Entre une demande allemande atone et des volumes supplémentaires en Espagne et en Irlande, le marché européen du jeune bovin est plutôt lourd. Les prix polonais continuent de subir les effets du scandale de fin janvier. Après s’être bien maintenus en Italie, les cours ont repris leur baisse saisonnière début juin.
ITALIE : reprise de la baisse saisonnière des cours à l’approche de l’été
En Italie, la baisse saisonnière des cours a marqué le pas en avril et mai avant de redémarrer début juin, les grossistes et distributeurs anticipant la fin de l’année scolaire. Les cours restent à des niveaux supérieurs à ceux des années précédentes. Le JB charolais de 700-750 kg à Modène cotait 2,53 €/kg vif début juin (+4% /2018 ; +5% /2017) et le JB limousin 2,76 €/kg (+1% /2018 ; +4% /2017).
L’offre modérée en Italie et les sorties de JB en net recul en France ont permis jusque-là de maintenir les prix des animaux les mieux conformés. Par ailleurs, le maintien de la consommation semble entretenir l’optimisme des opérateurs. Sur les 2 premiers mois de l’année, les achats des ménages de viande bovine ont progressé de 2% par rapport à 2018 d’après le panel Nielsen.
Enfin, le scandale ayant éclaté en Pologne fin janvier a conduit à une baisse des achats de viande polonaise (-8% /2018 en février), qui a contribué à alléger le marché italien.
POLOGNE : Les scandales sanitaires provoquent d’importants retards d’abattages
Le scandale sanitaire de la viande polonaise issue de vaches malades, qui a éclaté fin janvier, a provoqué une chute brutale de la demande européenne pour la viande polonaise. En conséquence, les abattages de taurillons ont fortement chuté en février en Pologne (-21% /2018), sans pour autant se redresser par la suite (-12% en mars et -2% en avril). Le recul d’abattages cumulés sur ces 3 mois atteint -29 000 têtes, alors même que la production était attendue en hausse puisque l’enquête cheptel de décembre enregistrait un bond de 6% des effectifs de mâles de 1 à 2 ans (ou + 54 000 têtes).
Le retard d’abattage est donc loin d’être résorbé et les prix à la production ne cessent de dégringoler. La cotation du JB O polonais est tombée à 2,88 €/ kg de carcasse début juin (-13% /2018 ; -8% /2017).
Sur le mois de février, soit juste après le scandale, les exportations polonaises de viande bovine réfrigérée ont chuté de 24% /2018, à 19 200 téc, dont 5 700 téc vers l’Italie (-8%), 3 200 téc vers l’Allemagne (-9%), 1 600 téc vers l’Espagne (-32%) et 1 300 téc vers les autres pays de l’Est (-42%).
ALLEMAGNE : demande atone, prix sous pression
En Allemagne, la demande n’est pas au rendez-vous et ce depuis le début de l’année. Ainsi, alors que l’offre est modérée (sur les 8 dernières semaines finissant fin mai, les abattages de taurillons étaient stables par rapport à 2018 et en retrait de 6% par rapport à 2017), le marché manque de fluidité. Des stocks se sont accumulés dans les frigos des transformateurs, mais également dans les ateliers d’engraissement où les sorties ont pris du retard.
Les prix sont donc sous pression et la baisse saisonnière est particulièrement prononcée. Sur le mois de mai, les cotations ont perdu 14 centimes pour tomber 9% sous leur niveau de 2018 fin mai, à 3,45 €/kg pour le JB U, 3,39 €/kg pour le JB R et 3,21 €/kg pour le JB O.
ESPAGNE : la hausse des abattages fait pression sur les prix
En Espagne, la dépréciation de la livre turque et l’arrêt des ventes de bovins finis à la Turquie ont provoqué une forte hausse des abattages nationaux à partir de l’automne. Après avoir progressé de 8% au dernier trimestre 2018, les abattages de taurillons et de bovins de 8-12 mois ont progressé de 5% au 1er trimestre 2019, à 408 000 têtes.
La production abattue supplémentaire (+6 000 téc sur les 2 premiers mois de l’année) a été intégralement exportée sous forme de viande réfrigérée ou congelée (+6 000 téc expédiées en janvier-février ou +24% /2018), ce qui alourdit encore un peu le marché européen du jeune bovin. La cotation du JB R espagnol est ainsi sous pression, à 3,73 €/kg de carcasse fin mai (-5% /2018).
IRLANDE : Forte hausse de production, prix dégradés
En Irlande, la production de taurillons est en hausse. La perspective du Brexit a en effet encouragé de nombre producteurs à diminuer la production de bœufs, principalement destinée au marché britannique, au profit de celle de taurillons, destinée aux marchés d’Europe du Sud. Ainsi, sur les 22 premières semaines de l’année, les abattages de taurillons ont bondi de 19%.
Par ailleurs, de nombreux animaux, toutes catégories confondues, sont sortis de façon anticipée au 1er trimestre, la peur du Brexit, qui devait initialement avoir lieu le 29 mars, ayant poussé les opérateurs à abattre les animaux pour que la viande puisse être exportée avant cette date. Ceci a conduit à un surplus d’offre important qui a exercé une forte pression sur les prix des bovins irlandais. Les cours remontent depuis fin avril, mais restent à de bas niveaux par rapport aux années précédentes : 3,74 €/kg pour le JB R (-8% /2018) et 3,53 €/kg pour le JB O (-9%).