Plus haut historique des prix des vaches laitières en UE

Les prix des vaches laitières poursuivent une rapide ascension dans les États membres. Baisse de cheptel, contexte laitier favorable et demande plutôt ferme sont les ingrédients de la hausse. Le cours de la vache irlandaise a atteint un plus haut historique en semaine 11.

Le cours des vaches O en hausse exponentielle

Les cours des réformes laitières suivent une vive hausse depuis début décembre du fait du recul des cheptels un peu partout en UE et du prix du lait incitatif qui réduisent les disponibilités en vaches de réforme et mettent les cours sous tension. La demande des consommateurs se maintient plutôt bien sur le continent, ce qui entraîne des hausses encore plus rapides dans les pays exportateurs, tels l’Irlande.

En semaine 11, les cotations en UE sont en forte hausse : +65 centimes en quatre semaines en Irlande, +34 cts en Allemagne, +34 cts aux Pays-Bas, +37 cts en Pologne et +24 cts en France. Comparées à l’année dernière à même époque, les hausses sont impressionnantes aussi : +49% en Irlande, +40% en Allemagne, +39% aux Pays-Bas, +27% en Pologne et +14% en France, dont les cours ont certes moins augmenté récemment mais étaient restés nettement plus élevés que dans les autres États membres depuis l’été 2022. La cotation irlandaise a atteint une valeur inédite : 6,14 €/kg de carcasse en semaine 11, la plus élevée de toute l’Union.

Le cheptel européen de vaches s’est réduit plus vite en 2024

Selon les enquêtes cheptel européennes de décembre 2024, le nombre de vaches en UE était en recul de 3% comparé à 2023, après -1% un an plus tôt. Les principaux États membres détenteurs de vaches ont vu leurs effectifs reculer (France : -2%, Allemagne : -3%, Italie : -3%, Pologne : -2%, Pays-Bas : -2%). Même l’Irlande et l’Espagne, offensives ces dernières années sur le marché européen de la viande, voient leur cheptel de vaches reculer pour la deuxième année consécutive : respectivement -3% et -1% /2023.

En Irlande, on assiste au recul rapide du cheptel allaitant (-6% /2023 et -11% /2022) qui représente un tiers du cheptel de vaches de l’île. De nombreux élevages allaitants ont réduit le nombre de mères pour faire face aux aléas climatiques (tour à tour sécheresse puis pluies incessantes). Le cheptel laitier s’est également replié de 2%.

Parmi les pays d’élevage, seule la Roumanie a maintenu son cheptel, à 1,1 millions de vaches.

Selon les prévisions de la Commission européenne, la production de viande bovine européenne devrait se réduire de 1% en 2025.

IRLANDE : à la Saint-Patrick, la vache irlandaise s’envole !

Les cours de vaches progressent vite, les abatteurs irlandais étant à l’affût de tous bovins, du fait de l’offre restreinte et des besoins en viande en Europe. La hausse des cours s’est accélérée dès janvier. En février-mars, les industriels irlandais ont en outre préparé la Saint-Patrick qui avait lieu le 17 mars et qui est l’occasion d’une vaste opération marketing sur leurs principaux marchés européens, en restaurants et supermarchés.

La vache O a ainsi pris 65 centimes en quatre semaines, atteignant 6,14 €/kg de carcasse en semaine 11, prix jamais égalé (+49% /2024). La vache R a suivi la même évolution, engrangeant 60 cts en quatre semaines, à 6,43 € /kg de carcasse (+42% /2024) et la génisse R +67 cts aussi en quatre semaines, à 6,94 €/kg (+35% /2024).

Côté abattages, après un début d’année ralenti, où les abattoirs ne fonctionnaient que 3 jours sur 5, faute de disponibilités, le rythme s’est accéléré à l’approche de la mi-mars. En conséquence les établissements sont montés à 4 jours d’activité d’abattage, comme le Irish Farmer’s Journal le précise. Entre les semaines 7 et 10, selon les chiffres du ministère de l’Agriculture irlandais, les abattages de vaches avaient ainsi presque retrouvé le rythme soutenu de l’année dernière à même époque (-1% /2024).

ALLEMAGNE : les prix en hausse, faute d’offre suffisante

Outre-Rhin, le nombre de réformes est insuffisant pour couvrir la demande des abattoirs. La vache O allemande a donc grimpé à 5,38 €/kg de carcasse en semaine 11, +42 centimes en quatre semaines, largement au-dessus de sa valeur 2024 (+40% !).

Les abatteurs allemands manquent de vaches de réforme. La baisse du cheptel laitier (-3% en 2024) et le très bon prix du lait incitent les éleveurs à conserver leurs reproductrices. Les abattages de vaches étaient ainsi réduits de 5% /2024, entre les semaines 7 et 10.

Abattages-hebdomadaires-de-vaches-en-Allemagne-jusqu-a-mi-mars-2025

Selon Eurostat, sur l’ensemble de l’année 2024, 2,69 millions de gros bovins ont été abattus en Allemagne, un volume équivalent à 2023. Les vaches ont représenté un million de têtes abattues, comme en 2023, et les génisses 553 000 têtes, en hausse de 5% sur un an, ce qui limitera d’autant le renouvellement des cheptels. Les poids carcasses n’ont que peu progressé (+1% /2023).

POLOGNE : la cotation de la vache O au plus haut historique

En Pologne, les prix des vaches augmentent dans le sillage de la hausse européenne. La demande pour la viande de transformation est importante en UE alors que la production poursuit son repli. La vache O polonaise valait 5,22 €/kg de carcasse en semaine 11 (+27% /2024) son plus haut historique jamais enregistré. Par ailleurs, les cours de la vache O polonaise et française se suivent depuis la semaine 5.

Selon l’enquête cheptel de décembre 2024, le nombre total de vaches laitières en Pologne a reculé de 4% en deux ans. Il est en repli structurel depuis plus de 20 ans avec l’amélioration progressive de la productivité laitière des vaches polonaises. Le cheptel allaitant, très modeste en Pologne, était lui en progression de 4% en deux ans, comme il l’est depuis l’adhésion de la Pologne à l’Union européenne en 2004.