Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 308 Janvier 2020
Viandes bovines
Une situation mitigée
Le marché européen de la viande de gros bovins est globalement morose, avec des prix inférieurs aux années précédentes. Il n’y a guère qu’en Italie que les prix se tiennent, en tous cas pour les mâles qui sont moins nombreux à sortir, ce qui soutient également les prix en France.
Les broutards démarrent l’année sous les bons niveaux de l’an dernier. La hausse saisonnière devrait s’enclencher mais l’offre en fort retrait rencontrerait une demande en repli. La décapitalisation allaitante ne semble pas près de s’arrêter.
Le marché du veau de boucherie est assaini, mais celui du veau nourrisson reste très encombré.
Les cours des JB viande démarrent l’année à un niveau intermédiaire entre 2018 et 2019. Ceux des JB laitiers restent déprimés, dans le sillage des vaches laitières. La production française, particulièrement contenue en 2019, pourrait être un peu plus étoffée en 2020.
Les cours des JB viande tirés par l’offre réduite en France et en Italie
Les cours des JB de type viande ont enregistré une belle hausse saisonnière de fin d’année et démarrent 2020 à un niveau intermédiaire entre ceux des années précédentes : à 4,05 €/kg de carcasse pour le JB U (+2% /2018 ; -2% /2017) et 3,90 €/kg pour le JB R (+2% /2018 ; -3% /2017). Le marché italien est en effet porteur actuellement pour la viande de mâle, l’engraissement dans la plaine du Pô s’étant porté ces derniers mois sur plus de femelles et moins de mâles.
Par ailleurs, la faiblesse de l’offre française contribue également à soutenir les cours. Sur les 4 semaines de décembre, les abattages de JB de type viande ou croisé étaient en baisse de 6% /2018 d’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev.
Les cours des JB laitiers sous la pression d’un marché des réformes morose
La hausse saisonnière des cours de JB de type lait a été plutôt décevante. La cotation du JB O démarre l’année à 3,33 €/kg de carcasse (-1% / 2019 et -3% /2018). L’offre reste en retrait (-1% /2018 pour les abattages sur les 4 semaines de décembre), mais la situation du marché des réformes laitières (voir l’article dédié) pèse sur les prix des JB laitiers.
Un peu plus de sorties prévues pour le 1er trimestre 2020
Au 1er décembre 2019, la BDNI dénombrait 318 000 mâles de type viande ou croisés âgés de 12 à 18 mois, soit +6% /2018, mais -2,5% /2017. Le niveau particulièrement bas en 2018, dû notamment à la chute des naissances de l’automne 2017, avait conduit à des sorties de JB en forte baisse au 1er trimestre 2019. Les sorties de JB viande devraient donc être un peu plus nombreuses en 2020.
Le déclin se poursuit en JB laitiers. Au 1er décembre, la BDNI ne comptait que 165 000 mâles laitiers de 12 à 18 mois (-5% / 2018).
Baisse des volumes exportés sur les 10 premiers mois de l’année
La baisse des abattages de jeunes bovins entraine logiquement une baisse des exportations françaises de viande bovine. Celles-ci ont totalisé 174 000 téc sur les 10 premiers mois de 2019 (-5% /2018 et -3% /2017), dont 56 000 téc vers l’Italie (-7% /2018 et -9% /2017) ,38 000 téc vers la Grèce (= /2018 et +2% /2019) et 34 000 téc vers l’Allemagne (-7% /2018 et 2017).
Viandes bovines » Jeunes bovins » Europe »
Toujours sous pression, sauf en Italie
Les prix des JB restent sous pression en Pologne, en Allemagne et en Espagne. Il n’y a guère qu’en Italie où les prix se maintiennent, en raison d’une offre très réduite en mâles et d’une consommation repartie à la hausse.
ITALIE : Peu de mâles à sortir, mais plus de femelles
En Italie, l’engraissement de femelles poursuit son développement au détriment des mâles. Ceci permet de soutenir les cours des JB mâles qui ont enregistré une belle remontée saisonnière en fin d’année. La cotation du mâle charolais de 700-750 kg vif à Modène a fini l’année à 2,73 €/kg vif (+4% /2018 ; -1% /2017). Celle du Limousin de 600-650 kg a atteint 2,85 €/kg (+2% /2018 et +1% / 2017).
Revers de la médaille, le marché s’est retrouvé encombré de viande de femelles, dont le surplus a finalement été absorbé grâce à quelques concessions tarifaires. Les cotations des femelles à Modène ont décroché à partir de fin octobre pour tomber en fin d’année à 2,59 €/kg pour la Charolaise (-2% par rapport aux 2 années précédentes) et 2,89 €/kg pour la Limousine (-2% /2018 et -3% /2017).
Au 31 décembre 2019, toutes races confondues, la BDNI italienne comptait toujours 24 000 femelles de 1 à 2 ans supplémentaires par rapport à 2018 alors que le nombre de mâles était en recul de 2 000 têtes.
La présence de la viande polonaise sur le marché italien continue de se renforcer. Sur les 9 premiers mois de 2019, les importations italiennes de viande bovine fraiche et congelée ont été stables par rapport à 2018, à 312 000 téc dont 65 000 téc en provenance de Pologne (+12% /2018) et 51 000 téc de France (-11% /2018).
POLOGNE : Les prix restent sous pression
Le scandale sanitaire de début 2019 a eu pour conséquence un fort ralentissement de la demande pour la viande polonaise, une brutale chute des prix et un net ralentissement des abattages de bovins en Pologne. Au 1er semestre 2019, les abattages de mâles non castrés ont ainsi chuté de 9% /2018, soit – 44 000 têtes. Sur les 4 mois suivants, juillet-octobre, les abattages sont repartis à la hausse (+5% ou + 15 000 têtes /2018) permettant de combler une partie du retard pris en début d’année. Toutefois, les prix à la production ont du mal à se remettre. Le JB O polonais cotait 3,00 €/kg de carcasse fin décembre (-8% /2018 et -13% /2017) et le JB R 3,04 €/kg (-8% /2018 et -11% /2017).
ALLEMAGNE : une mauvaise fin d’année pour les cours
En Allemagne, les JB ont fini l’année à des niveaux de prix très décevants, à 3,76 €/kg de carcasse pour le JB U (-4% /2018 et -10% /2017), 3,70 €/kg pour le JB R (-4% /2018 et -10% /2017) et 3,41 pour le JB O (-3 % /2018 et -9% /2017). Pourtant, l’offre était en net retrait (-8% d’abattages de JB sur les 8 dernières semaines de l’année). Il faut croire que les bas prix des viandes importées de Pologne et d’Argentine – seuls fournisseurs à avoir accru leurs ventes sur les 9 premiers mois de l’année – ont fait pression sur les cours.
ESPAGNE : la hausse des abattages fait pression sur les prix
En Espagne, le fort ralentissement des ventes de bovins finis à la Turquie à partir de l’automne 2018 a provoqué une forte hausse des abattages nationaux. Sur les 10 premiers mois 2019, les abattages de mâles non castrés ont bondi de +23% /2018 à 625 000 têtes et ceux de génisses de +9% /2018 à 378 000 têtes.
Ces volumes supplémentaires pèsent sur les cours. La cotation du JB R espagnol, à 3,56 €/kg de carcasse, était toujours sous pression mi-décembre (-4% /2018 et -11% /2017).
Avec des volumes supplémentaires disponibles à prix bas, les exportations espagnoles de viandes bovines (fraîches et congelées) ont bondi de 17% à 153 000 téc sur 9 mois, dont 48 000 téc de viande fraîche vers le Portugal (+18%) et 18 000 téc vers l’Italie (+24%).
Viandes bovines » Femelles » France »
Situation toujours poussive
La baisse saisonnière marquée des cours des vaches laitières s’est arrêtée à un bas niveau. Les prix des réformes allaitantes les mieux conformées continuent de fléchir et la décapitalisation reste marquée. Les importations sont toujours en hausse.
Des prix toujours dégradés
La baisse saisonnière marquée des cotations des vaches laitières semble enfin avoir pris fin. Mais face à un marché européen toujours déprimé, les cours demeurent sensiblement inférieurs à ceux des deux années précédentes à pareille époque. Le prix des vaches O et P se sont appréciés de respectivement +1 et +3 centimes sur les 4 dernières semaines (+1%) pour atteindre début janvier 2,97 €/kg de carcasse (-3% /2019 et -4% /2018) et 2,58 € (-3% /2019 et -5% /2018).
Même constat pour les vaches R dont les cours ont repris sur la même période 2 centimes (+1%). Mais la cotation de la vache U en a perdu 13 cts (-3%). Les prix sont équivalents à ceux de l’année dernière à respectivement 3,73 €/kg début janvier (=/2019 et +1% /2018) et 4,24 €/kg (= /2019 et -2% /2018).
Le bilan de l’année 2019 est mitigé. En moyenne sur l’ensemble de l’année 2019, les cotations des vaches U et R se sont appréciées de respectivement +4 et +6 centimes /2018 quand les cours des vaches O et P se sont dépréciés de respectivement 3 et 10 centimes et ce alors que le second semestre 2018 avait été marqué par des réformes massives à travers l’UE en lien avec un épisode de sécheresse estivale sévère et des prix bas.
Des abattages toujours limités
En décembre, les abattages de vaches laitières comme de vaches allaitantes ont progressé (+3% /2018). Mais cette hausse s’inscrit en comparaison d’un mois de décembre 2018 où les abattages de réformes avaient été limités après les afflux record de l’automne liée à la sécheresse estivale de 2018. Les abattages sont en fait plutôt limités par rapport à 2017, en réformes laitières (-2%) comme en allaitantes (-1%).
Rythme de décapitalisation soutenu
Le rythme de la décapitalisation allaitante reste soutenu par rapport au 1er semestre 2019. Au 1er décembre 2019, le cheptel de vaches allaitantes comptait 91 000 têtes de moins qu’un an auparavant et peinait à atteindre 3,80 millions de têtes (-2,4% /2018 contre -1,7% à la fin du 1er semestre).
Entre janvier et novembre, la baisse des sorties (-14 000 têtes /2018) a compensé moins d’un tiers de la baisse des entrées de génisses allaitantes dans le troupeau (-44 000 têtes). Et les effectifs de femelles allaitantes de 24 à 36 mois sont désormais en net retrait. Au 1er décembre 2019, le déficit atteignait 67 000 têtes (-6,4% /2018) contre 32 400 au 1er janvier de la même année (-2,9% /2018).
Côté cheptel laitier, le constat est similaire. La baisse du nombre de vaches atteignait 56 000 têtes au 1er décembre 2019 (-1,4% /2018).
Les importations en hausse ne bénéficient toujours pas à la Pologne
En cumul sur les 10 premiers mois de 2019, les importations françaises de viande bovine ont atteint 279 000 téc (+2% /2018 et +6% /2017). Ce sont notamment les importations de viande réfrigérée (+4% /2018 et +5% /2017, à 176 500 téc) et de viande transformée (+9% /2018 et +29% /2017, à 20 200 téc) qui en sont les moteurs. En effet, les approvisionnements en viande congelée sont eux en retrait par rapport à l’année dernière (-4% /2018 et +3% /2017, à 81 200 téc).
La Pologne, dont les exportations de viandes congelées sont en hausse, ne bénéficie toujours pas de cette ouverture supplémentaire du marché français. Les scandales de début 2019 limitent ainsi les importations de viande polonaise réfrigérée et congelée (-23% /2018 à 20 900 téc). L’Allemagne (-2% à 42 600 téc) et la Belgique (-1% à 26 200 téc) voient également leurs exportations vers la France limitées.
La plupart des autres exportateurs européens bénéficient eux de cette progression des achats français de viande bovine réfrigérée et congelée. L’Irlande (+10% /2018 à 46 300 téc) dépasse désormais l’Allemagne et devient le 2ème fournisseur de la France malgré le blocage des abattoirs irlandais mi-septembre.
La consommation fléchit
La consommation de viande bovine en France calculée par bilan a sensiblement diminué en octobre (-6% par rapport à un niveau élevé en 2018). En cumul sur les 10 premiers mois de 2019, elle estimée à 1 282 900 téc, soit un niveau intermédiaire entre ceux des deux années précédentes (-1,2% /2018 et +1,4% /2017).
Viandes bovines » Femelles » Europe »
Les prix dans le creux de la vague ?
Alors que les abattages de vaches restent plutôt contenus dans l’UE, le marché européen des réformes est toujours déprimé. Mais la baisse des prix en Europe paraît désormais se stabiliser.
ALLEMAGNE : abattages contenus et prix toujours bas
En Allemagne, les abattages sont restés relativement contenus à la fin de l’année 2019. D’après l’indicateur publié par AMI, les effectifs abattus sur les quatre dernières semaines de l’année était sensiblement équivalent au faible niveau de 2018 qui faisait suite aux réformes excessives de l’automne suite à la sécheresse estivale (= /2018 et -16% /2017).
Avec une offre contenue, le cours allemand de la vache O a repris 8 centimes (+3%) en un mois d’après AMI. Il atteignait ainsi 2,67 €/kg de carcasse fin décembre, soit un niveau intermédiaire entre les deux années précédentes (+4% /2018 et -11% /2017). Les réformes allemandes ne bénéficient pas de l’envolée du prix du porc liée à l’épizootie de fièvre porcine africaine en Chine.
En ce début d’année, d’après les experts d’AMI, la demande des abattoirs se raffermit et serait à l’origine du léger redressement observé fin décembre même si la période de fin d’année est habituellement plus propice aux morceaux nobles et à la viande de JB. La viande de vache, bon marché, est demandée en début d’année (viande hachée, viande à bouillir) et pourrait conduire à une appréciation des prix qui restent encore bas pour le moment.
Pour la 5ème année consécutive, le cheptel bovin allemand diminue. D’après l’enquête cheptel, le troupeau de vaches allemandes a perdu près de 100 000 têtes entre novembre 2018 et novembre 2019 (-2,1% /2018), à 4,65 millions de têtes. Cette baisse concerne aussi bien les vaches laitières (-2,2% à 4,01 millions de têtes) qui constituent de loin l’essentiel du cheptel national que les vaches allaitantes (-1,6% à 0,64 million de têtes).
POLOGNE : abattages en hausse, les prix restent sous pression
En Pologne, alors que les abattages de réformes étaient réduits depuis février 2019 en raison des scandales de fraudes à la vache malade et au faux steak haché, ceux-ci semblent se redresser en fin d’année. Ainsi, en octobre 2019, 60 000 vaches ont été abattues soit un effectif équivalent au même mois de 2018. Cependant, en cumul sur les 10 premiers mois de l’année, le repli reste fort (-10% /2018 et -8% /2017).
Côté cotations, si l’hémorragie semble désormais endiguée les prix des vaches polonaises pâtissent d’un marché européen déprimé et restent en queue de peloton sur le marché communautaire. D’après Eurostat, entre les semaines 46 et 50, la cotation de la vache O est resté stable à 2,53 €/kg de carcasse courant décembre (-6% /2018 et -14% /2017). Les prix polonais restent inférieurs à ceux pratiqués en France (-15%), au Royaume-Uni (-9%), en Allemagne (-5%) ou encore en Irlande (-3%).
Jusqu’ici, la filière bovine polonaise est pénalisée par des exports en retrait conséquent. En cumul sur les trois premiers trimestres de 2019, les expéditions de viande polonaise réfrigérée et congelée ont diminué de 15 600 téc (-5% /2018 et -4% /2017). Face à la défiance des importateurs après les crises de début 2019, les opérateurs polonais ont dû s’adapter en ayant notamment recours à la congélation pour gérer les stocks. Entre janvier et septembre dernier, les envois de viande congelée ont bondi de +19% à 99 400 téc quand ceux de viande réfrigérée ont chuté de -12% à 223 900 téc. Ce nouvel équilibre se fait au détriment du prix. En un an, le prix de la viande bovine polonaise congelée exportée a perdu 10 centimes (-3% /2018) à 2,85 €/kg éc.
IRLANDE : retour à la « normale » des abattages, les prix stagnent
En Irlande, le blocage des abattoirs à la fin de l’été avait créé des files d’attentes, notamment pour les animaux les plus âgés. En effet, à la réouverture des abattoirs les animaux les plus jeunes ont été abattus en priorité. Ainsi, dès le début du mois d’octobre, les abattages de génisses avaient bondi réduisant ainsi les files d’attentes en ferme pour ce type d’animaux. Depuis, la situation semble être assainie. D’après l’indicateur hebdomadaire de Bord Bia, sur les 4 dernières semaines connues (semaines 48 à 51), les abattages de génisses ont même reculé (-3% /2018). En cumul depuis le début de l’année, les abattages de génisses ont sensiblement progressé (+4%/ 2018 et +10% /2017).
Le rythme d’abattage de vaches a mis plus de temps à se rétablir. De nombreux opérateurs font encore état de stocks présents en ferme. Sur les 4 dernières semaines incluant les fermetures habituelles de Noël, les abattages de vaches sont désormais en retrait par rapport à une année 2018 exceptionnelle (-5% /2018) et proches des standards des années précédentes (-1% /2017 et +2% /2016).
Actuellement, si les abatteurs semblent demandeurs de marchandises, les prix restent globalement en berne pour toutes les catégories malgré la multiplication des protestations des éleveurs depuis le début de l’été. Ainsi, d’après Eurostat, la cotation irlandaise de la vache O peine à atteindre les 2,62 €/kg de carcasse fin décembre. Elle s’est néanmoins appréciée de 5 centimes en 4 semaines, mais reste inférieure à celle des années précédentes (-2% /2018 et -19% /2017). Seule la cotation polonaise reste inférieure (-3%).
Le cheptel allaitant a encore reculé en 2019, pour la 4ème année consécutive. D’après Irish Cattle Breeding Federation (ICBF), l’effectif de vaches a reculé de 42 000 têtes en un an, à 934 000 têtes en décembre (-4% /2018). Entre 2016 à 2019, le troupeau allaitant irlandais a perdu près de 84 000 vaches.
ROYAUME-UNI : entre consommation domestique en berne et hausse des exportations
Entre janvier et novembre 2019, 611 000 vaches ont été abattues au Royaume-Uni d’après les statistiques d’AHDB. Soit un niveau intermédiaire entre l’année 2018, exceptionnelle pour cause de sécheresse, et les années 2017 et 2016, plus classiques (-2% /2018 ; +4% /2017 et +1% /2016).
Face à un marché européen plutôt lourd, les cotations britanniques sont à la peine comme partout ailleurs dans l’Union européenne, même si la tendance semble à l’accalmie. Le cours de la vache O au Royaume-Uni a repris 10 centimes en 4 semaines (+4%) pour s’établir à 2,79 €/kg de carcasse en semaine 50. Ce niveau est désormais intermédiaire entre 2017 et la mauvaise année 2018 (+10% /2018 et -7% /2017).
D’ici la sortie de l’UE, le 31 janvier 2020, les opérateurs britanniques ont diversifié leur clientèle. Avec un taux de change stable et toujours intéressant en 2019 (-0,7% /2018 en moyenne annuelle), les exportations de viande bovine réfrigérée et congelée depuis le Royaume-Uni ont nettement progressé sur les 10 premiers mois de l’année (+23% /2018 à 110 000 t) s’approchant du pic du début de la décennie en 2011. Les envois de viande bovine vers les pays tiers ont ainsi bondi (+88% /2018) notamment vers l’Asie. Les exportations progressent également vers l’UE (+23%) à l’exception notoire de l’Allemagne. Dans le même temps, les importations ont nettement reflué qu’elles soient originaires de l’UE (-13% /2018) ou non (-52%). Toutes les origines sont concernés et notamment l’Irlande (-8%). Le marché britannique se renationalise mais se restreint. Par bilan, la consommation a en effet sensiblement régressé (-7% /2018).
Viandes bovines » Maigre »
Le marché est à l’équilibre malgré le repli de l’offre
Les cours des broutards ont été reconduits ces dernières semaines malgré une offre toujours en recul. La demande à l’export s’est contractée en novembre et le marché italien des femelles semble saturer.
Le marché est à l’équilibre
Depuis trois mois les cours des mâles sont stables, sous leur niveau de l’an passé et près de celui de l’année qui précède. Ils devraient connaitre un début de hausse saisonnière contenu dans les semaines à venir. En 1ère semaine 2020, la cotation du Charolais U de 350 kg a été reconduite à 2,59 €/kg vif soit -10 cts /2019 (-4% /2019 ; = /2018). Le Charolais U de 450 kg cotait 2,42 € /kg (-4% /2019 ; -1% /2018). Le cours du Limousin E de 300 kg dépassait de 2% son niveau de 2019, alors que celui du Croisé U de 300 kg vif a perdu 22 cts (-8% /2019).
La demande italienne en femelles ayant plafonné, les cours des broutardes se sont dépréciés durant l’automne. Début janvier, ils étaient sous les niveaux des deux années précédentes. La Charolaise cotait 2,54 €/kg, soit 11 centimes de moins qu’en 2019 (-4% /2019 et -1% /2018), tandis que la Limousine E de 270 kg cotait 2,73 €/kg soit -1% par rapport à 2019 et 2018.
L’offre diminue encore en début d’année
Les effectifs de mâles de type viande de 6-12 mois, estimés à 758 000 têtes au 1er décembre, sont en recul de 3,5% /2018 et de 4,0% /2017. Les stocks de Charolais et de Blonds diminuent toujours plus fortement que les autres races, de respectivement -5,5% et -6,0% /2019.
L’offre devrait rester limitée au 1er semestre 2020. Avec 645 000 têtes au 1er décembre, les effectifs de mâles de race à viande de moins de 6 mois étaient en baisse de 5,5% /2018. Un an auparavant, ils étaient à l’inverse plus étoffés suite au report des naissances de fin 2017, ils ne sont en recul que de 1,5% /2017. De juillet à novembre 2019, les naissances de veaux de mère de type viande étaient en repli de 6,5% /2018 et de 1,6% /2017.
La demande s’est contractée en novembre
Avec 104 000 têtes expédiées en novembre, les exportations de bovins de 4 à 16 mois ont reculé de 2% /2018. La demande italienne (1er client) a été peu dynamique malgré une conjoncture du JB fini meilleure qu’ailleurs en Europe. Et en Espagne, le marché du JB gras reste morose. Le rééquilibrage de la demande transalpine entre mâles et femelles continue de s’opérer. Les envois de femelles ont fortement reculé en novembre, de 10,5% /2018, tandis que ceux de mâles ont progressé de +2,5% /2018. De janvier à novembre les envois ont totalisé 1 066 000 têtes soit +2% /2018, tirés par les génisses (+4%).
Les demandes algérienne et tunisienne sont fermes
D’après les douanes françaises, les envois de gros bovins maigres ont encore progressé en novembre vers l’Algérie et la Tunisie avec respectivement 6 800 (nuls en 2018) et 1 800 têtes (x9). L’effectif total exporté vers les pays tiers a atteint 66 100 têtes (+60% /2018) dont 81% vers l’Algérie. Ces marchés, qui ne représentent que 6% de l’effectif total de broutards exportés, sont plus rémunérateurs et ont donc contribué à maintenir les cours.
Plusieurs menaces pèsent sur le commerce franco-algérien de bovins. D’une part l’instabilité politique et sanitaire peut bloquer les flux à tout moment. D’autre part la concurrence irlandaise sur le maigre et espagnole sur le semi-fini se fait de plus en plus pressante. Dans les mois à venir l’offre française sera en repli et contrainte par les nouvelles conditions d’importation portant sur les poids et âges des animaux. Les opérateurs français pourraient avoir des difficultés à satisfaire la demande laissant une ouverture au développement de flux concurrents. Les envois devraient ralentir vers cette destination après une année 2019 exceptionnelle.
Viandes bovines » Veaux de boucherie »
2020, année incertaine
Le marché du veau de boucherie était assaini en fin d’année 2019 grâce au repli de la production qui s’est confirmé au 2nd semestre. Pour 2020 les opérateurs craignent un nouvel excédent d’offre et la hausse des coûts de production.
Des abattages en net retrait au 2nd semestre
Les effectifs de veaux gras abattus en France (corrigés des variations journalières) ont reculé de 2,5% /2018 sur juillet-novembre 2019, mais la production abattue a moins baissé (-1,5% /2018) sous l’effet de veaux plus lourds. On note une situation similaire aux Pays-Bas où les abattages ont chuté de 5% /2018 sur juillet-octobre.
Cette baisse de l’offre en France et en Europe intervient après 6 mois extrêmement difficiles pour le secteur du veau. L’effondrement des cotations entre mars et septembre 2019 a poussé les intégrateurs à limiter la production en cette fin d’année pour désengorger le marché. Cette stratégie a permis un redressement rapide des cours : en semaine 52 la cotation française du veau O rosé clair élevé en atelier est remonté à 5,89 €/kg, soit +3% /2018 et +1,08 €/kg par rapport à la semaine 34. Aux Pays-Bas la cotation officielle du veau de boucherie pie-noir, qui s’est appréciée de +1 €/kg en 4 mois, est remontée à 5,05 €/kg en semaine 50 soit +4% /2018.
Vers un nouvel encombrement du marché début 2020 ?
L’embellie des cours et le prix toujours très bas des veaux nourrissons devraient avoir encouragé les mises en place au 4ème trimestre. Ceci entrainerait une production en hausse au 2nd trimestre 2020 que le marché pourrait peiner à absorber, notamment en cas de forte chaleur. Néanmoins les opérateurs français annoncent une offre en légère baisse pour 2020. Par ailleurs, aux Pays-Bas la production devrait selon les observateurs être également en léger repli par rapport au très haut niveau du 1er semestre 2019 (+4,5% /2018, +9% /2017). Ainsi, sauf décrochage marqué de la consommation, le secteur du veau devrait éviter une nouvelle crise du type de celle connue en 2019.
Les matières premières laitières à la hausse en 2020
L’autre source d’inquiétude pour le secteur du veau en 2020 est le coût des matières premières. L’IPAMPA aliment d’allaitement pour veaux a progressé de 11 points entre janvier et novembre 2019 à 108 points. Il devrait continuer à progresser en 2020 dans le sillage des marchés laitiers (voir marchés des produits laitiers). Les cours de la poudre de lait écrémé devraient continuer de s’apprécier. Le marché du lactosérum est plus incertain, la crise de la fièvre porcine africaine a fortement affecté la demande pour l’alimentation animale en Chine, mais les débouchés pour l’alimentation humaine restent dynamiques en particulier les fabrications de poudre de lait infantile.
Enfin l’IPAMPA autres aliments pour veaux avant sevrage, en repli depuis janvier 2019, pourrait aussi repartir à la hausse. Un retournement du marché mondial des grains semble se profiler (voir focus marchés des grains). A court terme la reprise de la demande mondiale rencontre des volumes exportables en baisse, et à moyen terme le climat très pluvieux de la fin 2019 pourrait affecter la production de blé en Europe.
Viandes bovines » Veaux nourrissons »
Une situation toujours difficile
Le marché des veaux naissants reste très encombré faute de demande et malgré une offre en net repli. Aucune embellie n’est en vue avant le printemps.
Nouveau repli des naissances
328 000 veaux de mère laitière sont nés en novembre 2019, un effectif en repli de 1,5% /2018 qui s’inscrit dans la tendance de l’année. Sur 11 mois ces naissances sont en recul de 3% /2018 à 3 103 000 têtes. Cette chute s’explique à la fois par les moindres entrées de génisses dans le cheptel et par la dégradation du taux de vêlage(Tendances décembre 2019).
Toujours plus de veaux croisés
L’évolution du nombre de naissances n’est pas homogène entre les types raciaux. Sur janvier-novembre 2019, 2 255 000 veaux laitiers de race pure sont nés, soit -5,5% /2018. Les 3 principales races sont affectées : Prim’Holstein (-5,5 % /2018), Montbéliarde (-7% /2018) et Normande (-5,5% /2018). A l’inverse les naissances de veaux croisés continuent de progresser. Sur 11 mois sont nés 221 000 veaux croisés issus de deux parents laitiers (+2%), et surtout 627 000 veaux croisés d’une mère laitière et d’un père allaitant, soit +4,5% /2018.
Le développement du croisement entre races laitières s’inscrit dans une recherche de rusticité par les éleveurs laitiers. Pour le croisement lait-viande, le ressort principal de cet essor réside dans un coût de l’IA modéré et une meilleure valorisation des veaux.
Un marché qui reste extrêmement encombré
Cette offre en baisse est sans effet sur le marché déprimé des veaux nourrissons, la faute à des débouchés en berne en France (Tendances 305). Les cotations des veaux restent au plancher et ne devraient pas progresser avant le printemps.
Dans ce contexte et malgré une situation morose de l’engraissement en Espagne (Tendances 307) qui achète plus de 90% des veaux exportés par la France, de nouveaux records ont été battus à l’export. Selon nos estimations 288 000 veaux français de mère laitière ont rejoint l’Espagne en 2019, soit +10% /2018. Cette progression est essentiellement due aux envois de Croisés lait-viande : 113 000 veaux de ce type ont été exportés en 2019, soit +27% /2018. Ces veaux croisés de mère laitière et de père allaitant représentaient 20% des naissances en 2019, mais 39% des effectifs exportés. Les veaux laitiers purs ne représentent plus que 54% des veaux exportés avec un total quasiment stable depuis 2017 à 155 000 têtes (+0,5% /2018).