Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 305 Octobre 2019
Viandes bovines
Un début d’automne morose pour les marchés bovins
Dans la foulée des mois précédents, les marchés bovins restent globalement déprimés en ce début d’automne, aussi bien pour le vif que pour la viande. Malgré une offre limitée, les prix sont toujours sous pression.
La production française est soumise une concurrence accrue, tant sur le marché domestique qu’à l’export. Les marchés européens sont globalement dégradés, en mâles comme en femelles, poussant même les éleveurs irlandais à bloquer les abattoirs. Seul le marché italien semble actuellement équilibré.
Même constat sur les différents marchés du vif en France. Pour les veaux naissants, les records d’exportation ne suffisent pas à redresser les cours qui reculent depuis le milieu de l’été, même si les perspectives semblent désormais plus favorables.
A noter que les cours des veaux de boucherie se redressent enfin, mais restent en deçà des standards habituels.
Les cours sont sous pression malgré une offre toujours contenue. Les exportations sont en net retrait, notamment vers l’Allemagne ou encore l’Italie. A noter que les stocks en ferme de jeunes mâles allaitants (12-18 mois) sont en progression.
L’ensemble des cours à la peine
Alors que la bonne tenue du marché italien avait profité aux JB les mieux conformés pendant que la morosité du marché allemand pesait sur les JB laitiers, l’ensemble des cours est à nouveau sous pression notamment pour les meilleures conformations. A respectivement 3,96 €/kg et 3,76 €/kg de carcasse, les cotations des JB U et R ont perdu 3 et 4 centimes sur les quatre dernières semaines pour atteindre des niveaux intermédiaires aux deux années précédentes (+2% /2018 et -3% /2017). Si la cotation du JB O était stable sur la même période à 3,19 €/kg en semaine 40, elle reste nettement en dessous des niveaux des années précédentes (-2% /2018 et -5% /2017).
Les abattages sont toujours limités, mais les stocks d’animaux jeunes s’étoffent légèrement
Les abattages de JB de type lait comme de type viande sont à nouveau en retrait. D’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev, les abattages de JB de race à viande ou croisés (-6% /2018) comme ceux de JB laitiers (-8% /2018) ont sensiblement diminué sur les 5 dernières semaines connues (35 à 39).
En BDNI, au 1er septembre 2019, les stocks de bovins mâles de 18 à 24 mois en élevage étaient réduits en type viande ou croisé (-19 000 têtes ; -11%) comme en type laitier (-7 000 têtes ; -6%). A noter que si les stocks d’animaux plus jeunes, de 12 à 18 mois, sont toujours faibles côté laitier (-6 000 têtes ; -5%), ils sont plus étoffés côté allaitant (+15 000 têtes ; +5%), et pourraient conduire à un léger étoffement de l’offre à terme si les ventes de broutards repoussés en Italie ne progressent pas à l’automne.
Des exportations toujours en retrait
Avec des disponibilités toujours limitées et une concurrence accrue sur le marché communautaire, les exportations françaises de viande bovine du mois ont été contenues en juillet. En cumul depuis janvier, elles sont très inférieures à celles dynamiques de l’an passé, mais également à celles plus mesurées de l’année 2017 (131 000 téc soit -6% /2018 et -2% /2017). En cumul sur les 7 premiers mois de l’année, les exportations françaises de viande bovine réfrigérée et congelée ont reculé vers la majorité des destinations et notamment l’Italie (-8% /2018) et l’Allemagne (-7%). Si les envois progressent vers la Grèce (+1%), cela se fait au détriment de la valorisation : le prix des exportations françaises de viande bovine réfrigérée vers la Grèce, consommatrice de quartiers avant, est inférieur de 20% au prix des produits destinés à l’Allemagne et de 25% à ceux destinés à l’Italie.
Viandes bovines » Jeunes bovins » Europe »
Seul le marché italien se démarque
Dans un contexte globalement morose, le marché Italien plus équilibré tire son épingle du jeu. Ailleurs, les prix restent à la traîne. Le marché allemand est perturbé par des signes de récession. La Pologne pâtit toujours du scandale sanitaire de début d’année. L’Irlande est plombée par les perspectives de Brexit et l’Espagne ne se remet pas du surplus d’offre du début d’année, après la perte du débouché turc pour le vif.
ITALIE : poursuite de la hausse saisonnière
En Italie, les cours du JB poursuivent leur progression. La cotation du JB charolais de 700-750 kg à Modène a pris 7 centimes sur les 4 dernières semaines pour s’établir à 2,61 €/kg vif en semaine 39 (+4% /2018 ; = /2017). La cotation du JB limousin de 600-650 kg suit la même trajectoire : elle s’est appréciée de 6 centimes sur la même période, à 2,79 €/kg (+1% /2018 ; +1% /2017). Le constat est plus mesuré pour les JB femelles (Charolaises comme Limousines) dont les prix sont restés stables, à respectivement 2,65 € et 2,91 €/kg, face à une offre un peu plus soutenue.
D’après la BDNI italienne, les effectifs de mâles de 1 à 2 ans présents en élevage restent toujours inférieurs aux années précédentes, mais il y a désormais un peu plus de stocks. Fin septembre 2019, le déficit n’atteignait plus que 11 000 têtes (-3% /2018).
La consommation se tient toujours plutôt bien. D’après les données du panel ISMEA, les achats de viande bovine réfrigérée ont progressé au 1er semestre 2019 (+2% /2018 en volume ; +3% en valeur).
ALLEMAGNE : la situation économique du pays pèse sur la consommation
En Allemagne, les abattages de jeunes bovins ont légèrement diminué. D’après l’indicateur hebdomadaire publié par AMI, le nombre de JB abattus sur les quatre semaines de septembre était en retrait de près de 7 000 têtes par rapport à l’année dernière (-8% /2018 ; = /2017).
Face à ces sorties plus limitées au cours des dernières semaines, les prix des jeunes bovins se sont légèrement redressés poursuivant leur remontée saisonnière. Celle-ci reste lente et chaotique, si bien que les cotations peinent à dépasser leur faible niveau de 2016, quelle que soit la conformation. En effet, à 3,57 €/kg de carcasse en semaine 39, la cotation du JB R est toujours nettement sous son niveau des deux années précédentes (-5% /2018 et -8% /2017) et n’atteint pas le niveau de 2016 (3,58 €/kg). Constat similaire pour les JB U et O qui s’établissent à respectivement 3,63 €/kg éc (-5% /2018 ; -8% /2017) et 3,26 €/kg éc (-6% /2018 ; -8% /2017).
En effet, les prémices de récession, qui touchent l’Allemagne depuis plusieurs mois, freinent le pouvoir d’achat. Après plusieurs années de croissance continue, la consommation de viande est mise à mal et le sens de la courbe s’est inversé. D’après l’enquête par panel publiée par AMI, les achats de viande par les ménages allemands se sont contractés. Ce phénomène a été amplifié cette année par un été partiellement très chaud. Cependant, les achats de viande bovine dans les circuits de distribution classiques résistent. Mais les achats de viande bovine transformée (viandes pour saucisses, mix porc/bœuf) y sont en retrait.
En parallèle, la consommation de viande bovine calculée par bilan est en recul. Sur le premier semestre 2019, elle a atteint 577 000 téc (-2% /2018), soit un niveau équivalent à 2017, d’après les statistiques Eurostat.
En ce début d’automne, d’après les experts d’AMI, les opérateurs sont à la recherche de découpes de quartiers avant notamment pour la production de viande hachée et les pièces nobles sont négligées.
Face à cette situation, les importations allemandes poursuivent leur retrait entamé en 2018. Sur le premier semestre 2019, les importations de viande bovine réfrigérée et congelée ont chuté de -8% /2018, à 194 000 téc.
POLOGNE : la fin des effets du scandale de janvier tarde à venir
En Pologne, le marché du JB peine toujours à se remettre des scandales qui ont touché l’industrie polonaise de la viande bovine en début d’année. Sur le 1er semestre, la demande à l’export en viande bovine polonaise s’est effritée : seulement 207 000 téc de viande bovine réfrigérée et congelée ont ainsi été expédiées (-8% /2018 ; -3% /2017).
Face à une demande européenne en berne, les abattages avaient nettement reculé, créant des files d’attentes en ferme et une augmentation du poids des animaux abattus. Au 1er semestre, le poids des carcasses des JB polonais a ainsi progressé de 16 kg (+5% /2018).
En juillet dernier, pour la 1ère fois depuis le début de la crise, les abattages de JB ont progressé par rapport à l’année précédente (+4% /2018).
Malgré quelques frémissements durant la période estivale, les cours des JB restent à la baisse. Ainsi, les cotations des JB O et R reculent à nouveau depuis le milieu du mois d’août. Sur les quatre dernières semaines, elles se sont repliées respectivement de 7 et 9 centimes pour s’établir à 2,71 €/kg éc (-18% /2018 et -16% /2017) et 2,78 €/kg éc (-17% /2018 et -17% /2017) en semaine 39.
Les stocks présents en ferme n’incitent pas à l’optimisme pour les prochaines semaines.
IRLANDE : les manifestations des éleveurs ont perturbé le marché
En Irlande, face aux menaces du Brexit sur le débouché des bœufs, de nombreux éleveurs produisent depuis plusieurs mois des JB à destination de l’Europe continentale. La filière irlandaise a cherché à diversifier sa clientèle. Sur le 1er semestre 2019, les exportations de viande bovine ont globalement progressé (+11% /2018 ; +8% /2017). Logiquement, le débouché britannique pour les viandes réfrigérées et congelées est en retrait (-5% /2018), contrairement à la plupart des autres débouchés.
La situation des marchés bovins est dégradée depuis plusieurs mois et a amené les éleveurs à multiplier les manifestations, dont le blocage des abattoirs. Ainsi, les abattages de bovins se sont nettement réduits en semaines 36 et 37 d’après les statistiques hebdomadaires relevées par Bord Bia.
La cotation du JB R irlandais est pour le moment toujours au plus bas. D’après Eurostat, elle est restée stable sur les quatre dernières semaines à 3,28 €/kg de carcasse fin septembre, soit un niveau toujours nettement plus faible que les années précédentes (-9% /2018 et -12% /2017).
ESPAGNE : les cours toujours à la peine
En Espagne, les mâles supplémentaires abattus suite à la perte du débouché turc pour le vif continuent de peser sur les cours. Face à cette offre étoffée fin 2018- début 2019, les cotations espagnoles ont souffert et peinent aujourd’hui à se redresser. Le cours du JB R a perdu 3 centimes en 4 semaines pour s’établir à 3,51 €/kg de carcasse fin septembre. Il reste nettement inférieur aux trois années précédentes (-7% /2018 ; -10% /2017 et -3% /2016).
Si le manque de débouchés pour cette production supplémentaire a pesé, le surplus d’abattages semble pourtant se tarir. Avec des mois de mai et juin en retrait (respectivement -2% /2018 et-9% /2018), les effectifs de jeunes mâles non castrés abattus au 1er semestre 2019 ont peu varié (-7 000 têtes, soit -1% /2018). Et les exportations de viande bovine espagnole réfrigérée et congelée ont nettement progressé sur la même période (+13% /2018) alors qu’une bonne partie des animaux étaient expédiés vivants en Turquie en 2018.
Viandes bovines » Femelles » France »
Prix dégradés malgré un marché fluide
Les cours des vaches laitières ont entamé leur baisse saisonnière à des niveaux inférieurs aux années précédentes. Les allaitantes semblent mieux résister. L’offre abattue est globalement en retrait, mais les imports continuent de progresser. La consommation se maintient.
Prix des laitières sous pression
Malgré une offre française en retrait, les cotations des vaches laitières poursuivent leur baisse saisonnière à des niveaux inférieurs à ceux des années précédentes. La vache P cotait 2,73 €/kg de carcasse début octobre (-5% /2018 et -4% /2017) et la vache O 3,13 €/kg (-2% /2018 et -3% /2017). Il semble que le marché européen déprimé fasse pression sur le marché français, d’autant plus que les importations sont reparties à la hausse depuis plusieurs mois.
La pression est moins forte sur les meilleures conformations bien que les prix restent bas. La vache R cotait 3,75 €/kg début octobre (-1% /2018 et -2% /2017) et la vache U 4,42 €/kg (= /2018 et -2% /2017).
Abattages toujours en baisse
D’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev, les abattages de gros bovins sur les 4 semaines finissant le 6 octobre ont enregistré une baisse de 4% par rapport à 2018. Ceux de vaches laitières sont restés en retrait (-3% /2018). En revanche, ceux de vaches allaitantes restent élevés (+1% /2018), de même que ceux de génisses de type viande (= /2018), alors même que le cheptel s’est déjà fortement réduit. Ceci laisse suggérer que la décapitalisation allaitante se poursuit.
Décapitalisation
La décapitalisation allaitante s’accentue. Le cheptel de vaches allaitantes comptait 3,78 millions de têtes le 1er septembre, soit 2,0% de moins qu’un an plus tôt contre -1,8% au 1er juin. En effet, les entrées dans le troupeau restent très limitées. En août, la baisse des sorties (-13 000 têtes /2018) n’a compensé que la moitié de la baisse des entrées (-26 000 têtes).
L’érosion du cheptel laitier s’est légèrement accentuée en août (-1,0% /2018 au 1er septembre contre -0,9% au 1er août). La baisse des réformes de vaches laitières est en ligne avec celle du cheptel, ce qui explique la régularité dans l’évolution des effectifs.
Plus de viande importée
Les importations françaises de viande bovine ont totalisé 197 000 tonnes équivalent carcasse (téc) sur les 7 premiers mois de l’année (+4% /2018 et +8% /2017), dont 123 000 téc de viande réfrigérée (+5% /2018 et 2017), 59 000 téc de viande congelée (= /2018 ; +11% /2017) et 14 000 téc de viande transformée (+14% /2018 ; +36% /2017). L’Irlande a fourni le gros des volumes supplémentaires : 34 000 téc de viande réfrigérée et congelée, soit +15% /2018 et +13% /2017. L’offre pléthorique en Irlande depuis l’automne 2018 et les perspectives du Brexit ont alimenté ces flux (voir l’article sur les femelles en Europe). L’Allemagne a expédié 30 000 téc de viande réfrigérée et congelée (+2% /208 et +6% /2017) en raison d’une consommation nationale en retrait et de prix particulièrement compétitifs (-9% pour le prix moyen de la viande réfrigérée achetée par la France sur les 7 premiers mois de l’année).
Les achats à la Pologne ont en revanche reculé de 24% à 15 000 téc, les 2 scandales sanitaires de fin janvier et début juin ayant fait chuter la demande française pour cette viande. Les fournisseurs italiens et espagnols sont par conséquent revenus en force sur le marché français, avec notamment une offre de steaks hachés surgelés bon marché pouvant remplacer l’offre polonaise. Les achats à l’Italie ont progressé de 12% à 10 000 téc, dont 4 000 téc de congelé (+16%) et ceux à l’Espagne de 8% à 11 000 téc, dont 6 000 téc de congelé (+24%).
La consommation française se maintient
D’après le SSP, les disponibilités de viande bovine consommables en France sur les 7 premiers mois de l’année ont totalisé 902 000 téc (-0,6% /2018 et +2,2% /2017).
Viandes bovines » Femelles » Europe »
Marché morose
Les cours restent bas, malgré des réformes ralenties. La perspective d’un Brexit dur fait craindre le pire à la filière irlandaise. En Pologne, le marché des réformes reste en berne en raison des 2 scandales ayant affecté la filière cette année.
IRLANDE : reprise des abattages après un été houleux
En Irlande, après 2 mois de discussions houleuses entre éleveurs et abatteurs (voir l’ambiance dans cette vidéo de arte) et 2 séries de blocages de sites de transformation par les éleveurs, les abattages ont repris fin septembre. Un accord semble avoir été trouvé, avec un système de bonus pour les animaux entrant dans la cible des abatteurs (bœufs et génisses de moins de 30 mois de conformation 0= à U+ et d’état d’engraissement 2+ à 4=). Dans la foulée, Kepak a édité une grille de malus pour les animaux en dehors de la cible, notamment pour les animaux trop lourds ou trop légers. Mais cela ne semble pas avoir fait réagir les éleveurs.
D’après les chiffres du ministère de l’Agriculture, sur les 2 semaines de septembre les plus impactées par les blocages (semaines 37 et 38), seuls 22 000 bovins ont été abattus, contre 59 000 sur les même semaines de 2018. Les 2 semaines suivantes sont revenues à la normale (75 000 têtes contre 78 000 en 2018). Toutefois, la priorité a été donnée aux génisses, bœufs et taurillons et les abattages de vaches sont donc restés ralentis. Sur les 4 dernières semaines, les abattages de vaches affichent un recul de 50% par rapport à 2018, ceux de génisses de 30%, ceux de bœuf de 36% et ceux de taurillons de 39%.
Les craintes de la filière irlandaise sont fortes autour du Brexit, l’Irlande exportant 90% de sa production de viande bovine, et 60% vers le Royaume-Uni. Dans le cas d’un No deal, la viande irlandaise serait très fortement dépréciée, sans compter que les flux pourraient être momentanément ralentis par la mise en place des contrôles. Les opérateurs irlandais se préparent à cette éventualité depuis de longs mois en cherchant d’autres débouchés pour leur viande. Les flux commencent à être réorientés vers l’Europe continentale. Sur le 1er semestre 2019, l’Irlande a exporté 200 000 téc de viande bovine réfrigérée (+9% /2018), dont 98 000 téc vers le Royaume-Uni (-3% /2018), 21 000 téc vers les Pays-Bas (+17%), 18 000 téc vers la France (+8%) et 17 000 téc vers l’Italie.
Les difficultés structurelles dans le secteur bovin viande, face à un secteur laitier où les revenus sont très largement supérieurs, continuent de modifier la structure du cheptel de vaches. Dans la dernière enquête en date de juin, le cheptel irlandais de vaches allaitantes est passé sous la barre du million de têtes, à 999 700 têtes (-4,6% /2018), alors que celui de vaches laitières passait la barre des 1,5 million de têtes (+1,6% /2018).
POLOGNE : les réformes devraient s’accélérer
En Pologne, les prix des vaches restent déprimés. L’image de la viande polonaise s’est dégradée fin janvier suite au scandale de la viande commercialisée issue de vaches malades, puis courant juin avec les révélations sur des opérations frauduleuses visant des steaks hachés distribués à des associations humanitaires. Les cotations sont donc au plus bas et continuent de baisser. La cotation de la vache O polonaise est tombée à 2,42 €/kg de carcasse fin septembre (-16% /2018 et -14% /2017).
En effet les réformes s’accélèrent avec l’entrée dans l’automne, d’autant plus qu’elles avaient été considérablement contenues depuis le début de l’année en raison de l’effondrement de la demande européenne.
Sur les 7 premiers mois de l’année, la Pologne a abattu seulement 300 000 vaches laitières (-11% /2018 et -8% /2017), ce qui laisse penser que les réformes de l’automne devraient être particulièrement dynamiques.
ALLEMAGNE : baisse des volumes et des prix
En Allemagne, les abattages restent contenus par rapport aux années précédentes (-7% /2018 en septembre). Pour autant, la baisse saisonnière des cours, liée aux sorties d’automne, est particulièrement marquée alors même que le prix du porc est au plus haut depuis 2013. La baisse de la demande allemande et plus largement européenne et la concurrence accrue de la viande irlandaise font pression sur les cours. La vache O cotait ainsi 2,72 €/kg de carcasse fin septembre (-4% /2018 et -13% /2017) et la vache P 2,95 €/kg (-4% /2018 et -12% /2017).
Viandes bovines » Maigre »
Les cours se stabilisent
La baisse des cours entamée en juillet a freiné début octobre. Le pic des sorties de la rentrée a rencontré une demande modérée. Les naissances en repli depuis janvier devraient induire une offre limitée et une stabilisation des prix dans les prochaines semaines.
Les cours ont baissé à la rentrée
Plutôt élevés et stables en début d’année, les cours des gros bovins maigres ont reculé depuis juillet, en particulier pour les animaux moins demandés, moins conformés. En France, les incertitudes sur la récolte de maïs imputable à la sécheresse et le marché morose du JB ont incité les engraisseurs à la prudence dans la mise en place des broutards. Avec une consommation plutôt dynamique, le marché italien du gras se porte mieux, mais a connu un léger ralentissement des mises en place à la sortie de l’été.
Le Charolais U de 350 kg, plutôt destiné au marché français, cotait 2,59 €/kg de carcasse (kg éc) en semaine 40, soit -4% /2018, mais quasi stable par rapport à la semaine 38. Début octobre, le Charolais U de 450 kg, plutôt destiné au marché italien, cotait 2,43 €/kg éc, soit 13 cts de moins qu’en 2018 (-5%). Son prix s’est néanmoins maintenu ces 3 dernières semaines. La cotation des Croisés U de 300 kg était en repli de -16 cts à 2,73 €/kg éc tandis que les Limousins tiraient leur épingle du jeu avec 3,12 €/kg éc, stables depuis fin août et en hausse de +8 cts par rapport à 2018 (+3%).
Les cours des femelles se sont stabilisés depuis un mois après une baisse modérée (-2% /2018) : à 2,77 €/kg éc en semaine 40 pour la Limousine E de 270 kg et 2,60 €/kg pour la Charolaise U de 270 kg. La demande italienne pour les femelles commencerait à plafonner après des années d’expansion. La consommation de scottona (génisse) stagne et la rentabilité de leur engraissement se rapprocherait de celle des mâles.
Vers une offre réduite au 2nd semestre
Passé le pic des sorties de la rentrée, le marché du maigre devrait se fluidifier en novembre avec une offre limitée. Au 1er septembre, les stocks de mâles allaitants de 6-12 mois étaient supérieurs de +2,5% aux très bas effectifs de 2018, mais en repli de -6,5% /2017. Avec 737 000 têtes, les mâles de 0-6 mois étaient moins nombreux qu’en 2018 (-6,5%).
Depuis janvier, 2,3 millions de veaux de mère allaitante sont nés, soit 6,5% de moins qu’en 2018 sur la même période. Les naissances ont chuté de -11,5% au mois d’août, et la diminution du cheptel de mère de -2% au 1er septembre n’explique qu’une partie de la baisse.
Ralentissement des envois en août
En août, les expéditions de bovins de 4 à 16 mois ont diminué de -5% /2018. Les envois français ont totalisé 735 000 têtes sur 8 mois, soit +1,5% /2018. Depuis le début d’année, les envois de femelles ont progressé de 7,5%, atteignant 264 000 têtes, tirés par la demande italienne, le premier débouché des broutards français. A l’inverse, la France a envoyé 472 000 mâles, soit -1,3% /2018. Sous l’effet de la conjoncture morose des JB, la demande espagnole s’est réduite et les prix pratiqués sont inférieurs aux tarifs italiens.
Sur les pays tiers, les envois estivaux ont été stoppés par la canicule. Pénalisés par un arrêté ministériel en juin, les opérateurs ont préféré retarder les envois: seuls 500 animaux ont été expédiés en août, vers l’Algérie. Sur 8 mois, les achats de ces pays ont totalisé 41 000 têtes, soit +21% /2018, dont 85% vers l’Algérie avec des importations battant tous les records. La pérennité de ce dernier débouché interroge vu les troubles politiques et le risque bancaire identifié par les banques françaises il y a quelques semaines puis démenti. Toutefois, le marché ne semble pas avoir été impacté par ces événements depuis le début d’année.
En septembre, les achats auraient repris avec un peu de retard, mais les effectifs devraient s’approcher de ceux de l’année passée. Ce sont plutôt les disponibilités limitées annoncées en fin d’année qui pourraient impacter le marché.
Viandes bovines » Veaux de boucherie »
Basculement brutal du marché
La cotation française du veau de boucherie rosé clair O poursuit sa remontée spectaculaire amorcée fin août. La situation est similaire ailleurs en Europe : partout les professionnels espèrent que cette situation se prolongera à l’entrée de l’hiver pour compenser une partie des pertes accumulée depuis mars.
+10 centimes par semaine
Depuis la semaine 34 (19 au 25 août 2019), la cotation française du veau O rosé clair élevé en atelier a progressé de 47 centimes. A 5,28 €/kg en semaine 40, elle se rapproche des années précédentes à -4% ou -24 centimes /2018 et -5,5% ou -31 centimes /2017. La cotation du veau R rosé clair progresse moins vite : +32 centimes depuis la semaine 34. A 5,78 €/kg elle reste en deçà des années précédentes à -6,5% ou 41 centimes /2018 -3,5% ou -20 centimes /2017.
Le marché est aussi orienté fortement haussier aux Pays-Bas. La cotation du veau de boucherie pie noir s’affichait à 4,30 €/kg éc en semaine 36 (dernière connue), soit +40 centimes en 4 semaines, mais -4% par rapport à 2018 et 2017. Dans l’attente de la mise à jour de cette donnée, tous les observateurs du marché s’accordent à dire que le commerce est resté dynamique et largement haussier. En semaine 40 la cotation devrait avoir retrouvé son niveau de 2018.
Le jeu de l’offre et de la demande
Ce renversement de la conjoncture du veau de boucherie en Europe n’est pas une rupture dans les fondamentaux du marché. Il s’explique avant tout selon les experts par le fort repli de l’offre, notamment en France où les opérateurs, très affectés par la crise du secteur qui dure depuis fin 2018, ont réalisé des mises en place très prudentes au 2ème trimestre 2019. Cette prudence permet aujourd’hui de soutenir les cours du veau grâce à une relative rareté. Elle est en outre concomitante avec les mises en avant du festival du veau. Cette action de promotion interprofessionnelle apporte un soutien important à la consommation, le veau est en effet un produit très sensible aux actions de mise en avant. Le redressement des cotations devrait ainsi se poursuivre encore quelques semaines avant de se stabiliser jusqu’en 2020.
Vers un nouveau record des poids carcasse
Le redressement actuel du marché s’accompagne d’un repli des poids carcasse et de l’âge à l’abattage des veaux finis, déjà sensible en septembre. Cependant les dernières données disponibles sont encore marquées par l’intense crise de 2019. En août dernier, le poids moyen des carcasses de veaux abattus en France a atteint 148,8 kg éc, soit +3,5 kg /2018. Sur janvier-août, il s’élève à 147 kg éc (+ 3 kg / 2018), soit un alourdissement 3 fois plus rapide que le rythme moyen annuel observé depuis 2008.
L’âge moyen des veaux abattus en septembre a probablement reculé d’une année sur l’autre. En août, il a dépassé pour la 1ère fois les 190 jours à 191 jours, soit 1 semaine de plus qu’en 2018. En moyenne sur janvier août l’âge moyen des veaux abattus en France était de 186 jours soit 7 jours de plus qu’en 2018. Selon les données de la BDNI, les veaux vieillissaient en moyenne de 2 jours par an seulement depuis 2008.
Vers un repli marqué des abattages de veaux en France
825 500 veaux ont été abattus entre janvier et août 2019 en France, un total en léger recul par rapport à 2018 et 2017 (-0,5%) qui devrait s’accentuer. La crise du secteur a provoqué un repli marqué des mises en place par les intégrateurs et malgré des naissances de veaux laitiers en baisse (-71 000 têtes/2018 sur janvier-août 2019), les exportations de veaux naissants ont progressé (voir article veaux naissants). On peut donc s’attendre à un recul marqué de la production de veau pour la fin d’année 2019 en France.
Viandes bovines » Veaux nourrissons »
Marché saturé
Malgré des exportations dynamiques, les cours des petits veaux seront au plancher au moins jusqu’en janvier.
Les cotations au plancher
Le marché des veaux nourrissons connait une année extrêmement difficile. Le redressement saisonnier des cotations, qui intervient habituellement au 2nd trimestre, a cette année été presqu’inexistant. Il a débuté en juin et la cotation a brutalement rechuté dès juillet pour atteindre rapidement un plancher. En semaine 40, le veau de type laitier de 45-50 kg cotait 53 € par tête. Les veaux de qualité trouvent preneurs à petit prix, mais les animaux chétifs, plus âgés ou issus de races à faible potentiel restent souvent sans acheteur.
L’offre atteint son pic annuel
L’effondrement des cotations s’explique avant tout par l’abondance de l’offre. Un peu moins de 60% des veaux de mère laitière naissent au 2nd semestre avec un pic marqué en septembre (11% des naissances de l’année) ce qui provoque chaque année un alourdissement des cotations à l’automne.
Les débouchés français en berne
La filière veau de boucherie valorise environ 60% des mâles nés de mère laitière en France. La demande des intégrateurs se replie habituellement en novembre. En effet les veaux mis en place en novembre sont en moyenne abattus en avril, soit la fin de la période de consommation hivernale. Cette baisse de la demande, qui intervient en plein pic des vêlages, provoque un encombrement saisonnier du marché des veaux naissants. En 2019, la situation est aggravée par la crise que subit la filière du veau de boucherie. L’effondrement des prix du 1er semestre 2019 incite les intégrateurs à limiter fortement leur production pour 2020, ce qui réduit d’autant la demande en veaux nourrissons.
Cette situation s’ajoute au net repli de la production de bœufs et de JB laitiers qui valorisent environ 30% des veaux mâles (estimation 2018, -22% /2015). Cette chute de la production s’amplifie depuis la fin des quotas qui a permis aux éleveurs laitiers d’augmenter leur cheptel souvent au détriment des ateliers d’engraissement annexes.
Les records à l’export ne suffisent pas
Faute demande en France, une part croissante des veaux est orientée à l’export. En août 2019, la France a exporté 20 000 veaux laitiers (+4,5% /2018) portant à 141 700 l’effectif total depuis janvier (+7% /2018, +37% /2017). Selon les premières remontées d’informations les exportations devraient dépasser largement les 30 000 têtes en septembre.
Plus de 90% des veaux sont exportés vers l’Espagne. Les engraisseurs espagnols sont organisés pour le sevrage des veaux. Ils produisent des JB laitiers jeunes à partir de veaux bon marché et obtiennent de meilleures marges avec les JB laitiers qu’avec les JB allaitants.
La situation est particulièrement difficile,
L’export qui capte désormais plus de 10% des mâles laitiers se développe surtout grâce aux prix très bas. Il n’existe donc pas de débouchés capables de suppléer le repli de l’engraissement de veaux de boucherie sans dégradation du prix des veaux en ferme. Les cotations devraient rester très dégradées au moins jusqu’en janvier, mais plus probablement au-delà. La remontée des prix dépendra de la demande de la filière veau de boucherie qui pourrait s’intensifier à partir d’avril pour des veaux à sortir en septembre 2020.