Le manque d’offre couplé à une demande ferme en France et à l’export tire les cours des broutards à la hausse.
Nette hausse des cours
On constate cet automne une hausse marquée des cours du fait d’une offre limitée. Ainsi, en semaine 41, le broutard Charolais U de 350 kg cotait 3,96 €/kg vif (+13% /2023), en nette hausse de 9 cts sur un mois. Le Charolais U de 450 kg suivait une tendance similaire, à 3,85 €/kg vif (+8 cts en quatre semaines, +14% /2023).
La hausse est encore plus forte pour les autres races. Le Limousin E de 350 kg cotait 4,20 €/kg (+9% /2023) en semaine 41, en hausse de 20 cts sur quatre semaines . Le mâle croisé R de 300 kg atteignait même 3,78 €/kg, soit 59 cts au-dessus de la cotation 2023 et en hausse de 23 cts en un mois.
En femelles, le manque d’offre est criant. La cotation des femelles limousines E de 270 kg s’établissait à 3,75 €/kg, en forte hausse de 10 cts sur un mois et supérieure de 45 cts à celle de 2023. Les Charolaises U de 270 kg cotaient également 3,75 €/kg, soit 39 cts au-dessus de la cotation de l’année dernière et en hausse de 15 cts sur quatre semaines.
Naissances en baisse de 5% sur les huit premiers mois de l’année
Après un fort recul en juillet, probablement dû en partie à une baisse de la fertilité à l’automne 2023, comme pour le cheptel laitier, les naissances de veaux de mère allaitante étaient presque étales en août, avec 181 000 veaux. En cumul sur huit mois, 1 983 000 veaux allaitants sont nés, soit 5 % de moins qu’en 2023. Si la tendance constatée depuis plusieurs années se maintient, le report des vêlages vers l’automne, avec des naissances très dynamiques entre septembre et décembre, pourrait réduire cet écart dans les mois qui viennent.
Au 1er septembre, la décapitalisation allaitante poursuivait son ralentissement, avec 3,299 millions de vaches présentes, soit -1,4% /2023.
Effectifs de mâles de plus de 6 mois en hausse
Conséquence de la faiblesse des naissances en début d’année, les effectifs de mâles allaitants de moins de six mois étaient en nette baisse. Ainsi, au 1er septembre, 614 000 mâles de moins de six mois étaient présents dans les élevages français, soit -7% /2023. À l’inverse, le dynamisme des naissances à l’automne 2023 et la réorientation d’une partie des broutards vers l’engraissement en France a conduit à une hausse de 1% /2023 des effectifs de mâles allaitants âgés de six à douze mois, avec 721 000 têtes.
Les effectifs de génisses allaitantes poursuivaient leur renforcement entamé il y a un peu plus d’un an. Ainsi, au 1er septembre, 1,817 million de génisses de plus de 18 mois étaient présentes dans les élevages, en hausse de 1,8% /2023 (+33 000 têtes). Le maintien des génisses allaitantes dans les élevages naisseurs accentue la tendance haussière sur les cours des broutardes. L’orientation de ces animaux vers la boucherie ou vers le renouvellement sera déterminante pour l’avenir de la filière allaitante. D’après les opérateurs enquêtés, les éleveurs conserveraient davantage les génisses pour reconstituer les troupeaux dans les secteurs les plus touchés par la MHE.
Exports stables durant l’été
Les exportations de broutards ont été relativement stables pendant l’été 2024, restant proches de leur très bas niveau de 2023 d’après SPIE-BDNI. Ainsi, en août, 77 000 têtes ont été expédiées à l’étranger (+2% ou +1 500 têtes /2023). En cumul sur 38 semaines cependant (jusqu’au 22/09), 671 000 bovins allaitants de moins de 15 mois ont été exportés, en net recul de 6% par rapport à l’année dernière. Le dynamisme de l’engraissement de taurillons en France et la baisse des disponibilités liée à la décapitalisation pèsent tous deux sur les exportations.
Fort recul des exportations de Charolais
Les Charolais, à la fois plus touchés par la décapitalisation et plus orientés vers l’engraissement en France, voient leurs exports reculer. Ainsi, sur 38 semaines, 186 000 broutards mâles charolais seulement ont été exportés (-11% /2023), contre 217 000 Limousins d’après SPIE-BDNI (-3% /2023). Pour la deuxième année consécutive, les Charolais perdent leur place de première race exportée au profit des Limousins. Cette situation a des répercussions importantes sur l’organisation de la filière d’engraissement en Italie.
Reprise imminente des envois vers l’Espagne depuis la zone régulée FCO-3
Depuis le 23 septembre, la vaccination avec le vaccin Bultavo 3 contre la FCO-3 est reconnue comme certifiante pour l’export. Ainsi, les bovins issus de zone régulée française et vaccinés complètement pourront la quitter en direction de la zone indemne ou de l’export. Cela permettra notamment la reprise des envois de bovins depuis la zone régulée vers l’Espagne.
En pratique, le vaccin nécessitant deux injections à trois semaines d’écart, puis 10 jours d’attente avant envoi, les premiers mouvements devraient pouvoir avoir lieu fin octobre.
Baisse des envois vers l’Italie à l’automne
À l’automne 2023, la survenue de la MHE avaient entraîné une nette hausse des envois vers l’Italie, de nombreux broutards préparés pour l’Algérie n’ayant pu être exportés vers leur destination initiale. À l’automne 2024, la situation est inverse, les flux vers l’Italie souffrant de la baisse de disponibilités. Ainsi, sur les dernières semaines disponibles (du 2 septembre au 16 octobre), les envois de bovins vifs toutes catégories confondues (données TRACES-DGAL) étaient en nette baisse vers l’Italie, à 107 000 têtes (-15% /2023 et -10% /2022).
Toujours pas de réouverture des marchés pays tiers
Depuis la fermeture du marché algérien fin septembre 2023, les exportations de broutards vers les pays tiers sont restées très faibles. En cumul sur huit mois, 11 000 broutards ont été exportés hors de l’UE, dont 6 000 vers la Tunisie, 2 500 vers le Maroc et 1 500 vers la Libye. En conséquence, le poids de l’Italie dans les clients de la France s’est accru malgré une baisse des exportations en nombre de têtes.