Les broutards légers franchissent allégrement les 6 €/kg vif

Les disponibilités limitées après une campagne de naissances historiquement basse conduisent à une tension sur le marché des broutards. Le léger creux estival a été rapidement effacé, et plusieurs catégories ont franchi la barre des 6 €/kg.

Cours en hausse pour certaines catégories, en pause pour d’autres

Deux tendances de prix sont observables en début d’automne en fonction des races et poids des broutards.

Certains cours connaissent ainsi une hausse constante et marquée. C’est le cas :

  • Des broutards charolais U de 350 kg, qui atteignaient 6,17 €/kg vif en semaine 37 (+2,34 € /2024),
  • Des femelles charolaises U de 270 kg, très demandées à l’export et en France, à 5,35 €/kg vif (+1,82 € /2024).

Pour ces animaux légers, les retours d’opérateurs de terrain font état de rétention de broutards dans les exploitations, les éleveurs préférant les alourdir y compris au grain au vu des niveaux de prix. Ces choix conjugués au manque de disponibilités limitent le pic de sortie habituellement observé en fin d’été et pourraient contribuer au maintien de la hausse des cours, d’autant que la demande se porte sur ces animaux plus légers qui demandent moins de trésorerie que les animaux plus lourds dont le prix à la tête est bien plus élevé

Dans d’autres catégories, les cours se sont stabilisés entre les semaines 36 et 37. Sont dans ce cas :

  • Les broutards limousins E de 350 kg, à 5,75 €/kg vif (+1,80 € /2024),
  • Les broutards croisés R de 300 kg, avec une cotation à 6,02 €/kg vif (+2,52 € /2024),
  • Les femelles limousines E de 270 kg, à 5,20 €/kg vif (+1,60 € /2024).

Enfin, les cours des Charolais U de 450 kg étaient en léger retrait de 10 cts sur trois semaines, à 5,75 €/kg vif (+1,98 € /2024).

Recul inédit des naissances allaitantes

La persistance de la décapitalisation allaitante et les maladies vectorielles ayant sévi en 2024 ont conduit à une campagne de naissances en très fort recul.

Ainsi, en cumul entre juillet 2024 et juin 2025, 3,043 millions de veaux sont nés de vache allaitante, soit un repli de 216 000 têtes (ou -6,6%) par rapport à la campagne 2023-2024. Tous les mois de la campagne ont connu un fort recul des naissances, à l’exception d’avril.

En cumul depuis le début de l’année, 1,729 millions de veaux allaitants sont nés, soit une baisse de 5% ou 91 000 têtes. Les naissances dynamiques de juillet 2025, en hausse de 17%, soit 18 000 têtes /2024, ont compensé le creux de juin 2025 (-19  000 têtes /2024).

Disponibilités en broutards en nette baisse

Le fort recul des naissances de veaux depuis un an pèse sur les disponibilités en broutards dans les fermes françaises.

Au 1er août, 666 000 mâles allaitants âgés de moins de six mois étaient présents dans les fermes, en forte baisse de 74 000 têtes (-5%) /2024. Ce recul concerne tout particulièrement la race charolaise, plus touchée par la décapitalisation.

Les effectifs de broutards de six à douze mois suivaient la même tendance, avec 601 000 animaux présents (-7% ou -38 000 têtes /2024).

Des mises en place en France toujours dynamiques

Malgré les disponibilités réduites, les mises en place de broutards pour la production de jeunes bovins en France restent dynamiques.

Ainsi, après un premier trimestre en léger recul (-3 000 têtes /2024), un net rebond sur les achats de broutards pour l’engraissement en France a été observé au second trimestre (+3 000 têtes /2024) et surtout en juillet, avec 35 000 broutards achetés* par les engraisseurs français (+6 000 /2024).

La fermeture aux importations dans un périmètre autour de l’unique foyer italien de DNC près de Mantoue, fin juin, a pu conduire à la réorientation d’animaux vers les mises en place en France. Ainsi, alors que de manière générale 35% des broutards vendus par les naisseurs en juillet sont destinés aux mises en place en France, ce taux est passé à 44% en juillet 2025.

Fort recul des exportations de broutards

Les disponibilités réduites conjuguées aux mises en place dynamiques en France conduisent mécaniquement à un fort recul des exportations de broutards.

En juillet (semaines 27 à 30), les données SPIE-BDNI indiquent que 58 000 broutards ont été exportés toutes destinations confondues, en recul de 11% sur un an. Le cumul sur 33 semaines (jusqu’au 17 août) est lui aussi en baisse de 4%, avec 566 000 têtes.

La baisse touche nettement plus les Charolais, avec seulement 151 000 têtes exportées sur 33 semaines (-6% /2024), que les Limousins (183 000 têtes, -4% /2024). La Limousine reste ainsi la première race exportée pour les broutards. L’attrait des engraisseurs français pour les Charolais, la décapitalisation plus forte sur cette race et l’adaptation des Limousins aux systèmes d’engraissement sur caillebotis italiens peuvent expliquer cette tendance.

Le recul des envois globaux masque cependant de fortes disparités selon les destinations.

Baisse des envois vers l’Italie

Les envois de broutards vers l’Italie ont à nouveau reculé en juillet, sous le double effet de la baisse des disponibilités et de la fermeture de la zone réglementée DNC en Italie aux importations d’animaux.

En juillet, 59 000 broutards mâles et femelles ont été exportés vers l’Italie d’après les douanes françaises, en recul de 3 000 têtes /2024, soit -5% /2024. Faute de mâles disponibles, les engraisseurs italiens se tournent vers les femelles. Ainsi, les envois de femelles ont poursuivi leur croissance, à 17 000 têtes (+500 têtes /2024). Le marché italien de la viande bovine reste dynamique, tirant la demande en broutard. Pour en savoir plus, lisez notre article sur les jeunes bovins en Europe.

La tendance est similaire en cumul sur sept mois. Sur les 439 000 broutards exportés vers l’Italie (-28 000 têtes /2024), la part des femelles de plus de 300 kg est passée de 24% en 2024 à 28% en 2025, alors que la part de mâles de plus de 300 kg a reculé de 68% à 65% sur la même période.

Envois toujours très dynamiques vers l’Espagne

Après un début d’année atypique, où les engraisseurs espagnols s’étaient tournés vers les broutards mâles les plus lourds, la fin du printemps et le début de l’été ont marqué le retour à une situation plus habituelle, avec une majorité de broutards légers.

En juillet 2025 d’après les douanes françaises, sur les 11 000 têtes envoyées (+25% /2024), 6 000 étaient des broutards de moins de 300 kg (+2 000 têtes /2024) et seulement 4 000 des mâles de plus de 300 kg (-1 000 têtes /2024). L’attrait espagnol pour les femelles lourdes se confirme, avec 1 000 têtes envoyées contre 200 en 2024.

En cumul sur sept mois, la demande espagnole de début d’année pour les mâles lourds continue cependant de peser : sur les 93 000 broutards exportés entre janvier et juillet (+30 000 têtes /2024), 40 000 étaient des broutards de moins de 300 kg (+9 000 têtes /2024) et 45 000 des mâles de plus de 300 kg (+17 000 têtes /2024). Les envois de femelles lourdes étaient également en forte progression en cumul, avec 8 000 femelles exportées sur sept mois (+4 000 têtes /2024). Le retour à des catégories d’animaux plus légères se traduit dans les poids moyens des broutards mâles exportés de France.

Alors que les Espagnols étaient venus chasser sur les terres des Italiens en fin d’année 2024 et début 2025, achetant des broutards mâles qui pesaient en moyenne 385 kg, ils sont depuis mai revenus à des niveaux plus habituels, avec des animaux de 360 kg en moyenne.

Vers les pays tiers, aucun envoi n’a eu lieu en juillet 2025.

Une demande italienne très forte depuis le 15 août

Après un début d’été atone, les envois de broutards ont fortement repris vers l’Italie à partir de la mi-août.

D’après les données TRACES de la DGAL, les exportations de bovins toutes races et sexes confondus vers l’Italie atteignaient 115 000 têtes sur les semaines 31 à 37 (du 18 août au 14 septembre), en hausse de 9% /2024. Les sorties de broutards français et la réouverture aux importations de la zone réglementée pour la DNC en Italie expliquent ce dynamisme des achats italiens. Vers l’Espagne, les disponibilités limitées en veaux laitiers (qui constituent les trois quarts des bovins français envoyés vers ce pays) conduisent à une stabilité des envois sur cette période selon TRACES (données tous types de bovins confondus). Pour en savoir plus, lisez notre article sur les veaux laitiers.