Fléchissement des cours des animaux lourds

L’offre plus abondante au printemps conduit à une baisse des cours des broutards lourds. Les prix des animaux plus légers et des femelles poursuivent leur hausse.

Évolution contrastée des cotations

Après une hausse ininterrompue depuis l’automne, les cours des broutards charolais lourds ont reculé en avril, sous l’effet d’une offre renforcée par les ventes de broutards alourdis à l’étable durant l’hiver.

Après un pic en semaine 12 à 4,88 €/kg vif, les Charolais U de 450 kg ont ainsi reflué à 4,76 € /kg vif en semaine 16, un niveau cependant supérieur de 33% à l’année précédente. Les femelles charolaises suivaient une tendance similaire, à 4,47 €/kg vif pour la Charolaise U de 270 kg en semaine 16 (-16 cts en quatre semaines).

À l’inverse, les cours des catégories plus légères et des femelles poursuivaient leur hausse, l’offre dans ces gammes de poids étant restreinte du fait de la forte baisse automnale des naissances.

En semaine 16 :

  • Le Charolais U de 350 kg cotait 5,18 € /kg vif (+39% ou +1,44 € /2024)
  • Le Limousin E de 350 kg cotait 5,05 € /kg vif (+28% /2024),
  • Le Croisé R de 300 kg cotait 4,75 € /kg vif (+38% /2024),
  • La Limousine E de 270 kg cotait 4,75 € /kg vif (+32% /2024).

Fort recul des naissances en février

L’attaque informatique sur l’ARSOE de Soual, qui représente environ un quart des naissances allaitantes, complique toujours l’interprétation des données de la BDNI pour décembre 2024 et janvier 2025. Cependant, les remontées récentes nous permettent d’estimer l’évolution des naissances allaitantes pour ces mois.

Après un fort recul automnal des naissances en lien avec le contexte sanitaire, les vêlages de vaches allaitantes étaient en forte baisse de 10% en février (valeur corrigée de l’effet bissextile de 2024). 

Assouplissement des conditions sanitaires pour l’export vers l’Italie

Dans la foulée des annonces espagnoles en mars, l’Italie a levé l’obligation de vaccin et de test PCR pour les sérotypes de la FCO présents sur son territoire (FCO 3, 4 et 8). Cela concerne toute l’Italie à l’exception des zones indemnes (province de Bolzano et région autonome du Frioul-Vénétie julienne). En pratique, les animaux français peuvent donc voyager sans restriction vis-à-vis de la FCO vers l’Italie. Les protocoles sanitaires restent cependant en vigueur pour ce qui concerne la MHE.

L’Espagne toujours aux achats

Les envois de bovins vifs vers l’Espagne sont restés très dynamiques depuis le début de l’année, au détriment notamment des exportations vers l’Italie.

Sur les cinq dernières semaines, 53 000 bovins ont été expédiés vers l’Espagne, en forte progression sur un an (+29% /2024) dans la lignée des derniers mois. En début d’année, ces envois s’étaient faits au détriment de l’Italie. Il semble que ce ne soit plus le cas : malgré la semaine pascale, qui peut perturber les mouvements transalpins d’animaux, les exportations vers l’Italie étaient stables sur un an sur les cinq dernières semaines.

En début d’année, les exportations vers l’Espagne de broutards lourds ont fortement progressé (×2,8 /2024 pour les mâles de plus de 300 kg sur janvier-février), au détriment notamment des exportations de veaux (voir notre article dédié aux veaux laitiers). La poursuite de cette tendance sera confirmée ou infirmée dans les mois à venir, à mesure de la publication des données des douanes.

La réorientation des achats espagnols vers des animaux plus lourds est bien visible à travers les poids des broutards et broutardes français exportés (codes douanes 01022949, 01022959 et 01022999).

Depuis novembre, les broutards exportés vers l’Espagne sont ainsi de 35 à 50 kg plus lourds que les références historiques. Cette augmentation se retrouve dans une moindre mesure pour les animaux maigres exportés vers l’Italie (+5 à +10 kg /2024).

Cette situation a amplifié la pénurie de broutards lourds, traditionnellement destinés à l’Italie, et a conduit à la tension observée sur les marchés jusqu’en mars.