La demande européenne pour la viande de jeune bovin atteint son point bas saisonnier en été. Elle est particulièrement atone cette année du fait de la réduction du pouvoir d’achat et des épisodes de forte chaleur qui n’incitent pas à cuisiner de la viande.
ITALIE : une offre plus abondante en mai
En Italie, les sorties de jeunes bovins avaient été considérablement limitées entre octobre et avril. Les engraisseurs avaient en effet été particulièrement prudents dans les mises en place 6 mois plus tôt, en raison de la flambée des matières premières et de la sécheresse. Le mois de mai a confirmé le retour à la normale des abattages, initié timidement en avril.
D’après l’Anagrafe nazionale zootecnica (BDNI italienne), les abattages de bovins de 1 à 2 ans sont remontés à 121 000 têtes en mai (= /2022), dont 68 000 mâles (-3% /2022) et 53 000 femelles (+6%). En cumul sur les cinq premiers mois de l’année, le recul reste inédit : -10% /2022 pour les femelles et -18% pour les mâles.
Les prix des jeunes bovins mâles charolais poursuivent leur baisse saisonnière. La cotation de Padoue a perdu 6 centimes en un mois à 3,28 €/kg vif (+2% /2022 et +37% /2021).
Sur la bourse de Modène, les cotations des mâles charolais finis ont également perdu 7 centimes, pour tomber à 3,44 €/kg vif pour la catégorie extra (+4% /2022 et +32% /2021) et 3,31 €/kg pour la catégorie prima qualità (+3% /2022 et +34% /2021). Le mâle limousin a perdu 6 centimes à 3,63 €/kg vif (+7% /2022 et +32% /2021). La cotation de la femelle limousine est restée stable à 3,69 €/kg (+7% /2022 et +26% /2021) et celle de la femelle charolaise n’a perdu que 2 centimes à 3,41 €/kg (+5% /2022 et26% /2021).
L’inflation générale sur un an a poursuivi son repli en juin selon Istat (à +6,4% /2022 contre +7,6% en mai), les produits alimentaires restaient toutefois particulièrement concernés (+11,2% en juin contre +11,8% en mai). La hausse des prix à la consommation en viande bovine restait modérée (+6,1%) au regard d’autres produits comme les fromages (+13,4%), les œufs (+13,5%) ou les pâtes et semoules (+12,0%). L’inflation sur un an pour les autres viandes a également ralenti (+7,2% sur la viande de porc et +6,0% sur la volaille dont le prix avait très fortement augmenté au printemps 2022).
ALLEMAGNE : demande très calme
En Allemagne, la demande a été poussive en début d’année. La perte de pouvoir d’achat liée à l’inflation a fortement affecté la consommation allemande de viande bovine. Sur les cinq premiers mois de l’année, les achats des ménages de viande bovine piécée ont chuté de -9% /2022 d’après le panel GFK, alors que les produits meilleur marché se maintenaient mieux (-1% pour les saucisses, et même +2% pour la viande hachée mélangée porc/bœuf). Pour plus de détail sur la consommation allemande, lire l’article sur les vaches en Europe.
Cette baisse de la demande a conduit à une baisse saisonnière marquée des prix des jeunes bovins. Après un petit répit en mai-juin, qui leur a permis de regagner quelques centimes, la demande est de nouveau atone. A l’entrée dans l’été, les vacances ne sont pas propices à la consommation de viande et les prix s’orientent de nouveau à la baisse. Les opérateurs attendent la mi-août pour que les affaires reprennent. Le JB U cotait 4,58 €/kg de carcasse en semaine 26 (-4% /2022 et +15% /2021), le JB R 4,54 €/kg éc (-4% /2022 et +16% /2021) et le JB O 4,30 €/kg éc (-4% /2022 et +16% /2021).
Les abattages de jeunes bovins restent limités mais ont été légèrement plus élevés que l’an dernier en juin (+3% /2022 sur les semaines 23 à 26). Ils restaient toutefois largement inférieurs à leurs niveaux des années précédentes (-9% /2021).
L’enquête cheptel de mai annonce une légère hausse des effectifs de mâles de 1 à 2 ans présents dans les étables allemandes (+0,9% à 862 000 têtes). Les mâles plus jeunes (de 8 à 12 mois) étaient en revanche un peu moins nombreux (-1,8% à 387 000 têtes).
ESPAGNE : demande en berne
En Espagne, les très fortes chaleurs et la baisse du pouvoir d’achat ont réduit fortement la demande. Les opérateurs espèrent que la saison touristique, annoncée record, redynamisera la consommation de bœuf. En mai, l’Espagne a accueilli 8,2 millions de touristes étrangers, un record absolu depuis le pic de mai 2018 (8,1 millions). Ceci porte à 29,2 millions le nombre d’arrivées de touristes étrangers sur les cinq premiers mois de l’année (contre 29,3 millions en 2019) d’après le ministère du tourisme.
Sur les marchés export, la viande espagnole est concurrencée par les origines Pologne et Allemagne, meilleur marché.
Les prix des JB sont restés orientés à la baisse en juin mais restent bien supérieurs à leurs niveaux déjà élevés de l’an dernier. La cotation du JB U a perdu 7 centimes en un mois pour tomber à 5,31 €/kg de carcasse (+6% /2022 et +40% /2021). La cotation du JB R oscillait autour de 5,29 €/kg (+8% /2022 et +41 €/2021) et celle du JB O autour de 5,06 €/kg (+10% /2022 et +45% /2021).
Après plusieurs années de hausse, la production espagnole marque le pas. Sur le 1er quadrimestre, les abattages de jeunes bovins mâles et femelles sont retombés à 179 000 téc (-8% /2022 et -4% /2021), dont 81 000 téc issues de mâles de 1 à 2 ans (-5% / 2022 ; = /2021), 61 000 téc de bovins de 8-12 mois (-12% /2022 et -8% /2021) et 37 000 téc de génisses (-8% /2022 et -4% /2021).
Malgré les pluies du mois de mai, quelques orages en juin et les intempéries de début juillet, la sécheresse continue d’inquiéter les autorités et les éleveurs. Les réserves hydriques du pays restent historiquement basses d’après une note du Ministère espagnol de la transition écologique du 11 juillet.
POLOGNE : les prix repassent au-dessus de leur niveau de 2022
Les cotations des jeunes bovins polonais sont repassées au-dessus leur cours de 2022, à 4,80 €/kg de carcasse pour le JB R en semaine 26 (+3% /2022 et +38% /2021) et 4,63 €/kg pour le JB O (+3% /2022 et +38% /2021).
Cette relative bonne tenue des cours est en partie liée à la revalorisation du zloty face à l’euro de +6% /2022 après une forte dépréciation en mars 2022 consécutive au déclenchement de la guerre en Ukraine.
Les prix des quartiers de jeunes bovins sortie abattoir, publiés par le ministère de l’Agriculture polonais, étaient de 5,40 €/kg pour les quartiers arrières (-2% /2022 et +24% /2021) et 4,12 €/kg pour les quartiers avants (+9% /2022 et +56% /2021).
La production de viande bovine en Pologne sur le 1er quadrimestre a totalisé 175 000 téc, un niveau légèrement inférieur à celui de l’année dernière (-4% /2022 et +3% /2021). Les abattages de taurillons étaient en retrait à 101 000 téc (-1% /2022 et -4% /2021), de même que ceux de génisses à 27 000 téc (-5% /2022 ; +1%/2021).