Lait de vache

Stabilisation des ingrédients laitiers, tension sur la production laitière française

Fin 2024 et début 2025, les cours des ingrédients laitiers sont restés globalement stables, à l’exception du beurre en UE, dont les prix poursuivaient leur réajustement par rapport au marché mondial. La collecte laitière française a rebondi en 2024, mais la production débute 2025 sous tension. Le prix du lait, en hausse depuis mi-2024, devrait continuer à progresser. Côté commerce, les exportations françaises de produits laitiers ont augmenté en volume, tandis que les importations ont reculé. Toutefois, en valeur, le solde commercial s'est légèrement contracté.

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Collecte laitière : une embellie fragile face à l’impact persistant de la FCO

En 2024, la collecte laitière française a rebondi malgré un recul marqué au dernier trimestre dans les régions touchées par la FCO. L’année 2025 débute sous tension, avec une baisse attendue de la production. Parallèlement, le prix du lait, en hausse depuis mi-2024, devrait continuer à progresser au cours des premiers mois de 2025.

Collecte en baisse en décembre

En décembre, la collecte laitière française a reculé de 0,9% /décembre 2023. Sur l’année 2024, la collecte a néanmoins affiché une progression de 1% /2023. Après 3 années de repli, l’année 2024 a renoué avec la croissance mais le dernier trimestre a été marqué par des reculs importants dans les régions touchées par la fièvre catarrhale ovine (FCO). D’après les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer, le début de 2025 s’annonce difficile : la collecte chuterait de 2,5% /2024 sur les six premières semaines de l’année.

L’impact de la FCO reste majeur. Les vaches atteintes, moins productives, peinent à retrouver leur production habituelle. Si le virus ne circule plus activement, ses effets persistent. La fécondité des vaches laitières est très affectée, de nombreuses vaches sont non remplies décalant les IA fécondantes et les futurs vêlages. À cela s’ajoutent des avortements et une mortalité élevée chez les veaux avec des conséquences sur le long terme. La collecte va inévitablement se creuser sur le 1er semestre dans les zones infectées. La carte ci-dessous, du ministère de l’Agriculture, illustre clairement l’ampleur de la situation : la FCO sévit dans les Hauts-de-France, la Bourgogne-Franche-Comté, le Grand Est, une partie du Centre-Val de Loire et le nord des Pays de la Loire.

L’impact sur la production est flagrant. Au dernier trimestre 2024, les régions touchées par la FCO ont enregistré un net repli. Deux d’entre elles sont particulièrement affectées : la Bourgogne-Franche-Comté (-4,5 % /4ème trimestre 2023) et le Grand Est (-3,3 %). La tendance s’aggrave en ce début d’année 2025 : selon les estimations de FranceAgriMer, la collecte chuterait sur les 6 premières semaines de l’année de 9 à 10 % /2024 dans ces deux régions. La baisse serait également significative en Hauts-de-France et en Centre-Val de Loire (-3 à -4 %), tandis qu’en Pays de la Loire, elle atteindrait -3 %.

L’impact de la FCO se reflète aussi dans l’évolution du cheptel laitier. Après un ralentissement de la baisse en 2024, la tendance s’est inversée à partir de novembre, avec un recul plus marqué. Au 1er janvier 2025, le nombre de vaches laitières a chuté de 2,4 %, tombant à 3,29 millions de têtes.

Perspectives optimistes pour le prix du lait début 2025

En décembre 2024, le prix du lait standard (38 g/l de TB et 32 g/l de TP) en France a atteint 479 €/1 000 l, en hausse de 29€ sur un an. En moyenne sur l’année, le prix s’est établi à 461 €/1 000 l (+1€ /2023), un niveau inédit. Toutefois, le prix moyen du lait conventionnel en France en 2024 (442 €/1 000 l) reste inférieur à son équivalent allemand (463 €/1000 l).

En janvier 2025, le prix du lait standard pourrait atteindre 486 €/1 000 l, selon les estimations de l’Observatoire de l’Éleveur Laitier. La tendance haussière devrait se poursuivre dans les mois à venir.

Les charges en élevages, d’après l’IPAMPA lait de vache (qui représente 50% des coûts de production), sont restées quasiment stables en décembre 2024 d’un mois sur l’autre (+0,2%) et ont diminué de 3,1% / décembre 2023. Sur un an le recul est très marqué pour le poste aliment acheté (-8,2% /2023), pour les engrais (-4,3%) et dans une moindre mesure pour l’énergie (-2,1%). La plupart des charges incluses dans l’IPAMPA sont en recul, à l’exception des frais vétérinaires, des dépenses liées à l’entretien du matériel et des bâtiments, ainsi que des frais généraux. Également, certaines charges non couvertes par l’IPAMPA, telles que les travaux réalisés par des tiers, les fermages ou encore le coût de la main-d’œuvre, continuent de progresser.

La marge MILC, estimée à 196 €/1 000 l en décembre, a gagné 2 € en un mois portée par la hausse du produit lait, l’augmentation du produit de la vente des animaux et la quasi-stabilité des charges. La MILC a augmenté de 48 €/1 000 l sur un an. Le produit lait a progressé de 28 €, les coproduits viande ont augmenté de 8 €, tandis que les charges se sont réduites (-12€).

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Croissance des exportations laitières en 2024, mais légère baisse du solde commercial

En 2024, les exportations françaises de produits laitiers ont progressé en volume, portées par la demande de lait en vrac, de fromages, de crèmes et de yaourts. Parallèlement, les importations ont reculé, bien que celles de fromages aient continué à augmenter. En valeur, le solde commercial s'est légèrement contracté.

Les exportations laitières françaises en nette progression en 2024

En 2024, les exportations de produits laitiers ont affiché une croissance de 6,4% /2023 en volume de MSU après une hausse de près de 2 % l’année précédente.

Le lait en vrac a connu une envolée spectaculaire, avec des volumes exportés en hausse de 50 %, notamment grâce à un doublement des flux vers l’Italie et l’Espagne. La Belgique reste le premier débouché, absorbant près de 30 % des volumes.

Les fromages confirment leur position de produit laitier français le plus exporté, avec une progression de 5 %. Les fromages à fondre se distinguent particulièrement (+36%), portés par une forte demande en Italie et au Danemark. Les exportations de fromages type cheddar et cantal ont bondi de 21 %, avec des hausses marquées vers les Pays-Bas, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni. Les fromages frais et blancs ont également enregistré une croissance de 7 %, dopée par une hausse de 14 % vers les Pays-Bas, premier marché avec 34 % de part des ventes.

Les exportations de crèmes (+13% /2023) ont été très dynamiques. Elles se sont renforcées vers la Belgique (+34%), la Chine (+24%) et les Pays-Bas (+56%). Les yaourts ne sont pas en reste, avec une progression de 15 %, portée par une hausse de 6 % pour les yaourts nature et de 17 % pour les yaourts préparés, qui représentent 80 % des volumes exportés.

Bien que la France soit importatrice nette de beurre, ses exportations ont bondi de 15 % en 2024, le beurre français étant très apprécié. Les ventes de beurre conditionné ont progressé de 13 %, soutenues par une demande en forte hausse en Chine (+64%) et aux États-Unis (+41%). Le beurre en vrac, qui représente plus de la moitié des exportations françaises du produit, a enregistré une croissance de 24 %, notamment impulsée par les Pays-Bas (+76%), le Royaume-Uni (+59%) et l’Espagne (+179%).

Les importations en baisse en 2024

En 2024, les importations de produits laitiers ont diminué de plus de 1% /2023 en volume de MSU après une légère hausse de 0,5% l’année précédente Ce recul concerne la plupart des produits, à l’exception des fromages, yaourts et laits conditionnés.

Les fromages, toujours en tête des importations, ont enregistré une progression de 6 % en 2024. Cette hausse est principalement due aux fromages type cheddar et cantal (+11 %), en particulier en provenance du Royaume-Uni (+20 %). Les autres fromages à pâtes dures et demi-dures ont également connu une augmentation de 9 %, avec une forte poussée en provenance de Belgique (+460 %). Les fromages frais et blancs ont vu leurs importations croître de 13 %, dont une hausse notable de 44 % en provenance d’Allemagne, leur deuxième fournisseur, et de 13 % d’Italie, le premier fournisseur.

Les importations de beurre, le 2ème produit laitier importé par la France, ont diminué de 5%. La France reste largement dépendante du beurre vrac (96 % du beurre importé) dont les imports ont fléchi de 6%. Les volumes en provenance des deux principaux fournisseurs, les Pays-Bas (-4 %) et la Belgique (-16 %), ont reculé. A noter que les importations de beurre conditionné ont progressé de 3%.

Le solde commercial des produits laitiers en recul en 2024

En 2024, le solde de la balance commerciale des produits laitiers en France a reculé de 2 % /2023, s’élevant à 3,16 milliards d’euros. La valeur des importations a progressé davantage que celle des exportations. Cette diminution résulte principalement du repli des soldes concernant le beurre, le lait infantile et les poudres grasses.

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Faibles variations des cours des ingrédients début 2025

Les cotations des ingrédients laitiers ont peu varié fin de 2024 et début 2025 et restaient soutenus dans l'ensemble. Les cours mondiaux de la poudre maigre et du beurre étaient stables, à l’exception de ceux du beurre en UE qui poursuivait leur réajustement par rapport au marché mondial.

Relative stabilité des cours du beurre hors de l’UE après une année 2024 en hausse

L’année 2024 a été marquée par une nette progression des cours du beurre chez les principaux acteurs du marché mondial. La progression de la demande aux États-Unis pour la constitution de stocks en vue des fêtes de fin d’année , qui démarrent par Thanksgiving en novembre, a fait grimper les prix aux USA tout au long du premier semestre, avant un réajustement au second semestre une fois ces stocks constitués. En Europe, les tensions sur l’approvisionnement en matière grasse ont conduit les cours à des niveaux record.

En moyenne annuelle, d’après AMI, ils étaient en hausse aux États-Unis (+10% en 2024 /2023) et en progression plus marquée en UE (+36%) et en Nouvelle-Zélande (+39%). Sur un an, l’écart du prix moyen du beurre entre l’UE et l’Océanie s’est réduit de 12% /2023.

Début 2025, les cours restaient soutenus malgré les dynamiques légèrement différentes. En janvier 2025, ils étaient relativement stables sur un mois en Amérique du Nord (+1% /décembre 2024 et +2% /janvier 2024, à 5 410 €/t) comme en Océanie (+1% /décembre 2024 mais +24% /janvier 2024, à 6 520 €/t). Ils étaient cependant orientés à la baisse en UE (-4% /décembre 2024 mais +36% /janvier 2024, à 7 420 €/t), signe d’un rattrapage partiel du mouvement de baisse observé ailleurs au début du second semestre 2024.

Au sein de l’UE-27, les prix ont donc récemment légèrement reculé tout en restant élevés pour la saison. D’après AMI, la demande de beurre en portions emballées s’est normalisée. Pour le beurre en bloc, la demande pour des livraisons à court terme reste soutenue. Il semble que les acheteurs n’aient pas sécurisé leurs besoins à l’avance et aient attendu le plus longtemps possible en espérant une baisse des prix.

Les perspectives sur les marchés mondiaux des matières grasses restent bonnes. Lors de l’enchère Global Dairy Trade du 18 février 2025, les prix du beurre ont ainsi atteint 7 380 US$/t (+8% depuis le début de l’année). Depuis janvier 2025, les enchères n’ont cessé de progresser pour cet ingrédient laitier. Ce n’était pas le cas pour la poudre maigre qui a vu sa cotation baisser à 2 750 US$/t, après deux enchères de suite en hausse (+3% depuis le début de l’année).

Stabilisation des cotations de la poudre maigre

En 2024, le marché mondial de la poudre maigre, bien que plus calme que celui du beurre, a vu une progression globale des cotations au cours du second semestre. En moyenne sur l’ensemble de l’année 2024, les évolutions ont été contrastées. Les cours sont restés stables en UE (= /2023), en faible progression en Nouvelle-Zélande (+1%) et en hausse plus marquée aux États-Unis (+5%) en lien avec le manque de disponibilité face à la demande à l’export.

Après les hausses constatées au second semestre 2024, les cours se stabilisent. En janvier 2025, ils étaient relativement stables sur un mois en Amérique du Nord (= /décembre 2024 et +21% /janvier 2024, à 2 530 €/t) et même en léger retrait sur un mois en Océanie (-1% /décembre 2024 mais +12% /janvier 2024, à 2 700 €/t) ou en UE (-1% /décembre 2024 et +1% /janvier 2024, à 2 560 €/t).