Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

L’offre en agneaux s’est amoindrie en Espagne en raison de conditions météorologiques très compliquées depuis maintenant plus d’un an, de la flambée des coûts de production, mais aussi de la résurgence des maladies épizootiques. Les exportations sont limitées et la cotation entrée abattoir connaît une hausse saisonnière inédite.

Espagne : le cours décolle

Le cours espagnol a intensifié sa hausse saisonnière, conjointement à la baisse saisonnière de la production très accentuée cette année, pour atteindre un niveau très élevé. En semaine 44 il s’établissait à 8,64 €/kg, soit +1,21 € au-dessus de son niveau de 2022 !

En 2022, beaucoup d’éleveurs ont réformé prématurément leurs brebis pour faire face à la sécheresse, ce qui a réduit les agnelages et les abattages d’agneaux en 2023 (-6% /2022 sur 7 mois). Le nombre de réformes abattues a parallèlement chuté (-10%), le nombre de brebis ayant considérablement diminué l’an passé. Au total sur 7 mois en 2023, la production espagnole de viande ovine a chuté de -8% /2022, à 66 000 téc.
Face à des approvisionnements amoindris, les exports d’agneaux vivants espagnols ont chuté, de – 9% /2022, à 965 000 têtes sur 8 mois, notamment vers la Jordanie (-50%), et ce malgré le bond des envois vers la Libye (x3).
Les exportations de viande ovine ont aussi baissé sur la même période, de -8% /2022, à 32 000 téc. Les hausses vers le Portugal (+35%), l’Italie (+7%) et la Grèce (+47%) n’ont que partiellement compensé d’importants replis, notamment vers le Qatar (- 58%).

Royaume-Uni : le cours poursuit sa baisse

La cotation de l’agneau fini au Royaume-Uni a fluctué, mais est restée historiquement plutôt ferme en 2023, surtout depuis début août. En semaine 44 (se terminant le 5 novembre), elle s’établissait à 6,61 €/kg, soit 63 centimes au-dessus de son niveau de 2022 à pareille époque.
Comme en Irlande, l’été pluvieux a réduit la qualité des fourrages, rendant plus difficile la finition des agneaux, de même que la récolte et les stocks. Les abattages d’agneaux sont ainsi décalés, ce qui pourrait peser sur les prix.

Sur 9 mois en 2023, la production britannique a légèrement reculé d’une année sur l’autre (-1%), à 209 000 t. Les effectifs d’agneaux comme de réformes abattus ont augmenté, de respectivement +1% et +4%, mais les poids de carcasse ont reculé : mauvaise finition à cause du manque de fourrages de qualité.
Malgré une production en léger repli, les exportations britanniques de viande ovine ont bondi, selon les douanes britanniques (HMRC), de +10% sur 9 mois en 2023, comparé à une année 2022 marquée par des exportations modestes (post-Brexit). Elles ont progressé vers la France (+15%), l’Allemagne (+15%) et les Pays-Bas (x2), mais ont reculé vers la Belgique (-9%) et l’Irlande (-31%).
Face à une demande ralentie, les ménages britanniques achètent toujours peu de viande d’agneau (- 4% /2022 de juin à septembre, selon Kantar), les importations de viande ovine ont chuté de -20% /2022 sur 9 mois, dont -26% en provenance de Nouvelle-Zélande et -10% d’Irlande. En août et septembre, les achats de viande d’agneau australien, au prix très attractif, ont plus que doublé d’une année sur l’autre et les importations britanniques étaient en hausse d’une année sur l’autre, après n’avoir connu que des baisses les précédents mois de 2023.

Irlande : l’offre réduite redresse la cotation

La cotation de l’agneau irlandais de la nouvelle saison, à 6,58 €/kg en semaine 44, a augmenté après des semaines de stabilité, et demeure nettement supérieure à son niveau de l’an dernier (+ 0,23 €).
Après une hausse au 1er semestre, les abattages d’ovins se sont repliés. Au total, sur 42 semaines (se terminant le 22 octobre), la baisse est de -2% /2022, à 2,3 M de têtes. Les abattages d’agneaux se sont maintenus d’une année sur l’autre sur la période, à 2,0 M de têtes, tandis que les réformes ont baissé de -13%, à 268 000 têtes.
La baisse des importations d’agneaux nord-irlandais a accentué ce phénomène. Sur 8 mois, les imports d’ovins britanniques ont reculé de -3% /2022, passant de 198 000 à 191 000 têtes. Les effectifs importés ont reculé de -20% /2022 en juillet et -7% en août 2023.
Fin octobre, une grève menée par plusieurs agents vétérinaires nord-irlandais a affecté la production de viande ainsi que les contrôles associés aux mouvements d’animaux d’une partie à l’autre de l’île d’émeraude.
Avec un été pluvieux, comme au Royaume-Uni, les fourrages récoltés sont de qualité médiocre ce qui entraîne une mauvaise finition des agneaux et des retards de sorties. La production irlandaise devrait donc logiquement augmenter au 4ème trimestre 2023 et au 1er trimestre 2024.

Les exportations de viande ovine irlandaise ont baissé de -3% /2022 sur 8 mois, dont -5% vers la France. Elles étaient par ailleurs en hausse de +3% vers le Royaume-Uni.

Nouvelle-Zélande : des exportations en léger recul sur 9 mois

Les sorties d’agneaux de la nouvelle saison en Nouvelle-Zélande devraient augmenter de +0,6 % par rapport à la même période de l’année dernière pour atteindre 20,4 M de têtes sur la campagne 2023-2024 selon Beef and Lamb New Zealand. De meilleures conditions d’élevage et des taux de prolificité accrus ont stimulé la production d’agneaux.
De janvier à septembre 2023, la production s’est maintenue d’une année sur l’autre, à 320 500 téc. Les effectifs d’agneaux abattus ont reculé de -1% /2022 et ceux des réformes de -6% /2022. Les carcasses d’agneaux comme de réformes destinés à l’export se sont alourdies, de respectivement +2% et +3% d’une année sur l’autre, à 19,4 kg et 25,8 kg de carcasse.

Sur la même période, les exports néozélandais de viande ovine ont également reculé de -1% /2022, à 316 000 téc. Après une nette baisse en juillet (volumes d’exportation très élevés en juillet 2022 pour rattraper le retard lié aux perturbations causées par le Covid au 1er trimestre), les expéditions se sont redressées en août puis stabilisées en septembre d’une année sur l’autre. Les exportations pourraient augmenter vers la Chine et l’Europe pour répondre à la demande de la période des fêtes, mais elles seront concurrencées par les produits australiens, plus compétitifs.

Sur 9 mois, les volumes exportés vers la Chine ont progressé de +12% /2022, à 166 000 téc. Ils ont en revanche fortement fléchi vers le Royaume-Uni (-23%, à 26 000 téc), la Malaisie (-57%, à 4 000 téc) et les Etats-Unis (-15%, à 23 000 téc). Les envois vers l’UE à 27, ont augmenté de +3%, en premier lieu vers les Pays-Bas et la Belgique, totalisant 53 000 téc sur la période