La découverte d’un cas de dermatose nodulaire contagieuse en Lombardie fin juin a entraîné des restrictions aux mouvements locales et notamment l’interdiction de l’entrée d’animaux dans la zone régulée, provoquant un léger tassement de la demande italienne en broutards et l’arrêt de la hausse des cours.
La dermatose nodulaire contagieuse perturbe le commerce autour de Mantoue (Italie)
Un foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a été repéré le 25 juin en Lombardie, région de forte concentration d’ateliers d’engraissement. Comme en France, une zone de protection de 20 km, assortie d’une zone de surveillance de 50 km autour du cas lombard a été mise en place, avec des restrictions de mouvements et limité les entrées de broutards dans les élevages.
Cependant, en l’absence de nouveau cas constaté depuis cette première irruption, les règles de mouvements des animaux commencent à s’assouplir. Les animaux issus de la zone de protection peuvent désormais être abattus y compris dans des abattoirs de zone indemne, moyennant un protocole sanitaire strict. Toutefois, les abats des animaux sont encore systématiquement saisis, ce qui représenterait une perte de l’ordre de 35 à 45 €/taurillon.
D’après le règlement européen, l’introduction d’animaux issus de zone indemne est prohibée pendant 45 jours après la détection du dernier cas. En l’absence de nouveau cas depuis le 25 juin, les importations de broutards pourraient donc reprendre dans la zone à partir du 12 août.
Aucun impact significatif n’a été observé sur les cours des taurillons italiens, comme expliqué dans notre article dédié aux jeunes bovins en Europe.
Fermeture des pays tiers
Avec 6 000 têtes sur cinq mois, les exports vers les pays tiers avaient été dynamiques en début d’année.

L’ensemble des broutards ont été exportés vers le Maroc (2 500 têtes, +2 000 /2024) et vers la Tunisie (3 500 têtes, -1 000 /2024).
Cependant, la détection de la DNC en France a entraîné la fermeture immédiate des exportations vers les pays tiers. Ceux-ci devraient donc tomber à zéro à partir de juillet 2025.
Fort recul des envois vers l’Italie
Depuis la détection des cas de DNC en Lombardie en semaine 26 (le 25 juin), les envois de bovins de tous types vers l’Italie (dont plus de 90% de broutards) ont fortement reculé.

En cumul sur les trois dernières semaines, 40 000 bovins ont été exportés vers l’Italie, en baisse de 17% ou 8 000 têtes sur un an. À l’inverse, le dynamisme du marché espagnol se confirme, avec des imports en hausse de 31%, à 26 000 têtes en trois semaines. Attention cependant, ces exportations sont historiquement constituées à plus de 70% de veaux pour seulement environ un quart de broutards.
L’Espagne toujours demandeuse de broutards français
La hausse des envois de broutards vers l’Espagne, tirée par les mâles les plus lourds, explique la totalité de la croissance des exportations de bovins vifs.

En cumul sur cinq mois, 196 000 bovins ont été exportés vers l’Espagne d’après les Douanes (+21 000 têtes /2024), dont 71 000 broutards (+26 000 têtes ou +58% /2024) et 117 000 veaux (-7 000 têtes). Les broutards représentent début 2025 36% des envois de bovins vifs vers l’Espagne, contre plutôt 20% à 25% historiquement.
Légère correction des cours
La baisse forcée de la demande italienne du fait de la DNC et des températures élevées ont conduit les opérateurs à mettre de la pression sur les prix. Un fléchissement des cours, habituel depuis quelques années en début d’été, a été enregistrée pour l’ensemble des catégories de broutards.

Cette baisse sur les trois dernières semaines n’efface cependant pas la hausse acquise depuis le début de l’année. En semaine 28, les cotations s’établissaient à :
- 5,51 € kg /vif pour le Charolais U de 450 kg vif, soit + 44% /2024 et +33 cts en quatre semaines,
- 5, 75 € kg /vif pour le Charolais U de 350 kg vif, soit +49 % /2024 et +17 cts en quatre semaines,
- 5,35 € kg /vif pour le Limousin E de 350 kg vif, soit + 35% /2024,
- 5,62 € kg /vif pour le Croisé R de 300 kg vif, soit +61% /2024,
- 4,84 € kg /vif pour la Charolaise U de 270 kg vif, soit +42% /2024,
- 4,95 € kg /vif pour la Limousine E de 270 kg vif, soit +38% /2024.
Les fortes chaleurs et la sécheresse constatée en début d’été (voir la note agroclimatique prairies) pourrait pousser les sorties de broutards, réduisant ponctuellement le déficit d’offre constaté depuis plus d’un an.
Naissances toujours en fort recul
Bien qu’ayant fortement ralenti sa diffusion en France, les sérotypes FCO continuent de peser sur les naissances de veaux allaitants par l’impact qu’ils ont eu sur les reproductions de l’automne (infertilité des vaches et taureaux, avortements, etc.).

En mai, 207 000 veaux sont nés de mère allaitante, soit une baisse de 8,7% ou 20 000 têtes sur un an. Le cumul sur la campagne en cours (juillet 2024 – mai 2025) est également en forte baisse de 6,4%, à 2,913 millions de têtes, soit 205 000 naissances en moins. Les disponibilités en broutards s’annoncent donc faibles pour la fin de l’année 2025 et le début de 2026.