Regards tournés vers la politique de Trump

Les cours des matières premières, toujours très sensibles aux aléas climatiques et aux tensions géopolitiques, oscillent autour des 200€/t pour les blés et maïs français en ce début 2025.

La politique commerciale que va mettre en œuvre Donald Trump laisse planer de nombreuses incertitudes qui viennent tendre les opérateurs. Elle pourrait être faite de nombreux épisodes au gré des accords et désaccords entre le nouveau président des États-Unis et ses partenaires ou concurrents commerciaux. L’annonce dans son programme d’une importante augmentation des droits de douane sur tous les produits importés aux États-Unis avait soulevé des inquiétudes. Quelques jours après son investiture, D. Trump a déclaré qu’il « préfèrerait ne pas imposer de droits de douane à la Chine ». De quoi donner le tournis aux marchés.

Blé et maïs oscillent autour de 200 €/t en France

La campagne 2024-2025 est caractérisée par le très faible potentiel exportable de l’Union européenne et une forte concurrence des blés Mer Noire. Cette moindre compétitivité pénalise les exports français et européens et maintient une pression sur les prix.

En 2024, la moyenne des cours du blé et du maïs a été inférieure à 200 €/t, loin des niveaux atteints en 2022. À partir du second semestre, le prix du blé a oscillé entre 190 et 210 €/t, tiraillé par différents éléments haussiers et baissiers (guerres en Ukraine et au Proche-Orient, récoltes mondiales de céréales en hausse, élection de Donald Trump…). Début 2025, les mêmes dynamiques sont observées, avec un blé départ Eure et Loire à 206 €/t et le maïs départ Eure et Loire à 193 €/t.

La production française de blé tendre 2024 est estimée à 25,5 Mt fin décembre, soit en recul de 27% par rapport à la campagne précédente. Les conditions de culture du blé d’hiver ont été très difficiles à cause de l’excès de précipitations en automne et hiver 2023-2024, et le printemps humide a retardé les semis de maïs. En maïs grain (hors maïs humide), la production 2024-2025 est estimée à 14 millions de tonnes, en hausse de 17%. Le début de campagne de récolte, très humide lui aussi, a été très incertain mais au fil des semaines, les conditions de récolte se sont améliorées et le bilan est positif.

Pour 2025, la superficie de blé tendre d’hiver est estimée à 4,5 Mha par Agreste. Elle rebondit d’environ 9% après les très faibles surfaces de la campagne 2024, mais reste à niveau bas au regard des trente dernières années.

Détente sur le marché des tourteaux de soja et colza

Le tourteau de soja a vu son cours se replier depuis un an en lien avec les bonnes récoltes réalisées ou attendues. À l’inverse, le cours du tourteau de colza a plutôt tendance à se maintenir, la situation étant plus tendue.

Les prix des tourteaux de colza varient sous la pression conjointe de la baisse attendue de la production d’huile de palme en Indonésie et des volumes de canola en Australie d’une part, et de la récolte canadienne d’autre part. La cotation du tourteau de colza à Montoir a terminé 2024 autour de 300 €/t, soit 6% sous sa valeur de décembre 2023, et débute 2025 sur les mêmes niveaux.

Côté tourteaux de soja, les tensions sont moindres, en lien avec les très bonnes récoltes réalisées aux États-Unis et attendues au Brésil et en Argentine. Le cours diminue progressivement et était à 372 €/t fin décembre départ Montoir, soit un recul de 27% /décembre 2023. L’année 2025 a commencé sur les mêmes bases de prix.

L’IPAMPA aliments achetés baisse lentement

La baisse des cours des céréales et des tourteaux depuis plusieurs mois se traduit dans la lente décrue de l’indicateur aliments achetés de l’IPAMPA (indice des prix d’achat des moyens de production agricole).

L’indice aliments achetés lait de vache, par exemple, est à 123,1 en novembre 2024 (base 100 en 2015), soit un recul de 9,4% sur un an.

Du côté du prix de l’énergie, alors que le prix du pétrole s’est plutôt réduit au cours de l’année 2024, celui du gaz naturel en Europe était orienté à la hausse.

Le cours du pétrole était stable sur la fin de l’année 2024, à 72 $/bbl en décembre selon les données de la banque mondiale, et en baisse sur un an (-2% /2023 en moyenne annuelle et surtout -19% /2022). Le prix du gaz naturel en Europe montrait des signes de remontée en fin d’année sous l’effet des tensions géopolitiques, à 14 $/mmbtu, mais toujours très loin des 70 $ atteints en août 2022. Producteur et exportateur de gaz, les États-Unis bénéficient d’un prix très bas de cette source d’énergie (3$/mmbtu en décembre).