Depuis février les cotations des veaux de boucherie ne cessent de plonger, la faute à une consommation en berne et à une offre importante en France et en Europe. La période estivale approchant, la situation devrait rester difficile pour les intégrateurs pendant plusieurs mois.
Effondrement des cours
La cotation du veau rosé clair O a démarré 2019 à un bas niveau et connait de surcroit une baisse saisonnière précoce, brutale et longue. Depuis la semaine 7, elle s’est effondrée de 70 centimes par kg pour s’établir en semaine 19 à 5,12 €/kg éc, soit -10% /2018. Le constat est le même pour le veau rosé clair R, dont la cotation s’établit à 5,60 €/kg éc, soit -10% par rapport à un niveau déjà très bas en 2018.
Consommation en berne
La chute des cotations reflète l’encombrement du marché lié à une consommation en berne depuis le début de l’année. Selon certains opérateurs, les ventes de viande de veau ont fortement chuté en GMS à partir de février. Le panel Kantar confirme ce constat, en février 2019 les achats de viande de veau par les ménages auraient chuté de 16% /2018. Cette chute de la demande peut être attribuée à une météo estivale en mars et avril, mais aussi à l’encadrement des promotions imposé par la loi EGAlim. Les ventes de veau sont très dépendantes des actions de mises en avant en GMS, que la mise en œuvre de la loi semble avoir perturbées. Le marché est en outre lourd ailleurs en Europe, notamment aux Pays-Bas.
Alourdissement contraint des veaux
Sur les 4 premiers mois de 2019, les abattages de veaux engraissés en France et corrigés des variations journalière (CVJA) ont reculé de 3,5% /2018, à 414 mille têtes. Les abatteurs sont contraints de retarder les sorties provoquant un net alourdissement des veaux abattus : sur janvier-avril leur poids moyen atteint 144 kg éc soit +1% /2018, le mois d’avril représentant un record absolu à 148 kg éc. Ainsi, la production CVJA de viande de veaux engraissés en France a atteint 59 800 téc sur janvier-avril soit -2% /2018 et -1,5% /2017. L’alourdissement des carcasses grève en partie les efforts de maîtrise de l’offre réalisés par les intégrateurs et complique le retour à l’équilibre du marché.
Les importations de veaux en rythme de croisière
Depuis fin 2017, un flux de veaux finis importé de Belgique s’est développé. Après une forte croissance courant 2018, il semble désormais stabilisé. Sur les 4 premiers mois de 2019, les importations de veaux finis ont été multipliées par 2, à 19 800 têtes. Cet afflux vient compenser le recul des veaux engraissés et abattus en France, même si, selon les opérateurs, la majorité des viandes issues des veaux importés est réexportée. Ainsi sur les 4 premiers mois de 2019, les effectifs totaux de veaux de boucherie abattus en France ont reculé de 1% par rapport à 2018 à 434 000 têtes et progressé 1% en volume à 63 000 téc.
Pays-Bas : La production continue de progresser
L’année 2018 a été marquée par une forte hausse des abattages aux Pays-Bas. Selon les données nationales (CBS : Bureau Central de Statistique), les abattages de veaux ont bondi de +8% /2017 en têtes (chiffre corrigé : le niveau d’abattage néerlandais annoncé le mois dernier correspondait à une erreur dans les chiffres diffusés par Eurostat). Ce rebond des abattages a deux origines : d’une part le développement de la production néerlandaise, et d’autre part le net repli des exportations de vifs finis ( 77 000 veaux en 2018 contre 126 000 têtes en 2017), principalement vers la Belgique et l’Allemagne. Ainsi la production intérieure brute ( Abattages + exports vif fini) a progressé en 2018 de +4% /2017. La poursuite de cette croissance début 2019, qui intervient dans un contexte de demande morose, met sous pression les marchés. La cotation du veau pie-noir néerlandais est très dégradée depuis novembre 2018. En semaine 19, elle atteint 4,40 €/kg soit -4% /2018 et -5% /2017. Aux Pays-Bas comme en France le poids moyen des carcasses bat un nouveau record , à 154 kg éc en février 2019,t soit +3,5% /2018.
A quand le redressement ?
Les marchés des veaux de boucherie semblent durablement dégradés. L’approche des promotions du veau de Pentecôte pourrait aider à stabiliser les cours à leur mauvais niveau actuel, mais l’importance des retards d’abattages laisse présager une production de viande en hausse dans les semaines à venir. La situation ne devrait pas se rétablir avant l’automne, sous l’effet de mises en place ralenties depuis avril.