Le fort recul des abattages de vaches cet été, amplifié par une production fourragère relativement favorable, a permis de ralentir la décapitalisation laitière et allaitante. Les prix des vaches sont orientées à la hausse, de même que ceux des jeunes bovins qui ont entamé leur remontée saisonnière.
Forte de chute des abattages durant l’été
Sur les huit dernières semaines connues (29 à 36), les abattages de gros bovins ont enregistré une baisse de -8% /2022 d’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev. La baisse se chiffrait à -16% pour les vaches laitières et -12% pour les vaches de type viande, la pousse de l’herbe relativement favorable par rapport à une année 2022 extrêmement sèche a permis de limiter les réformes. Les abattages de génisses de type viande restaient quasiment stables (-1%), mais ceux de bœufs affichaient une chute de -16% et ceux de jeunes bovins laitiers ont poursuivi leur recul (-7%). Seuls les jeunes bovins de type viande ont affiché une hausse (+6%) qui découle de mises en places dynamiques en 2022.
Décapitalisation allaitante : enfin un signe de ralentissement
Au 1er août, le recul du nombre de vaches allaitantes présentes en France n’était que de -2,8% /2022 contre -3,1% au 1er mai. Il s’agit tout de même d’une baisse de -98 000 têtes en un an et de 360 000 têtes en 4 ans (depuis le 1er août 2019).
A partir d’avril, la forte baisse des réformes de vaches a permis de ralentir la décapitalisation. Mais sur 12 mois glissants (août 2022-juillet 2023), c’est le fort recul des entrées de génisses dans les troupeaux (-5% par rapport à la période précédente) qui a été le principal moteur de la baisse du cheptel.
Coup de frein sur la décapitalisation laitière
La baisse annuelle du nombre de vaches laitières est passée de -2,5% au 1er mai à -2,2% au 1er août. Ce ralentissement de la décapitalisation découle d’un coup de frein sur les réformes ces derniers mois, mais aussi d’une légère hausse des entrées de génisses en juin (+1%) et juillet (+3%) après plusieurs mois de fort recul. Sur 12 mois glissants, c’est d’ailleurs comme pour le cheptel allaitant la chute des entrées de génisses (-5%) qui reste le principal moteur du recul du cheptel, les sorties ayant baissé plus modestement (-3%). Sur un an, la décapitalisation laitière se chiffre à -74 000 têtes. Sur 4 ans, elle atteint -270 000 têtes.
Les cotations des vaches de type viande toujours bien orientées
La forte baisse de l’offre à abattre permet de soutenir les cours des vaches les mieux conformées.
La cotation de la vache U standard a gagné 6 centimes en un mois pour remonter à 5,91 €/kg de carcasse en semaine 36 (+5% /2022 et +22% /2021). Celle de la vache R a gagné 9 centimes sur le même temps, pour grimper à 5,55 €/kg (+4% /2022 et +32% /2021).
Les cotations des laitières remontent, mais restent inférieures au niveau de 2022
La très forte baisse des réformes laitières pendant l’été a permis aux cours des vaches de se redresser. Ils restent néanmoins inférieurs à leur niveau de 2022, les industriels de la viande subissant la concurrence croissante des viandes d’importation. La cotation de la vache O a regagné +13 centimes en un mois à 4,94 €/kg (-2% /2022 mais +40% /2021). Celle de la vache P a regagné +20 centimes à 4,71 €/kg (-3% /2022 mais +41% /2021).
Remontée saisonnière des prix des jeunes bovins
Les prix des jeunes bovins français ont entamé leur remontée saisonnière dans le sillage des prix italiens. La pénurie de vaches à abattre pendant l’été a sans doute contribué à dynamiser le marché du jeune bovin sur le marché français. La concurrence des viandes polonaises et allemandes sur les marchés export (lire l’article sur les JB en Europe) complique toutefois la tâche des opérateurs.
La cotation du JB U a gagné +11 centimes en un mois pour repasser à 5,29 €/kg en semaines 36 (+1% /2022 et +27% /2021). Celle du JB R a gagné +13 centimes à 5,17 €/kg (= /2022 et +30% /2021) et celle du JB O est remontée de +11 centimes, à 4,91 €/kg (-1% /2022 mais +41% /2021).
Charges en baisse mais toujours très élevées
En juillet 2023, l’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles, base 100 en 2015) s’établissait à 132,5 points (-3,4% / juillet 2022, mais toujours +17% /2021). L’indice des prix des aliments achetés était à -3,4% /2022 et +24% /2021. L’indice des énergies et lubrifiants est légèrement remonté sur les 2 derniers mois à 157,5 (-16% /2022, mais toujours +32% /2021) et celui des engrais et amendements a poursuivi sa baisse, à 137,0 (-33% / 2022, mais +26% /2021).
Une pousse de l’herbe plus favorable qu’en 2022 jusqu’au 20 août
D’après la note de suivi de la pousse de l’herbe des prairies permanentes publiée par Agreste, la production cumulée des prairies permanentes au 20 août était inférieure de -4% à celle de la période de référence 1989-2018 au niveau national. La situation s’est dégradée dans le bassin charolais et en Alsace. La pousse de l’herbe est restée globalement excédentaire dans le Massif central. Toutefois, les très fortes chaleurs de la fin août et du mois de septembre ont ralenti la pousse et l’indicateur au 20 septembre sera sans doute fortement dégradé.