Viandes bovines

L’Europe manque de viande

Les abattages de gros bovins étaient en recul dans la majorité des pays européens en début d'année, conséquence du déficit en animaux maigres l'année dernière et des bons prix du lait qui limitent les réformes laitières. En parallèle, le ralentissement de l'inflation et les fêtes pascales ont soutenu la demande. Les prix des gros bovins et des veaux finis poursuivaient donc leur hausse. Côté maigre, les cours étaient en hausse pour toutes les catégories à l'exception des Charolais les plus lourds, dont les prix ont légèrement reflué en avril du fait d'une offre accrue sur les marchés.

Viandes bovines » Gros bovins » France »

Recul des abattages et hausse des cours

Les abattages de gros bovins ont enregistré un retrait marqué au 1er trimestre. Dans ce contexte de raréfaction de l’offre, tant en France qu’en Europe, les cours poursuivent leur hausse.

-4% pour les abattages au 1er trimestre

Au 1er semestre 2025, la production française de viande de gros bovins a totalisé 278 000 téc, soit -3,9% par rapport au 1er trimestre 2024 d’après les données Normabev. Cette baisse fait suite à une stabilisation des volumes annuels abattus en 2024 grâce à la hausse de la production de jeunes bovins de type viande, ainsi que des génisses et des bœufs, qui compensait la baisse des abattages de vaches laitières et allaitantes.

Sur le 1er trimestre 2025, quasiment toutes les catégories ont décroché :
-5,4% pour les vaches laitières à 75 000 téc, une baisse liée au recul du cheptel et à un prix du lait qui incite les éleveurs à conserver leurs vaches
-1,2% pour les vaches de type viande à 76 000 téc
-3,4% pour les génisses de type viande à 35 000 téc
-6,6% pour les jeunes bovins de type viande à 64 000 téc
-5,2% pour les JB laitiers à 9 000 téc
Seuls les bœufs se maintiennent : +0,3% pour les bœufs laitiers à 6 000 téc et +1,4% pour les bœufs de type viande à 7 000 téc.

Si l’on ajoute la production de viande de veau (-6,5% à 36 000 téc), la baisse de la production totale de viande bovine atteint -4,2% au 1er trimestre 2025, à 314 000 téc.

Il y aurait eu un petit rattrapage en avril d’après les données hebdomadaires de Normabev. Le nombre de gros bovins abattus serait en hausse de 3% sur semaines 14 à 16, dont +12% pour les vaches de type viande et +10% pour les génisses, en lien possiblement avec la forte demande pour Pâques. Cette situation ne devrait pas perdurer compte tenu de la baisse de cheptel toujours en cours.

La baisse de cheptel se poursuit dans un contexte sanitaire inquiétant

Au 1er mars 2025, la ferme France comptait 3,432 millions de vaches allaitantes, soit -2,4% /2024 ou -85 000 têtes. Les génisses de type viande âgées de plus de 18 mois étaient en revanche plus nombreuses qu’il y a un an : +2,4% à 1,620 million de têtes, soit +38 000 têtes /2024. Une partie d’entre elles sont sans doute des génisses destinées à la reproduction mais ayant eu des problèmes de fertilité liés aux épizooties présentes depuis l’automne 2023 sur le territoire.

Le nombre de vaches laitières était lui aussi en baisse au 1er mars, de 2,3% à 3,265 millions de têtes, soit -75 000 têtes /2024. Les génisses laitières de plus de 18 mois étaient également moins nombreuses avec 1,044 million de têtes (-1,9% ou -20 000 têtes /2024).

Le contexte sanitaire (MHE, FCO8 et FCO3) impacte fortement les troupeaux. De nombreuses naissances manquent à l’appel (voir notre article sur les broutards) et la mortalité est également plus élevée sur les vaches comme sur les veaux dans le cheptel allaitant comme dans le cheptel laitier.

Le cours de la vache U au plus haut pour Pâques

Les cours des vaches de race à viande continuent de progresser, l’offre étant relativement limitée. La cotation de la vache U standard a atteint 6,64 €/kg de carcasse en semaine 15, un record historique, avant de redescendre à 6,46 €/kgéc la semaine suivante, se maintenant 9% au-dessus de son niveau de 2024. Elle a gagné 46 centimes depuis le début de l’année.

La cotation de la vache R a quant à elle gagné 53 centimes depuis le début de l’année, à 6,11 €/kg de carcasse en semaine 16 (+11% /2024).

Hausse quasi linéaire des prix des réformes laitières

Les cours des vaches laitières enregistrent une hausse ininterrompue et quasiment linéaire. Non seulement les réformes laitières se font rares en France, mais la situation est similaire dans les autres États membres, ce qui fait grimper les prix partout en Europe (voir notre article sur le marché des réformes en Europe) et réduit la pression de l’import sur les prix français.

La cotation française de la vache O a gagné 1 euro/kg de carcasse depuis le début de l’année et celle de la vache P 1,15 €/kg, pour atteindre respectivement 5,60 €/kg de carcasse (+24% /2024) et 5,43 €/kg (+29%) en semaine 16.

On est toutefois loin des prix atteints par les vaches irlandaises en semaine 15 : 6,88 €/kg de carcasse pour la vache O et 6,52 €/kg pour la vache P !

Les prix des JB continuent de gagner quelques centimes chaque semaine

Les cotations françaises des jeunes bovins, qui avait pris du retard par rapport à celles de nos partenaires européens, continuent de gagner quelques centimes chaque semaine. Le contexte européen reste porteur, avec une production européenne de jeunes bovins globalement en baisse face à une demande qui demeure ferme tant en Europe que dans les pays tiers du Maghreb ou des Balkans.

  • La cotation française du jeune bovin U a gagné 50 centimes depuis le début de l’année pour atteindre 6,38 €/kg de carcasse en semaine 16 (+18% /2024).
  • La même semaine, le jeune bovin R cotait 6,21 €/kg (+19% /2024 et +49 centimes depuis le début de l’année).
  • Le jeune bovin O, dans le sillage des vaches laitières, poursuit sa hausse (+22 centimes en un mois et +63 centimes depuis le début de l’année), à 5,57 €/kg en semaine 16 (+18% /2024).

L’IPAMPA stabilisé en février

L’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles) s’est stabilisé en février à 125,2. Le repli des postes énergie-lubrifiants et aliments a compensé la hausse des autres postes de charge. Sur un an, l’IPAMPA est en baisse de 1,2%.

Attention, rebasement de l’IPAMPA viande bovine

L’IPAMPA viande bovine a été rebasé. L’indice 100 correspond maintenant à l’année 2020 (contre l’année 2015 précédemment). Par ailleurs, la pondération des différentes charges a très légèrement évolué pour tenir compte de l’évolution constatée dans le RICA (réseau d’information comptable agricole) entre 2015 et 2020. L’indice des aliments achetés a lui aussi légèrement évolué pour tenir compte des changements constatés dans le panier d’aliments (un peu plus de céréales, moins de tourteau de soja et moins d’aliment composé). Pour plus de détail, consulter la page IPAMPA sur le site idele.fr.

Noter par ailleurs que l’IPAMPA ne couvre pas l’ensemble des charges des exploitations : d’autres charges comme les coûts salariaux ou les coûts des travaux par tiers, qui ne sont pas prises en compte dans l’IPAMPA, restent en hausse par rapport à 2024.

Viandes bovines » Gros bovins » France »

En février, moins d’import de viandes bovines néerlandaises

En mars, l’inflation française est restée modérée, comme en février. Nos importations de viande ont reculé en février, notamment des Pays-Bas, où les abattages de veaux ont nettement baissé. Nos exports sont restés équivalents à ceux de 2024, avec une belle progression des envois vers l’Italie, où la baisse de production accroît les besoins à l’import.

Une inflation en dessous de 1% pour le deuxième mois consécutif

L’inflation était toujours ralentie en mars en France : l’évolution de l’indice des prix à la consommation n’était que de +0,8% sur un an, comme le mois passé. Les prix de l’énergie ont reculé (-6,6% en mars après -5,8% sur un an en février) via la baisse du gasoil (-7,8% sur un an après -5,9%) de l’essence (-7,2% après -2,8%) et de l’électricité (-12,8% /mars 2024, grâce à la baisse de 15% du tarif réglementé le 1er février 2025). Le prix des produits manufacturés a légèrement faibli en mars (-0,2% / mars 2024) mais ceux des services progressaient encore (+2,3% sur un an, contre +2,2% un mois plus tôt). Le prix de l’alimentaire progressait peu (+0,6% sur un an, après +0,3%), en particulier pour les produits frais. Le prix des viandes, y compris volaille, reculait de 0,4%, celui du bœuf et du veau progressait de 2,2% sur un an, celui du lait, fromage et œufs s’érodait (-0,8% sur un an, contre -0,9% un mois plus tôt).

En février, moins d’import de viandes bovines depuis les Pays- Bas

En février 2025, les importations sont restées modestes, à 28 000 téc (-4% /2024 comme un mois plus tôt) tandis que les exportations de viandes bovines ont un peu mieux résisté (seulement -2% /2024 après +1% un mois plus tôt) à 18 000 téc.

En cumul sur les deux premiers mois de l’année, nos importations ont reculé de 4% /2024.

Les imports ont notamment reculé depuis notre principal fournisseur, les Pays-Bas, de 13% /2024 (- 1 700 téc) à 12 000 téc. Ces volumes incluent le veau. Or, les abattages de veaux aux Pays-Bas ont reculé de 12% en 3 mois (nov. 2024 à janv. 2025) et notamment de 21% en janvier 2025 (-3 900 téc) ce qui a réduit les exportations vers la France, une des principales destinations du veau néerlandais (voir notre article sur le veau de boucherie).

Dans le même temps, nos imports ont progressé depuis l’Irlande à 10 000 téc (+7% /2024) et la Pologne (+13%, à 6 000 téc). Nos imports en provenance d’Allemagne se sont effrités (-2%) à 4 800 téc et ceux depuis l’Espagne s’écroulent depuis le début de l’année (-25%) à 3 000 téc.

Enfin, nos achats au Royaume-Uni, en partie redirigés ensuite vers d’autres pays de l’UE, ont reculé de 6% /2024 (-500 téc) à 6 700 téc.

Nos expéditions de viande bovine à l’étranger sont restées équivalents à celles de l’an passé sur les deux premiers mois de l’année. Elles ont progressé vers deux destinations importantes :

  • vers l’Italie (+11% /2024, à 8 000 téc) du fait du manque de viande produite de l’autre côté des Alpes lié à la réduction des envois de broutards depuis la France,
  • et vers la Grèce (+3%, à 5 700 téc).

Nos exportations étaient robustes vers l’Allemagne (= /2024, à 6 200 téc).

Nos exportations vers les Pays-Bas ont par contre nettement reculé, de 14% /2024 (-800 téc) à 5 000 téc, en parallèle du recul de nos achats au Royaume-Uni (-500 téc). Nos envois vers la Belgique ont aussi reculé (-7%, à 3 200 téc).

Attention, les échanges sont affectés par des flux « parasites » avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas depuis la mise en œuvre du Brexit. Des opérateurs britanniques font dédouaner des viandes britanniques en France avant réexportation vers les Pays-Bas. Ces flux ne sont pas retranchés des chiffres ci-dessus.

Viandes bovines » Jeunes bovins » Europe »

Un marché européen en manque d’offre

Le recul de l’offre sur le marché européen, alors que la demande a retrouvé du dynamisme tant dans l’UE que sur les pays tiers, maintient les prix des jeunes bovins finis à de hauts niveaux, voire conduit à une poursuite de la hausse dans certains États membres.

Des cours élevés pour les jeunes bovins finis

Alors qu’à cette saison les années précédentes les prix des jeunes bovins finis avaient déjà enclenché leur baisse saisonnière, ils se maintiennent cette année à un haut niveau en Italie et en Espagne et continuent de progresser en Allemagne. La France est à la traine par rapport aux autres États membre, même si la cotation du jeune bovin U continue de gagner 1 centime par semaine.

En semaine 16, la cotation du jeune bovin charolais « prima qualità » à la bourse de Modène s’était stabilisée à 7,10 €/kg de carcasse (+15% /2024). La cotation allemande atteignait 6,70 €/kg (+39% /2024). Le JB U français cotait quant à lui 6,38 €/kg (+18% /2024).

La cotation du JB U espagnol, arrêtée en semaine 15, atteignait 7,02 €/kg de carcasse (+27% /2024). En Espagne, la demande du Maghreb et du Liban s’est tassée avec la fin du ramadan, ce qui a suspendu la hausse des prix. Mais quelques flux vers la Méditerranée persistent ce qui continue de soutenir les cours.


De fortes tensions sur l’offre en Allemagne

L’offre en Allemagne est particulièrement restreinte, en lien avec la baisse du cheptel national et le recul des naissances de veaux, notamment ceux de race Fleckvieh, depuis de nombreux mois. Les abattages de jeunes bovins sont donc en retrait par rapport aux années précédentes.

Sur les semaines 13 à 16, les abattages de jeunes bovins étaient en recul de 5% /2024 et de 4% /2023.
Rappelons que le nombre de bovins mâles était en forte baisse sur un an dans l’enquête cheptel de novembre :

  • -8,3% pour les mâles âgés de 1 à 2 ans, à 767 000 têtes
  • -3,5% pour les mâles âgés de 8 à 12 mois, à 375 000 têtes.

Pour les mois qui viennent, les inquiétudes sont toujours vives sur le potentiel de production, la FCO ayant conduit à une réduction des naissances qui n’a pu être quantifiée pour l’instant.

Production en baisse en Italie

En Italie, la baisse des disponibilités en broutards français a réduit les mises à l’engraissement depuis de longs mois. Les sorties de jeunes bovins sont donc limitées et le premier trimestre 2025 a été particulièrement affecté.

D’après la base de données nationale d’identification, 169 900 mâles de 1 à 2 ans ont été abattus au 1er trimestre 2025 (-9% /2024 et 2023) ainsi que 137 600 femelles (-1% / 2024 et -8% /2023), soit en tout 306 500 têtes (-5% /2024 et -9% /2023).

Pour rappel, la base de données nationale enregistrait au 31 décembre 2024 une baisse de 4% du nombre de bovins mâles de 1 à 2 ans par rapport à 2023, à 306 000 têtes. La baisse était encore plus forte pour les mâles âgés de 6 à 12 mois : -7% à 299 000 têtes.

Viandes bovines » Femelles » Europe »

La hausse du prix des vaches laitières se poursuit en UE

Les prix des vaches laitières continuent de grimper, en raison du manque global de disponibilité en viande bovine au sein de l’UE.

Le cours des vaches O toujours en hausse

Les cours des vaches laitières de réformes ont poursuivi la hausse entamée cet hiver du fait du recul du cheptel et du prix du lait plutôt incitatif, réduisant les réformes.

En semaine 15, les cotations sont en forte hausse : +74 centimes en quatre semaines en Irlande, +30 cts aux Pays-Bas, +32 cts en Allemagne, +33 cts en France et encore +5 cts en Pologne. Comparées à l’année dernière à même époque, les hausses sont toujours frappantes : +63% en Irlande, +41% aux Pays-Bas, +42% en Allemagne, +22% en France et +30% en Pologne. La cotation irlandaise poursuit son envolée en atteignant un nouveau record : 6,88 €/kg de carcasse en semaine 15.

IRLANDE : Le prix de la vache irlandaise toujours boosté

Le cours de la vache O progresse encore, les abatteurs irlandais cherchant toujours tous types de bovins, du fait de l’offre restreinte et des besoins en viande en Europe. Après la Saint Patrick mi-mars, les prix ont donc poursuivi leur hausse en avril.

La vache O a ainsi pris 74 centimes en quatre semaines, atteignant 6,88 €/kg de carcasse en semaine 15, prix jamais égalé (+63% /2024). La vache R a suivi la même évolution spectaculaire, engrangeant 82 cts en quatre semaines, à 7,25 € /kg de carcasse (+55% /2024) et la génisse R a gagné 81 cts sur la même période, à 7,76 €/kg (+49% /2024).

Côté abattages, après un début d’année ralenti, le rythme s’est accéléré en mars-avril. Entre les semaines 12 et 15, selon les chiffres du ministère de l’Agriculture irlandais, les abattages de vaches avaient presque retrouvé le rythme très soutenu de l’année dernière à même époque (-2% /2024).

L’AIM (agence d’identification animale irlandaise) vient de publier les chiffres du cheptel irlandais au 1er mars 2025. Selon l’article du Irish Farmer’s Journal le nombre de vaches laitières irlandaises est en net recul de 49 000 têtes (-3%) comparé à mars 2024, contre 2% de recul en décembre 2024, 3 mois plus tôt. Selon l’article, il y aura donc moins de production de viande en Irlande dans les années à venir.

Les génisses laitières ayant vêlé entre janvier et mars ont reculé de 10% comparé à 2024, les naissances de femelles laitières pures ou croisées lait-lait ont baissé également de 12%. La baisse drastique de naissances laitières est liée :

  • à la baisse du cheptel laitier,
  • à la hausse du croisement viande,
  • à la réduction du nombre de génisses destinées au renouvellement,
  • et aux craintes sur la fin de la dérogation à la directive Nitrates en 2026 sur l’île, décision que le gouvernement tente toujours de contrecarrer auprès de la Commission.

ALLEMAGNE : les prix toujours en hausse, faute d’offre

Outre-Rhin, le nombre de réformes est insuffisant pour couvrir la demande des abattoirs. La vache O allemande a donc grimpé à 5,69 €/kg de carcasse en semaine 15, +31 centimes en quatre semaines, largement au-dessus de sa valeur 2024 (+42%).

Le bon prix du lait jusqu’en mars et la réduction du cheptel de vaches laitières au 1er décembre ont incité les éleveurs à conserver leurs productrices et réduit les abattages en février-mars. Les abattages reculaient encore entre les semaines 13 et 16 (-2% /2024). Les experts d’AMI projettent une baisse globale de la production de viande bovine dans les prochains mois en Allemagne, du fait du recul du cheptel.

POLOGNE : la cotation de la vache O marque une pause

En Pologne, les prix des vaches ont augmenté depuis le début de l’année, notamment avec la bonne demande en UE pour de la viande de transformation. Cependant en semaine 15, le prix de la vache O polonaise a perdu quelques centimes, partiellement du fait d’un effritement du Zloty face à l’Euro au cours de la semaine. Le cours s’est établi à 5,27 €/kg de carcasse (+30% /2024 et +1% en un mois). La vache O française est ainsi passée devant la polonaise.

Viandes bovines » Maigre »

Fléchissement des cours des animaux lourds

L’offre plus abondante au printemps conduit à une baisse des cours des broutards lourds. Les prix des animaux plus légers et des femelles poursuivent leur hausse.

Évolution contrastée des cotations

Après une hausse ininterrompue depuis l’automne, les cours des broutards charolais lourds ont reculé en avril, sous l’effet d’une offre renforcée par les ventes de broutards alourdis à l’étable durant l’hiver.

Après un pic en semaine 12 à 4,88 €/kg vif, les Charolais U de 450 kg ont ainsi reflué à 4,76 € /kg vif en semaine 16, un niveau cependant supérieur de 33% à l’année précédente. Les femelles charolaises suivaient une tendance similaire, à 4,47 €/kg vif pour la Charolaise U de 270 kg en semaine 16 (-16 cts en quatre semaines).

À l’inverse, les cours des catégories plus légères et des femelles poursuivaient leur hausse, l’offre dans ces gammes de poids étant restreinte du fait de la forte baisse automnale des naissances.

En semaine 16 :

  • Le Charolais U de 350 kg cotait 5,18 € /kg vif (+39% ou +1,44 € /2024)
  • Le Limousin E de 350 kg cotait 5,05 € /kg vif (+28% /2024),
  • Le Croisé R de 300 kg cotait 4,75 € /kg vif (+38% /2024),
  • La Limousine E de 270 kg cotait 4,75 € /kg vif (+32% /2024).

Fort recul des naissances en février

L’attaque informatique sur l’ARSOE de Soual, qui représente environ un quart des naissances allaitantes, complique toujours l’interprétation des données de la BDNI pour décembre 2024 et janvier 2025. Cependant, les remontées récentes nous permettent d’estimer l’évolution des naissances allaitantes pour ces mois.

Après un fort recul automnal des naissances en lien avec le contexte sanitaire, les vêlages de vaches allaitantes étaient en forte baisse de 10% en février (valeur corrigée de l’effet bissextile de 2024). 

Assouplissement des conditions sanitaires pour l’export vers l’Italie

Dans la foulée des annonces espagnoles en mars, l’Italie a levé l’obligation de vaccin et de test PCR pour les sérotypes de la FCO présents sur son territoire (FCO 3, 4 et 8). Cela concerne toute l’Italie à l’exception des zones indemnes (province de Bolzano et région autonome du Frioul-Vénétie julienne). En pratique, les animaux français peuvent donc voyager sans restriction vis-à-vis de la FCO vers l’Italie. Les protocoles sanitaires restent cependant en vigueur pour ce qui concerne la MHE.

L’Espagne toujours aux achats

Les envois de bovins vifs vers l’Espagne sont restés très dynamiques depuis le début de l’année, au détriment notamment des exportations vers l’Italie.

Sur les cinq dernières semaines, 53 000 bovins ont été expédiés vers l’Espagne, en forte progression sur un an (+29% /2024) dans la lignée des derniers mois. En début d’année, ces envois s’étaient faits au détriment de l’Italie. Il semble que ce ne soit plus le cas : malgré la semaine pascale, qui peut perturber les mouvements transalpins d’animaux, les exportations vers l’Italie étaient stables sur un an sur les cinq dernières semaines.

En début d’année, les exportations vers l’Espagne de broutards lourds ont fortement progressé (×2,8 /2024 pour les mâles de plus de 300 kg sur janvier-février), au détriment notamment des exportations de veaux (voir notre article dédié aux veaux laitiers). La poursuite de cette tendance sera confirmée ou infirmée dans les mois à venir, à mesure de la publication des données des douanes.

La réorientation des achats espagnols vers des animaux plus lourds est bien visible à travers les poids des broutards et broutardes français exportés (codes douanes 01022949, 01022959 et 01022999).

Depuis novembre, les broutards exportés vers l’Espagne sont ainsi de 35 à 50 kg plus lourds que les références historiques. Cette augmentation se retrouve dans une moindre mesure pour les animaux maigres exportés vers l’Italie (+5 à +10 kg /2024).

Cette situation a amplifié la pénurie de broutards lourds, traditionnellement destinés à l’Italie, et a conduit à la tension observée sur les marchés jusqu’en mars.

Viandes bovines » Veaux de boucherie »

Une baisse des abattages qui soutient les cours 

La réduction de l’offre en France et aux Pays-Bas vient soutenir les cours des veaux de boucherie, qui poursuivent leur hausse.

Des cours en progression depuis fin 2024  

Les cours des veaux de boucherie ont poursuivi leur progression en mars, creusant l’écart avec leurs niveaux de 2024.  

En semaine 16 : 

  • Le veau rosé clair R élevé en atelier cotait 7,87 €/kgéc, en hausse de 8 cts sur quatre semaines, soit +65 cts /2024 (+9%). 
  • Le veau rosé clair O élevé en atelier était à 8,09 €/kgéc, soit +8 cts en quatre semaines et +65 cts /2024 (+9%). 
  • Le veau rosé clair U élevé au pis s’est établi à 10,37 €/kgéc, en hausse de 77 cts /2024 (+8%). 

Aliments et de l’énergie : des cours relativement stables 

Les prix des aliments pour veaux sont relativement stables depuis le début de l’année. 

La poudre de lait maigre atteignait 2 410 €/t en semaine 16, stable par rapport à 2024 .Le lactosérum doux était à 870 €/t en semaine 15, se maintenant au-dessus des chiffres de l’année dernière de +35% /2024. 

L’IPAMPA aliments d’allaitement pour veaux s’élevait à 122,8 points en février, soit -1% /2024. L’IPAMPA autres aliments pour veaux est resté stable sur un mois, à -5% /2024. 

En février, le prix du propane affichait lui aussi une grande stabilité sur un mois (+0,1% par rapport à janvier). Son indice était à 143,1, il restait en légère hausse de 0,7% par rapport à 2024. 

Recul des abattages en France au 1er trimestre 

En mars, 85 000 veaux ont été abattus, soit -6 ,7% /2024 (-6 000 têtes). Sur les 3 premiers mois de 2025, le total était lui aussi en repli (-20 000 /2024, soit –7,3%) avec 249 000 veaux abattus. La production atteignait 36 000 téc en cumul sur le 1er trimestre (-6,5% /2024). 

 


Le poids carcasse moyen en mars était de 145,8 kgéc (+2,0 kg /2024) et l’âge à l’abattage était en légère hausse à 186,4 jours. Ces deux indicateurs peuvent laisser penser que les veaux sont gardés en atelier plus longtemps, afin de les alourdir, dans une période de manque d’animaux. 

La progression des cours aux Pays-Bas se poursuit 

En semaine 15, le veau de boucherie pie-noir néerlandais cotait 7,20 €/kgéc, en hausse de +65 cts /2024 (+9%). 

Dans la même dynamique que les mois précédents, la production néerlandaise est en recul, ce qui contribue à la hausse des prix du veau local. Les abattages néerlandais en janvier ont chuté à 98 000 têtes (-19,5% /2024) contrastant avec un mois de janvier 2024 très productif.  La baisse était encore plus forte en tonnage, atteignant 20,7%, à 15 000 téc. 

La réduction des abattages aux Pays-Bas est à mettre en lien avec la baisse notable des importations de veaux depuis les pays voisins. Sur la période de juin-août 2024 les Pays-Bas ont en effet importé 65 000 jeunes veaux de moins qu’en 2023. Le pays a importé moins d’animaux d’Allemagne, de Belgique et du Danemark notamment. Ceci a conduit à une baisse des mises en place qui s’est répercutée sur les sorties de veaux de boucherie entre novembre 2024 et janvier 2025, lesquelles ont accusé un recul de 44 000 têtes par rapport à 2023/2024.

Viandes bovines » Veaux laitiers »

Les cours des veaux en croissance continue

Les prix des jeunes veaux laitiers sont toujours en forte hausse et atteignent des niveaux records. En cause : l’offre toujours insuffisante sous l’effet de la décapitalisation laitière et de la baisse de fertilité liée au contexte sanitaire.

Poursuite de la hausse des cours en France 

Les cours des veaux laitiers ont poursuivi leur ascension en mars, le manque d’animaux mettant le marché sous tension.  

En semaine 16, les prix ont repris de plus belle leur progression, atteignant des niveaux largement supérieurs à ceux des années précédentes : 

  • Les veaux mâles laitiers de 45 à 50 kg cotaient à 225 €/tête, soit 107 € de plus qu’en 2024, 
  • Les veaux mâles laitiers de 50 à 55 kg cotaient 256 €/tête, soit 117 € de plus que l’année précédente, 
  • Les veaux mâles de type viande (de races mixtes, croisés et allaitants) cotaient 392 €/tête (+120 € /2023). 

Le prix des veaux espagnols poursuit également sa croissance 

Comme en France, les cours des veaux laitiers espagnols ont poursuivi leur hausse entamée à l’automne. 

Ainsi, en semaine 14, le veau frison espagnol cotait 180 €/tête, un niveau fort supérieur aux deux années précédentes  : les prix ont été multipliés par 1,7 en comparaison à 2024 (+74 €/2024, +34 €/2023). Les prix de ces jeunes veaux sont particulièrement élevés à cause de la raréfaction de l’offre en Europe et de la forte demande des engraisseurs espagnols. La viande bovine espagnole s’est fortement exportée en 2024 : +5% à 261 000 téc sur l’année d’après les douanes. Les envois vers l’Algérie ont notamment atteint 27 000 téc en 2024. 

Baisse des envois de veaux français vers l’Espagne

Faute de disponibilités et dans un contexte de prix très élevés en France, les exportations de veaux étaient en fort recul ce début d’année 2025, notamment vers l’Espagne. 

D’après les Douanes, 50 000 veaux ont été exportés vers la péninsule ibérique entre janvier et février 2025, en recul de 14% par rapport aux chiffres de 2024, soit -8 000 têtes. Dans le même temps les envois étaient en légère hausse vers l’Italie (+2% /2024), bien que cette destination reste secondaire en comparaison à l’Espagne. 

Naissances en baisse en février 

À la suite d’une année 2024 en baisse sous l’effet conjoint de la décapitalisation et de la FCO-3, les naissances de veaux laitiers étaient également en net recul en ce début 2025. 

En février, 224 000 veaux sont nés, soit 6% de moins qu’en 2024. Toutefois, février 2024 comptait 29 jours. Si on rapporte les naissances de février 2024 à 28 jours, la baisse de naissances en février 2025 se limite à 3% (ou -7 000 têtes) .