Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 366 Novembre 2024 Mise en ligne le 23/11/2024

Les prix des JB ont encore gagné quelques centimes en Italie et restent bien orientés en Espagne. Ils se sont réajustés à la baisse en Allemagne en cette saison moins favorable au JB qu’à la vache de réforme et ont perdu quelques centimes en Pologne.

ITALIE : offre très limitée et prix en hausse

En Italie, les sorties de jeunes bovins ont été considérablement limitées sur les trois derniers mois de 2022. En effet les engraisseurs avaient réduit les mises en place au printemps en raison des incertitudes sur les effets de la sécheresse et de la guerre en Ukraine.

En décembre, les abattages de jeunes bovins ont fortement chuté d’après l’Anagrafe nazionale zootecnica (BDNI italienne) : -26% /2021 pour les mâles de 12 à 24 mois à 59 000 têtes et -22% pour les femelles à 44 000 têtes. Il semble que le marché reste peu fourni en ce début 2023.

Les prix des jeunes bovins ont encore gagné quelques centimes en janvier et n’ont pas amorcé de baisse saisonnière.

A la bourse de Padoue, les mâles charolais finis ont gagné 3 centimes /kg vif entre début et fin janvier et cotaient 3,47 €/kg vif début février (+15% /2022). Sur la bourse de Modène, le Charolais de 1ère qualité avait gagné 2 centimes pour coter 3,48 €/kg début février (+14%), de même que le Charolais Extra à 3,59 €/kg vif. Le mâle limousin était à 3,70 €/kg (+15% /2022 et + 2 centimes en janvier). Les cotations des femelles ont elles aussi augmenté : +3 centimes pour la Limousine à 3,69 €/kg vif (+15% /2022) et +2 centimes pour la Charolaise à 3,45 €/kg vif (+13% /2022).

L’inflation des prix en janvier a été moins marquée que les mois précédents selon Istat (+10,1% /2022, contre +11,6% en décembre et 11,9% en novembre) du fait notamment du recul des prix des biens énergétiques règlementés. L’indice des prix à la consommation des produits alimentaires enregistrait une hausse de +12,3% /2022 en janvier, contre +13,3% en décembre. L’inflation en viande bovine reste bien plus modérée (+8,7% en janvier comme en décembre). Elle est également moindre que pour les autres produits animaux (+18% pour la volaille, +10% pour le porc, +21% pour les œufs et +18% pour les fromages).

ESPAGNE : la hausse des prix et de la production

En Espagne, les prix des JB restent orientés à la hausse. Certes, la demande sur le marché national souffre de la baisse du pouvoir d’achat des familles, mais la demande export demeure bien présente, tant en Europe (Portugal, Italie, Grèce) que sur les marchés du sud de la Méditerranée. L’approche du Ramadan, qui devrait débuter autour du 23 mars, stimule en effet la demande en vifs finis.

Le JB U espagnol a gagné 11 centimes en un mois pour coter 5,49 €/kgéc en semaine 5 (+22% /2022). Le JB R cotait 5,43 €/kg (+22%) et le JB O 5,03 €/kg (+16%).

Après plusieurs mois de baisse consécutifs, l’inflation est repartie à la hausse en janvier (+5,8% d’une année sur l’autre contre +5,7% en décembre). La suppression de la TVA sur les produits de première nécessité n’a donc pas suffi à compenser la hausse du prix de l’essence due à l’arrêt de l’aide sur les carburants. Toutefois ce niveau d’inflation reste modéré au regard du pic atteint en juillet, à +10,8%.

La production espagnole de jeunes bovins poursuit sa croissance ce qui permet aux exportateurs de profiter de la baisse de l’offre sur les autres marchés européens.

Sur les 11 premiers mois de l’année, les abattages de jeunes bovins mâles et femelles ont totalisé 603 000 téc (+2% /2021), dont 184 000 téc de bovins jeunes de 8-12 mois (-4% /2021), 252 000 téc de taurillons (+6% /2021) et 114 000 téc de génisses (+5% /2021).

Certes, la flambée des prix des matières premières inquiète dans un pays où l’engraissement est principalement basé sur des rations sèches, très dépendantes de l’importation de céréales et de tourteaux, et dont les dépenses en aliments achetés représentent plus de la moitié du coût de production d’un JB. Mais il semble que les engraisseurs parviennent encore à y faire face, en témoigne le maintien des flux de petits veaux français vers l’Espagne.

ALLEMAGNE : baisse saisonnière des cours

En Allemagne, les prix des jeunes bovins ont amorcé leur baisse saisonnière. Après les fêtes de fin d’année, la viande de jeunes bovins n’est plus à l’honneur en Allemagne. La filière lui préfère celle de vaches de réforme car la demande s’oriente vers plus de produits transformés et moins onéreux. Cela semble particulièrement vrai cette année, avec la baisse de pouvoir d’achat à laquelle sont confrontées les familles.

Entre les semaines 1 et 5, la cotation du JB U a perdu 20 centimes à 5,12 €/kg de carcasse, celle du JB R 17 centimes à 5,08 €/kg et celle du JB O 14 centimes à 4,83 €/kg. Elles restent toutes trois supérieures aux niveaux atteints les années précédentes (+2% /2022 et +35% /2021).

L’inflation est repartie à la hausse en janvier à +8,7% d’après Destatis, après deux mois de baisse. Elle reste toutefois loin de son pic d’octobre dernier à 10,4%.

Les abattages de jeunes bovins sont restés très limités en janvier, en baisse sur les semaines 2 à 5, par rapport aux années précédentes (-4% /2021 et -6% /2020).

POLOGNE : érosion des prix

Les prix des JB polonais se sont érodés depuis le début de l’année, mais restent supérieurs aux cours des années précédentes.

La cotation du JB R se situait à 4,75 €/kg de carcasse en semaine 6 (+6% /2022 et +45% /2021) et celle du JB O à 4,56 €/kg (+5% /2021 et +44% /2020).

La production polonaise de jeunes bovins recule désormais depuis deux ans, par manque de petits veaux à engraisser, le cheptel laitier polonais se réduisant désormais comme ailleurs en UE. Ce repli fait suite à un long développement de la production de JB en Pologne depuis son adhésion à l’UE en 2004, expansion ayant entraîné une baisse continue des exportations polonaises de veaux laitiers, puis à une hausse des importations de veaux en provenance des pays voisins.

Sur les 11 premiers mois de l’année, la production abattue de jeunes bovins mâles et femelles abattus n’a totalisé que 357 000 téc (-3% /2021 et -6% /2020), dont 277 000 téc de taurillons (-4% /2021 et -9% /2020) et 80 000 téc de génisses (= /2021 et +5% /2020). La part croissante de femelles dans la production témoigne d’une part de la difficulté grandissante des engraisseurs à trouver des veaux mâles et d’autre part de la mise en place d’une filière génisse pour servir le marché italien, friand de « scottone ».