La baisse des cheptels, les effets de traîne de la FCO et les bons prix du lait conduisent à une baisse prononcée des réformes en Europe et à une forte hausse des prix.
Baisse prononcée des abattages de vaches dans l’UE
D’après Eurostat, les abattages de vaches de réformes (laitières et allaitantes) dans l’Union européenne au premier trimestre ont enregistré une baisse de 4% à 494 000 téc (-22 000 téc /2024). Plusieurs éléments expliquent ce recul :
- La baisse marquée du cheptel reproducteur européen en début d’année (-3% à 29,3 millions de vaches, laitières et allaitantes confondues),
- La hausse du prix du lait qui incite les éleveurs à conserver leurs vaches. La moyenne européenne du prix du lait payé au producteur atteignait 531,9 €/tonne en mars (+15% /2024) et 533,4 €/tonne en mai (+16% /2024, chiffre provisoire).
- Les maladies vectorielles et notamment la FCO-3 qui a dégradé les performances zootechniques dans certaines régions d’Allemagne, des Pays-Bas, de Belgique et de France, incitant finalement les éleveurs à conserver davantage de reproductrices.
Le manque de vaches s’est même accentué par la suite au niveau européen, avec une mise à l’herbe dans des conditions globalement plus favorables que les années précédentes.
Belgique : les abatteurs manquent de vaches et viennent en chercher en France
En Belgique, le cheptel était en baisse significative lors de l’enquête de décembre dernier. Le pays comptait alors 862 000 vaches (-3,6% /2023), dont 518 000 laitières (-3,2%) et 344 000 allaitantes (-4,2%).
Les abattages de vaches sur les quatre premiers mois de l’année 2025 sont tombés à 93 000 têtes, affichant une baisse de 10% par rapport à l’an dernier.
Résultat, les prix des vaches belges se sont envolés et sont passés au-dessus des prix français mi-février.

La cotation de la vache R a atteint 6,75 €/kg de carcasse en semaine 23 (+44% /2024) et celle de la vache O 6,25 €/kg (+48% /2024). La vache R belge cotait ainsi 30 centimes de plus que son homologue française et la vache O 20 centimes de plus.
Cet écart de prix a poussé les abatteurs belges à venir s’approvisionner en France. Sur les quatre premiers mois de l’année, la France a ainsi exporté 1 050 vaches de boucherie vers la Belgique, contre seulement 220 en 2024. D’après les opérateurs, ce flux se serait intensifié au mois de mai.
Irlande : fort recul du cheptel de vaches, abattages au plus bas
L’Irlande a perdu près de 100 000 vaches en un an, entre avril 2024 et avril 2025. Après une longue phase de capitalisation laitière liée à la fin des quotas laitiers – qui se faisait en parallèle d’une baisse du cheptel allaitant – le cheptel laitier a amorcé une baisse l’an dernier, qui s’est accentuée en 2025. Le cheptel allaitant n’a pas stoppé son recul pour autant, la chute s’étant au contraire accélérée sur la dernière année.

D’après les données de la base nationale des mouvements de bovins, l’Irlande comptait 1,583 million de vaches laitières au 1er avril 2025 (-49 000 têtes /avril 2024, soit -3%) et 744 000 vaches allaitantes (-48 000 têtes, soit -6%). La baisse du cheptel reproducteur irlandais atteint 97 000 têtes sur un an. Sur les trois dernières années, le recul se chiffre à 191 000 vaches (125 000 vaches allaitantes et 66 000 vaches laitières).
Les génisses de renouvellement sont également peu nombreuses. Dans le cheptel laitier, le nombre de génisses âgées de 18 à 30 mois était en baisse de 9% sur un an au 1er avril. Ceci pousse les éleveurs à conserver leurs vaches pour répondre aux bons prix du lait d’autant que les conditions de pâturage sont plus favorables que les années précédentes. Les abattages de vaches sont donc au plus bas.

Sur les quatre dernières semaines connues (20-23), le ministère de l’Agriculture irlandais a enregistré une forte chute des abattages de vaches : -14% /2024 et -17% /2023. Les autres catégories de bovins baissent moins significativement. Néanmoins, le recul des abattages totaux de bovins reste marqué (-6% /2024 et -10% /2023).
Les prix irlandais ont stoppé leur flambée mais restent les plus élevés d’Europe. La vache O cotait 6,64 €/kg de carcasse en semaine 23 (+54% /2024).
Allemagne : abattages réduits, prix en hausse
En Allemagne, la baisse du cheptel en début d’année (-3%), les difficultés sanitaires dans l’ouest du pays impactant les rendements par vache, ainsi que le prix du lait relativement élevé (543,6 €/tonne en moyenne sur le mois de mai, soit +19% /2024) incitent les éleveurs à conserver leurs reproductrices.
Le marché allemand de la viande bovine manque donc cruellement de vaches de réforme. D’après l’indicateur d’AMI, les abattages de vaches sur les semaines 21 à 24 ont été très inférieurs à leurs niveaux des années précédentes : -16% /2024 et -13% /2023.

Cette pénurie tire les prix à la hausse, une hausse qui ne faiblit pas malgré les niveaux déjà atteints. La cotation de la vache O allemande publiée par AMI a encore progressé de 23 centimes sur les quatre dernières semaines connues, portant à 1,76 €/kg le gain réalisé sur les 24 premières semaines de l’année. Elle a atteint 6,36 €/kg de carcasse mi-juin, soit +50% /2024.

