Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

Lait de vache

Un prix du lait en forte progression en Europe

La collecte laitière de l’UE-27 a légèrement progressé au cours des dix premiers mois de 2024, marquée par des évolutions divergentes entre les pays. Le prix du lait s’envole depuis quelques mois, en raison de tensions sur l’approvisionnement et sur le marché des matières grasses.

En France, la collecte laitière poursuit sa croissance en octobre et novembre, bien que des baisses soient observées dans l’Est, affecté par la FCO-3. Du côté des prix, le lait standard connaît une hausse mais beaucoup plus modérée qu’ailleurs en Europe.

Lait de vache » Collecte laitière »

Quand les maladies épizootiques perturbent la collecte laitière française

La collecte laitière française confirme sa dynamique positive en octobre et novembre 2024, bien que des reculs se fassent sentir dans l’Est du pays, touché par la FCO-3. Côté prix, le lait standard affiche une hausse, une tendance qui devrait se poursuivre jusqu’en fin d’année.

Dynamisme de collecte confirmé en octobre mais la collecte s’essouffle à l’Est

En octobre, la collecte laitière française a progressé de 1,1% /octobre 2023, confirmant la dynamique positive observée ces derniers mois. En cumul sur 10 mois, la collecte a progressé de 1,1% /2023. En novembre 2024, selon les enquêtes hebdomadaires de France AgriMer, la collecte afficherait une hausse sur un an de 0,7 %. Cependant, un repli semble s’être amorcé dès la mi-novembre. Depuis fin septembre, des baisses de collecte ont été constatées dans certaines régions, notamment le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté, mais aussi, dans une moindre mesure, le Centre-Val de Loire et les Hauts-de-France. Ces territoires figurent parmi les plus touchés par la FCO-3. Depuis mi-novembre les reculs de collecte se sont accentués dans ces zones. A l’inverse dans l’Ouest, la collecte reste en progression, mais elle ne parvient plus à compenser les pertes enregistrées dans l’Est de la France.

Le mois de décembre devrait pâtir des effets de la FCO-3, la collecte serait ainsi en retrait comparé à décembre 2023. Pour l’ensemble de l’année 2024, nous envisageons une hausse de collecte de 0,9%, qui aurait dû être plus marquée en l’absence de ces perturbations sanitaires.

Net repli du cheptel laitier

Le recul du cheptel laitier s’est accéléré. Au 1er novembre, il affichait un repli de 2,2% /2023, tombant à 3,31 millions de têtes.

Un recul très prononcé des entrées de génisses dans le cheptel laitier est observé en octobre, -14% /2023, alors que le nombre de sorties d’animaux a progressé de 7% /2023. Le bilan des entrées et sorties s’est avéré négatif, une situation inhabituelle pour ce mois qui affiche généralement un solde positif, comme l’illustre le graphique ci-dessous.

Plusieurs hypothèses peuvent être formulées sur le recul brutal des entrées de génisses en octobre :
La FCO 3, qui sévit particulièrement dans l’Est de la France, aurait provoqué des avortements de génisses dans les régions concernées. Cependant, il reste difficile de quantifier pour le moment ces pertes.
• En janvier 2024, moins de génisses ont été mises à la reproduction (Nombre d’IA sur génisses : -13,5% /janvier 2023) impactant directement le nombre d’entrées de génisses 9 mois plus tard, en octobre 2024. En 2023, les génisses ont bénéficié de faibles qualités de fourrages récoltés en 2022, les périodes de canicule (septembre 2023) suivies de fortes pluies automnales (pâturage dégradé) n’ont pas favorisé l’alimentation des génisses. Un certain nombre n’avait probablement pas le poids idéal pour une mise à la reproduction. On peut donc s’attendre à des reports sur les mois suivants. Mais il semblerait que ces reports soient limités et contrecarrés par la baisse tendancielle du troupeau de génisses : au 1er octobre, le nombre de génisses laitières de plus de 18 mois était en repli de 3% /octobre 2023.

Hausse du prix du lait

En octobre 2024, le prix du lait standard (toutes qualités) en France a atteint 472 €/1 000 l, en hausse de 16 € sur un an. Cette progression, amorcée à la mi-année, devrait se poursuivre en novembre et décembre, avec une estimation atteignant 480 €/1 000 litres pour le mois de décembre, selon les données de l’Éleveur Laitier. En moyenne sur l’année, le prix moyen du lait standard sera très proche du prix 2023. Ailleurs en Europe, les prix du lait enregistrent de fortes hausses (voir l’article sur le prix du lait en Europe).

Les charges en élevages, d’après l’IPAMPA lait de vache (qui représente 50% des coûts de production), sont restées quasiment stables en octobre 2024 d’un mois sur l’autre (+0,2%) et ont diminué de 3,9% / octobre 2023. Sur un an le recul est très marqué pour le poste aliment acheté (-8,1% /2023), pour les engrais (-8,5%) et aussi pour l’énergie (-10,4%). La plupart des charges incluses dans l’IPAMPA sont en recul, à l’exception des frais vétérinaires, des dépenses liées à l’entretien des équipements et des bâtiments, ainsi que des frais généraux. Toutefois, certaines charges non couvertes par l’IPAMPA, telles que les travaux réalisés par des tiers, les fermages ou encore le coût de la main-d’œuvre, continuent de progresser.

La marge MILC, estimée à 182 €/1 000 l en octobre, a progressé de 4 € en un mois sous l’effet d’une hausse du produit lait, d’un recul du produit de la vente des animaux et d’une stabilité des charges. La MILC a augmenté de 27 €/1 000 l sur un an. Le produit lait a progressé de 14 €, les coproduits viande ont diminué (-2 €), tandis que les charges se sont aussi réduites (-15 €).

Lait de vache » Collecte laitière »

Envolée du prix du lait en Europe

La collecte laitière européenne progresse légèrement sur les dix premiers mois de 2024, malgré des disparités marquées entre pays. Parallèlement, le prix du lait a bondi à 517 €/t en octobre, soutenu par des tensions sur l’offre et sur le marché des matières grasses.

Une collecte européenne affectée par des incidents sanitaires et climatiques

En octobre, la collecte laitière de l’UE-27 a progressé de 0,8% /octobre 2023. En cumul sur 10 mois la hausse est de 0,3% /2023. Le mois d’octobre a été marqué par une forte reprise de collecte en Irlande (+14,8% /2023), après des mois de recul, ainsi qu’un dynamisme soutenu en Pologne (+3,3%) et plus modéré en France (+1,1%), freinée par les effets de la FCO-3 (fièvre catarrhale ovine de sérotype 3). A l’inverse, la collecte poursuit son recul en Allemagne (-2,2%) et aux Pays Bas (-1,6%).
La Rabobank estime la croissance de la production européenne sur l’ensemble de l’année 2024 à 0,3% /2023. Malgré les revers enregistrés dans le nord de l’Europe en raison de la FCO et des conditions climatiques défavorables, les gains réalisés dans des pays comme la France et surtout la Pologne ont permis de stabiliser la production laitière européenne.

Après un recul très marqué en 2023 (-4,2% /2022), la collecte laitière irlandaise a poursuivi son reflux en 2024, réduisant les disponibilités de beurre. Le mauvais temps au printemps, qui a persisté jusqu’en été, a rendu les conditions difficiles pour le pâturage et la conservation des fourrages d’hiver. Cependant, la fin d’année s’annonce plus favorable grâce à des meilleures conditions de pâturages en automne. En octobre, la collecte a ainsi bondi de 14,8 % /2023, face à un niveau très bas de l’année précédente. La production totale de l’année devrait toutefois être inférieure de près de 5 % à celle de 2023.

En Allemagne, la collecte est en baisse depuis juillet avec un repli plus marqué en octobre (-2,2% /2023). Le virus de la FCO-3 a eu un impact significatif sur la production laitière dans l’Ouest de l’Allemagne comme aux Pays-Bas. De juillet à septembre 2024, la maladie s’est propagée massivement en Allemagne, avant de montrer des signes de ralentissement à partir d’octobre. En cumul sur 10 mois, la collecte a reculé de 0,5% /2023.

La Pologne poursuit sa dynamique positive de production laitière débutée il y a 10 ans. En cumul sur 10 mois, la collecte a progressé de +2,8% /2023. La production de lait de vache dépasse la demande intérieure, faisant de la Pologne un pays clé dans les exportations de produits laitiers.

Hausse des prix du lait dans l’UE portée par des tensions sur le marché

En octobre 2024, le prix du lait dans l’UE-27 a atteint 517 €/tonne, en hausse de 74 € sur un an. Il s’agit d’un prix moyen pondéré des volumes collectés dans chaque pays. Après une phase de stabilité autour de 460 €/t au 1er semestre, le prix a décollé sur le 2ème semestre. La tension sur la ressource laitière au sein de l’Union européenne, les impacts de la FCO-3, les tensions sur le marché de la matière grasse ont contribué à une hausse marquée du prix du lait ces derniers mois dans la plupart des pays européens. La hausse de prix devrait perdurer.
A l’exception de l’Espagne où le prix du lait a reculé en 2024, le prix a progressé chez les principaux producteurs de lait de l’UE. En octobre, le prix du lait a atteint 535 €/t aux Pays-Bas (+125 € /octobre 2023) et 517 €/t en Pologne (+79€).

En Allemagne, le prix du lait standard conventionnel est reparti nettement à la hausse depuis le milieu d’année. Il s’est établi à 497 €/1000l en octobre 2024 (+93€ sur un an). Il a de nouveau dépassé le prix français depuis mars 2024, avec un écart de 45 € en octobre. En France, bien que le prix du lait soit en progression depuis plusieurs mois, cette hausse reste beaucoup plus modérée.