Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 366 Novembre 2024 Mise en ligne le 23/11/2024

Face à des marchés laitiers dynamiques, qui limitent les réformes, les cours des vaches en Europe continentale sont toujours à la hausse. Certaines cotations ont atteint des niveaux record.

ALLEMAGNE : les cotations des réformes à un niveau élevé

En Allemagne, la dernière enquête cheptel de mai faisait état d’une contraction du cheptel de vaches laitières (-2% /2020 à 3,89 millions de têtes) et allaitantes (-2% à 625 000 têtes). Avec une conjoncture laitière plutôt porteuse, l’offre en vaches de réforme reste d’autant plus limitée.

Sur les quatre dernières semaines connues (s.36 à 39), les abattages de réformes restent très en dessous des niveaux des trois dernières années (-6% /2020, -11% /2019 et –17% /2018).

Ainsi, contrairement à la tendance saisonnière habituelle, les prix des vaches ont poursuivi leur hausse. La vache O cotait 3,51 €/kg de carcasse en semaine 39 (+35% /2020 et +29% /2019) un niveau supérieur de 93 centimes à celui du début de l’année !

Les ventes au détail de viandes avaient été élevées durant les différentes périodes de confinement, affectées par la fermeture partielle du secteur de la restauration. Avec la levée des restrictions sur la RHD, les ventes au détail se sont récemment tassées. Mais le bilan en volume reste toujours positif pour la viande bovine en cumul sur les huit premiers mois de l’année (+3% /2020). Il est plus contrasté pour la viande de volaille (=), mais surtout pour les viandes pour saucisses (-3%), la viande de porc (-3%) et surtout pour la viande hachée mélangée (-4%), qui avait été plébiscitée en début de pandémie.

IRLANDE : peu de réformes à abattre et cours soutenus

En Irlande, le cours de la vache O reste à un niveau élevé. A 3,54 €/kg de carcasse en semaine 39 (+20% /2020 et +25% /2019), elle a progressé de 4 centimes en un mois (+1%). Ce niveau n’avait plus été atteint depuis l’été 2015.

Là aussi, le manque d’offre explique la dynamique des prix. En effet, d’après l’indicateur hebdomadaire du Ministère de l’Agriculture irlandais, les abattages de réformes sont demeurés très limités dans les abattoirs agréés pour l’export (-11% /2020 sur les semaines 36 à 39).

Les abattages de « Prime Cattle » (animaux jeunes) ont été cependant plus intenses. Ceux de génisses (+7% /2020) comme de bœufs (+5%) ont progressé sur les quatre dernières semaines, tirés par la demande des enseignes britanniques. Les menaces de pénuries au Royaume-Uni poussent la distribution britannique à s’approvisionner chez son voisin irlandais et cela pourrait durer encore plusieurs mois (voir chapitre Royaume-Uni).

En cumul depuis le début de l’année, les abattages ont été en retrait pour toutes les catégories : vaches (-3% /2020), génisses (-8%), bœufs (-2%) et surtout JB (-11%). La progression de la production de jeunes mâles entiers pour l’Europe continentale en anticipation du Brexit observée en 2019 n’a pas perduré.

L’offre irlandaise devrait rester limitée en 2021. Les résultats provisoires de l’enquête cheptel irlandaise de juin montrent en effet une forte baisse des effectifs de bovins destinés à l’abattage âgés de deux ans et plus (-10% /2020). Les effectifs de bovins âgés de 1 à 2 ans étaient en revanche en progression (+6% ou +103 000 têtes), ce qui pourrait donner lieu à une hausse de production en 2022.

En attendant, le recul du nombre de vaches allaitantes sur un an (-4% /2020 à 940 000 têtes) a été compensé par une augmentation de vaches laitières (+2% à 1,6 million de têtes). Le cheptel total de vaches atteignait 2,5 millions de têtes, relativement stable d’une année sur l’autre.

ROYAUME-UNI : les cotations des réformes refluent

Au Royaume-Uni, l’industrie bovine britannique a été affectée par plusieurs difficultés au cours des dernières semaines :

  • Les fermetures temporaires de certaines usines d’engrais ont perturbé la disponibilité en CO2 indispensable pour maximiser la durée de conservation de la viande dans les emballages de vente au détail.
  • La disponibilité en personnel dans les abattoirs et salles de découpes reste problématique après le Brexit : le secteur est très employeur de main d’œuvre étrangère.
  • La pénurie globale de chauffeurs routiers en Grande-Bretagne se poursuit (pour la même raison), ce qui a un impact en amont et en aval de la chaîne d’approvisionnement.

Récemment (s.36 à 39), les abattages de gros bovins ont été plutôt contenus (=/2020 et -8% /2019). La majorité des catégories de bovins ont été concernées. Sur les quatre dernières semaines connues (s.36 à 39), les abattages de vaches étaient ainsi toujours en retrait (-1% /2020 et -2% /2019).

Avec une demande plutôt dynamique, les cotations des animaux jeunes (« prime cattle ») sont restées relativement stables à des niveaux élevés. La cotation de la génisse R3 dépassait les 4,16 £/kg de carcasse (+11% /2020 et +26% /2019) quand celle du bœuf R3 atteignait 4,17 £/kgéc en semaine 39 (+11% /2020 et +26% /2019) soit 4,86 €/kg de carcasse.

En revanche, les cotations des réformes ont poursuivi leur reflux saisonnier habituel. Elles restent cependant à des niveaux élevés. Avec 13 pence de moins en un mois, le cours de la vache O atteignait tout de même 2,95 £/kg de carcasse en semaine 39 (+12% /2020 et +20% /2019), soit 3,43 €/kg.

Le commerce extérieur britannique a poursuivi son redressement partiel en juillet dernier après un début d’année compliqué. Le Royaume-Uni a importé 19 800 tonnes brutes de viande bovine réfrigérée et congelée en juillet (+15% /2020). Les envois depuis l’Irlande ont été dynamiques (+9% à 15 000 tonnes). D’autres origines ont réalisé de bonnes performances comme la Pologne, les Pays-Bas, l’Espagne et l’Uruguay. En cumul sur 7 mois, ce sont 121 200 tonnes qui ont été importées au Royaume-Uni (-5% /2020).

Le Royaume-Uni a exporté 9 600 tonnes de viande bovine en juillet 2021 (+8 % /2020), notamment vers la France (+45% /2020 à 1 300 tonnes). Certains exportateurs britanniques trouveraient désormais plus facile sur le plan administratif d’exporter d’abord vers la France, puis de réexpédier la viande vers d’autres destinations européennes. En cumul sur 7 mois, le Royaume-Uni a exporté 54 600 tonnes de viande bovine réfrigérée et congelée (+21% /2020).

POLOGNE : des cours à des niveaux exceptionnels

Le marché polonais des réformes bénéficie plus que jamais du « retour à la normale » de la restauration un peu partout à travers l’UE. La cotation de la vache O polonaise a dépassé des sommets jusqu’ici jamais atteints. En semaine 39, elle a atteint 3,12 €/kg de carcasse (+28% /2020 ; +29% /2019). C’est 12 centimes de plus qu’il y a un mois (+4%). Avec la légère dépréciation de la devise polonaise à la fin de l’été, la progression est encore plus marquée en zloty (+31% /2020 et +36% /2021).

Sur le 1er semestre 2021, le commerce extérieur polonais de viande bovine s’est déjà redressé. Les exportations de viande bovine réfrigérée et congelée ont atteint 212 000 téc (+1% /2019 et 2020). Les expéditions ont notamment progressé vers l’Allemagne (+13% /2020 à 39 600 téc) et des destinations jusqu’alors plus secondaires, dont la France (+9% /2020 à 14 300 téc).