Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 332 Octobre 2021 Mise en ligne le 19/10/2021
Viandes bovines
Cotations orientées à la hausse
Face à une demande toujours soutenue et une offre le plus souvent limitée, les cotations des gros bovins finis mâles et femelles poursuivent leur progression en France comme ailleurs en Europe, mais dans un contexte de forte hausse des coûts de production.
Le marché porteur entraîne une hausse de la demande des engraisseurs italiens et tire les cotations des broutards vers le haut, d’autant que les bonnes disponibilités fourragères chez les éleveurs naisseurs ne pressent pas les sorties.
L’offre étant également inférieure à la demande, les cours des veaux gras n’ont cessé d’augmenter depuis août. Seule ombre au tableau, le prix du veau nourrisson en France est à son plancher automnal du fait du pic des naissances.
Le commerce extérieur de viande bovine poursuit son redressement
Le commerce extérieur français de viande bovine a poursuivi son rebond en août : les importations et les exportations étaient en forte hausse par rapport à 2020. Le redressement partiel de l’activité de restauration s’est poursuivi au début de l’été. Mais, les nouvelles habitudes d’achat prises par les consommateurs perdurent.
Poursuite du rebond des échanges
En août 2021, le commerce extérieur français de viande bovine a poursuivi son redressement, tout particulièrement à l’export :
Avec des disponibilités en femelles plutôt limitées en France, les importations ont dépassé 25 500 téc, davantage que ces deux dernières années (+17% /2020 et +1% /2019). Les achats aux Pays-Bas (6 800 téc ; +22% /2020) et en Irlande (4 900 téc ; +15%) ont été particulièrement dynamiques.
Dans le même temps, les exportations ont flirté avec les 19 000 téc (+26% /2020 et +6% /2019) pour un marché européen demandeur de viande de jeunes bovins. Parmi les principales destinations, les envois vers l’Italie sont restés modestes avec 4 800 téc (= /2020 et -16% /2019), mais les ventes ont à nouveau été très dynamiques vers l’Allemagne (+9% à 3 400 téc) et ont poursuivi leur fort développement vers les Pays-Bas (2 300 téc ; x4 /2020) et la Belgique (2 200 téc ; x2 /2020).
En cumul depuis le début de l’année, les exportations françaises dépassent les volumes des deux dernières années, avec 152 000 téc (+9% /2020 et +1% /2019).
En août 2021, la consommation calculée par bilan était à nouveau en recul par rapport à l’été 2020, à 123 200 téc (-4% /2020 mais +1% /2019). En cumul depuis le début de l’année, la consommation restait stable à près de 1 million de téc (= /2020 et -3% /2019).
La part des viandes importées dans les disponibilités totales d’août 2021 est redevenue similaire à l’avant pandémie, la consommation de viande bovine française (veau inclus) était à nouveau en recul (-9% /2020). Sur les huit premiers mois de l’année, la consommation française de VBF a totalisé 794 000 téc, en retrait par rapport à une année 2020 atypique (-2% /2020 et -1% /2019).
Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée !
Redressement partiel du chiffre d’affaires de la restauration en Europe
La reprise des activités de restauration et de tourisme dans l’UE s’est traduite dans les chiffres d’affaires de la RHD. Dans l’UE à 27, il a ainsi sensiblement progressé dépassant en juillet le niveau de 2020, période déconfinée (+11% /2020 mais -8% /2019). Le redressement était toujours très partiel en Allemagne (+2% /2020 et -13% /2019) en Espagne (+23% /2020 et -16% /2019) ou en France (+15% /2020 et -1% /2019).
En France, le chiffre d’affaires de la restauration collective a poursuivi son redressement mais celui-ci reste partiel, affecté par les nouvelles habitudes prises depuis la pandémie comme le télétravail (+27% /2020 mais -39% /2019). D’autres secteurs de la RHD ont dépassé les niveaux d’avant pandémie. C’était déjà le cas depuis plusieurs mois pour les fast-foods dont les performances sont restées élevées en juillet (+18% /2020 et +7% /2019). Cependant la restauration traditionnelle a dépassé pour la première fois en juillet 2021 ses performances d’il y a deux ans (+16% /2020 et +11% /2019).
Des ventes au détail toujours supérieures à l’avant pandémie
Les niveaux de vente au détail restent soutenus alors même que la crise sanitaire s’estompe et que la contrainte des mesures sanitaires s’amenuise. Les ventes de produits de grande consommation et frais libre-service (PGC-FLS) se sont légèrement tassées en semaine 38 (-3% /2020 et -1% /2019) et 39 (-1% /2020 et +2% /2019). En cumul depuis le début de l’année, les ventes de PGC-FLS en GMS restaient globalement stables par rapport à l’année dernière (= /2020 et +7% /2019). D’après IRi, en comparaison sur deux ans, les consommateurs conservent certaines habitudes prises lors des confinements successifs, vis à vis de plusieurs rayons dont les surgelés.
Les ventes de « produits frais non laitiers » (dont les viandes réfrigérées) comme de surgelés (dont les viandes congelées) ont également été en léger retrait en semaines 38 et 39 par rapport à une année 2020 marquée par une accélération de la circulation du virus et des alertes relatives à la 2ème vague de la pandémie, mais restent bien supérieurs aux niveaux de 2019.
Si les ventesde viandes hachées se sont tassées en fin de période, elles restent à des niveaux élevés. Entre les semaines 35 et 38, les ventes de haché réfrigéré (-3% /2020 ; +3% /2019) comme de haché surgelé (-1% /2020 ; +10% /2019) continuaient d’être dynamiques.
Viandes bovines » Gros bovins » France »
Prix en hausse
Les prix des vaches allaitantes progressent toujours quand ceux des laitières plafonnent. D’une part la demande pour la viande française fait face à une offre limitée, et d’autre part la viande importée se renchérit du fait de la pénurie sur le marché européen. Du côté des jeunes bovins, les prix profitent de l’envolée des cours partout en Europe, à un rythme cependant moindre.
La vache R à 4,23 € début octobre
L’offre limitée en France comme chez nos voisins européens (lire l’article sur les femelles en Europe) continue de soutenir les prix des femelles. Les cours des vaches allaitantes ont encore gagné quelques centimes depuis le mois dernier. En semaine 40, la vache U cotait 4,84 €/kg (+6% /2020 et +10% /2019) et la vache R 4,23 €/kg (+6% /2020 et +13% /2019). Les cotations des vaches laitières se sont effritées d’un centime en septembre mais restent historiquement élevées, à 3,52 €/kg pour la vache O (+12% /2020 et 2019) et 3,32 €/kg pour la vache P (+15% /2020 et +22% /2019).
D’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev basé sur les outils de plus de 1 500 tonnes de gros bovins, les abattages de vaches laitières sur les semaines 33 à 40 étaient en baisse de -1% /2020. Ceux de vaches de type viande étaient en légère hausse (+1%) par rapport à un niveau bas en 2020, ceux de génisses étaient stables. Les abattages de bœufs ont poursuivi leur baisse (-1% /2020).
Les JB français profitent de l’envolée des prix sur le marché européen
La hausse des cours des jeunes bovins partout en Europe (lire l’article sur les JB en Europe) participe à faire grimper les prix français, d’autant que l’offre nationale est en retrait. Le JB U a encore gagné 8 centimes en 1 mois pour atteindre 4,24 €/kg de carcasse en semaine 40 (+12% /2020 et +7% /2019). Le JB R a également gagné 8 centimes à 4,07 €/kg (+13% /2020 et +8% /2019). Le JB O s’est quant à lui renchéri de 4 centimes à 3,53 €/kg (+12% /2020 et +11% /2019). Cette hausse reste cependant moindre que celle sur les marchés allemands ou italiens.
Les abattages de JB de type viande restent dynamiques, tirés par la hausse de la demande. Selon l’indicateur hebdomadaire de Normabev, le nombre de JB de type viande abattus sur les semaines 33 à 40 était stable par rapport à 2020 et en hausse de +3% /2019. L’âge moyen des animaux abattus était par ailleurs redescendu sous la moyenne triennale 2017-2019 (-4 jours), bien en dessous de celui de 2020 (-11 jours).
Les sorties de JB viande depuis le début de l’année sont supérieures à la prévision issue du modèle MODEMO, ce qui traduit un rythme de prélèvement plus dynamique des mâles en ferme que la tendance des 4 années antérieures. Au 3 octobre, l’avance de sorties cumulée depuis le début de l’année atteignait +15 900 têtes.
Les abattages de JB de type lait étaient en fort recul sur les semaines 33 à 40 (-16% /2020 et -15% /2019) en lien avec le déclin de cette production qui paraît structurel. Les animaux abattus étaient par ailleurs plus jeunes (-13 jours /2020 et -5 jours /2019), traduisant là encore des sorties anticipées par rapport aux années précédentes.
Viandes bovines » Jeunes bovins » Europe »
Toujours plus haut !
Les prix des jeunes bovins poursuivent leur progression partout en Europe, y compris en Espagne où l’offre reste pourtant abondante.
Italie : hausse des cours
En Italie, la remontée des cours se poursuit. A la bourse le Modène, la cotation du Charolais « extra » a gagné 19 centimes/kg vif en 10 semaines pour atteindre 2,84 €/kg vif en semaine 40. Celle du Charolais « prima qualità » a progressé encore plus vite, de +22 centimes pour atteindre 2,73 €/kg vif. Ces deux nouvelles cotations ne sont pas comparables à la cotation précédente qui a été arrêtée en mai dernier. En revanche, la cotation des mâles charolais à Padoue permet d’avoir un recul pluriannuel. Elle a progressé de 24 centimes en 10 semaines pour atteindre 2,66 €/kg vif en semaine 40, dépassant de +13% son niveau de 2020 et de +5% celui de 2019.
La cotation du mâle limousin extra à Modène est elle-aussi nettement haussière : elle a gagné 20 centimes en 10 semaines, à 2,95 €/kg vif en semaine 40 (+4% /2020 et +3% /2019).
Sur les 7 premiers mois de l’année, 491 000 bovins mâles de 12 à 24 mois ont été abattus d’après la base de données sanitaires transalpine (+6% /2020 et +3% /2019). Auxquels s’ajoutaient 331 000 femelles du même âge (-2% /2020 mais +6% /2019), totalisant 822 000 jeunes bovins des 2 sexes (+2% /2020 et +4% /2019).
Cette hausse de l’offre, particulièrement forte pour les mâles, est le résultat de nombreuses mises en place dans les ateliers italiens à partir de l’été 2020 après la chute des prix des broutards français.
Au 30 juin 2021, la BDNI italienne ne recensait plus que 384 000 mâles de 1 à 2 ans, soit -1% qu’un an plus tôt, mais toujours +2% par rapport à 2019.
Allemagne : le JB R à 4,21 €/kg de carcasse !
En Allemagne, les cours des jeunes bovins sont en hausse continue depuis juillet, sans avoir connu de baisse saisonnière au 1er semestre. Le JB U cotait 4,27 €/kg de carcasse en semaine 39 (+18% /2020 et 2019), le JB R 4,27 €/kg (+18% /2020 et 2019) et le JB O 3,99 €/kg (+22% /2020 et 2019).
Sur les 8 semaines 32 à 39, les abattages de taurillons étaient pourtant en légère hausse par rapport à 2020 (+1%), mais en recul de -5% /2019 selon l’indicateur hebdomadaire AMI. L’engraissement outre-Rhin poursuit son déclin structurel : l’enquête cheptel de mai dernier recensait 820 000 bovins mâles de 1 à 2 ans (-4,4% /2020).
D’après les experts allemands, la hausse des cours est amenée à se poursuivre, les abatteurs ayant du mal à trouver des animaux. Par ailleurs, la forte réduction des volumes de viande argentine, alors que les restaurants ont rouvert leurs portes, accentue le sentiment de pénurie. Le Gouvernement argentin a en effet prolongé jusqu’au 31 octobre les restrictions à l’exportation de viande bovine afin de limiter l’inflation sur le marché national : depuis fin juin, les exportateurs argentins ne peuvent exporter mensuellement que la moitié des volumes qu’ils avaient exportés le même mois de l’année 2020.
Pologne : le JB O à 3,75 €/kg de carcasse !
En Pologne, le JB O cotait 3,75 €/kg de carcasse en semaine 39 (+30% /2020, +38% /2019 et même +14% /2018). Le manque d’offre, face à la reprise de la demande pour la restauration partout en Europe, continue de tirer les prix.
Les quartiers arrières, dont certaines pièces sont particulièrement demandées en restauration commerciale, ont vu leur prix flamber à partir de mi-mai. D’après les données du Ministère de l’agriculture polonais, le prix moyen sortie abattoir d’un quartier arrière de JB s’établissait à 4,73 € en semaine 39 (+25% /2020, +34% /2019 et +18% /2018). Avec l’automne, les quartiers avants démarrent leur hausse. Ils ont gagné 30 centimes/kg éc en 1 mois pour atteindre 2,90 €/kg de carcasse en semaine 39 (+25% /2020, +30% /2019 et +18% /2018).
Après une longue période de croissance, la production polonaise plafonne désormais (depuis 2018). Sur les 7 premiers mois de l’année, les abattages de bovins ont totalisé 277 000 tonnes équivalent carcasse (-1% /2020, +2% /2019 et -2% /2018). Pour rappel, 2019 avait été marquée par une crise sanitaire qui avaient conduit à un décalage des abattages sur le 2nd semestre.
Espagne : les prix remontent malgré une offre abondante
En Espagne, la cotation du JB U est remontée à 3,93 €/kg de carcasse en semaine 39 et celle du JB R à 3,85 €/kg. Elles dépassent toutes deux largement leurs niveaux des années précédentes (+15% /2020, +12% /2019) et sont même repassées au-dessus de leur niveau élevé de 2018 (+1%).
D’après les opérateurs, le dynamisme du secteur de la restauration en Espagne permet de maintenir les prix des pièces à griller à de hauts niveaux tandis que la demande croissante sur le marché européen permet de revaloriser les avants chaque semaine. Cette remontée des cours est bienvenue pour les engraisseurs espagnols, très dépendants de l’achat d’aliment, et donc confrontés à une très forte hausse de leurs coûts de production.
Les hausses de prix semblent plus difficiles à passer du côté de l’export en vif, les importateurs algériens et libanais repoussant leurs commandes. Mais la Libye reste aux achats.
Sur les 7 premiers mois de 2021, les abattages espagnols de bovins mâles et femelles de 8 à 24 mois ont totalisé 337 000 tonnes équivalent carcasse (+5% /2020, +4% /2019 et même +9% /2018, année durant laquelle les Espagnols envoyaient encore de nombreux bovins finis vers la Turquie). Ce haut niveau de production explique la pression exercée sur les prix au 1er semestre.
Viandes bovines » Femelles » Europe »
Les cours des réformes au plus haut
Face à des marchés laitiers dynamiques, qui limitent les réformes, les cours des vaches en Europe continentale sont toujours à la hausse. Certaines cotations ont atteint des niveaux record.
ALLEMAGNE : les cotations des réformes à un niveau élevé
En Allemagne, la dernière enquête cheptel de mai faisait état d’une contraction du cheptel de vaches laitières (-2% /2020 à 3,89 millions de têtes) et allaitantes (-2% à 625 000 têtes). Avec une conjoncture laitière plutôt porteuse, l’offre en vaches de réforme reste d’autant plus limitée.
Sur les quatre dernières semaines connues (s.36 à 39), les abattages de réformes restent très en dessous des niveaux des trois dernières années (-6% /2020, -11% /2019 et –17% /2018).
Ainsi, contrairement à la tendance saisonnière habituelle, les prix des vaches ont poursuivi leur hausse. La vache O cotait 3,51 €/kg de carcasse en semaine 39 (+35% /2020 et +29% /2019) un niveau supérieur de 93 centimes à celui du début de l’année !
Les ventes au détail de viandes avaient été élevées durant les différentes périodes de confinement, affectées par la fermeture partielle du secteur de la restauration. Avec la levée des restrictions sur la RHD, les ventes au détail se sont récemment tassées. Mais le bilan en volume reste toujours positif pour la viande bovine en cumul sur les huit premiers mois de l’année (+3% /2020). Il est plus contrasté pour la viande de volaille (=), mais surtout pour les viandes pour saucisses (-3%), la viande de porc (-3%) et surtout pour la viande hachée mélangée (-4%), qui avait été plébiscitée en début de pandémie.
IRLANDE : peu de réformes à abattre et cours soutenus
En Irlande, le cours de la vache O reste à un niveau élevé. A 3,54 €/kg de carcasse en semaine 39 (+20% /2020 et +25% /2019), elle a progressé de 4 centimes en un mois (+1%). Ce niveau n’avait plus été atteint depuis l’été 2015.
Là aussi, le manque d’offre explique la dynamique des prix. En effet, d’après l’indicateur hebdomadaire du Ministère de l’Agriculture irlandais, les abattages de réformes sont demeurés très limités dans les abattoirs agréés pour l’export (-11% /2020 sur les semaines 36 à 39).
Les abattages de « Prime Cattle » (animaux jeunes) ont été cependant plus intenses. Ceux de génisses (+7% /2020) comme de bœufs (+5%) ont progressé sur les quatre dernières semaines, tirés par la demande des enseignes britanniques. Les menaces de pénuries au Royaume-Uni poussent la distribution britannique à s’approvisionner chez son voisin irlandais et cela pourrait durer encore plusieurs mois (voir chapitre Royaume-Uni).
En cumul depuis le début de l’année, les abattages ont été en retrait pour toutes les catégories : vaches (-3% /2020), génisses (-8%), bœufs (-2%) et surtout JB (-11%). La progression de la production de jeunes mâles entiers pour l’Europe continentale en anticipation du Brexit observée en 2019 n’a pas perduré.
L’offre irlandaise devrait rester limitée en 2021. Les résultats provisoires de l’enquête cheptel irlandaise de juin montrent en effet une forte baisse des effectifs de bovins destinés à l’abattage âgés de deux ans et plus (-10% /2020). Les effectifs de bovins âgés de 1 à 2 ans étaient en revanche en progression (+6% ou +103 000 têtes), ce qui pourrait donner lieu à une hausse de production en 2022.
En attendant, le recul du nombre de vaches allaitantes sur un an (-4% /2020 à 940 000 têtes) a été compensé par une augmentation de vaches laitières (+2% à 1,6 million de têtes). Le cheptel total de vaches atteignait 2,5 millions de têtes, relativement stable d’une année sur l’autre.
ROYAUME-UNI : les cotations des réformes refluent
Au Royaume-Uni, l’industrie bovine britannique a été affectée par plusieurs difficultés au cours des dernières semaines :
Les fermetures temporaires de certaines usines d’engrais ont perturbé la disponibilité en CO2 indispensable pour maximiser la durée de conservation de la viande dans les emballages de vente au détail.
La disponibilité en personnel dans les abattoirs et salles de découpes reste problématique après le Brexit : le secteur est très employeur de main d’œuvre étrangère.
La pénurie globale de chauffeurs routiers en Grande-Bretagne se poursuit (pour la même raison), ce qui a un impact en amont et en aval de la chaîne d’approvisionnement.
Récemment (s.36 à 39), les abattages de gros bovins ont été plutôt contenus (=/2020 et -8% /2019). La majorité des catégories de bovins ont été concernées. Sur les quatre dernières semaines connues (s.36 à 39), les abattages de vaches étaient ainsi toujours en retrait (-1% /2020 et -2% /2019).
Avec une demande plutôt dynamique, les cotations des animaux jeunes (« prime cattle ») sont restées relativement stables à des niveaux élevés. La cotation de la génisse R3 dépassait les 4,16 £/kg de carcasse (+11% /2020 et +26% /2019) quand celle du bœuf R3 atteignait 4,17 £/kgéc en semaine 39 (+11% /2020 et +26% /2019) soit 4,86 €/kg de carcasse.
En revanche, les cotations des réformes ont poursuivi leur reflux saisonnier habituel. Elles restent cependant à des niveaux élevés. Avec 13 pence de moins en un mois, le cours de la vache O atteignait tout de même 2,95 £/kg de carcasse en semaine 39 (+12% /2020 et +20% /2019), soit 3,43 €/kg.
Le commerce extérieur britannique a poursuivi son redressement partiel en juillet dernier après un début d’année compliqué. Le Royaume-Uni a importé 19 800 tonnes brutes de viande bovine réfrigérée et congelée en juillet (+15% /2020). Les envois depuis l’Irlande ont été dynamiques (+9% à 15 000 tonnes). D’autres origines ont réalisé de bonnes performances comme la Pologne, les Pays-Bas, l’Espagne et l’Uruguay. En cumul sur 7 mois, ce sont 121 200 tonnes qui ont été importées au Royaume-Uni (-5% /2020).
Le Royaume-Uni a exporté 9 600 tonnes de viande bovine en juillet 2021 (+8 % /2020), notamment vers la France (+45% /2020 à 1 300 tonnes). Certains exportateurs britanniques trouveraient désormais plus facile sur le plan administratif d’exporter d’abord vers la France, puis de réexpédier la viande vers d’autres destinations européennes. En cumul sur 7 mois, le Royaume-Uni a exporté 54 600 tonnes de viande bovine réfrigérée et congelée (+21% /2020).
POLOGNE : des cours à des niveaux exceptionnels
Le marché polonais des réformes bénéficie plus que jamais du « retour à la normale » de la restauration un peu partout à travers l’UE. La cotation de la vache O polonaise a dépassé des sommets jusqu’ici jamais atteints. En semaine 39, elle a atteint 3,12 €/kg de carcasse (+28% /2020 ; +29% /2019). C’est 12 centimes de plus qu’il y a un mois (+4%). Avec la légère dépréciation de la devise polonaise à la fin de l’été, la progression est encore plus marquée en zloty (+31% /2020 et +36% /2021).
Sur le 1er semestre 2021, le commerce extérieur polonais de viande bovine s’est déjà redressé. Les exportations de viande bovine réfrigérée et congelée ont atteint 212 000 téc (+1% /2019 et 2020). Les expéditions ont notamment progressé vers l’Allemagne (+13% /2020 à 39 600 téc) et des destinations jusqu’alors plus secondaires, dont la France (+9% /2020 à 14 300 téc).
Viandes bovines » Maigre »
La hausse est désormais bien enclenchée
Les prix des broutards ont tardé à suivre la remontée des cotations européennes du JB mais la hausse, à rebours de la tendance saisonnière, est désormais bien enclenchée. L’offre en gros bovins maigres français est limitée. La décapitalisation allaitante se poursuit, faisant reculer les naissances. Les bonnes disponibilités fourragères ne pressent pas les sorties chez les naisseurs et accroissent la demande des ateliers d’engraissement italiens.
Les prix des Charolais ont retrouvé leur niveau de 2018
Les cours des broutards ont poursuivi leur progression tout au long du mois de septembre, du jamais vu à cette saison où la tendance est habituellement à la baisse. Le pic saisonnier des sorties a été plus mesuré alors même que les bonnes récoltes fourragères et la forte hausse des cours des jeunes bovins partout en Europe ont favorisé les mises en place en Italie. Les broutards ont bénéficié de conditions de pâturage optimales et sont de bonne qualité sans besoin de complémentation au pré.
La cotation du Charolais U de 350 kg a gagné +3 centimes en trois semaines. A 2,68 €/kg vif en semaine 40, elle dépassait de 20 centimes son faible niveau 2020 (+8%) et de 9 centimes celui de 2019 (+3%) se rapprochant des cours 2018 (-2 cts). Le Charolais U de 450 kg, plutôt destiné au marché italien, cotait 2,54 €/kg soit +22 centimes qu’en 2020 (+9%). Les cours des Charolais devraient dépasser leur niveau 2018 dans les prochaines semaines.
Les cours du Limousin E de 350 kg et du Croisé R de 300 kg ont également progressé et dépassé leur niveau 2020, mais ils restaient encore très inférieurs aux prix 2018 et 2019. A 2,81 €/kg en semaine 40, la cotation du Limousin était supérieure de +4% /2020? mais en repli de -3% /2019. Les Croisés cotaient 2,50 €/kg, soit +5% /2020 mais -1% /2019.
Alors que les cours des laitonnes sont d’habitude relativement stables tout au long de l’année, l’insuffisance de l’offre par rapport à la demande a fait grimper les prix. La Limousine E de 270 kg cotait 2,90 €/kg en semaine 40 (+6% /2020 et +5% /2019) dépassant le prix 2018 (+7 cts) ! La hausse a été plus modérée pour la Charolaise U de 270 kg, dont la cotation s’est établie à 2,68 €/kg (+4% /2020 et de +3% /2019).
Les naissances allaitantes sont en repli depuis mars
Les naissances de veaux de mère allaitante ont totalisé 183 000 têtes en août (-9,5% /2020 ou -19 000 têtes). En cumul depuis janvier 2021, elles ont reculé de -4,6% /2020 (-109 000 têtes). Ce recul est plus marqué pour les Charolais (760 000 naissances soit -5,8% /2020) que pour les Limousins (634 000 têtes soit -3,5%).
La décapitalisation du cheptel allaitant (-2,3% /2020 au 1er août 2021 avec 3 654 000 vaches) n’explique qu’une partie de cette baisse. La chute des naissances allaitantes observée depuis le mois de mars (-8% /2020 de mars à août 2021) s’explique avant tout par les mauvaises conditions de mise à la reproduction de la fin du printemps et de l’été 2020, marqués par une forte sécheresse et un déficit de production fourragère.
L’offre de broutards en âge d’être exportés assez stable en septembre… avant la baisse
Début septembre, l’offre de broutards en âge d’être exportés était stable. Au 1er septembre, 706 000 mâles allaitants de 6 à 12 mois étaient présents en ferme (= /2020 et -2% /2019).
Mais la disponibilité en gros bovins maigres prêts pour engraissement devrait se réduire dans les prochains mois. En effet, les effectifs de mâles de 0-6 mois présents en ferme sont en baisse du fait de la chute des naissances depuis mars 2021. Au 1er septembre 2021 on dénombrait 697 000 mâles allaitants de 0-6 mois (-9% /2020 et -7% /2019). La baisse des effectifs était particulièrement marquée pour les Charolais (-12% /2020).
Les exportations de bovins vifs ont retrouvé leur niveau 2019
En août (semaines 31 à 34) les expéditions de bovins de 4 à 16 mois de type viande ont progressé de +5% /2020 et de +4% /2019 (68 000 têtes). Les femelles représentaient 31% des envois de la période, alors qu’elles représentent 35% des exportations depuis janvier. Conformément à ce qui a été observé ces dernières années, les importations de laitonnes ont été dynamiques sur les 5 premiers mois de l’année puis ont ralenti.
Les envois français ont totalisé 742 000 têtes sur 8 mois (semaines 1 à 34), soit +6% /2020 et +2% /2019. Cette hausse des exportations a concerné à la fois les femelles (259 000 têtes, +6%) et les mâles (483 000 têtes, +7%). La progression des exportations alors même que les naissances allaitantes se contractent témoigne d’un meilleur dynamisme de l’engraissement en Italie qu’en France.
63 500 broutards ont été exportés vers l’Italie en août d’après les données des Douanes (+4% /2020, mais -8% /2019). La demande italienne pour les broutards français ne faiblit pas dans un contexte de hausse du prix de la viande et de réduction des disponibilités partout en Europe. En cumul sur 8 mois, 582 000 broutards ont été envoyés en Italie (+1% /2020 et 2019).
Toujours d’après les Douanes, les envois vers l’Espagne ont totalisé 5 000 têtes en août (+3% /2020, mais -31% /2019). Les importations espagnoles de gros bovins maigres français sont reparties à la hausse depuis le début de l’année, sans toutefois retrouver leur haut niveau de 2019 : depuis janvier 2021, 82 600 broutards ont été expédiés vers la péninsule ibérique, en hausse de +4% /2020, mais en repli de -21% /2019. Les engraisseurs espagnols continuent de se tourner davantage vers l’achat de veaux laitiers.
Sur les pays tiers, les envois estivaux ont été ralentis comme chaque année pour limiter l’exposition des animaux à de fortes chaleurs. En août, 1 000 broutards ont été exportés vers Israël et aucun animal n’a été envoyé vers l’Algérie. En cumul depuis le début de l’année 2021, les achats des pays tiers ont totalisé 44 000 têtes (+22% /2020 et +7% /2019). Les envois vers l’Algérie n’ont pas retrouvé leur niveau record de 2019 (28 000 têtes depuis janviers 2021, -20% /2019), mais ont néanmoins été plus intenses sur le 1er semestre qu’en 2020 (+2%). Les exportations vers la Tunisie se sont effondrées (200 animaux, -88% /2020). En revanche, les envois vers Israël ont plus que doublé en un an (16 000 têtes, +130% /2020).
Depuis le 1er septembre, les broutards exportés vers l’Espagne doivent être vaccinés
En septembre, d’après les données TRACES des semaines 35 à 39, 53 400 bovins (tous âges confondus) ont été envoyés vers l’Espagne, en repli de -1% /2020 et de -9% /2019. La contraction des exportations cache de grandes disparités : d’après les premières données SPIE-BDNI, les envois de veaux nourrissons auraient décollé en septembre tandis que les exportations de broutards seraient en baisse. A noter que le règlement FCO a changé pour les envois vers l’Espagne. Jusqu’à présent, le pays acceptait les bovins de plus de 70 jours non vaccinés mais désinsectisés avec un test PCR négatif. Depuis le 1er septembre 2021, seuls les animaux de plus de 70 jours vaccinés depuis plus de 10 jours (2 injections) sont acceptés.
Toujours d’après les données TRACES, les envois vers l’Italie ont totalisé 103 500 têtes sur les semaines 35 à 39 (-5% /2020 et -6% /2019). La demande italienne reste ferme mais l’offre est réduite.
De bonnes perspectives pour les prix des broutards
Les cours des broutards devraient poursuivre leur hausse dans les prochaines semaines avec la réduction saisonnière des disponibilités tandis que les cours des JB devraient continuer à grimper avec l’augmentation de la demande en fin d’année.
Viandes bovines » Veaux de boucherie »
L’offre moindre soutient les cours
Les cours des veaux gras n’ont cessé d’augmenter depuis août. L’offre est inférieure à la demande, suite au ralentissement des mises en place depuis mars 2020. Cette hausse est bienvenue dans un contexte de coûts de production toujours plus élevés. Aux Pays-Bas aussi les prix sont particulièrement élevés, avec des abattages stables par rapport à 2020 mais nettement plus modérés qu’en 2019.
La cotation du veau gras est montée en flèche
Le cours du veau de boucherie rosé clair O élevé en atelier augmente saisonnièrement à l’automne, la baisse des températures étant favorable à la consommation de viande de veau. Cependant en 2021, le cours a largement dépassé les niveaux des années précédentes, pour atteindre 5,97 €/kg de carcasse en s40. Il se situe bien au-dessus des niveaux de l’année 2019, perturbée par une surproduction en Europe, comme de 2020, impactée par le covid-19 : +14% /2020 (+71 cts) et +13% /2019 (+69 cts). En s40, le cours était encore à +37 cts au-dessus de celui de 2018.
Pour le veau R rosé clair élevé en atelier, la cotation a suivi le même rythme de hausse. Elle se situait en s40 à 6,56 €/kg éc, soit +12% /2020 (+71 cts) et +14% /2019.
Les abattages du mois d’août plus élevés qu’en 2020
Selon SPIE et Normabev, 93 000 veaux gras ont été abattus en août 2021, soit + 5,2% /2020, alors encore très affecté par le covid-19, mais en recul de -1,8% /2019. A la faveur de la météo d’août fraîche et maussade, la consommation de viande de veau a été dynamique ce qui a accéléré les abattages. En cumul sur janvier-août, 790 000 veaux ont été abattus, un chiffre équivalent à 2020, par contre en net retrait de -4,5% /2019.
En août, la production de viande de veau a totalisé 14 000 téc (+4,7% /2020 et -1,1% /2019). L’anticipation des abattages face à une demande dynamique s’est traduite par un allègement des carcasses à 149,8 kg soit -0,8 kg /2020 (mais +1,1 kg /2019) consécutif à un net rajeunissement des veaux à 190,0 jours (-3,4 jrs /2020 et -0,7 jr /2019).
Les coûts des matières premières toujours au plus haut
Les matières premières sont restées globalement très chères, préoccupant les intégrateurs qui encaissent la hausse du coût de production.
Après une période de reflux, la cotation du lactosérum doux est repartie à la hausse, alors même que la Chine semble désormais en surproduction de viande porcine suite au redémarrage fort de son engraissement il y a un an après la résolution de la pandémie de FPA. En s40, le lactosérum doux cotait encore 965 €/t, en léger retrait par rapport à la semaine précédente, mais à +38% /2020 et +22% /2019.
De son côté, la poudre de lait maigre continuait de s’apprécier et cotait la même semaine 2 710 €/t (+23% /2020). Le prix des aliments fibreux, suivi par l’IPAMPA « autres aliments pour veaux », a reflué légèrement pour la première fois de l’année en août 2021, grâce aux bonnes récoltes, à 112,9 pts mais toujours à +11 pts/ 2020 et 2019.
Aux Pays-Bas : prix élevés et abattages contenus
En s40, le journal De Kalverhouder annonçait le prix du veau gras pie-noir néerlandais à 5,22 €/kg de carcasse, un prix record depuis 2013 ! Les mises en place ont été limitées depuis le printemps 2020 et l’offre en veau gras reste contenue, tandis que le redémarrage de la RHD européenne a été plus fort durant l’été 2021 que 2020.
Selon Eurostat, 18 200 téc ont été abattues en juillet, soit -4,3% /2020 et -5,6% /2019. Cumulés sur janvier-juillet, les abattages néerlandais totalisent 125 000 téc, stables par rapport à 2020 mais en net recul comparé à 2019 (-7%). Pour septembre et octobre, les abattages néerlandais seraient de nouveau limités, les abattoirs cherchant à maintenir le prix élevé le plus longtemps possible.
Viandes bovines » Veaux nourrissons »
Les cours pâtissent de la baisse de l’engraissement en France
En septembre, le prix du veau nourrisson en France était à son plancher automnal du fait du pic des naissances. Les exportations de jeunes veaux vers l’Espagne, très dynamiques depuis le début de l’année, pourraient se poursuivre étant donnée la différence de prix de part et d’autre des Pyrénées. Le marché espagnol reste très demandeur en petits veaux alors que les mises en place de veaux laitiers en France continuent de se réduire.
Cotation au plancher
Au cours du mois de septembre, le cours du veau mâle laitier de 45-50 kg a encore légèrement diminué pour s’établir à 51 €/tête en semaine 40 (+1€ /2020 et -2€ /2019), un faible niveau récurrent depuis 3 ans à l’automne au moment du pic des naissances laitières.
Les naissances de veaux laitiers en recul à l’approche du pic des naissances
En août 2021 selon SPIE-BDNI, 323 000 veaux de mère laitière sont nés en France, en net recul de -3,9% /2020 (-13 000 têtes). Depuis le début de l’année, 2 036 000 veaux de mère laitière sont nés, en recul de -1,9% /2020 et -0,5% /2019, dans le sillage du cheptel de vaches laitières françaises qui était en recul de -1,8% /2020 au 1er septembre (-64 000 têtes).
Les exportations progressent face à une demande française en recul
Selon SPIE-BDNI, les exportations de veaux de moins de 2 mois ont atteint 24 000 têtes en août 2021, un bond de +33% /2020 et +22% /2019. Sur les 8 premiers mois de l’année, les exportations de jeunes veaux ont totalisé 188 000 têtes (+5% /2020 et +16% /2019).
En France, les intégrateurs réduisent leurs mises en place depuis le début de la pandémie, et l’engraissement de JB et bœufs laitiers subit toujours une baisse structurelle importante. Les exportations de jeunes veaux vont se poursuivre dans les prochaines semaines avec le pic des naissances laitières.
Pas de baisse saisonnière pour la cotation espagnole du veau frison
En semaine 38 en Espagne, le veau frison de moins d’un mois cotait 108 €/tête, à +49% /2020 et +39% /2019 ! Il a rejoint les prix plus élevés de 2018.
Les engraisseurs espagnols ont continué de demander plus de veaux laitiers, moins chers que les broutards. En effet, ils sont très dépendants de l’achat d’aliment et subissent donc de plein fouet la hausse du prix des céréales et tourteaux depuis le début de l’année, ce qui impacte fortement leur trésorerie. Cette forte demande pour le veau frison a soutenu son cours et poussé les jeunes veaux français de l’autre côté des Pyrénées. La belle hausse du prix du JB espagnol redonne de l’oxygène aux engraisseurs et soutient également le cours du petit veau frison.