Marché des produits laitiers

Replis conséquents des cours du beurre

Avec des disponibilités de lait en hausse les industriels ont produit plus de beurre. Les cotations du beurre sont orientées à la baisse depuis plusieurs semaines en Océanie comme aux États-Unis. Après avoir longtemps résisté, elles reculent fortement en Europe.

Progression marquée des disponibilités en lait

En août 2025, pour le 13ème mois consécutif, la production cumulée de lait des six premiers exportateurs mondiaux de produits laitiers (Argentine, Australie, Biélorussie, États-Unis, Nouvelle-Zélande et UE-27) a poursuivi sa progression sur un an (+2,7% /2024). A nouveau, parmi les principaux exportateurs mondiaux, seule la collecte de l’Australie était en baisse (-3,0% /2024).

Poursuite du repli généralisé des cours du beurre

En septembre 2025, les cotations du beurre ont poursuivi leur baisse en UE comme en Nouvelle-Zélande. Celle-ci était plus importante en UE qu’en Océanie. Après avoir résisté, les cotations étaient en effet en net recul dans l’UE (-11% /août 2025 et -15% /septembre 2024, à 6 378 €/t), faisant suite à la hausse des disponibilités. En Nouvelle-Zélande, malgré des niveaux d’export toujours soutenus, les cours avaient également reculé (-4% /août 2025 et +1% /septembre 2024, à 5 972 €/t).

Affecté par l’arrêt des activités gouvernementales depuis le 1er octobre aux États-Unis (« government shutdown ») faute d’accord sur le budget du pays, les données étasuniennes de septembre n’ont pas été publiées par l’USDA. En août 2025, les cours étasuniens restaient cependant orientés à la baisse (-9% /juillet 2025 et -31% /août 2024, à 4 338 €/t).

Aux États-Unis, la hausse des fabrications de beurre a été portée à la fois par le dynamisme de la collecte et la progression du taux butyreux, faisant du pays un exportateur net, une première. Les disponibilités sur le marché mondial ont également été alimentées par le dynamisme néo-zélandais. Entre janvier et juillet 2025, les exportations de beurre et butteroil depuis la Nouvelle-Zélande, 1er exportateur mondial, ont nettement progressé pour atteindre 308 000 tonnes (+13% /2024), alimentant notamment les besoins de UE en première partie d’année.

Moins d’imports pour l’UE, plus de fabrications

Avec un manque de disponibilités en début d’année, les importations européennes de beurre et butteroil ont atteint un niveau record. En cumul sur les 40 premières semaines de l’année, elles ont atteint 35 900 tonnes (x2,6 /2024), d’après les données de la DG Fiscalité et Union Douanière (Taxud).

Sur cette période, la Nouvelle-Zélande est devenue le 1er fournisseur de l’UE à 27, devant le Royaume-Uni. La Nouvelle-Zélande a ainsi fourni près du tiers des importations de l’UE (11 700 tonnes, x7,6 /2024). Elle a notamment bénéficié du net différentiel de prix au premier semestre et de l’ouverture supplémentaire du marché européen via l’application de l’accord de libre-échange. Près de 95% des importations européennes sur la période ont été réalisées via un accès préférentiel (contingent).

La progression sur 1 an des fabrications de beurre dans l’UE à 27 avait été plutôt limitée. Mais avec un signal prix toujours intéressant en milieu d’année, les cotations restant supérieures à 7 000 €/t jusqu’en août, les fabrications européennes ont nettement progressé. Sur le 2ème trimestre de 2025, elles ont atteint 592 000 tonnes (+4,0% /2024) et restaient soutenues en juillet (+6,2% à 186 000 t).

Ainsi, en cumul sur les sept premiers mois de 2025, les fabrications étaient en hausse pour atteindre 1,31 million de tonnes (+3,0% /2024). Elles étaient en hausse dans les principaux États membres producteurs à l’exception notable des Pays-Bas (-9,8%).

Avec des fabrications plus soutenues et une demande de certains opérateurs désormais plus limitée, les besoins à l’import de beurre ont nettement fléchi au sein de l’UE. Ainsi, après un pic d’importation avoisinant les 1 600 t/semaine entre les semaines 25 et 30, les flux se sont nettement repliés, pour tomber à moins de 200 t/semaine depuis la semaine 38.

Poursuite de la pression à la baisse sur les cours de beurre ?

Le repli des cours mondiaux et la progression de l’offre ont fini par peser sur la cotation du beurre dans l’UE qui a longtemps résisté. D’après la Commission européenne, en semaine 40, le cours du beurre sur le marché européen atteignait 6 053 €/t (-22% /2024). Après une longue période de faible reflux, il avait commencé à chuter en semaine 35. En 5 semaines, il a ainsi perdu 1 013 €/t (–14%).

Le constat est similaire en France. D’après l’ATLA, La cotation s’établissait à 5 460 €/t en semaine 40 (pas de cotation en semaine 41). Elle était en baisse de 14% sur un mois et de 30% sur un an (-2 370 €/t).

Les dernières enchères pour le beurre et la matière grasse anhydre sur la plateforme internationale Global Dairy Trade restaient orientées à la baisse. Le 7 octobre 2025, les prix ont atteint :

  • 6 712 US$/t, pour le beurre (-4% depuis le début de l’année, -6% depuis fin août),
  • 6 916 US$/t pour la matière grasse anhydre (-2% depuis le début de l’année, -2% depuis fin août).

D’après les prévisions publiées par la Rabobank début septembre, les bonnes marges à la ferme ont soutenu l’augmentation de la production laitière, notamment aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande. La production de lait dans les principales régions exportatrices devrait atteindre son pic au second semestre 2025, avec une croissance qui se poursuivra en 2026, mais à un rythme plus modéré.

Alors que les disponibilités en lait devraient donc rester importantes, certains signes font craindre à la Rabobank un niveau de consommation de produits laitiers en deçà des attentes. Dans le secteur de la restauration, la fréquentation demeure faible dans de nombreuses grandes économies. Et le manque de confiance des consommateurs continue de peser sur les dépenses, notamment pour les ménages à revenu faible et moyen. La demande en produits laitiers dans les circuits de distribution alimentaire serait également décevante dans de nombreux pays et les ménages paient davantage pour les produits laitiers, l’inflation dans les rayons laitiers restant orientée à la hausse dans certaines régions.

Pressions à la baisse sur les cours des poudres

A l’instar du beurre, les cotations des poudres maigre et grasses sont orientées à la baisse chez les principaux producteurs/exportateurs. La demande sur les marchés internationaux reste atone.

Les cours de la poudre maigre en retrait

En septembre 2025, les cotations de la poudre maigre étaient orientées à la baisse en Nouvelle-Zélande comme dans l’UE. En Nouvelle-Zélande, après un léger rebond en fin d’été, le cours de la poudre maigre était en baisse marquée sur un mois, à 2 254 €/t (-12% /août 2025 et -10% /septembre 2024). La compétitivité de la poudre maigre européenne restait notamment affectée par la vigueur de l’euro. Le cours de la poudre maigre en UE était également en repli (-4% /août 2025 et -9% /septembre 2024, à 2 308 €/t).

Aux États-Unis, les données de septembre n’étaient pas disponibles en raison de l’arrêt des activités gouvernementales faute de budget. En août 2025, les cours étasuniens restaient cependant relativement stables à 2 400 €/t (+1% /juillet 2025 mais -2% /août 2024). Mais les derniers rapports de l’USDA disponibles fin septembre faisaient état de prix de la poudre de lait écrémé en baisse dans un contexte de demande en déclin et de production toujours soutenue.

Les exportations cumulées des principaux exportateurs étaient en retrait depuis le début de l’année. Seule l’UE à 27 a vu ses exportations croître sur 1 an, à 474 000 tonnes sur huit mois (+4% /2024).

Les cotations des poudres grasses également à la peine

Les cours des poudres grasses étaient également orientées à la baisse en Nouvelle-Zélande comme dans l’UE. En septembre 2025, les cours des poudres grasses néo-zélandaises étaient en repli, à 3 255 €/t (-5% /août 2025 mais +4% /septembre 2024). Le constat était le même pour les poudres grasses de l’UE (-3% /août 2025 et -5% /septembre 2024, à 4 053 €/t).

Aux États-Unis, les cotations des poudres grasses étaient en léger retrait à 2 400 €/t en août 2025 (-1% /juillet 2025 mais -12% /août 2024). Fin septembre, les derniers rapports de l’USDA précisaient que la demande de poudre de lait entier était faible et que les prix étaient en baisse.

Les deux principaux exportateurs sur les marchés internationaux ont vu leurs envois reculer en 2025. Sur huit mois, la Nouvelle-Zélande a expédié 805 000 tonnes de poudres grasses (-3% /2024) et l’UE 102 000 tonnes (-24%).

Baisse des cours des commodités et recul des prix payés par certains industriels

Alors que les perspectives de la Rabobank sont plutôt pessimistes, les dernières enchères pour les poudres sur la plateforme internationale Global Dairy Trade restaient orientées à la baisse. Le 7 octobre 2025, les prix ont atteint :

  • 2 599 US$/t, pour la poudre maigre (-3% depuis le début de l’année, -6% depuis fin août),
  • 3 696 US$/t pour les poudres grasses (-3% depuis le début de l’année, -8% depuis fin août).

En France, les dernières cotations publiées par l’ATLA pour la semaine 41 faisaient également état de baisses pour les poudres :

  • Le cours de la poudre maigre était en retrait de 9% sur un mois et en baisse de 320 €/t depuis un an (-13%), à 2 070 €/t ;
  • Le cours des poudres grasses (26%) était en recul de 13% depuis la dernière cotation en semaine 36 et en baisse de 240 €/t depuis un an (-6%), à 3 680 €/t.

Avec des cours des commodités (beurre et poudres) en baisse sur les marchés mondiaux depuis plusieurs semaines, les prix à la production ont reculé en août 2025 dans certains pays exportateurs comme aux États-Unis (-8€ en un mois à 396 €/t d’après nos estimations). S’il reste stable en dollar néozélandais, le prix du lait en Nouvelle-Zélande recule en euro (-5€ en un mois à 397 €/t). En revanche, ce n’était pas le cas en Allemagne (+1€ en un mois à 524 €/t), ou en France (+8€ en un mois à 494 €/t).