La baisse des effectifs européens de bovins mâles de 1 à 2 ans dans l’enquête cheptel de décembre devrait permettre d’alléger le marché en 2021. On en voit déjà les premiers signes en Allemagne, où les prix sont en hausse. Les prix remontent également en Pologne et en Espagne. Le durcissement des contraintes sanitaires en Italie face à une 3ème vague épidémique pousse les distributeurs aux achats, mais le marché pourrait y redevenir chaotique…
UE-27 : -2,2% de mâles âgés de 1 à 2 ans dans l’enquête cheptel
L’enquête cheptel de décembre 2020 a recensé 5,92 millions de bovins mâles de 1 à 2 ans dans l’UE-27, soit un recul de -2,2% ou -112 000 têtes par rapport à décembre 2019. La baisse de l’engraissement des mâles se poursuit donc en Europe. Elle s’accélère en Allemagne (-6,1% ou -54 000 têtes), mais également en France (-2,8% ou -22 000) et en Irlande (-3,5% ou -27 000 têtes). Les effectifs plafonnent à nouveau en Pologne (-0,8% ou -7 000 têtes) et en Espagne (-0,9% ou -2 000 têtes) tandis que l’Italie reste stable (=) depuis 3 ans.
Il n’y a guère que de petits pays comme le Portugal (+8 000 têtes), la Hongrie (+8 000) et la Croatie qui voient leur cheptel de mâles de 1 à 2 ans croître d’une année sur l’autre. Dans ces deux derniers pays, l’engraissement progresse depuis plusieurs années, mais les effectifs restent très modestes (55 000 têtes en Croatie et 52 000 en Hongrie).
ALLEMAGNE : offre en retrait, prix en hausse
En Allemagne, les abattages de taurillons sur les 8 premières semaines de l’année 2021 étaient inférieurs aux années précédentes (-1% /2020 et -2% /2019). Avec la baisse de cheptel présent, le recul de l’offre devrait s’intensifier dans les semaines à venir. Les prix se sont déjà nettement redressés. Le JB U cotait 3,99 €/kg de carcasse début mars (+4% /2020 et +1% /2019), le JB R 3,94 €/kg (+5% /2020 et +2% /2019) et le JB O 3,64 €/kg (+4% /2020 ; = /2019).
Les écoles allemandes ont rouvert leurs portes le 22 février après plus de deux mois de fermeture. Les opérateurs allemands attendent maintenant le week-end de Pâques, tout début avril, qui ouvrira la saison du barbecue. Ils attendent également la réouverture des restaurants. Ce dernier point est particulièrement guetté par les importateurs de viande sud-américaine (Argentine notamment), qui passent leurs commandes prudemment.
POLOGNE : la production stagne, mais le taux de change renforce la compétitivité de la viande polonaise
La production polonaise de viande bovine semble avoir atteint un point haut en 2018. Elle stagne depuis à 560 000 téc. La production de viande de veau a quasiment disparu au profit de celle de taurillons et de génisses. Celle de bœufs est inexistante. En 2020, les volumes de viande bovine produits en Pologne étaient constitués à 59% de taurillons et taureaux, 26% de vaches de réforme et 15% de génisses.
Pour 2021, l’enquête cheptel de décembre 2020 montre une stagnation du nombre total de bovins après de nombreuses années de hausse. Avec 2,126 millions de vaches laitières (-2% /2019) et 266 000 vaches allaitantes (+2% /2019), le cheptel reproducteur polonais était en baisse de 0,6%.
Comme en Allemagne, les prix polonais suivent une pente ascendante. Ils partent toutefois d’un niveau bas, après une année 2019 déjà marquée par plusieurs scandales sanitaires et la pandémie en 2020. Le taux de change baissier du zloty/euro donne une compétitivité supplémentaire à la viande polonaise. Ainsi, fin février, le JB O cotait 3,12 €/kg (+5% /2020, = /2019 et -8% /2018).
ITALIE : prix stables pour les mâles, en hausse pour les femelles
En Italie, les prix des mâles finis ont démarré l’année à un bas niveau, mais restent stables. Ils pourraient donc bientôt rattraper les niveaux des années précédentes qui enregistraient à cette époque de l’année des baisses saisonnières marquées. L’an dernier à la même époque, les réunions de cotation à Modène étaient suspendues en raison du confinement drastique des mois de mars et avril. Cette année, le mâle charolais de 700-750 kg cotait 2,56 €/kg vif en semaine 9 (-2% /2019) et le mâle limousin 2,75 €/kg vif (-1% /2019).
La demande pour la viande de génisse reste forte, ce qui soutient les prix des femelles, à 2,72 €/kg vif pour la Charolaise début mars (+3% /2019) et 2,92 €/kg pour la Limousine (-1% /2019).
La 3ème vague de Covid-19 a conduit le gouvernement à reconfiner une grande partie du pays le 15 mars. Les écoles et restaurants sont de nouveau fermés dans un grand nombre de régions et le pays sera totalement sous cloche pour le week-end pascal. Ces restrictions pourraient provoquer de nouveaux à-coups dans le marché. Les distributeurs sont actuellement plutôt aux achats afin de constituer des stocks, mais ils restent prudents.
En 2020, d’après le panel ISMEA-Nielsen, les achats de viande bovine par les ménages italiens ont progressé de +6% en volume et de +8% en valeur en raison des restrictions sur la restauration et du report vers la consommation à domicile. Comme en France, les boucheries traditionnelles enregistrent la plus forte hausse (+16% en volume et +20% en valeur). Elles sont suivies des discounters (+11% en volume et en valeur). Les achats en supermarchés sont dans la moyenne (+6,7% en volume et +7,6% en valeur). Les hypermarchés sont les grand perdants (-4,5% en volume et -1,9% en valeur).
ESPAGNE : les prix remontent
En Espagne, les cours des JB reviennent de très bas. La cotation du JB R a toutefois regagné 10 centimes depuis le début de l’année, pour s’établir à 3,61 €/kg de carcasse fin février (-2% /2020 et -3% /2019). Les restaurants ont pu rouvrir leurs portes, permettant sans doute de redynamiser quelque peu le marché. La libre-circulation entre régions et la réouverture des lieux culturels participent à dynamiser le tourisme, qui reste cependant modeste. Les opérateurs espagnols s’inquiètent toutefois de la détérioration de la situation sanitaire en Italie.