Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

La réduction de l’offre observée depuis la fin de 2018 sur le marché européen se confirme presque partout. Ceci n’empêche pas les prix d’amorcer leur baisse saisonnière : après l’Allemagne, c’est au tour de l’Italie de voir ses prix perdre quelques centimes. En Pologne, la situation est tout autre : si les prix se sont redressés, ils restent faibles suite au scandale de la viande frauduleuse.

ITALIE : début de la baisse saisonnière des cours pour les mâles

En Italie, les cours des jeunes bovins ont entamé leur baisse saisonnière. La cotation du JB mâle charolais de 700-750 kg à Modène a perdu 4 centimes en deux semaines, date de début du reflux. A 2,62 €/kg vif le 25 février (semaine 9), elle rejoint désormais le bas niveau de 2017 (-2% /2018 ; = /2017). Même constat pour les autres cotations de mâles : les Croisés ont perdu 4 centimes sur la même période (2,47 €/kg vif ; -3% / 2018) et les Limousins 2 centimes (2,77 €/kg vif ; -1%  /2018).

Les cotations des femelles résistent et demeurent stables. Depuis le début de l’année, le cours des Limousines de 420-480 kg (2,95 €/kg vif ; -1% /2018) est resté stable quand celui des Charolaises (2,65 €/kg vif ; = /2018) s’est apprécié d’un centime.

La baisse saisonnière des cours des JB a commencé alors même que le niveau des abattages est plutôt faible faute de disponibilités dans les ateliers d’engraissement.

Au 28 février, le nombre de mâles de 1 à 2 ans dans la BDNI italienne se rapprochait du très faible niveau de 2017 (=), soit bien en deçà de l’effectif de l’année dernière (-7%). Le constat est le même pour les mâles de moins d’un an (-2% /2018 et -3% /2017).

POLOGNE : les cours peinent à se rétablir suite aux révélations de scandale sanitaire

Alors que les cours avaient subi un choc suite à la révélation de fraude à l’abattage d’animaux malades visant notamment les marchés d’exportation, ceux-ci se sont redressés. Ils peinent cependant à retrouver leur niveau d’avant la crise. A 3,12 €/kg de carcasse en semaine 9, la cotation du JB O a repris 16 centimes depuis le creux de la vague observé en semaine 7 (2,96 €/kg). Elle demeure ainsi nettement au-dessous du niveau de l’année dernière (-7% /2018 ; -1% /2017).

Fin 2018, la production de JB en Pologne semblait plafonner. Au quatrième trimestre, seuls 221 000 mâles non castrés ont été abattus (-9% /2017), poursuivant la tendance observée depuis l’été dernier. Sur l’ensemble de l’année, les abattages de mâles non castrés ont tout de même progressé de +1% /2017.

Pour 2019, les experts polonais prévoient désormais une faible hausse de production en lien avec l’évolution des effectifs de vaches recensés fin 2018 (+3,3% /2017) et donc du nombre de veaux.

ALLEMAGNE : poursuite de la baisse saisonnière des prix

En Allemagne, alors qu’ils avaient été plutôt faibles au mois de janvier, les abattages de JB sont un peu plus étoffés. Sur les quatre dernières semaines connues (semaine 6 à 9), ils progressent légèrement (+2% /2018 ; +1% /2017).

En face, la demande du marché allemand a été plutôt contenue. Depuis le début de l’année, la consommation de viande bovine en Allemagne est plutôt orientée vers les produits transformés ou les viande hachées. D’après les experts d’AMI, les promotions autour des viandes hachées et leur vente, notamment la viande hachée mélangée multi-espèces (porc et bœuf), ont été nombreuses sur les deux premiers mois de l’année, malgré des températures printanières.

A l’approche des vacances de Pâques et des beaux jours, la demande pourrait évoluer vers une consommation plus dynamique, notamment de grillades.

En attendant, les prix poursuivaient leur baisse saisonnière. Fin février, le JB U cotait 3,75 €/kg de carcasse (-8% /2018 ; = /2017), le JB R 3,69 €/kg (-8% /2018 ; -1% /2017) et le JB O 3,42 €/kg (-9% /2018 ; = /2017).

IRLANDE : prix dégradés et abattages en hausse

En Irlande, l’enquête cheptel de décembre 2018 montre un léger recul des effectifs de mâles de 1 à 2 ans (-10 000 têtes soit -1% /2017). Il est plus marqué pour les mâles de moins d’un an (-60 000 têtes soit -6% /2017) alors que le nombre de mâles de plus de 2 ans est en hausse (+16 000 têtes soit +9% /2017).

A court terme les abattages de bœufs et de JB pourraient être dynamiques, les baisses d’effectifs des catégories les plus jeunes pourraient freiner la production de taurillons dans les mois à venir.

Si la voie mâle sert d’abord à produire des bœufs, la production de JB n’est pas anecdotique. Depuis le début de l’année, d’après les données de Bord Bia, les abattages de JB sont encore repartis à la hausse. Sur les 5 dernières semaines enregistrées, ils sont en très net progrès (+15% /2018 et +20% /2017).

Cet afflux d’offre, cumulée à des disponibilités en hausse en femelles pèse sur les cours des JB irlandais, d’autant qu’il y aurait des stocks importants de viande congelée dans les frigos irlandais. En deux mois, la cotation du JB R a perdu 18 centimes (3,39 €/kg éc en semaine 9 ; -8% /2018 et -5% /2017) quand celle du JB O en a perdu 17 (3,23 €/kg ; -11% /2018 et -8% /2017).

ESPAGNE : prix sous pression

En Espagne, la baisse drastique des exportations de JB finis vers la Turquie a mis les prix sous pression au second semestre de 2018. Les exportations de JB finis vers la Turquie, qui frôlaient les 12 000 têtes en juillet 2018, sont désormais nulles depuis octobre dernier.

Ces animaux, non exportés en vif, ont participé à l’importante hausse des abattages espagnols de mâles non castrés enregistrés au dernier trimestre de 2018 (+10% /2017).

Depuis, les cours du JB peinent à se redresser. Début mars, le JB R espagnol cotait 3,72 €/kg de carcasse, soit 19 centimes de moins que l’année dernière à pareille époque (-5% /2018).