Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

En France, les cours du veau de boucherie ont amorcé une légère baisse saisonnière et le rythme des abattages ralentit avec l’arrivée des chaleurs. Aux Pays-Bas, les abattages néerlandais reculaient un peu en mars ; le cours du veau gras se maintenait à un niveau élevé début juin.

En France, la cotation fléchit avec la chaleur

Avec l’arrivée des chaleurs, les consommateurs se sont tournés vers davantage de grillades et de saucisses et moins de veau. Le prix du veau rosé clair O élevé en atelier a perdu 15 centimes en une semaine, après avoir perdu seulement 31 centimes en 22 semaines depuis le début de l’année. Ramené à 7,00 €/kg de carcasse en semaine 23, il était toujours au-dessus des cotations des années précédentes (+6% ou +41 cts /2022, +29% /2021 ou +1,59 €).

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Le veau rosé clair R élevé en atelier a suivi une tendance similaire (-8 cts en une semaine), s’établissant à 7,39 €/kg éc (+6% ou +45 cts /2022, +21% /2021 ou +1,30 €). Le veau rosé clair U élevé au pis s’était un peu redressé en avril-mai et cotait en moyenne entre les semaines 20 et 23 à 9,12 € /kg éc, soit +9% ou +74 cts /2022, mais seulement +3% /2021.

Coûts de matières premières lactées modérés

Début juin, le prix du lactosérum doux pour l’alimentation animale restait à un niveau inférieur à mi-2020, du fait de fabrications fromagères dynamiques. En semaine 22, la poudre de lactosérum doux cotait ainsi 650 €/t, soit -48% /2022 et -7% /2019, avant covid-19. En revanche, le cours de la poudre de lait maigre s’est raffermi de +5% en 4 semaines (+200 €) atteignant 2 520 €/t (-38% /2022, mais +17% /2019).

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En avril 2023, l’IPAMPA aliments d’allaitement pour veaux, pour les aliments achetés directement par les éleveurs, a poursuivi sa baisse en s’établissant à 144,9 points (-12% /2022, mais +21% /2021). L’IPAMPA aliments fibreux n’a reculé que de -1% en un mois, se maintenant à 151,5 points à un niveau très élevé (+11% /2022 et +37% /2021).

Côté énergie toujours en avril, l’IPAMPA gaz oscillait encore, à la baisse cette fois-ci, à 146,8 points (-5% en un mois). Pour la première fois seulement depuis un an, il était en recul sur 12 mois : -3% /2022, mais +29% /2021 et +28% /2019, avant covid-19. En mai, le prix du pétrole Brent de Mer du Nord, dont le propane utilisé en élevage est un dérivé, oscillait à la baisse à 69,5 €/baril (-9% en un mois) et -34% /2022 et +24% /2021.

En-mai-prix-du-petrole-Brent-Mer-du-Nord-valait 69,5 Eur pr baril soit -34% par rapp a 2022 mais +24% par rapp a 2021

Les abattages en recul en mai

En mai, 91 000 veaux gras ont été abattus en France selon Normabev, soit -4,9% /2022 (-5 000 têtes). Après un mauvais mois d’avril (-12,5% /2022) les abattages en mai ont reculé un peu moins fortement qu’en moyenne depuis le début de l’année. Toutefois, ils restent impactés par la baisse structurelle du nombre d’intégrateurs et d’élevages de veaux de boucherie en France. De plus, la demande de viande de veau en magasin, tout comme celle de bœuf, subit toujours l’inflation, ce qui influe sur les volumes commercialisés. La production de viande de veau s’établit à 14 000 téc en mai, en recul un peu plus net de -5,1% /2022 ou -1 000 téc.

En-cumul-sur-janv-mai-les-abattages-de-veaux-en-tetes-reculaient-de-6,20-pr-cent-par-rapp-a-2022

De janvier à mai 2023, 456 000 veaux gras ont été abattus, soit un recul de -6,2% /2022 (contre -6,6% il y a un mois), et la production abattue de viande s’est élevée à 66 000 téc (-8,4 % /2022 ou – 6 000 téc).

En mai, l’âge moyen à l’abattage a légèrement progressé par rapport à 2022

En mai 2023, l’âge moyen à l’abattage était de 188,5 jours, en hausse de +0,2 jour /2022, signe d’un léger ralentissement du rythme des abattages.

La baisse du poids carcasse moyen, due aux changements de plan d’alimentation vers plus de fibres et moins d’aliments lactés, s’est prolongée en mai, avec une une très légère baisse de -0,3 kg /2022, à 149,1 kg de carcasse.

Aux Pays-Bas, stabilisation du prix du veau gras depuis mi-mai

L’offre en veau gras néerlandais et la demande européenne soutenue s’équilibrent bien, ce qui a stoppé la baisse saisonnière des cours. Après avoir régressé de 27 centimes entre fin avril et mi-mai, le cours du veau de boucherie pie-noir s’est stabilisé. En semaine 23, il cotait 6,02 €/kg de carcasse, toujours au-dessus de sa valeur en 2022 et 2021 à pareille époque (+5,6% /2022 ou +32 centimes et +43% /2021 ou +1,80 €).

Apres-avoir-perdu-28-cts-en-8-sem-le-veau-gras-NL-s-est-stabilise-en-s23-a-6,02-Eur-par-kgec

Aux Pays-Bas, les abattages de veaux gras, qui avaient été dynamiques en janvier et février, ont bien résisté en mars, avec 130 000 têtes (-2,1% /2022 et = /2021). En cumul de janvier à mars, 353 000 veaux gras ont été abattus dans le pays, en hausse de +1,9% /2022 et +9,7% /2021.


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Aux Pays-Bas le plan d’arrêt volontaire d’élevages est lancé

Après un an de gestation, le plan d’arrêt volontaire d’élevages néerlandais a été dévoilé en mai. Il vise à réduire les émissions d’ammoniac et de nitrates. La ministre a annoncé l’ouverture mi-juin du site de dépôt des demandes de rachat volontaire d’élevages. Des conseillers assisteront les éleveurs en ligne. Deux programmes sont ouverts. Le premier programme dit « LBV+ » vise les élevages de veaux, porcs, volailles et bovins lait, aux plus hauts niveaux d’émissions. Le second dit LBV exclut les élevages de veaux de boucherie.

Les deux programmes ciblent les élevages en zones Natura 2000 (environ 14% du territoire national). Les éleveurs en LBV+ seront indemnisés jusqu’à 120% de la valeur des capacités de production perdues et jusqu’à 100% de la valeur des droits à produire et des coûts de démolition des bâtiments. Les éleveurs éligibles au programme LBV (hors veau) recevront au maximum 100% de la valeur des capacités de production perdues et des droits à produire. Tout éleveur acceptant l’offre de l’État devra cesser définitivement son élevage et ne pourra pas l’installer ailleurs aux Pays-Bas ou dans l’UE. Jusqu’à trois mille élevages seraient concernés, avec 975 millions d’€ pour LBV+, et 500 millions d’€ pour LBV, soit 490 000 € /ferme, en moyenne si 3 000 fermes candidatent.

La valeur de la capacité de production des élevages candidats serait évaluée en fonction du chiffre d’affaires de l’élevage. Un tel mécanisme d’indemnisation pourrait expliquer en partie la hausse de la production de veau de boucherie en 2022, en plus de la forte demande européenne en viande de veau.