Après plusieurs mois de recul, la collecte de lait biologique en France semble s’être stabilisée en novembre 2024. Cependant, sur l’ensemble de l’année, la baisse reste significative. En parallèle, les ventes de produits laitiers bio ont poursuivi leur repli, bien que la tendance soit moins marquée qu’auparavant.
Stabilisation de la collecte de lait biologique en novembre 2024
Après plusieurs mois de baisse, la collecte de lait biologique en France s’est stabilisée en novembre 2024 (+0,1% /2023). Toutefois, le mois de novembre 2023 avait été marqué par un fort repli. Sur les 11 premiers mois de l’année, la collecte de lait bio accuse une baisse notable de 4,1 % par rapport à 2023, une tendance identique ramenée en MSU. Cette diminution s’explique par deux facteurs principaux : la contraction du nombre de livreurs et les aléas climatiques. Le nombre de livreurs de lait biologique, qui avait atteint un sommet en juin 2022 avec plus de 4 300 livreurs (source : FranceAgriMer), n’a cessé de diminuer depuis. En novembre 2024, leur nombre est tombé à moins de 3 900 (-10% / juin 2022) soit 9,4% des livreurs français. Par ailleurs, les conditions météorologiques ont lourdement pesé sur la production. Un printemps particulièrement pluvieux a perturbé le pâturage des vaches, réduisant leur productivité. Néanmoins, la seconde moitié de l’année a bénéficié d’un retournement favorable : les bonnes conditions de pâturage, jusqu’à très tard dans l’année, ont compensé la mauvaise qualité des fourrages récoltés et permis de retrouver des rendements laitiers plus satisfaisants. Contrairement aux éleveurs conventionnels, les éleveurs bio ont limité l’usage de concentrés, leurs coûts demeurant très élevés.

À l’exception de la Normandie, où la collecte est restée stable en cumul sur 11 mois, les autres régions ont enregistré une baisse. En Pays de la Loire, première région productrice, le recul atteint 4,2 %, tandis que la Bretagne, en seconde position, limite les pertes à 1,3 %. La dégradation est plus marquée en Auvergne-Rhône-Alpes, troisième région de production, qui accuse une chute significative de 7,6 %. Les régions de l’Est, impactées par la FCO, affichent des reculs dépassant les 8%.
Prix du lait bio inchangé par rapport à 2023
En novembre 2024, le prix moyen du lait bio 38/32 s’est établi à 518 €/1 000 l, légèrement supérieure à l’année précédente (+3€ /2023). Depuis le début de l’année, la courbe de prix suit la même trajectoire que celle observée en 2023. Ainsi, le prix moyen sur l’année 2024 est identique à l’année dernière. D’après des annonces de laiteries, le prix du lait bio devrait légèrement augmenter en 2025.

Il est intéressant de souligner que depuis 2022, l’écart de prix entre le lait bio et le lait conventionnel s’est considérablement réduit. En 2024, on note un écart en moyenne de 50 €. L’écart était habituellement de 130 €.

Ventes de produits laitiers bio toujours en baisse
En 2024, les ventes de produits laitiers bio en magasins généralistes ont poursuivi leur recul amorcé en 2021. Le repli est toutefois moins marqué, estimé à 5,7% /2023 en équivalent lait, alors qu’on dépassait les 10% en 2023 et 2022. La baisse est toujours très forte pour la crème bio (-10% /2023) et les fromages (-8%), deux catégories déjà marginales en bio (avec des parts de marché de 1,6% pour la crème bio et 0,8% pour les fromages bio en volume en magasins généralistes).

Les prix des produits laitiers bio en magasins généralistes ont assez peu évolué en 2024 comparé à 2023. A l’exception du prix du beurre qui a progressé de 3%, le prix des autres produits a oscillé entre -1% et +1%. Les écarts de prix avec leurs équivalents non bio avoisinent les 10% pour le beurre, les 15-20% pour le lait liquide et l’ultra frais, et jusqu’à 45% pour la crème et les fromages.

L’écart de prix entre les laits conditionnés bio et non bio reste relativement stable au fil du temps, bien qu’il se soit réduit en 2023 et 2024. Alors qu’il frôlait les 25 %, cet écart est désormais proche de 20 % au cours de ces deux dernières années.
Un risque de pénurie du lait bio ?
La consommation dans les magasins spécialisés bio semble montrer des signes de reprise. Par ailleurs, dans d’autres pays européens, la consommation de produits laitiers biologiques est repartie à la hausse. Et les ventes en magasins généralistes en France pourraient avoir atteint leur point bas. Un redémarrage de la consommation de produits laitiers bio dans l’Hexagone pourrait survenir. Cependant, la baisse de la collecte de lait bio, qui devrait se poursuivre, le faible nombre de conversions et les arrêts de certification laissent entrevoir un risque de pénurie de lait bio si la demande venait effectivement à repartir. Plus préoccupant encore, des interrogations subsistent quant à la capacité des exploitations à se convertir dans un contexte largement favorable au lait conventionnel. L’accélération de la robotisation et la recherche de volumes de production par ferme, pourraient freiner l’essor de nouvelles conversions vers la bio.
