La filière australienne recapitalise et le prix de ses agneaux s’envole

Soumise à de fréquents aléas climatiques, l’Australie sort de deux années de forte production de viande ovine en partie liée à des épisodes de sécheresses. Elle entame alors un énième cycle de recapitalisation, ce qui se traduit par le fait que les éleveurs gardent davantage d’agnelles : cela appauvrit le marché et fait grimper les prix, d’autant que la Chine ouvre plus largement son marché.

Le cheptel ovin australien diminue sous l’effet d’une forte demande et de la sécheresse

Conséquence des records de production et d’exportations de viande ovine en 2023 et 2024 sous l’effet de la sécheresse (raréfaction des aliments), l’Australie a vu son cheptel ovin diminuer ces deux dernières années. La demande croissante à l’export et les prix élevés de l’agneau expliquent aussi cette situation. Ce repli de cheptel ovin concerne principalement le Sud de l’Australie (Occidentale, Méridionale et le Victoria), particulièrement touché par les vagues de sécheresse.

Brebis australiennes cherchant de quoi se nourrir dans une prairie asséchée – © Josep Monter Martinez

Conséquence directe des sécheresses, les sorties printanières des agneaux (septembre à novembre) vont être tardives cette année en raison d’un automne (mars à mai) australien défavorable. La situation est aussi plutôt mauvaise pour les transformateurs et cela devrait se poursuivre au 2nd semestre 2025.

Le nombre de brebis pourrait encore reculer de 9% en 2026, selon Meat and Livestock Australia (MLA). Le cheptel ne devrait pas se rétablir avant au moins 2027, avec le retour à la normale des conditions météorologiques.
Parallèlement à cette baisse subie, MLA rapporte que les éleveurs ont exprimé leur intention de réduire le nombre de brebis à partir de 2026.

Le prix des agneaux augmente face à un manque d’offre

Tous ces éléments font exploser le prix des animaux : le National Trade Lamb Indicator, qui correspond à la cotation entrée abattoir australienne de l’agneau, était enregistré en moyenne à 10,58 $AUS/kg en juin 2025 (soit 5,97 €/kg). C’est 47% de plus qu’en 2024 le même mois ! Il a par ailleurs plus que doublé depuis le plancher atteint en octobre 2023.

Les éleveurs gardent des agnelles pour tenter de recapitaliser

Subissant une baisse avérée du cheptel ovin, les éleveurs australiens tentent de reconstituer leurs troupeaux en gardant davantage d’agnelles cette année. En conséquence, les abattages d’agneaux ont baissé de 1% sur le 1er semestre 2025 comparé à 2024, à 12 M de têtes. Ce repli est contrebalancé par la hausse de 5% des abattages de réformes, à 4,8 M de têtes.

Au total, les effectifs d’ovins abattus étaient quasiment stables d’une année sur l’autre au 1er semestre 2025 en Australie (+1% /2024), totalisant 16,9 M de têtes.

Le marché chinois s’ouvre encore davantage à la viande ovine australienne

Parallèlement, les exportations de viande ovine australiennes ont progressé de 13% d’une année sur l’autre sur un cumul de cinq mois, totalisant 118 400 téc. On constate un recul marqué vers les États-Unis, de 2 200 téc tandis que les envois progressent vers la Chine (+1 600 téc), l’Arabie Saoudite (+1 700 téc) et le Royaume-Uni (+1 200 téc).

Selon China Daily, les autorités chinoises ont accordé en avril dernier un accès à leur marché pour dix établissements d’export australiens en viande ovine et caprine et l’élargissement des catégories de produits pour sept autres. Une gamme plus large de produits à base de viande d’agneau et de mouton australiens sera bientôt disponible pour les consommateurs chinois, allant des coupes persillées haut de gamme, adaptées à la restauration et à la vente au détail, aux produits traditionnels populaires dans les fondues chinoises et autres utilisations culinaires. Les nouvelles expéditions devraient débuter sous quelques semaines après cette annonce, sous réserve de la finalisation des formalités administratives.

L’Australie renforce ainsi sa position sur ce marché asiatique qui est son premier débouché en viande ovine depuis maintenant plus de 12 ans.

Les envois d’ovins vivants australiens se maintiennent

Les envois d’ovins vivants se maintiennent quant à eux d’une année sur l’autre sur 5 mois, totalisant 2,2 M de têtes. On note notamment la reprise des envois vers l’Inde et l’absence d’envois vers la Chine. A noter que les exportations de bétail vivant devraient être interdites à partir de 2027, ce qui pousse les éleveurs et les entreprises à réfléchir à des alternatives.