Les prix des JB finis sont à la hausse chez nos voisins européens en raison d’une offre globalement limitée. Certes, la demande subit l’inflation galopante qui réduit le pouvoir d’achat, mais la viande bovine reste une valeur sûre pour les ménages et son prix au détail augmente finalement moins que celui de la volaille.
ITALIE : les cours ont démarré leur hausse saisonnière
En Italie, les cotations des jeunes bovins ont entamé leur hausse saisonnière. La demande semble ainsi bien se tenir face à une offre limitée. Le mâle charolais de 1ère catégorie à Modène a gagné 11 centimes en 4 semaines pour atteindre 3,33 €/kg vif début septembre (+28% /2021). Le mâle limousin Extra a gagné également 11 centimes à 3,52 €/kg vif (+24% /2021).
Les cotations des femelles ont gagné 8 centimes en 4 semaines, à 3,32 €/kg vif pour la Charolaise (+24% /2021) et 3,53 €/kg pour la Limousine (+22%).
Ces hausses de prix sont les bienvenues pour amortir la hausse des coûts de production. L’indice (analogue à l’IPAMPA français) « jeunes bovins d’abattage » calculé trimestriellement par l’ISMEA, en base 100 en 2015, a atteint 130,1 au 2ème trimestre (+18% /2021 et +19% /2020). Les 2 postes principaux de cet indice composite sont l’achat du broutard (63%) et l’alimentation des animaux (24%).
L’inflation a poursuivi son accélération en août selon Istat (+8,4% /2021 contre +7,9% en juillet). L’indice des prix à la consommation des produits alimentaires est passé à +10,7% /2021, contre +10,1% en juillet. L’inflation est moindre pour la viande bovine que pour les autres produits animaux, à +6,7% en août, contre +15,6% pour la volaille, +15,2% pour les œufs et +10,7% pour les fromages.
D’après la base de données Anagrafe zootecnica, les abattages ont été limités en début d’été. Sur les 2 mois de juin et juillet, 226 000 bovins de 12 à 24 mois ont été abattus (-4% /2021) dont 132 000 mâles (-7%) et 94 000 femelles (+3%).
ALLEMAGNE : offre restreinte, prix en hausse
En Allemagne, le marché est équilibré et les prix poursuivent leur hausse saisonnière. Les cotations des jeunes bovins ont gagné entre +7 et +11 centimes en 4 semaines selon les conformations et se situent toutes à +23% /2021 début septembre, soit 5,06 €/kg de carcasse pour le JB U, 4,99 €/kg pour le JB R et 4,75 pour le JB O.
L’offre de jeunes bovins est très limitée. Sur les 8 semaines 28 à 35, les abattages de jeunes bovins ont enregistré une baisse significative par rapport aux années précédentes (-8% /2021 et -7% /2020).
L’inflation est très forte en Allemagne (+7,9% /2021 en août) et en particulier l’inflation alimentaire (+16,6%), ce qui réduit le pouvoir d’achat des ménages. Toutefois les experts allemands d’AMI sont confiants sur une bonne tenue de la demande en viande bovine à l’automne avec l’arrivée des températures plus fraîches, quand les Allemands devront se tourner vers des plats plus consistants.
D’après Gfk, les achats de viande bovine par les ménages sur les 7 premiers mois de l’année étaient en recul par rapport aux années précédentes (-23% /2021, mais seulement -3% /2019). Rappelons qu’en 2021, la fermeture des restaurants avait engendré comme ailleurs en Europe un report important sur la consommation à domicile.
ESPAGNE : la hausse de production n’empêche pas celle des prix
En Espagne, la production de jeunes bovins poursuit sa hausse. Certes, la flambée des prix des matières premières inquiète dans un pays où l’engraissement est principalement basé sur des rations sèches très dépendantes de l’importation de céréales et d’oléagineux et où le coût alimentaire représente plus de la moitié du coût de production d’un JB. Mais il semble que pour l’instant les systèmes parviennent à y faire face, en témoigne le maintien des flux de petits veaux français vers l’Espagne.
Sur les 6 premiers mois de l’année, les abattages de jeunes bovins ont totalisé 196 000 téc (+5% /2021), dont 71 000 téc de bovins jeunes de 8-12 mois (+7% /2021), 85 000 téc de taurillons (+4% /2021) et 40 000 téc de génisses (+4% /2021). A cette production abattue croissante s’ajoute des exports de bovins finis eux aussi en hausse de +24% /2021 à 116 000 têtes sur le premier semestre. Les exportations de bovins vivants ont ainsi concerné 8% des bovins produits dans le pays sur les 6 premiers mois de l’année.
Malgré la hausse des sorties, les prix ont enclenché une petite hausse saisonnière grâce à la baisse des températures qui stimule la demande sur le marché européen. Le JB U espagnol cotait 5,03 €/kgéc en semaine 35 (+33% /2021) et le JB R 4,96 €/kgéc (+32% /2021).
La demande nationale est plus en retrait du fait de la très forte inflation (+10,4% en août) qui bride la consommation.
POLOGNE : baisse de production au 1er semestre
En Pologne, la production de jeunes bovins plafonne très nettement. Sur les 6 premiers mois de l’année, les volumes de jeunes bovins mâles et femelles abattus n’ont totalisé que 201 000 téc (-3% /2021 et -4% /2020), dont 156 000 téc de taurillons (-5% /2021) et 45 000 téc de génisses (+5%). La part croissante de femelles dans la production témoigne d’une part de la difficulté croissante à trouver des veaux mâles (à 156 €/tête début septembre, les veaux mâles laitiers polonais étaient de loin les plus chers d’Europe) et d’autre part de la mise en place d’une filière génisse pour servir le marché italien.
La cotation du JB R polonais oscille à un haut niveau. Elle s’établissait début septembre à 4,87 €/kg de carcasse (+30% /2021). Elle n’est plus très loin de la moyenne européenne (4,99 €/kg en semaine 35, soit +26% /2021).