Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 366 Novembre 2024 Mise en ligne le 23/11/2024

Le manque d’offre lié à la décapitalisation soutenait toujours les cours de vaches mi-juillet. Les cours des jeunes bovins poursuivaient leur baisse saisonnière, accentuée par une offre en légère hausse du fait de la renationalisation de l’engraissement en France.

Les cotations des vaches restent soutenues par le manque d’offre

Le recul de l’offre à abattre permet de soutenir les cours des vaches. Les cotations des vaches U et R ont gagné 2 centimes en 4 semaines, à 5,96 €/kg de carcasse pour la vache U en semaine 28 (+3% /2023) et 5,53 €/kg pour la vache R (+2%).

Les cotations des vaches laitières poursuivent leur hausse, liée à l’effet saison (peu de vaches sont réformées en début d’été afin de profiter de la pousse de l’herbe) doublé d’un effet « année » (baisse prononcée des abattages sur un an). La cotation de la vache O a gagné 4 centimes en 4 semaines, à 4,73 €/kg en semaine 28 (-2% /2023) et celle de la vache P 2 centimes, à 4,42 €/kg (-3% /2023). Les cours pourraient ainsi retrouver prochainement leur niveau de 2023.

Les cours des jeunes bovins ont repris leur baisse saisonnière

Après avoir regagné quelques centimes entre fin mai et fin juin, les cotations de jeunes bovins de type viande sont reparties à la baisse, très légèrement au-dessus de leur cours de 2023. Ils restent très en-dessous des cotations italiennes qui se sont globalement mieux maintenues en début d’année.

Les cotations des JB U et R ont perdu 2 centimes en 4 semaines pour tomber à 5,32 €/kg de carcasse en semaine 28 pour le JB U (+1% /2023) et 5,18 €/kg pour le JB R (1% /2023). La cotation du JB O est restée stable à 4,77 €/kg (-2% /2023).

L’IPAMPA en légère baisse

En mai, l’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles, base 100 en 2015) s’est réduit de -0,8% par rapport à avril pour s’établir à 130,3. Il était en baisse par rapport aux deux années précédentes (-2,8% /2023 et -3,7% /2022), mais restait plus élevé qu’avant le déclenchement de la guerre en Ukraine (+18% /mai 2021). L’indice des aliments achetés a poursuivi sa décrue (-1% /avril, -11% /mai 2023 et mai 2022), ce qui peut expliquer la meilleure finition des gros bovins.

À noter que l’IPAMPA ne couvre toutefois pas l’ensemble des charges des exploitations : d’autres charges comme les coûts salariaux ou les coûts des travaux par tiers, qui ne sont pas prises en compte dans l’IPAMPA, restent en hausse par rapport à 2023.

Abattages : des poids carcasse en hausse pour toutes les catégories

Sur les semaines 25 à 28, les effectifs de vaches abattues dans les abattoirs de plus de 1 500 tonnes/an étaient en baisse de -6,0% /2023 pour les vaches laitières et -2,5% pour les vaches de type viande. Ce recul des réformes de vaches est imputable au repli durable des cheptels, à la baisse des entrées de génisses, aux conditions fourragères favorables et pour les vaches laitières à un prix du lait qui reste incitatif. La hausse des poids moyens de carcasse, liée aux bonnes conditions fourragères, ne compensait qu’une partie de la baisse des effectifs abattus : les tonnages produits sur les semaines 25 à 28 ont reculé de seulement -4,5% pour les vaches laitières et -2,2% pour les vaches de type viande.

Les abattages de génisses de type viande ou croisées étaient en revanche en hausse, de +2,7% en tête et +3% en tonnage, de même que ceux de jeunes bovins de type viande et croisés viande, à +8,7% /2023 en tête et +10% en tonnage, et ceux de jeunes bovins laitiers, à +1,1% en tête et +2,9% en tonnage. La baisse du prix de l’aliment a permis de mieux finir les animaux, d’où la hausse des poids moyens.

Au total, le nombre de gros bovins abattus était quasiment stable par rapport à 2023 sur les semaines 25 à 28 (-0,4% /2023) et les volumes produits en légère hausse (+1,2%).

La décapitalisation encore et toujours

En 8 ans, la France a perdu 1 million de vaches, dont 608 000 vaches allaitantes et 401 000 vaches laitières. Ce million perdu entre le 1er juin 2016 et le 1er juin 2024 représente une baisse de cheptel de 13%.

Au 1er juin, le nombre de vaches allaitantes présentes en France était tombé à 3,468 millions de têtes, soit -1,8% /2023, la même baisse qu’un mois plus tôt. Le recul était de -3,0% au 1er juin 2023/2022. La décapitalisation a donc ralenti en un an mais son rythme reste non négligeable.

Le nombre de vaches laitières était quant à lui de 3,309 millions, en recul de -1,7% au 1er juin, contre -1,5% /2023 au 1er mai. Pour mémoire, il était de -2,4% au 1er juin 2023 /2022.

Des difficultés à valoriser la bonne pousse de l’herbe

Le printemps maussade n’a pas facilité la gestion de l’herbe. Les sorties des animaux ont été retardées, de même que la récolte d’herbe car les prairies n’étaient pas praticables. Ainsi, malgré de bons rendements, la qualité n’est pas au rendez-vous car les retards de fauche ou de pâture ont amené l’herbe à un stade végétatif avancé ce qui la rend moins digeste. La note agroclimatique et prairies de l’Institut de l’Élevage de juillet fait le point région par région.
D’après la note d’Agreste sur les rendements des prairies permanentes (indicateur ISOP), la pousse cumulée en France métropolitaine au 20 juin 2024, était supérieure de 18 % à la moyenne observée sur la période de référence 1989-2018. « Les températures excédentaires du début de campagne suivies de températures proches des normales, accompagnées de pluies fréquentes et généralisées à l’ensemble du territoire, ont favorisé une production d’herbe qui atteint des niveaux inédits sur les 30 dernières années. » Toutefois, cette note ne tient pas compte de la qualité de l’herbe récoltée ou pâturée.