Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

Les nombreuses réformes laitières de l’automne conduisent à une baisse saisonnière prononcée des cours. Les sorties de jeunes bovins sont dynamiques pour répondre à un marché européen en tension.

Rebond conjoncturel des abattages en début d’automne

Sur les six dernières semaines connues (36 à 41), les abattages de gros bovins sont en hausse sur un an (+5% /2023 d’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev).

Les sorties de jeunes bovins sont dynamiques (+11% /2023 pour les JB de type viande et +4% pour les JB de type lait) grâce à la relocalisation de l’engraissement en France, mais aussi à un marché européen en demande de viande de JB qui incite les opérateurs à accélérer les sorties d’animaux.

Les vaches laitières sont également plus nombreuses à l’abattoir (+6% /2023 sur les six semaines considérées) en raison d’un report des réformes de l’été sur l’automne. En effet durant l’été, l’herbe et les fourrages en quantité et qualité ont poussé les éleveurs à conserver leurs vaches, d’autant que le prix du lait était incitatif, ce qui a décalé les réformes.

Les abattages de vaches de type viande étaient quasiment stables d’un an sur l’autre (+1% sur les six semaines concernées).

Hausse des cours des jeunes bovins

Les cours des jeunes bovins poursuivent leur hausse saisonnière. Le marché européen est en tension, avec peu d’offre en Italie et en Allemagne et des prix qui s’envolent dans tous les États membres. La situation européenne est détaillée dans l’article sur les JB en Europe.

La cotation française du JB U a gagné 6 centimes en quatre semaines pour remonter à 5,50 €/kg de carcasse en semaine 41 (+3% /2023) et celle du JB R 5 centimes à 5,34 €/kg (+2% /2023). La cotation du JB O est entrainée à la baisse dans le sillage de celle des vaches laitières. Elle a perdu 5 centimes à 4,74 €/kg (-3% /2023).

Les cours des laitières sous la pression de l’offre

L’afflux ponctuel de réformes laitières fait fléchir les cours des vaches les moins bien conformées. Les cotations affichent une baisse saisonnière relativement prononcée.

La cotation de la vache O a perdu 15 centimes en un mois pour tomber à 4,63 €/kg de carcasse en semaine 41 (-4% /2023). Le décrochage a été encore plus marqué pour la vache P qui a perdu 22 centimes en un mois à 4,29€/kg (-6% /2023).

Bonne tenue des cours des femelles de race à viande

Les cours des vaches de race à viande se maintiennent toujours bien car l’offre est à peine suffisante pour répondre à la demande des abattoirs.

La cotation de la vache R oscille autour de 5,57 €/kg de carcasse, juste au-dessus de son niveau de 2023 (+1%). La vache U standard cotait 6,09 €/kg en semaine 41, surplombant les niveaux atteints les années précédentes (+3% /2023).

L’IPAMPA poursuit sa lente décrue

En août, l’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles) a poursuivi son repli par rapport au mois précédent (-1% /juillet) ainsi que par rapport aux deux années précédentes (-4% /août 2023 et -6% /août 2022). Il reste toutefois à un niveau historiquement élevé : +13% /août 2021, avant la guerre en Ukraine.

A noter que l’IPAMPA ne couvre pas l’ensemble des charges des exploitations : d’autres charges comme les coûts salariaux ou les coûts des travaux par tiers, qui ne sont pas prises en compte dans l’IPAMPA, restent en hausse par rapport à 2023.

Le cheptel toujours en baisse

La décapitalisation se poursuit. Au 1er septembre, la France comptait 3,38 millions de vaches allaitantes, soit 53 000 de moins qu’un an plus tôt (ou -1,5%) et 600 000 de moins qu’il y a huit ans (-15%). A cela s’ajoutaient 3,30 millions de vaches laitières, soit 47 000 de moins qu’au 1er septembre 2023 (ou -1,4%) et 411 000 de moins qu’au 1er septembre 2016 (-11%). Au total, la France a donc perdu plus d’un million de vaches en huit ans, soit un recul du cheptel reproducteur de 13%.

La baisse du cheptel reproducteur conduit naturellement à un repli du cheptel total de bovins, malgré la récente renationalisation de l’engraissement de jeunes bovins.

Ainsi, au 1er septembre, la ferme France comptait d’après la BDNI 16,4 millions de bovins, toutes catégories confondues, soit 200 000 de moins qu’il y a un an, et 2,7 millions de moins qu’au 1er septembre 2016.