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Quand les maladies épizootiques perturbent la collecte laitière française
La collecte laitière française confirme sa dynamique positive en octobre et novembre 2024, bien que des reculs se fassent sentir dans l’Est du pays, touché par la FCO-3. Côté prix, le lait standard affiche une hausse, une tendance qui devrait se poursuivre jusqu’en fin d’année.
Dynamisme de collecte confirmé en octobre mais la collecte s’essouffle à l’Est
En octobre, la collecte laitière française a progressé de 1,1% /octobre 2023, confirmant la dynamique positive observée ces derniers mois. En cumul sur 10 mois, la collecte a progressé de 1,1% /2023. En novembre 2024, selon les enquêtes hebdomadaires de France AgriMer, la collecte afficherait une hausse sur un an de 0,7 %. Cependant, un repli semble s’être amorcé dès la mi-novembre. Depuis fin septembre, des baisses de collecte ont été constatées dans certaines régions, notamment le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté, mais aussi, dans une moindre mesure, le Centre-Val de Loire et les Hauts-de-France. Ces territoires figurent parmi les plus touchés par la FCO-3. Depuis mi-novembre les reculs de collecte se sont accentués dans ces zones. A l’inverse dans l’Ouest, la collecte reste en progression, mais elle ne parvient plus à compenser les pertes enregistrées dans l’Est de la France.
Le mois de décembre devrait pâtir des effets de la FCO-3, la collecte serait ainsi en retrait comparé à décembre 2023. Pour l’ensemble de l’année 2024, nous envisageons une hausse de collecte de 0,9%, qui aurait dû être plus marquée en l’absence de ces perturbations sanitaires.
Net repli du cheptel laitier
Le recul du cheptel laitier s’est accéléré. Au 1er novembre, il affichait un repli de 2,2% /2023, tombant à 3,31 millions de têtes.
Un recul très prononcé des entrées de génisses dans le cheptel laitier est observé en octobre, -14% /2023, alors que le nombre de sorties d’animaux a progressé de 7% /2023. Le bilan des entrées et sorties s’est avéré négatif, une situation inhabituelle pour ce mois qui affiche généralement un solde positif, comme l’illustre le graphique ci-dessous.
Plusieurs hypothèses peuvent être formulées sur le recul brutal des entrées de génisses en octobre :
• La FCO 3, qui sévit particulièrement dans l’Est de la France, aurait provoqué des avortements de génisses dans les régions concernées. Cependant, il reste difficile de quantifier pour le moment ces pertes.
• En janvier 2024, moins de génisses ont été mises à la reproduction (Nombre d’IA sur génisses : -13,5% /janvier 2023) impactant directement le nombre d’entrées de génisses 9 mois plus tard, en octobre 2024. En 2023, les génisses ont bénéficié de faibles qualités de fourrages récoltés en 2022, les périodes de canicule (septembre 2023) suivies de fortes pluies automnales (pâturage dégradé) n’ont pas favorisé l’alimentation des génisses. Un certain nombre n’avait probablement pas le poids idéal pour une mise à la reproduction. On peut donc s’attendre à des reports sur les mois suivants. Mais il semblerait que ces reports soient limités et contrecarrés par la baisse tendancielle du troupeau de génisses : au 1er octobre, le nombre de génisses laitières de plus de 18 mois était en repli de 3% /octobre 2023.
Hausse du prix du lait
En octobre 2024, le prix du lait standard (toutes qualités) en France a atteint 472 €/1 000 l, en hausse de 16 € sur un an. Cette progression, amorcée à la mi-année, devrait se poursuivre en novembre et décembre, avec une estimation atteignant 480 €/1 000 litres pour le mois de décembre, selon les données de l’Éleveur Laitier. En moyenne sur l’année, le prix moyen du lait standard sera très proche du prix 2023. Ailleurs en Europe, les prix du lait enregistrent de fortes hausses (voir l’article sur le prix du lait en Europe).
Les charges en élevages, d’après l’IPAMPA lait de vache (qui représente 50% des coûts de production), sont restées quasiment stables en octobre 2024 d’un mois sur l’autre (+0,2%) et ont diminué de 3,9% / octobre 2023. Sur un an le recul est très marqué pour le poste aliment acheté (-8,1% /2023), pour les engrais (-8,5%) et aussi pour l’énergie (-10,4%). La plupart des charges incluses dans l’IPAMPA sont en recul, à l’exception des frais vétérinaires, des dépenses liées à l’entretien des équipements et des bâtiments, ainsi que des frais généraux. Toutefois, certaines charges non couvertes par l’IPAMPA, telles que les travaux réalisés par des tiers, les fermages ou encore le coût de la main-d’œuvre, continuent de progresser.
La marge MILC, estimée à 182 €/1 000 l en octobre, a progressé de 4 € en un mois sous l’effet d’une hausse du produit lait, d’un recul du produit de la vente des animaux et d’une stabilité des charges. La MILC a augmenté de 27 €/1 000 l sur un an. Le produit lait a progressé de 14 €, les coproduits viande ont diminué (-2 €), tandis que les charges se sont aussi réduites (-15 €).