Si les tensions géopolitiques, commerciales, les conflits et les événements climatiques extrêmes ont été nombreux ces derniers mois, les marchés semblent les intégrer de plus en plus rapidement. Face aux prévisions de récoltes en hausse en blé et en maïs et à une demande peu dynamique, les cours restent stables à baissiers sur les dernières semaines.
Récolte française en hausse de 25% sur un an pour les céréales à paille
Après une année 2024 marquée par des difficultés des semis à la moisson, la récolte 2025 s’annonce meilleure en termes de rendements et de production.
En blé tendre, les surfaces semées sont supérieures à leur niveau de 2024 (+7% /2024) selon l’Infos Rapides d’Agreste de juillet, et les rendements sont estimés en hausse de 19%. La production est, à date, évaluée autour de 32,6 millions de tonnes, soit +27% /2024, mais seulement 2,4% supérieure à la moyenne 2020-2024. La production d’orge est également estimée en hausse, +19% /2024, à 11,8 millions de tonnes, principalement sous l’effet de l’amélioration des rendements, les surfaces cultivées étant stables. Côté colza, les rendements en forte hausse (+14% /2024) devraient permettre une récolte de 4,8 Mt (+8% /2024).
Le bilan au 1er juillet fait état de récoltes se déroulant dans de bonnes conditions. Au 7 juillet, 36% du blé tendre avaient été récoltés (4% au 7 juillet 2024 !), ainsi que 94% de l’orge d’hiver et 30% de l’orge de printemps selon FranceAgriMer.
En maïs grain, les surfaces semées sont proches de celles de 2024 tandis que celles de maïs ensilage ont reculé de 7,5%. Entre chaleur et manque de précipitations, il faut attendre encore pour avoir une estimation des rendements en maïs.
Rebond de la production européenne
Au niveau européen, un rebond de la production est aussi annoncé, avec 128 Mt de blé tendre estimées en 2025 (112 Mt en 2024, niveau le plus faible depuis 2007), et ce, malgré la sécheresse sur le nord de l’Europe qui impacte le rendement des cultures d’hiver et le potentiel des cultures d’été. La production européenne de maïs est ainsi estimée à 64,6 Mt, soit +8,5% /2024.
Production mondiale presque record
Selon l’USDA, 809 millions de tonnes de blé tendre (+1,1% /2024-2025 à 800 Mt) et 1 264 Mt de maïs (+3% /2024-2025) seront récoltées pour la campagne 2025-2026, grâce aux bonnes conditions de cultures dans le monde, notamment en Russie et en Chine pour le blé. La production ukrainienne reste affaiblie par l’invasion russe et cette année, une sécheresse.
En soja, la production mondiale est estimée à 428 Mt, contre 397 Mt en 2024-2025 (soit +8%). La production de tourteau est elle aussi estimée en hausse.
Les cours intègrent rapidement les aléas
Les cours du blé et du maïs sont relativement stables depuis mi-2024.

Les bonnes perspectives de production mondiale maintiennent les cours à un niveau relativement bas. Les tensions de ces derniers mois (conflits, taxes douanières…) ont provoqué des soubresauts dans les cours, mais les bonnes perspectives de récolte, en blé, maïs, colza ou soja maintiennent les prix à un niveau moyen et relativement stable.
Début juillet, la cotation du blé départ Eure et Loir était à 177 €/t, soit 36 € sous son niveau de février et 20 € sous son niveau de juillet 2024. Le maïs était à 183 €/t début juillet, soit 12 €/t sous son niveau de février 2025 et de juillet 2024.
Les cours des tourteaux de soja et de colza sont baissiers depuis le début de l’année. Le tourteau de soja dispo Montoir était à 307 €/t début juillet, soit 129 €/t de moins qu’en juillet 2024. Le tourteau de colza dispo Montoir affichait un prix de 230 €/t début juillet (-68 €/t /juillet 2024).

Droits de douane étasuniens toujours en négociation
Les effets des droits de douane imposés par les États-Unis sur les comportements d’achat de la Chine et sur les cours des tourteaux ne sont pas encore certains. Par ailleurs, aux États-Unis, l’augmentation de de 8% du quota annuel d’incorporation de biodiesel dans les carburants traditionnels, par l’agence américaine de protection de l’environnement pourrait accroître l’utilisation intérieure d’huile de soja et donc accroître la quantité de tourteaux de soja disponibles.
Contingent ukrainien de 1,3 Mt de blé par an
Plus près de nous, l’Union européenne et l’Ukraine ont conclu fin juin un accord commercial de principe suite à la fin des mesures commerciales autonomes (permettant l’entrée des produits ukrainiens sans droits de douane dans l’UE). En blé, 1,3 Mt pourront entrer dans l’UE (1 Mt avant la guerre et 6 Mt au cours des trois dernières années), et en maïs, ce sera 1 Mt (650 000 t auparavant). L’accord comprend également des clauses sur l’alignement progressif aux normes de production UE d’ici 2028 (bien-être animal, produits phytosanitaires et vétérinaires). Cet accord doit être validé par les États membres.
Effet redouté de la surtaxe des engrais russes
Enfin, plusieurs syndicats ont exprimé leurs craintes de voir le prix des engrais augmenter significativement avec la mise en œuvre depuis le 1er juillet d’une surtaxe progressive des engrais azotés en provenance de Russie et de Biélorussie (+40 €/t la première année, jusqu’à 315 €/t au 1er juillet 2028). L’objectif est de réduire la dépendance européenne à ces origines, d’arrêter de financer l’effort de guerre russe et de stimuler la production européenne. De leur côté, les fabricants européens d’engrais ont cherché à rassurer les agriculteurs, rappelant que la surtaxe ne s’applique qu’aux engrais russes et assurent être en mesure d’augmenter leurs capacités de production pour compenser le recul des achats à la Russie. D’après la Commission européenne, la Russie fournirait environ 25% des importations européennes d’engrais.
L’IPAMPA aliments achetés poursuit sa baisse régulière
Sous l’effet de la baisse des prix des tourteaux principalement, et dans une moindre mesure des céréales, l’IPAMPA aliments achetés lait de vache décroit lentement. Il s’établit à l’indice 120,1 en mai 2025, soit -1,1% sur un mois et -3,8% sur un an.
