portant à 1,76 €/kg le gain réalisé sur les 24 premières semaines de l’année. Elle a atteint 6,36 €/kg de carcasse mi-juin, soit +50% /2024.

Viandes bovines » Maigre »

La demande à l’export tire les prix à la hausse 

L’augmentation net des envois de broutards, en particulier vers l’Espagne, a fait grimper les prix. Les Espagnols sont prêts à acheter de plus en plus cher compte tenu de la demande à l’export. Dans un contexte de raréfaction des effectifs, les prix ont repris leur ascension.

Les cotations ont repris leur hausse effrénée en mai  

En mai 2025, les prix des broutards ont continué de battre des records, l’offre réduite étant largement insuffisante face à une demande export renforcée. Pour certaines cotations, la hausse sur un an approche les 2 € /kg . Même les Charolais lourds, qui avaient connu une baisse saisonnière des prix en mars, liée à une offre plus élevée au printemps, repartent d’autant plus vite à la hausse. 

Ainsi, durant la semaine 24 :  

  • Le Charolais U de 350 kg cotait à 5,73 €/kg (+1,85 € /2024) avec une hausse de 45 cts en quatre semaines.  
  • Le prix Charolais U de 450 kg cotait 5,50 €/kg (+1,72 € /2024) avec une hausse de 71 cts en quatre semaines. 
  • Le Limousin E de 350 kg a vu son cours gagner 40 centimes en 4 semaines à 5,45 €/kg (+1,50 € /2024).  
  • Le mâle croisé R de 300 kg a gagné 60 centimes en 4 semaines pour atteindre 5,45 €/kg (+1,95 € /2024).  

  

Sur les marchés des femelles, les prix étaient également en forte hausse, à cause de l’offre en baisse et de la volonté de maintenir les achats de génisses côté italien. Les cotations s’établissaient en semaine 24 à :  

  • 4,80 €/kg pour la Charolais U de 270 kg (+1,40€ /2024) augmentant de 27 centimes en 4 semaines.
  • 5,05 €/kg pour la Limousine E de 270 kg (+1,45€ /2024) qui était plus stables, avec 30 centimes de plus en 4 semaines.  

Reprise des naissances en avril malgré l’impact du sanitaire 

Pour la première fois depuis 10 mois, les naissances allaitantes étaient en hausse en avril (+1% /2024 à 311 000 têtes). Cependant, compte tenu du retard pris depuis plusieurs mois à cause de la situation sanitaire, les naissances allaitantes de la campagne 2024-2025 sont en recul de 189 000 veaux par rapport à la campagne précédente.  

De fait, le cumul des naissances sur le début d’année 2025 atteignait seulement 1 262 000 veaux allaitants (-81 000 par rapport à 2024 soit -6,0%). Pour comparaison, les naissances laitières reculent nettement moins fortement (-2,9%). 

Les effectifs de broutards de moins de six mois continuent de baisser 

Les effectifs de mâles allaitants de moins de 6 mois étaient en forte baisse de 10% /2024 au 1er mai, avec 854  000 têtes. C’est la conséquence directe de la baisse des naissances sur les six derniers mois (-61 000 têtes nées entre octobre et mars/ oct 23-mars 24). C’est particulièrement visible sur les mâles charolais, qui ont connu une baisse de 47 000 veaux par rapport à 2024. Cette baisse des effectifs de mâles jeunes contribuera au maintien de prix élevés dans les mois à venir.    

Les mâles de 6 à 12 mois étaient eux aussi en baisse par rapport à l’an dernier (-6%), avec 456 000 têtes.

Les envois vers l’Espagne toujours très élevés : les exports à l’équilibre  

Au cours du mois d’avril (semaine 14 à 17), les envois de broutards ont légèrement augmenté avec environ 80 000 broutards expédiés (+3%/2024). Malgré un mois de janvier tirant à la baisse les chiffres de 2025, les envois semblent être repartis de plus belle avec trois mois consécutifs de hausse. Grâce à cela, le total des exports égale celui de 2024, en cumul sur quatre mois. 

Vers l’Espagne, d’après les douanes françaises, les envois étaient en forte hausse depuis le début de l’année : +68%/2024, avec de nombreux broutards lourds (+126%/2024 pour les mâles de plus de 300 kg) et une bonne progression des animaux légers (+25%/2024 pour les mâles et femelles de 160-300 kg). 

Vers l’Italie, les exportations françaises sont en baisse de 4% depuis le début de l’année. Les broutards mâles de plus de 300 kg, qui représentent la majorité des imports italiens, sont siphonnés par l’Espagne. En conséquence, les exports de mâles lourds vers l’Italie étaient en baisse de 12% par rapport à 2024 (-23 000 têtes). Pour contrebalancer en partie à cela, la France a exporté environ 16 000 femelles de plus de 300 kg, soit une hausse de 25% depuis le début de l’année par rapport à 2024.  

Vers les pays tiers, les exportations restent stimulées par la hausse de la demande au Maroc et enTunisie. 2 000 têtes ont été envoyées vers chacun de ces deux pays sur quatre mois. Le Maroc et la Tunisie font face à la décapitalisation et ont besoin de broutards à engraisser pour maintenir leur production.  

Au global depuis le début de l’année 2025, entre les semaines 1 et 24, 622 000 bovins vifs ont été exportés. Ce chiffre est en augmentation de 1% par rapport aux envois de 2024 (+3 000 têtes /2024) preuve que l’année 2025 est dynamique. Les envois en forte progression vers l’Espagne sont moteurs et compensent la baisse vers l’Italie. 

Viandes bovines » Veaux de boucherie »

Effondrement de la production néerlandaise

La baisse des mises en place en fin d’année 2024 conduit à un très fort recul de la production de veau dans toute l’Europe. En conséquence, les prix se sont stabilisés à partir de mai, mettant fin de manière précoce à la baisse saisonnière.

Forte baisse des abattages dans toute l’Europe

Les abattages de veaux étaient en forte chute aux Pays-Bas en début d’année, faute de mises en place suffisantes à l’automne 2024.

Ainsi, en cumul sur les trois premiers mois de l’année, 293 000 veaux ont été abattus aux Pays-Bas, en recul de 19% /2024 soit 67 000 têtes de moins. La demande bien présente malgré la baisse de l’offre a encouragé les intégrateurs à sortir les veaux plus tôt, conduisant à une baisse spectaculaire du poids carcasse moyen de 7 kg (à 145 kg en moyenne sur trois mois) qui accentue encore le recul de la production de viande en tonnes. Ainsi, sur trois mois, seules 43 000 téc de veau sont sorties des abattoirs néerlandais (-22% /2024), niveau le plus bas depuis plus de dix ans. D’après les opérateurs néerlandais, plusieurs facteurs sous-tendraient cette baisse :

  • La décapitalisation généralisée en Europe (cheptel de vaches en baisse d’environ 2% dans beaucoup de pays, dont les Pays-Bas) limite les disponibilités en veaux pour l’engraissement,
  • L’épidémie de FCO-3 aux Pays-Bas a accentué les effets de la décapitalisation, en conduisant à des avortements sur les vaches laitières et à une plus forte mortalité des veaux,
  • Le plan de rachat d’élevages réduit le nombre de places disponibles, avec environ 200 dossiers engagés pour le veau dont une partie déjà payée.

La situation est similaire chez les principaux producteurs de viande de veau. En Italie, les abattages ont atteint 199 000 têtes sur quatre mois d’après l’Anagrafe Zootecnica, en recul de 6% par rapport à une année 2024 record. En Belgique, ils atteignaient 78 000 têtes sur trois mois (-7% /2024) pour 14 000 téc (-5% /2024).

Remontée des prix européens faute d’offre

Aux Pays-Bas, le fort recul de la production a même conduit à une légère hausse des cotations, à rebours de la tendance saisonnière.

En semaine 24, le veau de boucherie pie-noir néerlandais cotait 6,88 €/kg de carcasse, en hausse de 6 centimes sur un mois et de 24% par rapport à sa cotation de 2024. Les veaux rosés, meilleurs marchés car élevés au grain, ont connu une hausse similaire, atteignant 6,25 €/kg de carcasse (+33% /2024, +13 cts en quatre semaines). Signe de la forte tension sur l’offre, l’écart entre le veau pie-noir et le veau rosé s’est nettement resserré : alors qu’il était supérieur à 90 cts en début d’année, il est tombé à 63 cts début juin, son niveau le plus bas depuis au moins quatre ans.

Les tendances de prix sont similaires en Allemagne. En semaine 23, d’après AMI, les veaux de boucherie allemands cotaient en moyenne 6,79 €/kg de carcasse (+24% /2024), en hausse de 12 cts sur quatre semaines. À l’inverse, les cotations italiennes se sont stabilisées sans connaître de hausse, à 7 €/kg de carcasse à Modène en semaine 23 (+17% /2024).

La production recule moins en France

Les abattages de veaux de boucherie étaient en retrait en France, comme ailleurs en Europe mais dans des proportions moindres.  

En mai, 74 000 veaux ont été abattus en France (-14% /2024) pour 11 000 téc (-13%). La hausse des poids carcasse à 148,7 kg éc (+1,7 kg /2024) due à un abattage légèrement plus tardif (189,3 jours en moyenne, +1,6 jr /2024), à rebours de la situation néerlandaise, permet de limiter le recul sur la production de viande.

En cumul sur cinq mois, 407 000 veaux ont été abattus (-8% /2024) pour seulement 59 000 téc (-7% /2024).

Baisse des cours en France, à rebours de la tendance européenne

Malgré une offre en fort retrait à l’échelle européenne, les cours des veaux de boucherie français poursuivaient leur baisse saisonnière, à un rythme cependant ralenti.

En semaine 24, les cotations étaient de :

  • 7,61 € /kg de carcasse pour le veau rosé clair O élevé en atelier, soit 64 cts de plus qu’en 2024 et en baisse de 13 cts sur un mois,
  • 7,99 € /kg de carcasse pour le veau rosé clair R élevé en atelier (+70 cts /2024 et -7 cts en quatre semaines),
  • 10,51 € /kg de carcasse (moyenne semaines 21 à 24) pour le veau rosé clair U élevé au pis (+1,07 € /2024 et +19 cts en quatre semaines).

Malgré cette tendance inverse à celle de nos voisins européens, le veau français restait le mieux valorisé, avec une cotation supérieure de 73 cts à celle des Pays-Bas et de 61 cts aux veaux italiens.

Stabilisation des prix des moyens de production

Après le pic de 2022, les cours des moyens de production ont poursuivi leur lente décrue, du fait notamment de la détente observée sur les marchés des céréales (lire notre article dédié aux matières premières en avril).

En avril, en base 100 en 2020 :

  • L’IPAMPA des aliments fibreux (autres aliments pour veaux) se stabilisait à 126 points (-3% /2024, -16% /2023), un niveau inchangé depuis le début de l’année,
  • L’IPAMPA aliments d’allaitement pour veaux s’établissait à 124 points, un niveau intermédiaire entre les deux années précédentes (+5% /2024, -5% /2023),
  • Le prix du propane reculait de 2% en un mois à 115 points (= /2024 mais +2% /2023).

La poudre de lactosérum doux cotait 870 €/tonne en semaine 22, un niveau nettement supérieur (+195 €/tonne) à 2024.

À l’inverse, aucune stabilisation n’est constatée sur ce qui est devenu récemment un des principaux postes de charge des intégrateurs, les jeunes veaux laitiers. Pour en savoir plus, consultez notre article sur les veaux laitiers.

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Prix record pour les veaux laitiers

Faute d’offre, les prix des veaux laitiers ont continué leur ascension, atteignant des niveaux inédits depuis vingt ans. La demande reste ferme et insatisfaite, tant pour les mises en place en France que pour l’export.

Poursuite de la hausse cours

Conséquence de l’offre encore réduite, les cours des veaux laitiers poursuivaient leur hausse en juin, dépassant en euros courants les niveaux historiques des années 2000.

En semaine 24, le veau mâle laitier de 45-50 kg cotait ainsi 292 € /tête, soit 150 € de plus qu’en 2024 à la même période. La hausse atteignait 173 € depuis le début de l’année, soit un rythme moyen de +7 € /semaine depuis janvier.

Nouveau recul des naissances

Les naissances de veaux laitiers ont repris leur baisse en avril, après le léger rebond de mars.

En avril, 203 000 veaux sont nés de mère laitière, en baisse de 4,4% sur un an ou -9 000 veaux. La baisse est d’un ordre similaire pour les veaux disponibles pour l’engraissement (tous les mâles et les femelles croisées lait-viande), avec 122 000 naissances en avril (-3,9% /2024). Le manque de veau à engraisser est prégnant sur les marchés, s’ajoutant à une pénurie européenne due à la décapitalisation et aux épidémies de l’automne (pour plus d’informations, voir notre article de mai sur les marchés des veaux laitiers en Europe).

Reprise des exportations

Après un recul en début d’année, les exportations de veaux laitiers sont reparties à la hausse en avril.

Entre les semaines 14 et 17 (du 31 mars au 27 avril), 22 000 veaux ont été exportés, en hausse de 10% sur un an, toujours à 90% vers l’Espagne. Ce dynamisme comble en partie le recul sur quatre mois, qui atteint cependant toujours 9 000 têtes en moins qu’en 2024, avec 102 000 veaux exportés.

Nouvel indicateur de suivi des inséminations

Un indicateur de suivi des inséminations artificielles dernières sur vache laitière sera dorénavant publié trois fois par an ici. Cet indicateur présente le nombre mensuel d’IA dernières réalisées sur vache laitière, c’est-à-dire les IA non suivies d’une autre IA dans les 90 jours, soit car la femelle est pleine, soit car l’insémination n’a pas fonctionné et la femelle a été mise au taureau ou non remise à la reproduction.

Une forte variation d’un mois sur l’autre du nombre d’IA dernière peut traduire une baisse ponctuelle de la fertilité des femelles et donc des échecs d’insémination. Ces échecs ne sont pas forcément synonymes de baisse des naissances neuf mois plus tard. Cet indicateur ne prend pas en compte les incidents pouvant advenir durant la gestation tels que les avortements.

Lorsque les variations sont importantes, l’évolution du nombre d’IA dernières permet de prédire relativement bien le sens de variation des naissances à venir.

Ainsi, d’après les données d’insémination artificielle et de naissances des dix dernières années, on peut estimer que :

  • Une variation d’au moins 5% du nombre d’IA dernières renseigne sur le sens de variation des naissances neuf mois plus tard (courbe vert clair),
  • Une variation d’au moins 10% du nombre d’IA dernières conduit à une variation d’au moins 5% dans le même sens des naissances neuf mois plus tard (courbe vert foncé).

Les dernières données disponibles permettent d’anticiper un probable retour à la normale, par rapport au niveau de naissances de 2024, pour les naissances de l’été 2025.

En effet, les IA dernières de l’automne 2024 (naissances attendues à l’été 2025) ont retrouvé leur niveau habituel, après l’accident de fertilité de l’automne 2023 (voir l’article d’analyse de la fertilité à l’automne 2023). Un écart sera probablement observé avec la situation des naissances de l’été 2024, avec des disponibilités un peu plus importantes en juin et un peu moins de veaux disponibles en août, retrouvant des niveaux plus proches de l’année 2023.