Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Les cours des broutards débutent l’année en repli par rapport à 2019. L’offre durablement réduite devrait soutenir les prix, mais sans grande hausse saisonnière du fait de la morosité des marchés du JB. Faute d’offre, les exportations sont attendues en repli dans les mois à venir.

Une embellie des cotations qui se fait attendre

Depuis le début de l’année, les cotations des broutards français peinent à retrouver leur niveau de 2018 et 2019. A 2,47 €/kg vif en semaine 6, la cotation du Charolais U de 450 kg est en retrait de 8 centimes ou -3% /2019 et 2018. Même constat pour le Charolais U de 350 kg qui a atteint 2,65 €/kg soit -3% /2019 et pour les broutards croisés qui cotent 2,69 €/kg soit 20 centimes de moins qu’en 2019. Parmi les mâles, seuls les Limousins affichent des cours plus favorables qu’en 2019 à 3,05 €/kg en semaine 6, soit +1% /2019.

A l’image des mâles, les cours des femelles charolaises se sont érodés à l’automne dernier et n’ont pas encore remonté la pente. A 2,55 €/kg en semaine 6, la cotation de la Charolaise U de 270 kg est en repli de 11 centimes ou -4% /2019.

Une offre durablement en baisse

La baisse du cheptel de vaches allaitantes (Voir article femelles en France) se poursuit en France et s’accompagne d’un repli marqué des naissances. 3,76 millions de veaux de type allaitant ont été enregistrés dans la BDNI en 2019. Un total en recul de 5,5% /2018 soit -208 000 têtes d’une année sur l’autre, de -3% par rapport à la très mauvaise année de 2017 et même de -10% par rapport à 2016.

La baisse des naissances affecte mécaniquement les disponibilités en broutards. Au 1er janvier 2020, on dénombrait dans les élevages français 729 000 mâles allaitants de 0-6 mois, soit 5% de moins qu’en 2019. Le nombre de mâles de 6-12 mois était quand à lui en recul de 3,5% à 691 000 têtes.

Des exportations en hausse en 2019 grâce aux femelles

En 2019, les exportations de bovins français de 4 à 16 mois de races allaitantes ont progressé de 1% /2018, à 1 150 000 têtes, mais se sont repliées de près de 3% /2017. La progression par rapport à 2018 est entièrement due aux envois dynamiques de femelles qui ont atteint 397 000 têtes (+3% /2018), alors que les envois de mâles étaient stables à 752 000 têtes.

Le développement des envois de femelles est dû à une forte demande du marché italien depuis 3 ans pour cette catégorie d’animaux et à la décapitalisation du cheptel français qui « libère » des génisses non utiles pour le renouvellement. De plus l’offre réduite en mâles encourage probablement l’achat de femelles par les engraisseurs transalpins. Cumulés sur l’année, les exportations de broutards vers l’Italie sont stables à 888 000 têtes, parmi lesquelles 539 500 mâles (-3% /2018) et 348 500 femelles (+4,5% /2018).

Cette bonne tenue du marché italien peut s’expliquer par une conjoncture du JB relativement favorable en Italie. A l’inverse les envois vers l’Espagne ont été très fortement pénalisés par l’encombrement du marché ibérique de la viande et les importations croissantes de veaux laitiers. En 2019, seulement 169 000 broutards français ont traversé les Pyrénées, soit -10% /2018 et -17% /2017.

Le manque d’offre de plus en plus pénalisant

Sur les 3 premiers trimestres de 2019, les exportations cumulées de broutards français étaient en hausse de 3% /2018, mais elles ont reculé de 4% au 4èmetrimestre. Ce repli des envois en fin d’année intervient après un dernier trimestre 2018 dynamique, marqué par la réouverture du marché algérien. Il semble néanmoins marquer une rupture dans la dynamique des exportations qui, dans les mois à venir devraient pâtir du manque d’offre.

Ce manque d’offre devrait soutenir les cours, mais une forte hausse saisonnière des prix reste peu probable du fait de la situation morose des marchés du JB en France, en Allemagne et en Espagne. De plus une offre peu étoffée rend difficile la sélection d’animaux pour les marchés tiers demandeurs d’une catégorie d’animaux spécifique, en particulier l’Algérie, ou aux exigences sanitaires particulièrement élevées comme en Israël.