Après avoir été lourdement affecté par le Brexit, le Royaume-Uni reprend peu à peu de la vigueur. La signature des accords de libre-échange avec les deux premiers exportateurs mondiaux de viande ovine, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, entrés en vigueur en 2023, a permis au pays d’accroitre ses imports et ainsi de renforcer son offre pour prospérer à l’export.
Royaume-Uni : hausse de la production, des exports et timide reprise des achats
Après une forte hausse fin mai, la cotation de l’agneau britannique oscille autour de 8,70 €/kg et atteignait 8,64 €/kg en semaine 27 de 2025 (se terminant le 6 juillet), soit -0,15 €/kg d’une semaine sur l’autre et +0,59 €/kg comparée à 2024.

Les prix des réformes dépassent ceux de 2024 depuis le début de l’année, contrairement aux agneaux. Les abattages sont en baisse et la demande en hausse, notamment via la reprise de la restauration et des boucheries halal en 2024. Au 1er semestre 2025, la consommation d’agneau dans la restauration collective a affiché une performance stable d’une année sur l’autre.
Les dernières données du Defra (Département de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales) indiquent que la production britannique de viande ovine a atteint 135 000 t sur le 1er semestre 2025, soit une hausse de 4% /2024 et une stabilité comparée à la moyenne 2015-2019.
Les abattages d’agneaux ont totalisé 5,6 M de têtes sur la période, soit +4% /2024, avec une légère hausse des poids moyens de carcasse, passant de 20,5 à 20,8 kgéc. Cette progression est due à un report plus important d’agneaux de 2024. Les abattages de réformes ont à l’inverse reculé, de 6%, à 654 000 têtes, avec un allègement des carcasses, de 28,3 à 27,3 kgéc en moyenne. Le recul des abattages de brebis, probablement en lien avec une volonté de recapitaliser, fait bondir leur prix.
Les exportations britanniques de viande ovine étaient en hausse de 14% sur la période, à 36 000 téc. Elles dépassaient ainsi de 8% leur niveau d’avant Brexit et pandémie de Covid-19 (moyenne 2015-2019). On observe de nettes hausses vers la France (+3 700 téc /2024) et les Pays-Bas (+630 téc), mais des baisses vers l’Allemagne (-122 téc) et l’Irlande (-220 téc).

Après un bond en 2024, les importations britanniques de viande ovine poursuivent leur croissance début 2025, augmentant de 11% /2024 sur les cinq premiers mois de 2025, à 33 000 téc, avec +220 téc en provenance de Nouvelle-Zélande et +3 190 téc d’Australie mais -1 310 téc d’Irlande.
La baisse des ventes d’agneau au détail ralentit : -0,6% d’une année sur l’autre en volume au cours des 12 semaines se terminant le 15 juin 2025. Les dépenses ont augmenté de 4% au cours de cette période, grâce à une hausse de 5% des prix moyens payés (Kantar). Finalement, les ventes d’agneau sont quasi stables d’une année sur l’autre de la mi-mars à la mi-juin 2025.
Irlande : hausse des cours bloquée malgré une offre en recul
En semaine 26 de 2025, selon la Commission européenne, la cotation de l’agneau irlandais atteignait 8,19 €/kg, en recul de 0,02 €/kgéc d’une semaine sur l’autre et de 0,15 €/kgéc comparée à la même semaine en 2024. Le cours se tasse alors que l’approvisionnement est amoindri : les tensions entre les syndicats agricoles et les usines, accusées de maintenir une politique de baisse de prix, persistent.

Après avoir déjà baissé de 10% entre 2023 et 2024, la production irlandaise de viande ovine a chuté de 14% /2024 sur les cinq premiers mois de 2025, totalisant 22 400 tonnes : c’est 13% de moins que sur la moyenne des cinq dernières années. Les effectifs d’agneaux abattus ont diminué de 16% /2024 et de 14% en volume, illustrant une hausse de leur poids moyen de carcasse, de 22,0 à 22,6 kg. Ceux des réformes ont aussi reculé, de 18% /2024, et de 16% en volume, leur poids moyen de carcasse passant de 25,6 kgéc à 26,3 kg.
Sur les cinq premiers mois de 2025, les exportations de viande ovine irlandaise ont baissé de 3% d’une année sur l’autre, à 20 700 téc. Elles reculent de 9% sur la période, comparées à la dernière moyenne quinquennale.
Espagne : la cotation entrée abattoir a bondi début juillet
Le cours de l’agneau espagnol entrée abattoir a bondi début juillet pour se replier légèrement ensuite : il était enregistré à 9,36 €/kg en semaine 28, soit -0,47 €/kg d’une semaine sur l’autre et +1,22 €/kg /2024. Cette hausse est potentiellement due à la décision d’une entreprise d’exporter en vif des agneaux initialement destinés à l’abattage en Espagne, afin de gagner en rentabilité.

Selon Agreste, la production de viande ovine espagnole a augmenté de 3% d’une année sur l’autre sur quatre mois en 2025, totalisant 33 100 téc.
Près de 211 500 réformes ont été abattues, soit -3 %/2024 et la baisse est sensiblement la même en volume : le poids moyen de carcasse est stable, à 24,8 kgéc. On constate un alourdissement très marqué des carcasses d’agneaux de +0,9 kgéc sur la période considérée, à 12,0 kgéc. 2,3 M d’agneaux ont été abattus, soit -4 %/ 2025, mais les volumes abattus étaient à l’inverse en hausse de 4%. Cet alourdissement des agneaux est probablement en lien avec l’annulation de l’envoi au Maroc de dizaines de milliers d’ovins pour la Fête du Sacrifice (prévue le 6 juin et « annulée » par le roi du Maroc), qui ont finalement été abattus en Espagne puis exportés sous forme de viande.
Les envois d’agneaux espagnols vers le Maroc ont alors de nouveau baissé d’une année sur l’autre en mai et ceux vers la Jordanie n’ont pas repris (- 112 300 têtes). Sur 5 mois, ils ont alors diminué de 18 % /2024, totalisant près de 552 000 têtes, avec des baisse vers le Maroc (- 137 000 têtes), la France (- 22 000 têtes), la Libye (- 54 000 têtes) et l’Italie (- 28 000 têtes) que les hausses vers le Portugal (+ 31 000 têtes) et l’Allemagne (+ 14 000 têtes) n’ont su contrebalancer.

Les envois de réformes ont de nouveau chuté en mai, et sur 5 mois ils ont reculé de 23% /2024, à 67 000 têtes, via des envois en baisse à destination du marché marocain (- 9 400 têtes), de l’Italie (- 8 000 têtes), de la France (- 5 000 têtes) et du Liban (- 3 600 têtes) et une hausse vers le Portugal (+ 3 300 têtes).
Les exportations de vifs restent majoritairement concentrées vers le Maroc, rendant le modèle économique de la filière vulnérable mais l’ouverture récente du marché algérien aux exportation d’ovins espagnols vivants rassure.
Après un creux en 2023 et 2024, les exportations de viande ovine espagnole sont en nette hausse d’une année sur l’autre sur les cinq premiers mois de 2025, de 10% / 2024, à 21 600 téc. C’est 5% de plus que sur les cinq dernières années. On observe notamment une forte hausse des envois vers l’Algérie (multipliés par cinq, de 1 200 à 6 200 téc).
La capacité de certaines entreprises espagnoles à passer de l’export de viande à l’export de vifs – selon les opportunités – met certains abattoirs espagnols en difficulté.
Nouvelle-Zélande : la production s’écroule en avril et mai
La production ovine abattue en Nouvelle-Zélande s’est maintenue d’une année sur l’autre en janvier puis a augmenté en février et mars. En avril et en mai, elle a chuté de respectivement 21% et 30% /2024, les agneaux ayant bien poussé fin 2024/début 2025, ils sont sortis plus tôt que prévu, expliquant ce décalage.
Sur les cinq premiers mois de 2025, la production a reculé de 7% /2024, totalisant 213 000 téc. Le nombre d’agneaux abattus a diminué de 12% /2024, à 9,0 M de têtes, tandis que celui des réformes a augmenté de 12%, à 1,6 M de têtes. C’est avant tout la baisse des naissances au second semestre 2024, due au recul du cheptel reproducteur et à une baisse des taux d’agnelages causée par la sécheresse, qui explique ce recul de la production néozélandaise.
Cette baisse de l’approvisionnement a provoqué une poursuite de la hausse des prix dès début 2024, qui n’a visiblement pas limité la capacité commerciale de la Nouvelle-Zélande.
Les exportations de viande ovine ont certes reculé en mai, mais ont totalisé 218 000 téc sur 5 mois, soit +2% /2024.

Sur la période, les exportations ont augmenté d’une année sur l’autre vers la Chine (+ 2 200 téc) et l’UE-27 (+ 6 200 téc) mais se sont repliées vers les États-Unis (- 3 600 téc) et le Royaume-Uni (- 1 800 téc).
En Australie, les deux précédentes années d’intense production laissent place à un cheptel ovin amoindri alors même que cet acteur majeur des flux mondiaux de viande ovine élargit encore ses possibilités sur le marché chinois. Un article dédié à l’Australie est à retrouver ici.
