L’Australie, seul exportateur majeur qui progresse en 2024

Face à une production toujours dynamique en 2024 à la suite d’un épisode de recapitalisation visiblement efficace, l’Australie enregistre une hausse à deux chiffres de ses exportations de viande ovine. C’est bien le seul exportateur notable qui y parvienne, les autres souffrant d’un manque de production.

Australie : la grande gagnante de 2024

Avec une production de viande ovine encore très dynamique en 2024 (+12%/2023, à 695 000 tonnes, sur 9 mois) grâce à un long épisode de recapitalisation amorcé en 2021, les exportations australiennes de viande ovine ont bondi de 16% sur 11 mois en 2024, soit une hausse de 32 000 téc. Il s’agît d’un nouveau record sur 11 mois, après celui de l’an passé. Les envois ont reculé de 7% vers la Chine, à 171 000 téc, idem vers l’UE à 4 000 téc, et ont au contraire bondi de 36% vers les États-Unis, à 105 000 téc, et de 51% vers le Royaume-Uni, à 20 000 téc.

Nouvelle-Zélande : des exports plutôt résilients face à un cheptel et une production en baisse

Après avoir augmenté de 6% sur les 5 premiers mois entre 2023 et 2024, la production ovine abattue en Nouvelle-Zélande a chuté de juin à octobre, ramenant le cumul sur 10 mois à -3% /2023, soit un total de 350 000 t. Sur cette période, le nombre d’agneaux abattus s’est apprécié de 2%, à 15 M de têtes, tandis que celui des réformes a reculé de 14%, à 2 M de têtes. Les éleveurs tentent de reconstituer leurs cheptels après de nouveaux épisodes de sécheresse.

Toutefois, selon les prévisions du secteur, le cheptel ovin néozélandais devrait de nouveau reculer au printemps 2025, de 5% d’une année sur l’autre. Les changements d’utilisation des terres en faveur de l’étalement urbain ou d’autres secteurs agricoles bien plus rentables (la rentabilité des élevages ovins ne cesse de baisser) comme la production de lait de vache (dont le prix ne cesse de croître) ou encore la sylviculture (encouragée par l’état), expliquent ce recul.

Les exportations de viande ovine sur 11 mois ont moins reculé que les abattage, de seulement 1% comparé à leur niveau de 2023, totalisant 377 000 téc. La demande chinoise reculant nettement (- 24%), la Nouvelle-Zélande a réorienté ses envois vers le Royaume-Uni (+53%), l’Amérique du Nord (+34% vers les USA, +23% vers le Canada et +37% vers le Mexique) et l’UE à 27 (+10%).

Royaume-Uni : la cotation reste soutenue début 2025

La cotation de l’agneau britannique est orientée à la hausse en début d’année. En semaine 2 de 2025, elle se situait à 8,67 €/kg, soit +0,19 €/kg d’une semaine sur l’autre et +1,62 €/kg comparée à 2024.

Sur 11 mois en 2024, la production britannique de viande ovine a baissé de 7%, totalisant 241 000 t. Cela s’explique par un repli de 13% des abattages de réforme et de 7% des abattages d’agneaux. Comparée à la moyenne 2015-2019, le repli est de 11%. Les conditions d’élevage étaient plus difficiles en 2024 – notamment en raison des conditions météorologiques particulièrement humides – et les effectifs de reproductrices étaient en repli, surtout en Angleterre (-4% au 1er juin 2024 /2023).

Pour compenser ce manque de production, les importations de viande ovine ont bondi, de 43% /2023 sur 11 mois en 2024, à 71 500 téc, avec +56% en provenance de Nouvelle-Zélande et +65% d’Australie mais -27% d’Irlande.

Face à la nette baisse de la production, et malgré des importations dynamiques, les exportations britanniques de viande ovine sur 11 mois ont reculé de 6% /2023, à 71 400 téc. La baisse la plus forte est enregistrée vers la République d’Irlande (-80%/2023 soit -3 600 téc) : l’Irlande du Nord a en effet vendu davantage vers le reste du Royaume-Uni vu son bas niveau d’offre cette année. Les exportations du Royaume-Uni se tenaient ainsi 8% sous leur niveau d’avant Brexit et pandémie de Covid-19 (moyenne 2015-2019).

Selon Kantar, en 2024, les achats au détail de viande ovine par les consommateurs britanniques sont repartis à la hausse, augmentant de 4% /2023 en volume et de 8% en valeur.

Irlande : le cours irlandais s’envole début 2025

En semaine 2 de 2025, la cotation des hoggets irlandais poursuivait sa nette ascension et atteignait 9,30 €/kg, en hausse de 2,45 €/kg comparé à la même semaine en 2024.

Après avoir augmenté de 2% entre 2022 et 2023, la production irlandaise de viande ovine a perdu 9% /2023 sur 11 mois en 2024. Les abattages d’agneaux ont baissé de 8% /2023 en volume comme en têtes et ceux des réformes de 14% en têtes contre 13% en volumes, illustrant une légère hausse de leur poids moyen, de +0,4 kg carcasse. Comme au Royaume-Uni, la baisse du cheptel reproducteur irlandais (-2,5% entre fin 2022 et 2023) explique ce repli de la production.

Sur la même période, les exportations de viande ovine irlandaise ont baissé de 13%, à 45 600 téc, avec un recul de 9% vers la France et de 14% vers le Royaume-Uni. Associée à la baisse de la production nationale, la concurrence de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande sur le marché européen participe à ce repli des envois.

Espagne : le cours reste élevé début 2025

A l’image de la tendance fin 2024, le cours espagnol entrée abattoir a débuté l’année 2025 a un niveau élevé, à 9,50 €/kg en semaine 2, soit 1,39 €/kg au-dessus de son niveau de 2024.

Après une baisse de 11% entre 2022 et 2023, la production de viande ovine espagnole sur les dix premiers mois de 2024 diminuait toujours, de 8% /2023, à 81 000 téc. Le nombre d’agneaux abattus baissait de 5% et celui des réformes de 26% (et -21% en volume, soit une hausse de poids de carcasse moyen de +1,7 kg), avec une probable volonté de recapitaliser après trois années de sécheresse.

Tirés par une demande marocaine qui a quasiment triplé d’une année sur l’autre, les envois d’agneaux vivants sur 11 mois ont augmenté de 3% /2023. Parallèlement, les envois de réformes ont bondi de 50%, là aussi via une explosion des envois à destination du marché marocain (x3).

Sur la même période, les exportations de viande ovine espagnole reculaient de 1% /2023, à 40 000 téc, principalement du fait d’un arrêt des envois vers Oman et d’une forte baisse vers les Emirats Arabe Unis (-860 téc), Israël (-480 téc) et le Qatar (-980 téc). Ces reculs ont été partiellement contrebalancés par les hausses vers la France (+410 téc), la Grèce (+540 téc) et aussi et surtout la réouverture du marché algérien (+4 432 téc).