Viandes bovines

Des prix élevés, un cheptel qui recule

Le manque de disponibilités fait progresser les prix de tous les bovins en ce début d’année, en France comme dans toute l’UE. Le cheptel mère en France se repliait au 1er décembre un peu plus que les mois passés, affecté par les épizooties, tandis que d’autres grands pays producteurs (Irlande, Allemagne) voient leur cheptel décliner aussi. La consommation de viandes bovines a reculé sur 11 mois en France, bien que moins fort qu’en 2023. L’inflation a reflué avec même une déflation sur les produits alimentaires en décembre.

Viandes bovines » Gros bovins » France »

Le prix des produits alimentaires en déflation

En novembre, la consommation a reculé un peu du fait d’abattages en retrait sur le mois. Les exportations de viande bovine comme les importations se sont maintenues au niveau de l’an passé. En décembre, l’inflation a continué de ralentir, avec même une réduction du prix de l’alimentaire comparé à un an auparavant.

Déflation sur les produits alimentaires en décembre

L’inflation a ralenti en France depuis le début de l’année 2024. L’indice des prix à la consommation harmonisé en UE (IPCH) pour la France est passé de 3,4% en rythme annuel en janvier 2024 à 1,8% en décembre. En décembre selon l’INSEE, l’indice du prix des produits alimentaires harmonisé s’est même réduit de 0,2% en rythme annuel (+0,1% un mois plus tôt). Certains produits diminuent mais l’indice harmonisé du prix des viandes bovines progresse encore doucement, de 1,5% sur un an, au moment des fêtes de fin d’année, contre +0,9% seulement un mois plus tôt.

La consommation de viande bovine reculait en novembre

En novembre, la consommation par bilan de viandes bovines s’est repliée de 3% comparé à novembre 2023. En effet, les abattages CVJA de gros bovins et veaux ont reculé de 3% (-4 000 téc). Les exports et les imports sont restés équivalents à ceux de l’année précédente à pareille époque.

D’après Agreste pour les abattages, et les Douanes pour le commerce extérieur du dernier mois, le disponible consommable s’est établi à 122 000 téc en novembre (-3% ou -4 000 téc), portant le cumul à 1 306 000 téc (-2,3% /2023). Cependant, la consommation devrait se redresser un peu en décembre, les abattages ayant été beaucoup plus dynamiques sur le dernier mois de l’année.
La part d’import dans le disponible consommable était de 26% en novembre, comme en octobre. En cumulé de janvier à novembre 2024, la part d’import dans la consommation reste stable par rapport à 2023, à 25%.

Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée.

Par ailleurs, depuis le Brexit début 2021, les statistiques douanières sont perturbées par l’organisation des opérateurs. En effet, plusieurs exportateurs britanniques font dédouaner leurs viandes en France avant de les réexpédier vers les Pays-Bas afin de faciliter les procédures de dédouanement. Ces effets ne sont pas déduits ici.

Importations et exportations au même niveau qu’en novembre 2023

En novembre, les échanges de viandes bovines de la France ont été robustes. Les importations de viandes bovines réfrigérées, congelées et transformées se sont montées à 30 000 téc, un volume équivalent à celui de l’an passé. De même, les exports de novembre étaient quasi-équivalents à ceux de l’an passé à pareille époque, à 19 000 téc (+1% /2023).

Les imports de tous types de viande bovine cumulés sur onze mois se sont montés à 314 000 téc (-1% /2023). Les exports cumulés sur onze mois totalisent 210 000 téc (+10% /2023).

De janvier à novembre, les importations de viande bovine réfrigérée et congelée, uniquement, se sont effritées de 1% /2023. Elles ont progressé depuis le Royaume-Uni (+10% /2023) à 40 000 téc (dont des volumes probablement ré-exportés ensuite) et depuis des fournisseurs jugés à tarif attractif comme la Pologne (+13% à 33 000 téc) et l’Espagne (+5% à 20 000 téc). À l’inverse, les imports ont reculé depuis les fournisseurs historiques, aux plus gros volumes :

  • Recul de 7% /2023 depuis les Pays-Bas, notre premier fournisseur, à 73 000 téc incluant du veau,
  • Recul de 5% depuis l’Irlande à 54 000 téc,
  • Et recul de 12% depuis l’Allemagne à 30 000 téc du fait du redressement de la consommation outre-Rhin.

Sur les dix premiers mois de l’année, les exports français de viande bovine réfrigérée et congelée, uniquement, ont bondi de 11% (+20 000 téc) par rapport au bas niveau de 2023, impacté par l’inflation en UE, et ont retrouvé leur niveau de 2022. Les envois cumulés progressaient légèrement vers l’Italie (+2% /2023 à 49 000 téc) et ont progressé vers toutes les autres destinations :

  • l’Allemagne (+7% à 36 000 téc),
  • la Grèce (+9% à 34 000 téc),
  • les Pays-Bas (+7% à 32 000 téc),
  • la Belgique (+14% à 21 000 téc).

Attention toutefois, les échanges sont affectés par des flux « parasites » avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas depuis la mise en œuvre du Brexit. Des opérateurs britanniques font dédouaner des viandes britanniques en France avant réexportation vers les Pays-Bas. Ces flux ne sont pas retranchés des chiffres ci-dessus.

Viandes bovines » Gros bovins » France »

Nette baisse des cheptels au 1er décembre

Le contexte sanitaire a engendré des avortements chez les génisses, accélérant la baisse du nombre de vaches dans le cheptel laitier comme dans le cheptel allaitant au 1er décembre. Conséquence de la décapitalisation, la France produira moins de viande bovine en 2025.

La baisse du cheptel s’accélère

La baisse du cheptel s’est accélérée cet automne. Le nombre de vaches allaitantes présentes dans les fermes françaises au 1er décembre 2024 était en recul de 2,0% d’un an sur l’autre à 3,404 millions de têtes, contre seulement -1,5% au 1er septembre. Cela s’explique par le faible nombre d’entrées dans le troupeau (génisses devenant vaches) qui a baissé d’un an sur l’autre de 7% en septembre, 13% en octobre et 8% en décembre. MHE, FCO3 et FCO8 ont en effet mis à rude épreuve les élevages provoquant des problèmes de fertilité et des avortements en particulier chez les génisses.

Les troupeaux laitiers ont rencontré des problèmes similaires. Le nombre de vaches laitières présentes dans les fermes françaises au 1er décembre 2024 était en recul de 2,1% d’un an sur l’autre à 3,303 millions de têtes, contre seulement -1,4% au 1er septembre.

Production de viande bovine en baisse en 2025 (prévisions Idele)

Après s’être quasiment stabilisée en 2024 grâce à la hausse des abattages de jeunes bovins, la production de viande bovine abattue devrait repartir à la baisse en 2025, à 1,290 million de téc (-1,8% /2024).

Les tonnages de femelles baisseraient significativement (-27 000 téc). En effet, les cheptels reproducteurs sont en nette baisse en raison du contexte sanitaire. La décapitalisation devrait en outre ralentir dans le cheptel laitier du fait du contexte laitier porteur, ce qui conduira à une forte baisse des réformes laitières. La décapitalisation allaitante se poursuivra compte tenu des difficultés rencontrées par les éleveurs. Pour autant, moins de vaches allaitantes seront disponibles pour la réforme alors que les génisses de boucherie seront un peu plus nombreuses.

La production française de mâles, taurillons et bœufs, augmenterait modérément (+6 000 téc). La production de jeunes bovins de type viande progresserait de 1,4%, grâce à une part de broutards conservée en France toujours plus importante et à une légère hausse du poids moyen. Les abattages de jeunes bovins de type lait devraient poursuivre leur déclin (-6%). La production de bœufs a marqué un retour inattendu en 2024, qui devrait se poursuivre en 2025 (+10%) si l’on en croit la forte hausse des effectifs en ferme de mâles âgés de plus de 2 ans.

La production de veaux de boucherie reculerait moins fortement que lors des trois années précédentes (-3 000 téc /2024). Les niveaux de charge des ateliers se sont stabilisés et les prix des veaux gras ont progressé. Le secteur a également montré quelques signaux positifs au niveau du remplacement des départs en retraite.

Pour en savoir plus sur nos prévisions, consulter notre communiqué de presse.

Forte hausse des prix des jeunes bovins

Les cours des jeunes bovins restaient orientés à la hausse en janvier. Le marché européen est toujours en tension, avec très peu d’offre en Italie notamment, et des prix très élevés pour démarrer l’année, comme le détaille notre article sur le marché européen.

La cotation française du JB U a gagné 10 centimes en quatre semaines pour grimper à 5,96 €/kg de carcasse en semaine 3 de 2025 (+9% /2024) et celle du JB R 13 centimes à 5,78 €/kg (+9% /2024). La cotation du JB O a gagné 5 centimes à 4,96 €/kg (+3% /2023).

Hausse des cours des femelles de race à viande

Les cours des vaches de race à viande ont démarré l’année à des niveaux bien supérieurs à ceux de l’an dernier, l’offre étant à peine suffisante pour répondre à la demande des abattoirs.

En semaine 3 de 2025, la vache R cotait 5,61 €/kg de carcasse (+4% /2024). La vache U standard cotait 6,06 €/kg, surplombant les niveaux atteints les années précédentes (+4% /2023).

Les cours des laitières remontent

Les cotations des vaches laitières démarrent l’année à un niveau intermédiaire entre 2024 et 2023, mais elles sont orientées à la hausse.

La cotation de la vache O a gagné 8 centimes en quatre semaines pour remonter à 4,67 €/kg de carcasse en semaine 3 (+7% /2024). Dans le même temps, la vache P a gagné 11 centimes, à 4,36€/kg (+8% /2023).

Viandes bovines » Jeunes bovins » Europe »

Cours en hausse partout en Europe

Les cours des jeunes bovins démarrent l’année 2025 sur une pente ascendante particulièrement marquée, réponse à un déséquilibre entre une offre en recul prononcé et une demande bien présente.

Cours en hausse dans tous les États membres

Au second semestre 2024, les cours de jeunes bovins ont enregistré des hausses marquées, creusant l’écart avec les années précédentes. Alors que les cours se stabilisent d’habitude après les fêtes de fin d’année, rien ne semble pouvoir arrêter la hausse en ce début d’année 2025.

A 6,81 €/kg de carcasse en semaine 3, la cotation du jeune bovin charolais « prima Qualità » sur la bourse de Modène, dépassait de 14% son niveau de 2024. Le JB U espagnol cotait 6,61 €/kg, soit +28% /2024. La hausse d’un an sur l’autre était de 21% pour le JB U allemand, à 5,90 €/kg de carcasse, non loin de la cotation française à 5,96 €/kg (+9% /2024).

Offre en baisse en Italie et en Allemagne

Les enquêtes cheptel disponibles en Italie et en Allemagne montrent que l’offre est particulièrement restreinte en ce début d’année.

En Italie, la baisse des disponibilités en broutards français a réduit les mises à l’engraissement depuis de longs mois. La base de donnée nationale enregistrait au 31 décembre 2024 une baisse de 4% du nombre de bovins mâles de 1 à 2 ans par rapport à 2023, à 306 000 têtes. La baisse était encore plus forte pour les mâles âgés de 6 à 12 mois : -7% à 299 000 têtes. Ce recul tient notamment à la baisse de l’offre en broutards français, explorée plus en détail dans notre article dédié.

En Allemagne, l’enquête cheptel de novembre recensait 767 000 bovins mâles âgés de 1 à 2 ans, soit 8,3% de moins qu’en novembre 2023. Le nombre de mâles âgés de 8 à 12 mois était quant à lui en baisse de 3,5% à 375 000 têtes.

Un marché très tendu en Espagne

En Espagne, l’offre est limitée du fait de la difficulté des engraisseurs à remplir leurs ateliers depuis plusieurs mois. En parallèle, la demande export vers le Maroc et l’Algérie ne faiblit pas, même aux tarifs actuels historiquement élevés. Ceci suscite des inquiétudes sur le marché intérieur où les prix élevés freinent la demande.

Les opérateurs espagnols évoquent déjà le Ramadan, qui débutera le 28 février, avec la volonté de sécuriser des animaux pour répondre à la demande prévue pendant cette période sur le pourtour méditerranéen. Ceci participe à tendre un peu plus le marché.

Viandes bovines » Femelles » Europe »

Le manque de bovins tire le prix des femelles

Les prix poursuivent leur hausse car le marché européen manque de viande. Dans le même temps, le cheptel de vaches de grands pays producteurs comme la France, l’Allemagne et l’Irlande recule, ce qui limitera sans doute la production dans les mois et années à venir.

Le prix des vaches O augmente un peu partout

Dans la plupart des pays européens, les prix des vaches laitières de réforme a continué de croître avant les fêtes de fin d’année, alors qu’elles sont en principe moins demandées à Noël que les bovins mieux conformés. Cette tendance s’est prolongée depuis début 2025, avec des cours engrangeant des hausses dans tous les pays, l’offre en bovins à abattre n’étant pas suffisante pour couvrir les besoins de consommation.

En 4 semaines, les cotations des vache O ont augmenté de 3 à 21 centimes selon les États. En semaine 3 en 2025, les cotations irlandaises et allemandes sont à présent respectivement 27 centimes et 15 centimes au-dessus de la française.

IRLANDE : un prix élevé et des abattages soutenus

En Irlande, les besoins en viande de l’UE raffermissent encore les cours. La vache O cotait ainsi 4,91 €/kg de carcasse en semaine 3, un prix particulièrement élevé pour cette catégorie et nettement supérieur aux prix de début 2024 (+19%) et de 2023 (+13%). La vache R suivait la même tendance, à 5,24 € /kg de carcasse (+17% /2024) et la génisse R 5,70 €/kg (+11% /2024).

En décembre 2024, les abattages ont suivi le même rythme qu’en 2023, qui dépassait la cadence d’abattage de fin 2022, la demande étant bien présente. Le début de l’année 2025 démarre avec un faible niveau d’abattages de femelles, en lien avec les disponibilités réduites en ferme.

Sur l’ensemble de l’année 2024, selon les chiffres du ministère de l’Agriculture irlandais, les abattages de vaches ont nettement dépassé ceux de l’année 2023 (+7% /2023), du fait notamment de la météo défavorable au pâturage. La tendance a été la même pour les génisses (+5%).

Le cheptel laitier irlandais a entamé un recul inédit en septembre 2024 : -1,8% pour les vaches laitières (à 1,56 million de têtes) alors que le cheptel était encore stable en décembre 2023, et -5,8% en vaches allaitantes (à 792 000 têtes).

ALLEMAGNE : des prix en hausse, des disponibilités en baisse

La demande pour la viande de vache de réforme est toujours plutôt élevée en janvier, les Allemands recherchant une viande plus économique après les fêtes, ce qui soutient le prix outre-Rhin. La vache O allemande cotait donc 4,77 €/kg de carcasse en semaine 3, +29% /2024 et +13% /2023.

Les abattages des premières semaines de 2025 étaient par ailleurs en cadence ralentie, avec peu de vaches de réforme disponibles, ce qui a participé à la bonne tenue des cours.

Enfin, le nombre de vaches et de bovins se réduit nettement en Allemagne : au 1er novembre 2024, Destatis annonçait un repli du nombre de vaches laitières de 3,3% à 3,589 millions de têtes et une érosion du nombre de vaches allaitantes de 0,7% /2023 à 620 000 têtes. Le nombre de bovins de moins de 1 an reculait nettement, de 3,6%, et celui des bovins mâles de 1-2 ans encore plus nettement, de 8,3%.

L’apparition de la fièvre aphteuse dans un élevage de buffles le 10 janvier dernier près de Berlin aura des conséquences plus ou moins importantes, selon la capacité du pays à stopper cette maladie très contagieuse pour les ruminants et porcins. A l’heure actuelle, seules les exportations de viande bovine allemande sont suspendues vers le Royaume-Uni, qui ne représentait qu’environ 1 000 téc durant les 10 premiers mois de 2024.

POLOGNE : la cotation de la vache O a presque rejoint la française

En Pologne, les prix des vaches ont augmenté en décembre et janvier, et sont maintenant nettement supérieurs aux valeurs des années passées. La vache O valait 4,61 €/kg de carcasse en semaine 3 (+20% /2024 et +14% /2023). Elle ne se situe plus que 2 centimes en dessous de la cotation française. La demande pour la viande de transformation est importante en UE.

Viandes bovines » Maigre »

La baisse des naissances en 2024 a impacté fortement la disponibilité 

La baisse des naissances entre septembre et novembre 2024 impacte fortement les effectifs et la disponibilité des broutards. Cette baisse de l’approvisionnement a alimenté la hausse des prix de fin d’année.  

Une année 2024 marquée par des cours toujours plus hauts  


En 2024, les broutards ont connu une hausse des prix notable avec une reprise inhabituelle au second semestre. Cela s’explique par la baisse importante des effectifs de broutards dans le cheptel français en fin d‘année, conséquence de la baisse des naissances.  

Les prix des broutards mâles poursuivent leur hausse en début 2025, continuant de battre des records. Ainsi, en semaine 2 :  

  • Le Charolais U de 350 kg cotait 4,15 €/kg (+83 cts/2024) avec une hausse de 10 cts en quatre semaines.  
  • Le Charolais U de 450 kg 4,18 €/kg (+92 cts/2024) avec une hausse de 11 cts en quatre semaines.  
  • Le Limousin E de 350 kg atteignait 4,20 €/kg (+40 cts /2024).  
  • Le mâle croisé R de 300 kg se situait à 3,80 €/kg (+70cts /2024).  

Sur les marchés des femelles, l’offre s’était stabilisée et les prix s’étaient établis en semaine 2 à :  

  • 4,00 €/kg pour la Charolaise U de 270 kg (+62 cts /2024).  
  • 3,90 €/kg pour la Limousine E de 270 kg (+50 cts /2024).  

La chute des naissances allaitantes continue en novembre 

Comme attendu au vu du contexte sanitaire durant les mois précédents, les naissances en cette fin d’automne 2024 ont continué de décroître. On a compté seulement 264 000 veaux de mère allaitantes nés en novembre 2024, soit 23 000 de moins qu’en 2023 (-8,1%). 

De fait, le cumul des naissances sur le début de la campagne (juillet – novembre) atteignait seulement 1 103 000 veaux (-97 000 par rapport à 2023-2024). Sur l’ensemble de l’année (janvier-novembre), le total s’établissait à 2,808 millions de veaux, en baisse de –5,8% /2023. 

La baisse des naissances d’automne provoque la chute du nombre de broutards de moins de six mois

A la suite de la baisse des naissances observée cet automne, les effectifs de mâles allaitants de moins de six mois étaient en baisse de 13%/2023 au 1er décembre, à 554 000 têtes. Cette situation commence a affecter les effectifs disponibles pour les mises à l’engraissement et pour l’export.   

 Les mâles allaitants plus âgés, de six à douze mois, étaient moins impactés, avec 704 000 animaux recensés au 1er décembre (-2 % par rapport à 2023). 

Le Charolais beaucoup moins exporté

Avec une offre limitée, l’augmentation des mises en place pour l’engraissement se fait au détriment des exportations. Entre les semaines 45 et 49 (04/11 au 02/12), 83 000 broutards ont été exportés, soit une baisse de 11 % par rapport à 2023 (-10 000 têtes).  

En cumul sur 48 semaines (jusqu’au 17 novembre), les exportations totalisaient 866 000 têtes (-7 % par rapport à 2023).  Entre les semaines 1 et 48, les exportations de Charolais ont diminué de 12 % sur un an (249 000 têtes), tandis que les Limousins, désormais première race exportée, atteignaient 268 000 têtes (-6 % par rapport à 2023).   

Des exports de broutards prévus en baisse en 2025 : -8% /2024 

Si le rythme du recul des exportations de broutards s’est légèrement atténué en 2024 (-5,6% /2023 contre environ -7% les deux années précédentes), il devrait à nouveau s’amplifier en 2025, autour de -8 % soit -77 000 têtes d’après nos prévisions. En cause, la baisse du cheptel, les problèmes de fertilité et la réorientation des broutards vers les ateliers d’engraissement français

Les engraisseurs français sont parvenus à stabiliser leurs achats en 2024, malgré les faibles disponibilités, et ce au détriment des exportations de broutards qui ont baissé de 5,6% en 2024. Ce dynamisme de l’engraissement français devrait se poursuivre au 1er semestre 2025, mais les tensions déjà fortes sur le marché européen du broutard devraient s’amplifier au 2nd semestre, et conduiraient à exporter une proportion un peu plus forte des mâles disponibles.  

Pour en savoir, lire nos prévisions ici : https://idele.fr/detail-article/previsions-viande-bovine-2025-la-production-baisse-encore-bousculee-par-le-sanitaire 

Viandes bovines » Veaux de boucherie »

Moindre recul de la production française

En 2024, la production française de viande de veau s’est érodée de 3,9%. Ce recul est cependant nettement inférieur à la chute constatée en 2022 et 2023.

Abattages stables en décembre

Les abattages de veaux de boucherie ont été dynamiques en décembre, ce qui permet de limiter le recul de la production.

En décembre, 86 000 veaux ont été abattus, un niveau très proche (+0,2%) de celui de décembre 2023.

Sur douze mois, la production atteint 1,010 million de têtes, en baisse de 3,9% par rapport à 2023. La fluidité du marché tout au long de l’année a conduit par ailleurs à un léger rajeunissement des veaux abattus (188,4 jours en moyenne sur onze mois, soit -0,2 jour /2023) et à un recul des poids carcasse (145,9 kg, soit -0,6 kg /2023, sur douze mois). Le corollaire de ces bonnes conditions de commercialisation est un recul plus élevé en volumes qu’en têtes, avec 147 000 téc produites sur l’année (-4,3% /2023).

Cours stables à bon niveau

Les cours des veaux gras étaient stables à un niveau élevé début janvier 2025.

En semaine 3 :

  • Le veau de boucherie rosé clair O élevé en atelier cotait 7,67 €/kg de carcasse, stable (-1 ct) sur quatre semaines et nettement supérieur (+33 cts) à l’année dernière.
  • Le veau de boucherie rosé clair R élevé en atelier suivait la même tendance, à 7,92 €/kg (+4 cts en quatre semaines, +40 cts /2023).
  • Les cours des veaux sous la mère se stabilisaient également à un bon niveau : en moyenne sur les quatre dernières semaines (2024-s 52 à 2025-s 3), le veau rosé clair U élevé au pis cotait 10,14 €/kg, soit 28 cts de plus qu’il y a un an.

Les différences de prix entre les catégories de veaux s’expliquent par la conformation des carcasses mais aussi par les marchés auxquels ils sont destinés. Pour en apprendre plus sur l’organisation de la commercialisation de la viande veau en France, nous vous conseillons la lecture de « Où va le veau ? », dossier économie de l’élevage n°554. 

Cours des aliments lactés stables

Les cours des matières premières lactées ont démarré l’année à un niveau très proche des deux années précédentes.

En semaine 2 :

  • La poudre de lactosérum doux cotait 850 €/t d’après ATLA, un niveau légèrement supérieur (+5%) à début 2024.
  • La poudre de lait maigre, utilisée pour les veaux allaitants et les animaux de conformation supérieure, cotait 2 500 €/t, en léger repli (-5%) sur quatre semaines et très proche (+1%) de l’année dernière.
  • L’indice agrégé IPAMPA aliments d’allaitement pour veaux était pour sa part en hausse en novembre, à 134,5 pts (+1% en un mois, mais -2% /2023), traduisant les soubresauts des cours des ingrédients lactés en fin d’automne.

Les prix des aliments solides poursuivaient leur repli en fin d’année, dans la lignée de la baisse des cours des céréales.

En novembre, l’IPAMPA autres aliments pour veaux poursuivait son recul à 128,4 pts (-5% /janvier 2024), et était désormais nettement inférieur aux deux années précédentes (-6% /2023 et -15% /2022).

Après un pic en début d’automne, les cours de l’énergie s’étaient un peu repliés, retrouvant leurs niveaux de fin d’été.

En novembre, l’indice de prix du propane calculé à partir des données du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, en base 100 en 2015, s’élevait à 135,5 pts, en recul de 2,5% sur un mois et proche (+0,1%) de son niveau de novembre 2023. Il reste toutefois supérieur de 15,6% à l’indice de 2019.

Changement de méthode de calcul des cours aux Pays-Bas

Les cotations néerlandaises des veaux de boucherie ont subi une double transformation au 1er janvier 2025.

Historiquement, les prix au kg étaient calculés sur un poids administratif, calculé à partir du poids carcasse des animaux auquel venait s’ajouter un correctif de 7,5 kg pour tenir compte des disparités de présentation des carcasses entre pays de l’UE. Cette règle a été abandonnée au 31 décembre 2024, provoquant une rupture de série dans les cours des veaux.

Par ailleurs, le taux de TVA applicable aux produits agroalimentaires est passé de 9% à 21% au 1er janvier.

Tous ces changements sont expliqués dans un article de de kalverhouder.

Nous suivrons donc désormais la cotation hors taxe des veaux pie-noir néerlandais. Pour pouvoir comparer les années entre elles, nous avons corrigé les cotations des années précédentes pour supprimer l’ajout de poids administratif sur les poids des carcasses.

Poursuite de la hausse des cours aux Pays-Bas

La bonne demande européenne en viande de veau tire les cours des veaux de boucherie néerlandais en début d’année.

En semaine 3, le veau de boucherie pie-noir néerlandais cotait 6,77 €/kg de carcasse, en nette hausse de 17 cts en quatre semaines et supérieur de 99 cts à son niveau de début 2024, malgré une production en hausse.

En effet, si le nombre de veaux abattus sur dix mois aux Pays-Bas est très proche de l’année dernière, avec 1 160 000 têtes, la hausse des poids carcasse conduit à une augmentation de la production, à 181 000 téc (+2,1% /2023).

Viandes bovines » Veaux laitiers »

Prix records pour un début d’année

Le recul des disponibilités en veaux laitiers continue d’entraîner les prix à la hausse début 2025 tout en réduisant les exportations. Les engraisseurs espagnols se tournent vers d’autres origines pour remplir leurs ateliers.

Cours haussiers début janvier

En décembre, les cours des veaux laitiers s’étaient stabilisés à un niveau élevé après leur forte hausse en novembre. En début d’année, ils ont de nouveau grimpé.

En semaine 3:

  • Le veau mâle Holstein de 45 à 50 kg cotait 131 €/tête, en hausse de 12 € sur quatre semaines et à plus du double de son cours de début 2024. Ce niveau est même supérieur aux maximums observés entre 2019 et 2023.
  • Le veau mâle Holstein de 50 à 55 kg suivait la même tendance, à 158 €/tête (+12 € en quatre semaines et ×2 /2024).
  • Les veaux mâles de type viande (croisés et allaitants) connaissaient une hausse plus mesurée, à 291 €/tête (+63 € ou +28% /2024).

Disponibilités en forte baisse

À l’origine de cette envolée des cours se trouvent les disponibilités limitées en veaux laitiers pour l’engraissement et l’export.

Les naissances de veaux laitiers avaient reculé de 6,9% en octobre, à 304 000 têtes, soit un manque de 22 000 veaux sur un an. Ce creux de naissances pèse sur les disponibilités vingt jours à un mois plus tard, lorsque les veaux sont vendus, d’où une hausse des cours en novembre. En novembre, le recul des mises bas a été moindre avec 291 000 veaux nés, soit une baisse de 3,1% /2023.

En cumul sur onze mois, 2 824 000 veaux sont nés de mère laitière, soit une baisse mesurée de 1,9% /2023. Les naissances de veaux disponibles pour l’engraissement (tous les mâles, et les femelles croisées lait-viande) reculaient dans la même mesure, à 1 683 000 têtes (-2,0% /2023).

Au 1er décembre, le cheptel laitier était en recul de 2% sur un an.

Recul des exportations de veaux laitiers

Sous la double pression de la baisse des disponibilités et de la hausse des prix, les exportations de veaux laitiers étaient en nette baisse en 2024.

En novembre, seuls 34 000 veaux laitiers de moins de deux mois ont été exportés d’après SPIE-BDNI, en recul de 8,1% /2023. En cumul sur 48 semaines (jusqu’au 1er décembre), 319 000 veaux ont été exportés toutes destinations confondues, soit une baisse de 3,3% /2023.

D’après les Douanes françaises, l’Espagne représentait toujours la destination de 88% des veaux exportés, un niveau égal à l’année dernière.

Hausse des prix des veaux espagnols

Les cours des veaux frisons espagnols ont démarré l’année sur une nette hausse, dans la foulée de leur croissance au second semestre 2024, à contre-saison de la baisse habituellement constatée par le passé.

En semaine 2, les veaux frisons de moins d’un mois cotaient ainsi 149 €, en hausse à nouveau de 4 € sur quatre semaines et très nettement au-dessus des cours des années précédentes (+67% /2024, +22% /2023). La très bonne demande européenne et méditerranéenne en viande bovine tire les cours des jeunes bovins espagnols (lire notre article sur les jeunes bovins en Europe), ce qui fait mécaniquement augmenter la demande pour les veaux laitiers, d’autant plus dans un contexte de baisse de l’offre en veaux laitiers français.

Une diversification des origines pour les engraisseurs espagnols

Conséquence de la baisse de l’offre française et de son coût élevé, les engraisseurs espagnols se sont tournés vers d’autres origines pour leurs veaux.

D’après les Douanes espagnoles, les veaux français n’ont représenté que 49% des veaux laitiers importés sur les dix premiers mois de 2024, contre plus de la moitié les deux années précédentes. Les importations de veaux irlandais étaient en forte hausse de 14% sur un an, à 64 000 têtes, alors que ceux d’Italie ont plus que doublé (×2,2), à 47 000 têtes. Les importations depuis le Portugal ont également fortement augmenté (×2,8), à 14 000 têtes.