Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 366 Novembre 2024 Mise en ligne le 23/11/2024

Lait de chèvre et viande

Stabilité du prix du lait au 3e trimestre

En septembre, la baisse de la collecte de lait de chèvre et les fabrications dynamiques ont permis de réduire les stocks en entreprise. Côté prix du lait, s’il est stable par rapport à 2023 en France, on observe un recul important chez nos voisins espagnols et néerlandais.

Sommaire du numéro 366
Lait de chèvre et viande

Lait de chèvre et viande » Lait de chèvre »

Fort recul de la collecte de lait de chèvre en septembre

En septembre, l’approvisionnement total des transformateurs en lait de chèvre est en retrait, lié au fort recul de la collecte. En parallèle, les fabrications de fromages et de produits ultra-frais au lait de chèvre ont été dynamiques, faisant mathématiquement baisser les stocks de produits de report caprins.

Avec 38,7 millions de litres de lait en septembre 2024, la collecte de lait de chèvre est en retrait de 5% /2023.

En cumul sur les 9 premiers mois de 2024, la collecte de lait de chèvre s’est élevée à 400,1 millions de litres (-2,8% /2023). En partant des données de l’enquête hebdomadaire de FranceAgriMer, il semble que la collecte se redresse légèrement en octobre et retrouverait un écart de 2% /2023. La mauvaise qualité des fourrages récoltés (foin, enrubannage et ensilage de prairies multi-espèces notamment) à l’automne 2023 et au printemps 2024 explique la baisse de collecte depuis le début de l’année. En septembre, un manque d’ensoleillement et une humidité importante sont venus s’y ajouter. En octobre, la météo moins humide aurait permis de retrouver le rythme des mois précédents selon les résultats de l’enquête hebdomadaire de FranceAgriMer.

En septembre, la forte baisse de la collecte a induit une concentration de la matière protéique et de la matière grasse, avec des taux supérieurs à l’année 2023, de respectivement +4,9% et +2,6%.

Retrait de 4% de la collecte en Nouvelle Aquitaine

Sur les 3 premiers trimestres de 2024, la collecte a évolué comme suit par rapport à 2023 :

  • +1% en Pays de la Loire ;
  • -4% en Nouvelle-Aquitaine et en Centre-Val de Loire ;
  • -3% en Occitanie ;
  • -5% en AURA.

Si on observe l’évolution du nombre de points de collecte dans ces régions selon l’enquête mensuelle de FranceAgriMer, la région AURA a vu son nombre d’élevages diminuer de 6% entre septembre 2023 et septembre 2024, la Nouvelle-Aquitaine en a perdu 4%, l’Occitanie 3% et les Pays de la Loire 1%. En revanche, la région Centre-Val de Loire aurait gagné 1% de points de collecte en un an.

Poursuite de la baisse des stocks

Les importations de produits de report en septembre sont en léger recul, à 4,7 millions de litres équivalent lait. En cumul de janvier à septembre, elles atteignent 36,8 millions de litres équivalent lait (-8% /2023).

Entre collecte et importations en recul, les approvisionnements des transformateurs s’élèvent à 43,4 millions de litres en septembre (-4,7% /2023). Sur les 9 premiers mois, le recul est de 3,3% /2023, à 436,9 millions de litres.

Les stocks de produits de report caprin seraient en diminution de 6% par rapport au mois précédent, à 6 238 tonnes équivalent lait en septembre selon FranceAgriMer, et en hausse de 7% par rapport à août 2023. Septembre est le deuxième mois de baisse consécutif de stocks depuis février.

Fromages frais et ultra-frais tirent les fabrications

En septembre, les fabrications de fromages de chèvre ont marqué une hausse importante, de 12% /2023 à 8 528 t. En cumul de janvier à septembre, près de 74 000 t de fromage de chèvre ont été fabriquées (+2% /2023).

Dans le détail, les fabrications de bûchettes à la pièce sont reparties à la hausse après plusieurs mois de recul (+4% /2023). Elles sont toujours en léger retrait en cumul sur 9 mois (-1,3% /2023). Les bûches à la coupe (pour la restauration hors domicile ou la transformation), et plus généralement les fromages à la coupe, ont poursuivi leur dynamique. Les fabrications de fromages frais ont elles aussi le vent en poupe, portées par la consommation, avec une progression des fabrications de 4,9% /2023 sur 9 mois.

L’ultra-frais poursuit son excellente dynamique, avec 1 295 t fabriquées en septembre (+7% /2023), et 11 580 t sur les 9 premiers mois de l’année (+10% /2023).

Lait de chèvre et viande » Prix du lait de chèvre »

Prix de base du lait de chèvre stable en France

Au troisième trimestre 2024, le prix du lait de chèvre payé aux producteurs français est en légère hausse grâce aux taux en progression. Chez nos voisins néerlandais et espagnols en revanche, les prix payés reculent de façon assez importante.

À 886 € les 1 000 litres au 3e trimestre 2024 (+1,3% /2023), le prix moyen payé aux producteurs de lait de chèvre français a enregistré une progression de 11 € par rapport à 2023 et de 53 € /2022.

Evolution du prix du lait de chèvre payé aux producteurs en France

Alors que le prix de base est stable, la hausse du prix payé est portée par les taux, en hausse sur le 3e trimestre et en particulier sur septembre.

Légère baisse de l’Ipampa portée par les aliments achetés

Dans le même temps, les charges en élevage caprin ont sensiblement baissé, mais restent à un niveau élevé. À l’indice 128 en septembre, soit -0,2% sur un mois et -5,1% sur un an, l’IPAMPA lait de chèvre poursuit sa lente décrue. Dans le détail :

  • le poste aliments achetés est à l’indice 126, soit -0,1% /août 2024 et -7,6% sur un an ;
  • le poste énergie et lubrifiant reste très volatil : -1,6% sur un mois, et -14,4% sur un an ;
  • les frais généraux sont stables sur un mois et en légère hausse sur un an (+1,9% /2023).
Evolution des principaux postes de l'Ipampa lait de chèvre

Hausse des taux en septembre

En moyenne sur les 9 premiers mois de l’année, la composition du lait de chèvre s’est améliorée par rapport à la même période en 2023. La moyenne nationale du taux butyreux (TB) au 3e trimestre se situe à 36,5 g/l, soit +3,5% /2023. Cette hausse est notamment marquée sur juin et septembre. Le taux protéique (TP) est en légère hausse au 3e trimestre 2024, avec une moyenne qui s’est établie à 33,7 g/l (+0,9% /2023). En septembre, l’importante baisse de collecte a provoqué une augmentation de ce TP de 2,4% /2023 (voir l’article sur l’évolution de la production laitière caprine à lire en cliquant ici).

Fort recul du prix du lait aux Pays-Bas et en Espagne

Chez nos voisins européens espagnols et néerlandais, le prix payé est en recul par rapport à 2023 :

  • -7% / août 2023 aux Pays-Bas, à 683 €/1 000 L (prix payé)
  • -15 et -14% /2023 en août et septembre en Espagne, à respectivement 852 et 920 €/ 1 000 l.
Evolution du prix du lait de chèvre aux Pays-Bas

Le prix du lait néerlandais pâtit toujours probablement de la perte de débouchés en Chine pour la poudre de lait infantile, expliquant la baisse continue depuis le début de l’année.

Autre conséquence de la réduction des marchés pour les produits au lait de chèvre néerlandais, la forte baisse du prix du lait espagnol. Selon l’association des producteurs espagnols, elle serait liée à l’import de lait moins cher, notamment en provenance des Pays-Bas, soit directement, soit en transitant par d’autres pays. Malheureusement, il n’existe pas de code douanier permettant de tracer les flux de lait de chèvre en Europe.

Evolution du prix du lait de chèvre en Espagne

D’après les données du ministère de l’agriculture espagnol, le nombre d’élevages livrant du lait serait en recul de 9,5% en septembre et la collecte en retrait de 5% /2023. Le recul important du prix du lait, s’ajoute à plusieurs années de sécheresse importante et ne favorise pas l’élevage caprin en Espagne.