Le manque d’offre entraîne les cours à la hausse

Les cours des broutards ont connu une forte envolée depuis le début de l’année 2025, conséquence du manque d’offre et de la demande ferme en Europe.

Forte hausse des cours depuis janvier

Malgré un léger ralentissement pour certaines catégories au 15 mars, la majorité des cours des broutards poursuivaient leur hausse.

En semaine 11, les cotations des broutards étaient les suivantes :

  • 4,89 €/kg vif pour le Charolais U de 450 kg (+41% /2024, +81 cts /semaine 1),
  • 5,00 €/kg vif pour le Charolais U de 350 kg (+39% /2024, +95 cts /semaine 1),
  • 4,95 €/kg vif pour le Limousin E de 350 kg (+27% /2024, mais inchangé sur deux semaines)
  • 5,47 €/kg vif pour le Blond d’Aquitaine U de 300 kg (+37% /2024, +76 cts /semaine 1)

Les cours des femelles suivaient une tendance similaire, avec des cours en hausse de 60 cts depuis le début de l’année pour les Limousines E de 270 kg, à 4,50 €/kg vif en semaine 11 et de 62 cts pour les Charolaises U de 270 kg, à 4,62 €/kg vif.

Naissance en forte baisse

L’attaque informatique sur l’ARSOE de Soual, qui représente environ un quart des naissances allaitantes, complique toujours l’interprétation des données de la BDNI. Cependant, les remontées récentes nous permettent d’estimer l’évolution des naissances allaitantes sur les derniers mois.

Ainsi, d’après nos estimations, les naissances de veaux allaitants sur l’ensemble de la France auraient reculé de 5% à 6% au total sur l’année 2024. La forte baisse des vêlages à l’automne (-8% en septembre, -12% en octobre, -7% en novembre) a été concomitante à l’arrivée de la FCO-3 sur le territoire français, alors que la FCO-8 circulait également, et après un printemps déjà en recul.

En janvier, les naissances seraient toujours en baisse de -7% à -5%. Le recul des naissances aura de probables répercussions sur les effectifs de broutards disponibles dans les mois qui viennent pour l’engraissement en France et à l’étranger.

Fin du programme d’éradication de la FCO en Espagne

Comme annoncé en début d’année, l’Espagne a mis fin le 11 mars au programme d’éradication de la FCO sur son territoire péninsulaire.

En conséquence, les règles d’importation de bovins vifs changent :

  • Si la zone d’origine est indemne de FCO ou si les sérotypes de la FCO présents dans la zone d’origine sont également présents dans la zone de destination (les sérotypes 1, 3, 4 et 8 sont présents en Espagne), aucune restriction aux mouvements n’est appliquée. Dans les faits, seules les Baléares et les Canaries sont exemptes de ces sérotypes.
  • Si les sérotypes présents dans la zone d’origine ne sont pas présents dans la zone de destination, les bovins de plus de 90 jours doivent être vaccinés ou présenter une PCR négative pour les sérotypes additionnels. Pour les bovins de moins de 90 jours, la vaccination de la mère est possible ou un test PCR négatif.

Le décret est consultable sur le site de la Commission européenne.

La France n’étant concernée que par des sérotypes également présents en Espagne, cette levée des contraintes aux frontières devrait faciliter l’envoi des broutards et des veaux. En pratique, les PCR et vaccins deviennent inutiles sur les animaux français, du moment qu’ils sont asymptomatiques.

L’Espagne toujours demandeuse de bovins maigres

Les exportations espagnoles dynamiques de viande et de bovins finis (voir notre article sur les jeunes bovins en Europe) ces derniers mois et l’envolée des cours des jeunes bovins qui en a découlé ont conduit à une hausse des importations de broutards français.

D’après les Douanes, les engraisseurs espagnols continuent à préférer les broutards plus lourds, avec 9 000 mâles de plus de 300 kg expédiés en janvier (×3,3 /2024). Les très bons cours de la viande les incitent à prendre des animaux plus âgés et nécessitant une durée d’engraissement inférieure. Ils entrent donc en concurrence avec les engraisseurs italiens sur ce segment des broutards les plus lourds.

Le dynamisme des envois vers l’Espagne reste prégnant en mars.

Entre les semaines 6 et 10, 49 000 bovins de tous types et tous âges ont traversé les Pyrénées d’après les données TRACES, en hausse de 15% /2024. Attention, ces chiffres incluent les exportations de veaux laitiers (traités dans notre article dédié), également dynamiques vers l’Espagne.

La perspective de la fin du ramadan le 30 mars et la nouvelle concurrence de la viande et des bovins vifs sud-américains au Maroc et en Algérie pourrait limiter dans le futur les envois espagnols vers le Maghreb et, en conséquence, réduire l’appétit des engraisseurs ibères pour les broutards français.

Recul des envois vers l’Italie

Les disponibilités limitées en broutards français et les envois dynamiques vers l’Espagne continuent de réduire les envois vers l’Italie.

D’après les Douanes, les exportations de broutards lourds vers l’Italie étaient en baisse de 19% en janvier, à 42 000 têtes, faute de disponibilités en France et sous l’effet de la concurrence espagnole. Une partie des broutards lourds ont en effet été réorientés vers l’Espagne. À l’inverse, les envois de femelles étaient en hausse, à 18 000 têtes (+33% /2023).

En revanche, sur les dernières semaines, d’après les données TRACES, les envois de bovins de tous types et tous âges vers l’Italie étaient au même niveau que l’année précédente, à 87 000 têtes.

Boom des bovins sud-américains au Maroc

Avec des cheptels en recul et malgré des hauts niveaux d’importation depuis l’Europe, les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée connaissent toujours un manque de viande. Ils se tournent donc vers des produits venant d’Amérique du Sud, dont les disponibilités sont plus élevées et les prix plus abordables (inférieur d’environ 1 $US/kg vif, soit 400 – 450 €/tête en moins).

Depuis deux ans, le Maroc et la Turquie ont fortement augmenté leurs importations de bovins vifs depuis l’Amérique du Sud. Ainsi, en 2024 :

  • 240 000 bovins uruguayens et 271 000 bovins brésiliens ont été importés par la Turquie (respectivement +30%, mais -24%/2023),
  • 41 000 bovins brésiliens ont été importés par le Maroc (×4,8 /2023).

La tendance s’est poursuivie en janvier 2025, avec :

  • 2 000 bovins brésiliens importés par l’Algérie (aucun en janvier 2024),
  • 22 000 bovins uruguayens et 20 000 bovins brésiliens importés par la Turquie (aucun en janvier 2024),
  • 14 000 bovins brésiliens importés par le Maroc (aucun en janvier 2024).

Ces nouveaux flux de vif, couplés à des importations de viande sud-américaine par ailleurs, pourraient avoir un effet sur la demande des pays tiers méditerranéens en bovins vifs européens.