La baisse des mises en place en fin d’année 2024 conduit à un très fort recul de la production de veau dans toute l’Europe. En conséquence, les prix se sont stabilisés à partir de mai, mettant fin de manière précoce à la baisse saisonnière.
Forte baisse des abattages dans toute l’Europe
Les abattages de veaux étaient en forte chute aux Pays-Bas en début d’année, faute de mises en place suffisantes à l’automne 2024.

Ainsi, en cumul sur les trois premiers mois de l’année, 293 000 veaux ont été abattus aux Pays-Bas, en recul de 19% /2024 soit 67 000 têtes de moins. La demande bien présente malgré la baisse de l’offre a encouragé les intégrateurs à sortir les veaux plus tôt, conduisant à une baisse spectaculaire du poids carcasse moyen de 7 kg (à 145 kg en moyenne sur trois mois) qui accentue encore le recul de la production de viande en tonnes. Ainsi, sur trois mois, seules 43 000 téc de veau sont sorties des abattoirs néerlandais (-22% /2024), niveau le plus bas depuis plus de dix ans. D’après les opérateurs néerlandais, plusieurs facteurs sous-tendraient cette baisse :
- La décapitalisation généralisée en Europe (cheptel de vaches en baisse d’environ 2% dans beaucoup de pays, dont les Pays-Bas) limite les disponibilités en veaux pour l’engraissement,
- L’épidémie de FCO-3 aux Pays-Bas a accentué les effets de la décapitalisation, en conduisant à des avortements sur les vaches laitières et à une plus forte mortalité des veaux,
- Le plan de rachat d’élevages réduit le nombre de places disponibles, avec environ 200 dossiers engagés pour le veau dont une partie déjà payée.
La situation est similaire chez les principaux producteurs de viande de veau. En Italie, les abattages ont atteint 199 000 têtes sur quatre mois d’après l’Anagrafe Zootecnica, en recul de 6% par rapport à une année 2024 record. En Belgique, ils atteignaient 78 000 têtes sur trois mois (-7% /2024) pour 14 000 téc (-5% /2024).
Remontée des prix européens faute d’offre
Aux Pays-Bas, le fort recul de la production a même conduit à une légère hausse des cotations, à rebours de la tendance saisonnière.

En semaine 24, le veau de boucherie pie-noir néerlandais cotait 6,88 €/kg de carcasse, en hausse de 6 centimes sur un mois et de 24% par rapport à sa cotation de 2024. Les veaux rosés, meilleurs marchés car élevés au grain, ont connu une hausse similaire, atteignant 6,25 €/kg de carcasse (+33% /2024, +13 cts en quatre semaines). Signe de la forte tension sur l’offre, l’écart entre le veau pie-noir et le veau rosé s’est nettement resserré : alors qu’il était supérieur à 90 cts en début d’année, il est tombé à 63 cts début juin, son niveau le plus bas depuis au moins quatre ans.
Les tendances de prix sont similaires en Allemagne. En semaine 23, d’après AMI, les veaux de boucherie allemands cotaient en moyenne 6,79 €/kg de carcasse (+24% /2024), en hausse de 12 cts sur quatre semaines. À l’inverse, les cotations italiennes se sont stabilisées sans connaître de hausse, à 7 €/kg de carcasse à Modène en semaine 23 (+17% /2024).
La production recule moins en France
Les abattages de veaux de boucherie étaient en retrait en France, comme ailleurs en Europe mais dans des proportions moindres.

En mai, 74 000 veaux ont été abattus en France (-14% /2024) pour 11 000 téc (-13%). La hausse des poids carcasse à 148,7 kg éc (+1,7 kg /2024) due à un abattage légèrement plus tardif (189,3 jours en moyenne, +1,6 jr /2024), à rebours de la situation néerlandaise, permet de limiter le recul sur la production de viande.
En cumul sur cinq mois, 407 000 veaux ont été abattus (-8% /2024) pour seulement 59 000 téc (-7% /2024).
Baisse des cours en France, à rebours de la tendance européenne
Malgré une offre en fort retrait à l’échelle européenne, les cours des veaux de boucherie français poursuivaient leur baisse saisonnière, à un rythme cependant ralenti.

En semaine 24, les cotations étaient de :
- 7,61 € /kg de carcasse pour le veau rosé clair O élevé en atelier, soit 64 cts de plus qu’en 2024 et en baisse de 13 cts sur un mois,
- 7,99 € /kg de carcasse pour le veau rosé clair R élevé en atelier (+70 cts /2024 et -7 cts en quatre semaines),
- 10,51 € /kg de carcasse (moyenne semaines 21 à 24) pour le veau rosé clair U élevé au pis (+1,07 € /2024 et +19 cts en quatre semaines).
Malgré cette tendance inverse à celle de nos voisins européens, le veau français restait le mieux valorisé, avec une cotation supérieure de 73 cts à celle des Pays-Bas et de 61 cts aux veaux italiens.
Stabilisation des prix des moyens de production
Après le pic de 2022, les cours des moyens de production ont poursuivi leur lente décrue, du fait notamment de la détente observée sur les marchés des céréales (lire notre article dédié aux matières premières en avril).

En avril, en base 100 en 2020 :
- L’IPAMPA des aliments fibreux (autres aliments pour veaux) se stabilisait à 126 points (-3% /2024, -16% /2023), un niveau inchangé depuis le début de l’année,
- L’IPAMPA aliments d’allaitement pour veaux s’établissait à 124 points, un niveau intermédiaire entre les deux années précédentes (+5% /2024, -5% /2023),
- Le prix du propane reculait de 2% en un mois à 115 points (= /2024 mais +2% /2023).
La poudre de lactosérum doux cotait 870 €/tonne en semaine 22, un niveau nettement supérieur (+195 €/tonne) à 2024.
À l’inverse, aucune stabilisation n’est constatée sur ce qui est devenu récemment un des principaux postes de charge des intégrateurs, les jeunes veaux laitiers. Pour en savoir plus, consultez notre article sur les veaux laitiers.