Les cours continuent de plonger : la cotation du veau de boucherie rosé clair O est passée sous les 5 €/kg en semaine 27. En France comme en Europe les voyants sont tous au rouge et alarmants pour la suite de l’été.
Des cotations qui s’effondrent
4,99 €/kg c’est la cotation du veau de boucherie rosé clair O en semaine 27. Très dégradée depuis le début de l’année, elle traduit un marché particulièrement lourd. Le retour de la canicule et la fin des opérations promotionnelles de la Pentecôte ont été fatales. Alors que les cours semblaient se stabiliser courant juin, ils viennent de subir 3 semaines de repli et pourraient continuer leur chute, malgré des sorties probablement ralenties.
Des abattages en hausse
Les abattages de veaux en France ont été élevés en avril et mai 2019. Corrigés des variations journalières (CVJA), ils atteignent 111 500 têtes en mai 2019 soit +9% /2018 et +2,5% /2017. Cette hausse intervient toutefois après un fort recul des abattages en mars et alors que les premières remontées annoncent un net repli des abattages en juin. La tendance est accentuée en volume, avec 16 500 téc CVJA abattues en mai 2019, soit un bond de la production de +12% /2018 et +6% /2017.
Sur les 5 premiers mois de l’année, les abattages de veaux gras engraissés en France ont reculé en têtes de 1% /2018, maisont légèrement progressé en téc du fait de l’alourdissement des carcasses (+0,5% /2018). Dans le même temps les importations de veaux gras finis ont doublé et atteint 24 000 têtes. Ainsi, le total CVJA de veaux abattus en France sur janvier-mai 2019 est en légère hausse par rapport à 2018 à 546 000 têtes (+1% /2018, =/ 2017) et 79 700 téc (+3% /2018, +3% /2017).
En cumul, le nombre de veaux de boucherie abattus en France aurait légèrement progressé au 1er semestre 2019. Le repli des abattages de veaux français étant plus que compensé par la hausse des importations de veaux gras finis. Les importations supplémentaires de veaux seraient le fait d’un abattoir, dont les volumes sont montés en puissance courant 2018 et ont atteint un rythme de croisière en 2019. Le nombre de veaux étrangers importés pour abattage ne devrait ainsi plus progresser à court terme. Selon les professionnels du secteur, ces veaux sont abattus en France puis réexpédiés vers leur pays d’origine.
Des veaux toujours plus lourds et plus âgés
Alors que le nombre de veaux engraissés en France recule depuis janvier, la production de viande progresse. Cette situation s’explique par le vieillissement et l’alourdissement des veaux. Les poids carcasses des veaux abattus en France sur les 5 premiers mois de 2019 ont atteint en moyenne 145,9 kg éc, soit 2,7 kg de plus qu’en 2018 et 4 kg de plus qu’en 2017. Ce poids moyen le plus élevé jamais enregistré pour les veaux français, témoigne de la violence de la crise qui frappe le secteur (voir numéro d’avril 2019). L’alourdissement des veaux est une tendance structurelle choisie dans la filière pour réduire les coûts de production. Mais il est cette année largement subi, pour cause de crise de consommation qui a retardé les sorties et repoussé l’âge moyen à l’abattage de 7 jours par rapport à 2017 en moyenne à 185 jours (soit 20 jours de plus qu’en 2012).
Des coûts de production qui progressent toujours
La chute des cours du veau intervient en outre dans une période de hausse des coûts des intrants. Si la cotation de la poudre de lactosérum se replie régulièrement depuis février, elle était en juin plus chère qu’en 2018 (713 €/t soit +3%). Ainsi l’Ipampa aliments d’allaitement pour veaux a atteint en mai 102,6 points, soit 7,9 points de plus qu’en 2018, égal à son niveau de 2017. Enfin l’Ipampa autres aliments pour veaux (aliments solides) reste à un niveau très élevé à 103,1 points (+6,3 /2018).
Crise également violente aux Pays-Bas
La crise du veau n’est pas que franco-française, elle touche également les Pays-Bas, 1er producteur européen. La cotation du veau pie-noir néerlandais est tombée à 4,05 €/kg en semaine 25, soit un repli de 25 centimes par rapport à 2018 et 55 centimes par rapport à 2017. Selon les professionnels du secteur, l’érosion des prix devrait se poursuivre dans les prochaines semaines du fait de stocks importants de viande et d’une production toujours croissante, face à une demande morose en France comme en Italie.
La production néerlandaise de veau de boucherie demeure dynamique depuis 2014 : sur les 4 premiers mois de 2019, les abattages ont encore progressé, de +5,5% à 478 000 têtes, et dépassé leur niveau record de 2018 et bondi de +6,5% /2017. La croissance de la production en 2019 a 2 explications, la hausse réelle du nombre de veaux sortis des ateliers d’une part, et d’autre part le recul des exportations de veaux finis vers l’Allemagne et la Belgique. Pour mémoire, en 2018 les abattages totaux de veaux aux Pays-Bas ont progressé de 8% par rapport à 2017, la moitié de cette progression était due au repli des exportations de veaux finis.
Une crise lourde de conséquence
Tous les indicateurs disponibles montrent l’ampleur de la crise que traverse le secteur du veau de boucherie. La plupart des acteurs interrogés attendent une reprise des cours à partir d’octobre, avec la reprise saisonnière de la consommation. Mais dans l’immédiat, l’été s’annonce très difficile pour les opérateurs. A plus long terme la crise risque d’impacter durablement le potentiel productif de la filière française.