Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 359 Mars 2024 Mise en ligne le 25/03/2024

Viandes bovines

Bonne tenue des cours

Début 2024, la proximité entre le ramadan (débuté le 10 mars) et Pâques (le 30 mars) soutient la demande en viande bovine en Europe et dans les pays méditerranéens. La décapitalisation limitant nettement l’offre en bovins maigres et gras, il en résulte une bonne tenue des cours de toutes les catégories de bovins. Les marchés du Sud et de l’Est de la Méditerranée participent au soutien des cours des bovins gras avec notamment les récentes ouvertures de l’Algérie à la viande espagnole et de la Turquie.

Viandes bovines » Gros bovins » France »

Commerce extérieur modéré

Début 2024, les importations françaises de viande bovine comme la consommation calculée par bilan étaient en retrait. Si l’inflation alimentaire poursuit son ralentissement, la hausse des prix des services et de l’énergie continue d’affecter le pouvoir d’achat des ménages.

Maintien du niveau limité d’export et baisse de l’import début 2024

En janvier 2024, d’après les Douanes françaises, les exportations françaises de viande bovine ont été légèrement supérieures au niveau limité du début de l’année 2023. Elles ont atteint 17 900 téc (+1% /2023 mais -11% /2022). Dans le même temps, les importations étaient en léger retrait sur un an, à 29 700 téc (-8% /2023 mais +17% /2022).

Les exportations étaient en hausse vers la Grèce (+6% /2023 à 2 700 téc), l’Allemagne (+4% à 3 300 téc) ou encore la Belgique (+2% à 1 900 téc). Les importations affichaient un recul depuis les Pays-Bas (-16% /2023 à 7 000 téc), l’Irlande (-13% à 4 600 téc), l’Allemagne (-27% à 2 700 téc) ou encore le Royaume-Uni (-3% à 3 700 téc).

Attention toutefois, les échanges sont affectés par des flux « parasites » avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas depuis la mise en œuvre du Brexit. Des opérateurs britanniques font dédouaner des viandes britanniques en France avant réexportation vers les Pays-Bas (cf. infra).

La consommation calculée par bilan démarre l’année 2024 en repli

Dans le sillage de 2023, le disponible consommable en janvier 2024 était en retrait sur an pour le dixième mois consécutif. D’après nos estimations, il s’est établi à 119 500 téc, niveau intermédiaire entre les deux années précédentes (-4% /2023 mais+1% /2022).

Hors effets liés au Brexit et au retour de procédures douanières, la part de l’import dans le disponible consommable en France en janvier 2024 était en léger retrait (25,0% contre 26,0% un an auparavant).

Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée.

Mais avec le Brexit et le retour de nouvelles procédures douanières entre l’UE et le Royaume-Uni en 2021, les statistiques douanières sont perturbées par l’organisation des opérateurs. En effet, plusieurs exportateurs britanniques font dédouaner leurs viandes en France avant de les réexpédier vers les Pays-Bas afin de faciliter les procédures. Après correction de ces flux « parasites », le niveau d’importations dans la consommation calculée par bilan en janvier 2024 serait en fait inférieur : 22,6% contre 23,6% en janvier 2023.

Poursuite du ralentissement de l’inflation

L’inflation en France a de nouveau poursuivi sa dynamique de lent ralentissement en février 2024. D’après l’INSEE, Le rythme de progression de l’indice général français des prix à la consommation harmonisé (IPCH) avait reculé à nouveau en février 2024, à +3,2% sur un an (contre +3,4% en janvier 2024). C’est particulièrement vrai pour l’alimentaire (+3,6% sur un an en février contre +5,8% en janvier) et notamment pour les viandes de bœuf et de veau (+1,4% sur un an contre +2,2% un mois auparavant). Ce sont désormais les prix des services et de l’énergie qui devraient soutenir la progression de l’inflation.

La réduction du rythme de l’inflation sur un an des prix de l’alimentation et des viandes de bœuf et de veau était semblable dans l’ensemble l’UE au début de l’année 2024.

L’inflation à deux ans reste soutenue dans le commerce de détail

En février 2024, l’inflation sur un an des prix au détail dans les rayons alimentaires (et petit bazar) poursuivait sa décrue, à +4,5% /février 2023 (contre +5,6% un mois auparavant).

Si le ralentissement de l’inflation s’est poursuivi, les prix au détail restaient bien au-delà des prix pratiqués avant le début de la période de forte inflation. Ainsi, l’inflation cumulée à 2 ans restait proche des 19% en février 2024.

Depuis le début de 2024, cette progression des prix soutenait encore la hausse en valeur des ventes au détail des produits de grande consommation et de frais libre-service (PGC-FLS) d’après Circana. Mais cette hausse des prix a continué de peser sur les ventes en volume. En cumul sur les 9 premières semaines de 2024, les ventes de PGC étaient en hausse en valeur (+3% /2023) mais pas en volume (-2% /2023) par rapport à l’année dernière.

Depuis le début de 2024, le report de consommation de viande hachée depuis le frais vers le congelé, moins cher, était toujours d’actualité, soulignant une certaine descente en gamme. D’après Circana, sur les 9 premières semaines de 2024, seules les ventes en valeur sur un an de bœuf haché surgelé avaient progressé (+2% /2023), pas celles du frais (-2% /2023).

Les autres circuits de commercialisation de produits alimentaires comme la RHD ont également été affectés par l’inflation. Mais le même phénomène de ralentissement est observé. En février 2024, la hausse des prix sur un an pour l’ensemble de la restauration était de +4%. La progression concernait tous les segments : les restaurants et les cafés (+4% /2023), la restauration rapide (+4%) et également les cantines (+3%).

Viandes bovines » Gros bovins » France »

Plus de sorties d’animaux jeunes

La relocalisation de l’engraissement en France semble porter ses fruits en début d’année. Les sorties de jeunes bovins et génisses compensent presque la baisse des abattages de vaches allaitantes. Les cours restent bien orientés.

Les abattages de JB en hausse de 2%

Sur les semaines 4 à 11, le nombre de jeunes bovins abattus était en hausse de près de 2% /2023 d’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev, dont +1,9% pour les JB de type viande et +1,6% pour les JB de type lait. Les abattages de génisses étaient également dynamiques (+3,5% /2023) de même que ceux de bœufs (+1,6%). Ces abattages d’animaux jeunes compensent en partie le fort recul des réformes allaitantes (-7,9%), lié à la décapitalisation passée . Les réformes laitières ont été quasi-stables d’un an sur l’autre (-0,5%) grâce à des entrées de génisses plus dynamiques en début d’année. Au total, sur 8 semaines, le nombre de gros bovins abattus affiche une baisse très modérée (-1,4%). La relocalisation de l’engraissement en France semble donc commencer à porter ses fruits.

Cheptels en baisse au 1er février

La baisse des cheptels reproducteurs n’en est pour autant pas enrayée. Au 1er février, le nombre de vaches allaitantes présentes en France enregistrait le même recul qu’au 1er janvier (-1,9% /2023). La décapitalisation laitière a légèrement ralenti mais le cheptel laitier restait à la baisse au 1er février (-1,5%). Depuis le 1er février 2018, la France a perdu 480 000 vaches allaitantes et 360 000 vaches laitières.

Les cotations des vaches allaitantes soutenues par le manque d’offre

La forte baisse de l’offre à abattre permet de soutenir les cours des vaches de race à viande. La cotation de la vache U a en outre amorcé sa hausse saisonnière à l’approche de Pâques. Elle a gagné 10 centimes en 4 semaines, à 5,95 €/kg de carcasse en semaine 11 (+3% /2023 et +14% /2022). La cotation de la vache R a gagné 1 centimes pour atteindre 5,45 €/kg (-1% /2023 mais +11% /2022). La vache O a gagné 2 centimes à 4,51 €/kg (-10% /2023 et +2% /2022) et la vache P 2 centimes également, à 4,19 €/kg (-13% /2023 et -3% /2024).

Les cours des jeunes bovins se tiennent

Après avoir progressé en début d’année grâce à des ventes vers la Turquie dynamiques et un marché européen en meilleure posture qu’il y a un an, la cotation du JB U oscille autour de 5,55 €/kg de carcasse, très proche de son niveau de 2023.

Celle du JB R se situait à 5,39 €/kg en semaine 11 (-1% /2023 mais toujours +10% /2022) et celle du JB O à 4,86 €/kg (-5% /2023 mais toujours +10% /2022).

L’IPAMPA en baisse mais toujours élevé en janvier

En janvier 2023, l’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles, base 100 en 2015) a poursuivi sa décrue mais s’établissait toujours à 131,5 points (-6% /janvier 2023, mais toujours +7% /2022). L’indice des prix des aliments achetés était à -11% /2023 et +10% /2021 et celui des énergies et lubrifiants s’était replié après le pic de septembre à 161,5 (-10% /2023 et +11% /2022).

Viandes bovines » Jeunes bovins » Europe »

Le manque d’offre soutient les prix

Le manque de viande en Europe et le dynamisme des marchés méditerranéens ont soutenu les cours des jeunes bovins début 2024. Alors que les abattages sont en recul faute d’animaux disponibles à mettre en place, les prix sont stables à haussier dans les principaux pays producteurs.

Italie : cours élevés

En Italie, la faiblesse de l’offre liée à la baisse des envois de broutards français l’année dernière continue de soutenir les prix des jeunes bovins. Ainsi, en semaine 11, le mâle limousin Extra cotait 3,80 €/kg vif (+2% /2023 et +14% /2022), le mâle charolais Extra cotait 3,65 €/kg vif (+1% /2023 et +12% /2022) et le mâle charolais Prima Qualità 3,54 €/kg (+1% /2023 et +12% /2022). La femelle charolaise Extra atteignait pour sa part 3,54 €/kg vif (+3% /2023 et +12% /2022).

Faute de mises en place du fait de la chute des envois de broutards, les abattages italiens de jeunes bovins et génisses étaient en repli début 2024. Ainsi, en janvier, 62 000 jeunes bovins mâles ont été abattus en Italie d’après Anagrafe Zootecnica, en léger recul de -2% /2023 (et -7% /2022), et 48 000 génisses de 1 à 2 ans (-5% /2023 et -7% /2022). En cumul sur 2023, le recul s’établissait à -6% pour 1 350 000 têtes, mâles et femelles confondus.

Espagne : prix soutenus par la demande algérienne

La récente ouverture du marché algérien à la viande espagnole a soutenu les prix des JB en début d’année, compensant une demande intérieure relativement faible du fait de l’inflation. Ainsi, en semaine 10, le jeune bovin R cotait 5,13 €/kg éc, un niveau intermédiaire entre les deux années précédentes (-5% /2023 mais +6% /2022). La cotation du jeune bovin U s’établissait à 5,39 € /kg éc, très proche de sa valeur de 2023 (-1%) et en progression de +10% /2022. Ce dernier progresse également de +3% en quatre semaines, traduisant la demande bien présente pour les animaux les mieux conformés.

Allemagne : stabilisation de la cotation

En Allemagne, les cours des jeunes bovins était relativement stables après les hausses observées en fin d’année 2023. Ainsi, le jeune bovin R cotait 4,96 €/kg éc, en légère hausse (+3 cts) sur quatre semaines, proche de son niveau de 2023 (+1%) mais en recul par rapport au haut niveau de 2022 (-5%).

Pologne : cotation stable du fait d’une offre en recul

En Pologne, les abattages de jeunes bovins ont nettement reculé en 2023 faut de disponibilité en veaux à engraisser. En cumul sur l’année, 869 000 jeunes bovins ont été abattus en Pologne, en baisse de -2% /2023 (ou -18 000 têtes) et -8% /2022. En tonnage, cela représente 289 000 téc, soit -3% /2023 (ou -9 000 téc) et -7% /2022.

Viandes bovines » Femelles » Europe »

Hausse saisonnière des cours des femelles

Les cotations des réformes poursuivent leur hausse saisonnière, soutenue par le recul global du cheptel de vaches en UE et la faiblesse de l’offre. En Irlande, les abattages de vaches sont particulièrement élevés du fait de la mauvaise météo.

Cotations des vaches O en UE

Après leur baisse saisonnière de l’automne, les cours des vaches se redressent dans quasiment tous les Etats membres conformément à l’évolution saisonnière des réformes de vaches, abondantes à l’automne et plus rares au printemps. Seule l’Irlande fait exception en raison d’abattages très dynamiques.


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Le cheptel de vaches en UE recule

Selon les enquêtes cheptel européennes de décembre 2023, le nombre de vaches en UE était en recul de -2% comparé à 2022. Les principaux Etats membres détenteurs de vaches ont vu leurs effectifs reculer (Pays-Bas : -1% ; France : -2%, Allemagne : -2% ; Italie : -3%). Même l’Irlande et l’Espagne, offensives ces dernières années sur le marché européen, voient leur cheptel reculer de -2%. En Irlande, on assite au recul du cheptel allaitant suites aux arrêts de nombreux petits éleveurs, également employés à l’extérieur, découragés par la réforme de la PAC. Pour l’Espagne, les abattages de vaches en mai-juin 2023, liés à la forte sécheresse 2022-2023 ont réduit les effectifs. Parmi les pays d’élevage, seule la Pologne a augmenté son nombre de vaches, de +1% /2022, après quatre années consécutives de recul.

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ALLEMAGNE : progression des cours plus lente

En Allemagne, entre les semaines 7 et 10, les abattages de vaches ont été équivalents aux années passées (+2% /2023 et -2% /2022).

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La cotation de la vache O continue de progresser, à la suite du redémarrage des achats de viande de réforme – plus économique – en janvier. La cotation de la vache O a grimpé de 7 centimes en quatre semaines, à un rythme plus lent que  la précédente période (+18 cts entre s2 et s6), les abattoirs exerçant une certaine pression sur les prix du fait de la hausse de leurs charges (selon AMI). Au final, la vache O s’établissait à 3,83 €/kgéc en semaine 10 (-10% /2023 et -17% /2022).

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POLOGNE : cours à la hausse

La hausse saisonnière du cours de la vache O, comme presque partout en UE, se poursuit en Pologne, avec 13 cts gagnés en 4 semaines. En semaine 10, le prix de la vache O était équivalent à celui de l’an passé, à 4,08 €/kg de carcasse (-1% /2023, mais +5% /2022). La parité euro/zloty est quasi stable depuis novembre 2023. Le cours des réformes polonaises était équivalent au cours hollandais et supérieur au cours allemand de +4%.

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IRLANDE : des niveaux d’abattages élevés en 2024

En Irlande, les abattages de réformes sont très élevés depuis début 2024, comme depuis septembre 2023, du fait d’un automne-hiver trop pluvieux, ayant entraîné une rentrée à l’étable précoce et l’entame des silos d’herbe. Afin de préserver les stocks de fourrages, les éleveurs ont fait partir davantage de vaches laitières. La météo humide cet été sur l’île d’Emeraude a aussi peut-être entraîné des problèmes de reproduction et donc des réformes des vaches laitières vides en fin de campagne (janvier-février).

D’après l’indicateur hebdomadaire du ministère de l’Agriculture irlandais, les abattages de vaches ont donc à nouveau bondi : +14% /2023 et +22% /2022 entre les semaines 7 à 10. Les abattages des autres catégories de bovins ont aussi progressé, à l’exception des jeunes bovins (-2% /2023), une production minoritaire en Irlande.
Les cours des vaches ont reflué du fait du nombre élevé d’abattages ces dernières semaines. En semaine 10, la cotation de la vache O avait perdu 11 cts en quatre semaines, s’établissant à 4,05 €/kg de carcasse (-10% /2023 mais +3% /2022). De même, la cotation du bœuf R s’est érodé de 6 cts en quatre semaines, atteignant tout de même 5,12 €/kgéc (-2% /2023 mais +13% /2022).

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Viandes bovines » Maigre »

Les exportations en recul face au manque d’offre

L’offre réduite de broutards, due à la décapitalisation du cheptel allaitant, maintient le marché du broutard dans une situation tendue. En recul de 13% en janvier par rapport à 2023, les exportations de la France se maintiennent tout de même avec ses partenaires européens. Cette situation continue de tirer les cours à la hausse en mars 2024.

L’offre réduite tire les prix à la hausse

Avec une offre réduite et une demande toujours élevée pour l’engraissement en France, en Espagne et en Italie, les cotations des broutards sont en croissance ou stables. La cotation du Charolais U de 350 kg vif a pris 12 centimes en quatre semaines, l’amenant à 3,61 €/kg vif en semaine 11 (+8ct /2023 et +11% /2022). Le Charolais U de 450 kg a augmenté de 10 cts ces quatre dernières semaines, l’amenant à 3,48 €/kg vif en semaine 11 (+3 ct/2023 cts ou +1%).

Le prix du Limousin E de 350 kg augmente aussi depuis le début de l’année 2024, avec une hausse de 5 cts depuis la semaine 7 pour s’établir à 3,90 €/kg vif en semaine 11 (+4% /2023 ou +15 cts et +22% /2022). Le prix du broutard croisé R de 300 kg a ralenti sa croissance, avec +4 cts ces quatre dernières semaines, à 3,35 €/kg (+5% /2023 ou +17 cts et +15% /2022).

La forte demande en broutardes en Italie et la faiblesse de l’offre soutiennent les prix de ces dernières. Le cours de la Limousine E de 270 kg a augmenté de +5 cts entre les semaines 7 et 11, à 3,60 €/kg, poursuivant la dynamique de croissance de ce début d’année (+9% /2023 ou +30 cts). La Charolaise U de 270 kg se stabilisait à 3,40 €/kg (+3%/2023 ou +10 cts).

Effectifs en baisse pour les bovins de 6-12 mois en ferme

Les effectifs de broutards sont réduits pour les mâles allaitants de 6-12 mois par rapport à 2023 (-2%/2023 à 556 000 têtes au 1er février), de même que les effectifs de moins de 6 mois (-2%/2023). La baisse touche les Charolais de 6-12 mois en particulier, qui connaissent un recul de -5% au 1er février 2024 par rapport à 2023.

Érosion du pic des naissances

Les naissances étaient toujours en baisse en janvier par rapport aux années précédentes, à cause de la décapitalisation du cheptel allaitant, laissant présager une érosion du pic des naissances du premier semestre. Janvier a compté 341 000 naissances, soit -14 000 têtes /2023 ou -4,5%.

Exportations en baisse

D’après les données SPIE-BDNI, 72 000 bovins de type viande de 4 à 15 mois ont été expédiés lors des semaines 1 à 4 (-13% ou -11 000 têtes /2023). Ce fort recul, constaté sur un mois, est lié à un effet hebdomadaire de la semaine 1 en 2024, comprise entre le 1er janvier (férié) et le 6 janvier (Epiphanie, férié en Italie et Espagne) et a correspondu à une semaine de fermeture des entreprises en Italie et de vacances. Pour rappel, moins d’un million de broutards avaient été exportés sur l’année 2023, niveau le plus bas depuis 2014.

Dans le détail des races, les exports de mâles charolais reculaient de 8%, tandis que les exports en Limousin s’érodaient de seulement 3%. La tension du marché pour l’engraissement français explique le report d’animaux Charolais vers le marché intérieur, où cette race est traditionnellement davantage engraissée.

La part des femelles dans les exportations est stable, avec 35% de femelles parmi les 147 000 têtes exportées sur les semaines 1 à 7 selon les données SPIE-BDNI.

Selon les Douanes, 8 000 broutards français ont été exportés vers l’Espagne en janvier 2024, soit une hausse de +10% /2023 (1 000 têtes supplémentaires). Les envois de broutards mâles de plus de 300kg et de bovins de160-300kg (tous sexes confondus) sont en légère hausse, tandis que l’export de femelles de plus de 300 kg a bondi par rapport à 2023, tout en restant sur des volumes modestes (850 têtes, +173%).

Flux interrompu vers les pays tiers

En janvier, les envois de broutards vers les pays tiers sont quasi inexistants, avec 112 broutards exportés aux émirats arabes unis. Les pays tiers, qui ont représenté une part non négligeable de l’exportation française ces dernières années (Algérie, Maroc, Tunisie, Libye) n’ont pas importé en janvier. Les cotations toujours hautes indiquent que, à la suite du renforcement de l’engraissement sur le territoire national, la demande de broutard en France, en Italie et en Espagne absorbe déjà la majorité de la production française, ce qui rend difficile les exports vers les pays tiers. Par ailleurs, l’Algérie reste fermée aux bovins français, du fait de la présence de la MHE.

Ralentissement des envois vers l’Italie et l’Espagne

Début 2024, les exports de bovins ont été ralentis vers les 2 plus gros importateurs que sont l’Italie et l’Espagne. Avec une offre toujours en baisse, les envois ont diminué de -8% /2023 pour l’Italie et –7% pour l’Espagne sur les semaines 5 à 10 pour les bovins vifs (de tous types, âges et sexes) d’après les données TRACES.

Viandes bovines » Veaux de boucherie »

Sorties dynamiques en début d’année

Les abattages de veaux ont été robustes en fin d’hiver et des actions de promotion de la filière en février. Ce dynamisme a accéléré le rythme des sorties et a allégé les poids carcasses. Les cours des veaux gras se sont globalement maintenus à un niveau proche de 2023 alors que les coûts alimentaires et les prix des petits veaux restaient relativement faibles.

Cotation stable en début d’année

Les prix des veaux de boucheries restaient relativement stables début mars. Ainsi, en semaine 11, le veau de boucherie rosé clair O élevé en atelier cotait 7,27 €/kgéc, en baisse de 7 cts sur quatre semaines et proche de son niveau de 2023 (-2% ou -14 cts). Le veau rosé clair R élevé en atelier suivait une tendance similaire, à 7,52 €/kgéc (-3 cts en quatre semaines et -3% /2023).

Les prix des veaux sous la mère étaient également stables. En moyenne entre les semaines 8 et 11, la cotation du veau rosé clair U élevé au pis s’établissait à 9,74 €/kgéc, en recul de 6 cts sur quatre semaines mais supérieur (+6% ou +54 cts) à son niveau de 2023.

Prix des moyens de production stables

Les prix des aliments pour les veaux de boucherie restaient globalement stables début mars. En semaine 10, la poudre de lactosérum doux cotait ainsi 730 €/t, légèrement au-dessus (+17%) de son niveau de 2023 mais en baisse de 7% depuis le début de l’année. La poudre de lait écrémée, utilisée dans les élevages positionnés sur un segment plus haut de gamme, cotait 2 410 €/t la même semaine (-9% /2023, -5% /semaine 1).

Les indices de prix IPAMPA en janvier étaient également stables. L’IPAMPA aliments d’allaitement pour veaux s’établissait ainsi à 139,4 points, en légère hausse (+2%) sur un mois mais toujours nettement inférieur à 2023 (-12%).  L’IPAMPA autres aliments pour veaux atteignait 136,3 points, même niveau qu’en décembre et en baisse de -11% /2023.

Les prix de l’énergie connaissaient la même stabilité. En janvier, l’IPAMPA gaz était à 145,1 points, stable sur un mois et légèrement inférieur à 2023 (-3%). Le pétrole Brent de mer du Nord, dont le propane est un dérivé, cotait 78 €/baril en février, en hausse de 5% sur un mois, proche du niveau de février 2023 (+1%) mais toujours nettement supérieur au niveau de 2019 (+49%).

Un rythme de sorties accéléré en début d’année

En février, les sorties étaient dynamiques. Les poids carcasses des veaux abattus en France étaient proches de l’année précédente, à 142,3 kgéc (+0,8 kg /2023), après plusieurs mois avec des écarts de 3 à 4 kg. De la même manière, les âges à l’abattage sont revenus à un niveau plus habituel, autour de 184 jours (+0,6 jr/2023), contre 3 à 4 jours d’écart depuis l’automne. D’après les opérateurs, les mises en place pour les abattages de début d’année 2024 avaient été prudentes, et le retard de sortie subi en septembre du fait de la chaleur a été mis à profit pour étaler les abattages en reportant des lots jusque début 2024.

Au total, 85 000 veaux ont été abattus en février, en léger repli de -0,5% /2023, pour un tonnage produit équivalent à 2023, à 12 000 téc (-10% /2022). D’après les opérateurs enquêtés, la campagne interprofessionnelle de promotion de la viande de veau pour la fête des grands-mères a plutôt bien fonctionné, d’où des abattages soutenus en février.

En cumul sur deux mois, 177 000 têtes ont été abattues (-1,2% /2023 et -6,7% /2022), ce qui représente une production de 25 000 téc (= /2023 et -9% /2022).

Cotation néerlandaise soutenue par la demande européenne

Comme l’an dernier, la cotation du veau de boucherie pie-noir néerlandais était stable depuis le début de l’année, à 6 €/kg éc (-5% /2023 et +3 % /2022). La demande en veau est élevée en Europe avec cette année la proximité entre le ramadan (qui a débuté le 10 mars) et Pâques (le 30 mars), permettant de soutenir les cours. D’après la presse spécialisée, les intégrateurs font maintenant face à une baisse de la disponibilité en veaux laitiers allemands et néerlandais, conduisant à une hausse des cours des jeunes veaux laitiers malgré l’importation de veaux irlandais.

Léger recul de la production néerlandaise en 2023

En décembre, les abattages néerlandais étaient en recul, à 121 000 têtes (-4,9% /2022). L’augmentation des poids carcasses à 155,7 kgéc en moyenne (+4,2% ou +6,3 kg éc /2022) conduit cependant à un maintien des volumes abattus, à 19 000 téc sur le mois, soit -0,9% /2022 mais -8% /2021.

Les Pays-Bas ont confirmé leur place de leader mondial de la production de veaux de boucherie en 2023. Ainsi, au total, 1,4 million de veaux ont été abattus, en recul cependant de -1,9% /2022, soit -27 000 têtes. En tonnage, cela représente 216 000 téc, en baisse également de -1,7% /2022, soit -4 000 téc.

Viandes bovines » Veaux laitiers »

Baisse des naissances de veaux laitiers à engraisser

Dans un contexte de ralentissement de la décapitalisation, les naissances de veaux laitiers disponibles pour l’engraissement baissaient nettement en janvier, du fait d’un plus fort recours au sexage. Côté prix, la hausse saisonnière est bien amorcée tant en France qu’en Espagne malgré les inquiétudes sur les conditions climatiques en Catalogne.

Poursuite de la hausse saisonnière des cours

Les cours des jeunes veaux laitiers poursuivaient leur hausse saisonnière du fait du creux saisonnier des naissances mais aussi des mises en place dynamiques pour les abattages de l’automne. Ainsi, en semaine 11, le veau mâle laitier de 45-50 kg cotait 84 €/tête, en hausse de +16 € en quatre semaines et très proche de son niveau de 2022. Le veau mâle laitier de 50-55 kg était également en hausse de 15 € sur quatre semaines à 106 €/tête.

Baisse des naissances de veaux disponibles pour l’engraissement

La décapitalisation laitière poursuivait son ralentissement, avec 3,336 millions de têtes au 1er février 2024, soit un recul de -1,5%/ 2023 (-50 000 têtes) contre -2,4% il y a un an. En conséquence, en janvier, les naissances de veaux de mère laitière étaient en léger recul à 255 000 têtes (-2 000 têtes ou -0,8% /2023, -2,9% /2022) d’après SPIE-BDNI.

Le ralentissement de la décapitalisation se traduit également par une réorientation de la reproduction vers le renouvellement. Les naissances de veaux disponibles pour l’engraissement (tous veaux croisés lait-viande et mâles laitiers) étaient donc en plus fort recul pour le sixième mois consécutif, à 152 000 têtes (-2% ou -3 000 têtes /2023), du fait d’une baisse de la part de mâles laitiers.

Léger recul des envois de veaux laitiers

En janvier, les envois de veaux étaient en baisse d’après les Douanes françaises à 37 000 têtes (-5% ou -2 000 têtes /2023, mais +10% /2022). L’Espagne restait la destination très majoritaire des veaux français avec 34 000 têtes (-3% ou -3 000 têtes /2023). Les inquiétudes sur la disponibilité en céréales pour l’année à venir continuent de peser sur les achats espagnols malgré des perspectives d’export sur le bassin méditerranéen.

Hausse saisonnière en Espagne

En Espagne, le prix du veau frison de moins d’un mois a démarré sa hausse saisonnière depuis février, à 95,6 € /tête, soit +8 € en quatre semaines. Cette cotation reste cependant nettement inférieure aux années précédentes (-31% /2023 et -10% /2022), ce qui témoigne probablement des inquiétudes des engraisseurs quant à la rentabilité de l’engraissement.