Viande ovine

Repli du disponible en France sur les premiers mois de 2025

La FCO a aggravé la baisse du cheptel ovin français et les abattages d’agneaux comme d’ovins adultes diminuent sur les premiers mois de 2025. Les importations d’ovins vifs comme de viande ovine sont aussi en repli, ce qui amplifie ce recul du disponible en France. La baisse des achats de viande perdure en France, comme c’est le cas au Royaume-Uni, dans un contexte de pouvoir d’achat des ménages toujours contraint.

Viande ovine » France »

Une production finalement en recul à Pâques

Alors que les abattages ont dépassé leurs niveaux de 2024 une semaine avant Pâques, ceux-ci se sont ensuite effondrés. Au total, la production ovine destinée à Pâques s’est regroupée sur une grosse semaine au lieu de s’étendre sur plusieurs comme auparavant.

Après un record pour Pâques, la cotation de l’agneau français diminue franchement

En semaine 20 de 2025 (se terminant le 18 mai), la cotation française de l’agneau lourd est redescendue après Pâques, atteignant 10,51 €/kg, en baisse de 0,09 €/kg d’une semaine sur l’autre mais toujours en hausse de 0,89 €/kg par rapport à la même semaine en 2024.

On s’attend à un regain de la demande et donc de la cotation avec l’Aïd, prévue le 6 juin.

L’IPAMPA ovin viande poursuit très progressivement sa baisse amorcée fin 2022 : il recule légèrement d’un mois sur l’autre en mars 2025 et de 2% /2024. Si on regarde dans le détail :
• L’indice énergie et lubrifiants baissait de 8% d’un mois sur l’autre et de 15% /2024 ;
• L’indice engrais était en hausse de 1% d’un mois sur l’autre et de 5% d’une année sur l’autre ;
• L’indice aliments achetés était stable d’un mois sur l’autre et reculait de 2% /2024.

Des tonnages abattus pour Pâques finalement bien en-deçà des années passées

Si les agneaux présentés aux portes des abattoirs étaient nombreux pour la semaine précédent Pâques, soit au pic de production, ils l’étaient bien moins la semaine suivante. Les abattages se sont donc encore concentrés cette année essentiellement sur la semaine précédent Pâques, avec des commandes toujours plus tardives aux abatteurs.

En effet, selon Ovinfos, sur un cumul de 4 semaines précédent Pâques (13 à 16 en 2025), les effectifs cumulés d’ovins abattus reculent de 6% comparés au cumul d’avant Pâques de 2024. En semaine 19, le traditionnel creux des abattages, trois semaines après Pâques, atteint des niveaux plus bas qu’en 2024 et 2023 (voir le diaporama).

Gérer de tels volumes sur un temps si court est compliqué pour l’aval, mais l’incertitude sur le nombre d’agneaux disponibles comme sur le consentement à payer des consommateurs – même pour ces dates clés – explique une certaine indécision et donc des commandes tardives aux abatteurs.

La production recule logiquement au 1er trimestre 2025

Selon Agreste, la production abattue de viande ovine était en recul de 18% d’une année sur l’autre sur les trois premiers mois de 2025, à 16 000 téc, et de 9% comparée à la moyenne des cinq dernières années (2020-2024).

Attention, les abattages sont effectivement en recul cette année étant donné que les sorties et les importations d’agneaux sont amoindries mais le recul marqué du mois de mars est avant tout dû au décalage des dates de Pâques : les abattages étaient concentrés en mars l’an passé (Pâques tombant le 31 mars) et donc forcément supérieurs à ceux de mars 2025 (Pâques le 20 avril).

Sur cette période, les abattages d’agneaux ont diminué de 22% en effectif et de 20% en volume, à 704 700 têtes et 13 000 téc, avec un poids de carcasse à 18,6 kgéc (+0,54 kgéc /2024). Les réformes ont vu leurs carcasses s’alourdir plus nettement, passant en moyenne de 26,4 kgéc à 27,3 kgéc d’une année sur l’autre. Leur nombre a diminué de 8% /2024 (à 92 000 têtes) et en volume, la baisse de production est alors moins prononcée (-4%, à 2 500 téc).

Ces replis sont au moins en partie imputables à l’épidémie de FCO qui a provoqué une forte mortalité et des soucis de reproduction chez les mâles et les femelles dans les zones touchées, en particulier au 2nd semestre 2024.

Les importations d’agneaux vivants, tous en provenance d’Espagne, ont diminué sur les trois premiers mois de 2024, de 43% /2024, totalisant 13 000 têtes. Les imports de réformes, elles aussi 100% espagnoles, ont aussi baissé de 43% /2024, à 3 490 têtes.

Les exports d’agneaux vivants ont reculé de 13% sur la période, totalisant 110 000 têtes. Les envois vers l’Allemagne ont plus que triplé (+11 300 têtes) et n’ont pas suffi à contrebalancer les baisses vers l’Espagne (- 4 000 têtes), l’Italie (- 16 300 têtes) et la Grèce (-4 700 têtes). Les exports de réformes ont en revanche progressé, de 2%, à 9 950 têtes.

Les importations de viande ovine reculent également

Après un léger recul sur l’année 2024, les importations françaises de viande ovine destinées au marché français (en soustrayant le réexport estimé de viande ovine britannique) reculent toujours sur le 1er trimestre de 2025 (-5% /2024), totalisant 20 000 téc.

Sur cette période, on observe des baisses en provenance du Royaume-Uni (-2%), d’Irlande (-12%), et de Nouvelle-Zélande (-25%) mais une hausse en provenance d’Espagne (+9%).

Attention, comme pour les abattages et flux de vifs, le décalage des dates de Pâques explique en grande partie ce recul, les volumes importés en mars 2025 accusant une forte baisse (-11%/2024).

La viande ovine espagnole pourrait encore être présente de façon plus importante que les années passées sur les mois qui viennent : l’annulation de l’export de milliers d’ovins pour la fête du Sacrifice au Maroc a provoqué un regain des abattages en Espagne.

Le disponible français en viande ovine recule nettement au 1er trimestre 2025

Sur les trois premiers mois de 2025, les abattages français sont toujours en repli d’une année sur l’autre tandis que les importations de viande ovine reculent très légèrement.

Le disponible français en viande ovine au 1er trimestre recule ainsi de 11% /2024 et de 16% comparé à la moyenne 2015-2019.

D’après le panel Kantar, le repli des achats de viande ovine se serait accentué sur le 1er trimestre de 2025 pour atteindre 31% d’une année sur l’autre. Les prix, eux, continuent de croître, en moyenne de 9% /2024. Les achats de bœuf, de veau et de porc suivraient la même tendance, mais de façon plus modérée : volumes en baisse et prix haussiers. À l’inverse, le poulet, dont le prix a baissé, voit ses volumes de vente augmenter.

Pour Pâques, les grandes et moyennes surfaces mettent désormais en avant d’autres espèces, souvent moins onéreuses que l’agneau, comme de la volaille : l’incertitude concernant la disponibilité en agneaux français les pousse à la prudence lorsqu’ils passent commande auprès des abatteurs.

Il faut attendre les données d’avril pour avoir une idée du marché de la viande ovine en France début 2025 et ainsi contrebalancer le fort effet du décalage des dates de Pâques sur les abattages, les importations et les achats de viande ovine.

Viande ovine » UE et monde »

Hausse des envois depuis les principaux exportateurs, sauf l’Irlande

Les exportations de viande ovine sur le premier trimestre 2025 étaient à la hausse d’une année sur l’autre au Royaume-Uni, en Espagne et en Nouvelle-Zélande ainsi qu’en Australie. Elles reculent en revanche en provenance d’Irlande, face à une offre en net repli.

Royaume-Uni : la production se stabilise sur les quatre premiers mois de 2025

La cotation de l’agneau britannique tombait à 7,96 €/kg en semaine 19 de 2025, soit -0,15 €/kg d’une semaine sur l’autre et -1,66 €/kg comparée à 2024. L’offre s’est stabilisée et les exports augmentent, mais visiblement pas assez pour contrer la baisse de la demande intérieure.

Les dernières données du Defra (Département de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales) indiquent que la production britannique de viande ovine a atteint 89 000 t sur les quatre premiers mois de 2025, soit une très légère hausse de 0,4% /2024.

Les abattages d’agneaux ont totalisé 3,7 M de têtes sur la période, soit +1% /2024, avec une légère hausse des poids moyens de carcasse, passant de 20,5 à 20,8 kgéc, et ceux des réformes ont à l’inverse reculé, de 9%, à 427 000 têtes, avec un allègement des carcasses, de 28,1 à 26,9 kgéc en moyenne.

Après un bond en 2024, les importations britanniques de viande ovine poursuivent leur croissance début 2025, augmentant de 5% /2024 sur le 1er trimestre de 2025, à 18 700 téc, avec +2% en provenance de Nouvelle-Zélande et +16% d’Australie mais -42% d’Irlande.

Les exportations britanniques de viande ovine étaient en hausse de 2% sur la période, à 21 000 téc. Elles se tenaient toutefois 2% au-dessus de leur niveau d’avant Brexit et pandémie de Covid-19 (moyenne 2015-2019). On observe une forte hausse vers les Pays-Bas (+45% /2024) – plaque tournante permettant beaucoup de réexport – et la France (+5%), mais des baisses vers l’Italie (-38%) et l’Allemagne (- 4%).

Les ventes d’agneau au détail ont enregistré une baisse de 8% d’une année sur l’autre en volume, au cours des 12 semaines se terminant à Pâques, le 20 avril 2025. Les dépenses ont diminué de 3% au cours de cette période, via une hausse de 5% des prix moyens payés (Kantar).

Irlande : la production chute au premier trimestre 2025

En semaine 19 de 2025, selon la commission européenne, la cotation de l’agneau irlandais atteignait 9,71 €/kgéc, stable d’une semaine sur l’autre et en recul de 0,34 €/kg de carcasse comparée à la même semaine en 2024.

Selon le président de l’Association irlandaise des éleveurs de bovins et de moutons (ICSA), les abattoirs proposaient en semaine 21 en moyenne 8 €/kgéc pour les Hoggets, soit 1 €/kgéc de moins qu’à la même époque l’an passé. Il ajoute que « c’est la première fois de mémoire d’homme que le prix des hoggets tombe en dessous du prix du bœuf ».

La fête musulmane de l’Aïd prévue le 6 juin approche, et de nombreux éleveurs s’attendaient à une hausse des prix, qui ne s’est pas encore matérialisée.

Après avoir déjà baissé de 10% entre 2023 et 2024, la production irlandaise de viande ovine a chuté de 20% /2024 sur le premier trimestre 2025, totalisant 13 400 tonnes : c’est 15% de moins que sur la moyenne des cinq dernières années. Les effectifs d’agneaux abattus ont chuté de 23% /2024 et les volume de 21%, illustrant une hausse des poids moyen de carcasse, de 22,0 à 22,6 kg. Les abattages de réformes ont aussi reculé, de 19% /2024, et de 17% en volume, leur poids moyen de carcasse passant de 25,4 kgéc à 26,0 kgéc.

Sur les trois premiers mois de 2025, les exportations de viande ovine irlandaise ont baissé de 9% d’une année sur l’autre, à 12 300 téc, avec une hausse de 5% vers la France (donnée non-concordante toutefois avec celle des douanes françaises) et une chute de 47% vers le Royaume-Uni. Elles reculent de 12% sur la période, comparées à la dernière moyenne quinquennale.

Espagne : L’Algérie tire la demande en viande ovine espagnole

Après avoir baissé suite à l’annonce de l’annulation de la fête du Sacrifice au Maroc, le cours de l’agneau espagnol entrée abattoir est reparti à la hausse à partir de fin avril. En semaine 19, le cours était enregistré à 9,24 €/kgéc, soit +0,29 €/kg d’une semaine sur l’autre et +0,97 €/kg /2024. Il est probable que d’autres marchés maghrébins comme l’Algérie, dont les imports de viande ovine espagnole explosent cette année, aient permis d’écouler ce surplus d’ovins initialement destinés au Maroc : les données douanières d’avril et de mai, disponibles début juin et début juillet, nous permettront d’y voir plus clair.

En partie grâce à la stabilisation de cheptel en fin d’année, signe d’un début de recapitalisation réussi, la production de viande ovine espagnole a bondi de 14% d’une année sur l’autre sur deux mois en 2025, totalisant 14 300 téc.

On constate un alourdissement des carcasses chez les agneaux comme chez les réformes. 966 000 agneaux ont été abattus, soit +4%/ 2025, contre +16% en volumes : leur poids moyen de carcasse étant passé de 10,7 à 11,9 kgéc (+1,2 kgéc !) sur la période considérée. Près de 112 000 réformes ont été abattues, soit +5% /2024 et là encore, la hausse est plus importante en volumes, de 7% /2024, via un alourdissement des carcasses, passant en moyenne de 24,6 à 25,0 kgéc.

Les exportations d’agneaux vivants ont parallèlement diminué de 17% /2024, sur 3 mois. Les envois vers le Maroc ont baissé en mars et ceux vers la Jordanie n’ont pas repris, si bien que cumulés sur 3 mois, ils ont reculé de 112 000 têtes vers la Jordanie et augmenté de 141 000 têtes vers le Maroc. Parallèlement, les envois de réformes se sont accrus de 6%. La nette hausse à destination du marché marocain (+90% soit + 16 000 têtes) a contrebalancé les baisses vers l’Italie (-4 750 têtes), la France (-3 000), le Liban (-3 000) et le Portugal (-2 500).

Après s’être maintenues entre 2023 et 2024 à de modestes niveaux comparés aux années passées, les exportations de viande ovine espagnole étaient en nette hausse d’une année sur l’autre au premier trimestre 2025, de 13%/ 2024, à 12 400 téc. C’est 12% de plus que la moyenne des premiers trimestres des cinq dernières années. Les hausses de janvier et février, de respectivement 37% et 64% /2024, ont contrebalancé le recul de mars (-20%), au moins en partie expliqué par le décalage des dates de Pâques. Sur 3 mois, on observe notamment une forte hausse des envois vers l’Algérie (de 470 à 4 700 téc), qui a timidement ouvert son marché à l’Espagne l’an passé et qui, depuis le début d’année, voit ses imports exploser.

Nouvelle-Zélande : nouvelle hausse de l’offre et des envois en mars 2025

Après avoir montré une hausse de 2% /2023 sur l’ensemble de l’année 2024, la production ovine abattue en Nouvelle-Zélande s’est maintenue d’une année sur l’autre en janvier puis a augmenté de 2% en février et de 5% en mars 2025, totalisant 151 000 téc en cumul sur le premier trimestre 2025, soit +3% /2024. Le nombre d’agneaux abattus a diminué de 3% /2024, à 6,2 M de têtes, tandis que celui des réformes a augmenté de 24%, à 1,4 M de têtes.

À l’image de la production, les exportations de viande ovine ont parallèlement été stables d’une année sur l’autre en janvier puis ont augmenté en février (+3% /2024) et en mars 2025 (+10%), totalisant 135 400 téc sur trois mois, en hausse de 4% /2024.

Sur cette période, elles étaient en hausse d’une année sur l’autre vers la Chine (+8%) – grâce à des envois dynamiques en mars – et vers l’UE-27 (+14%), mais se sont repliées vers les États-Unis (-24%).