Sur le début de l’année 2024, la collecte de lait dans l’UE poursuit une tendance baissière, amorcée au second semestre 2023. Le décrochage de la collecte irlandaise impacte la production européenne malgré une belle progression de la collecte polonaise.
Les prix du lait payés aux éleveurs tendent à converger dans les principaux bassins laitiers européens.
La collecte de lait dans l’UE en léger repli
La collecte dans l’UE-27 a marqué un recul modéré en février 2024 affichant une baisse de -0,3% /2023, effet année bissextile neutralisé. En cumul sur les deux premiers mois de l’année, le repli a atteint -0,4% /2023. Les évolutions sont variables d’un pays à l’autre. La baisse de collecte est très significative en Irlande (-16,1%) tandis que l’Allemagne (-0,6%), le Danemark (-1,4%), les Pays Bas (-2,6%) ou l’Italie (-0,4%) ont connu des baisses plus mesurées. La collecte continue de progresser en Pologne (+3,3%). Elle est aussi en hausse en Espagne (+1,6%). En France, la tendance baissière a été stoppée par une légère reprise de la collecte (+0,1%).
La collecte irlandaise toujours en net recul
Depuis le dernier trimestre 2023, la collecte décroche en Irlande interrompant une décennie de croissance. En cause, les conditions météo très défavorables ont impacté les volumes produits dans le pays où une grande partie des vaches sont dans des systèmes à base de pâturage. En 2023, l’Irlande a vécu une chute spectaculaire du prix de son lait quand les coûts de production en élevage sont restés élevés. Des évolutions réglementaires sur les nitrates affecteraient aussi la production.
La baisse des volumes irlandais participe à la remontée des prix européens du beurre, les fabrications de beurre ayant baissé dans le pays.
La collecte reste dynamique en Pologne
La collecte de lait en Pologne poursuit son dynamisme début 2024. Après avoir progressé en janvier 2024 de +2,8% /2023, c’est encore une hausse conséquente qui est enregistrée en février, de +3,7% /2023, année bissextile neutralisée. La hausse de production dans le pays incombe à des changements structurels (accroissement de la taille des troupeaux sur les exploitations et disparition des petites exploitations) et à une augmentation du rendement laitier des vaches. Les éleveurs polonais s’efforcent constamment d’augmenter la production par le biais de la génétique et de l’amélioration de l’alimentation.
Malgré cette belle dynamique, la Fédération polonaise des éleveurs laitiers alerte sur les coûts de production élevés en élevage, exprimant des inquiétudes quant à la compétitivité des produits laitiers polonais sur les marchés étrangers.
Les prix du lait des principaux bassins laitiers européens convergent
En février 2024, le prix du lait dans l’UE-27 s’est établi à 464 €/t. Il est en retrait de 69 € comparé à février 2023 (–13%). Après une progression en 2022, le prix a reculé en 2023 pour atteindre en moyenne annuelle 470 €/t, en repli de 32 € /2022. Au dernier trimestre 2023, les prix sont repartis à la hausse alors que la collecte dans l’UE était en baisse. Et ils se sont stabilisés en début d’année 2024.
Les prix du lait dans les principaux bassins laitiers de l’UE ont connu des évolutions d’ampleur variable selon les pays mais tendent à converger début 2024. L’Irlande a enregistré la plus forte hausse de prix payé aux éleveurs en 2022, atteignant presque 700 €/t fin 2022. C’est aussi le pays qui a connu le plus fort repli en 2023, son prix étant devenu l’un des plus bas de l’UE. Il est descendu à près de 380 €/t en août 2023. Il se rapproche désormais des prix observés dans les autres bassins de l’UE.
Le prix du lait en France a connu une progression beaucoup moins marquée en 2022 que les autres pays européens, étant moins sensible aux marchés des commodités laitières. Il s’est bien maintenu en 2023, dépassant les prix des principaux bassins de l’UE. Depuis novembre 2023, le prix du lait polonais a dépassé celui de la France.