Viande ovine

Seule la cotation de l’agneau français s’envole pour Pâques

La consommation reste modeste dans les principaux pays étudiés, mais cela n'a pas empêché la cotation de l'agneau français d’augmenter vivement pour Pâques, avec le traditionnel pic de demande. Malgré la FCO, les agneaux sont au rendez-vous mais, comme chaque année, l’offre reste inférieure à la demande provoquant une envolée des prix. En Irlande et au Royaume-Uni, la consommation est basse et les cours diminuent. En Espagne, l’annulation de l’envoi de très nombreux ovins pour le Maroc fait aussi chuter les cours.

Viande ovine » France »

Contre toute attente, la production française dépasserait ses niveaux des années passées pour Pâques

Alors que la FCO a provoqué une surmortalité élevée dans plusieurs départements français au 2nd semestre 2024, les producteurs et organisations ont su se mobiliser et s’organiser pour sortir les agneaux présents pour le traditionnel pic de consommation pascal.

La cotation bat encore des records pour Pâques

En semaine 16 de 2025 (se terminant le 20 avril), la cotation française de l’agneau lourd a atteint un nouveau record pour la semaine de Pâques, à 11,04 €/kg, en hausse de 0,12 €/kg d’une semaine sur l’autre et de 1,48 €/kg comparée à la même semaine en 2024.

La filière a répondu présent pour approvisionner les magasins à Pâques

L’incertitude planait encore début avril dans un contexte de manque structurel d’offre, mais les producteurs français ont su s’organiser pour que les agneaux sortent pour le pic de demande de Pâques (semaine 16). En semaine 15, soit à leur pic, une semaine avant Pâques, les abattages ont dépassé leurs niveaux des semaines équivalentes en 2023 et 2024 selon les données d’Ovinfos. En semaine 16, ils ont en revanche plus fortement reculé que les années passées, signe d’une concentration de ces derniers sur la semaine 15.

Malgré tout, selon les professionnels de la filière, il aurait tout de même manqué d’agneaux SIQO pour répondre à la demande. Chaque année l’offre en France ne parvient de toutes façons pas à satisfaire la demande des consommateurs pour Pâques, ce qui se traduit par le fameux pic de la cotation de l’agneau.

La production encore en baisse début 2025

Selon Agreste, la production abattue de viande ovine était en recul de 8% d’une année sur l’autre sur les deux premiers mois de 2025, à 9 600 téc, et de 15% comparée à la moyenne des cinq dernières années (2020-2024).

Sur cette période, les abattages d’agneaux ont diminué de 9% en effectif et de 8% en volume, à 437 000 têtes et 8 000 téc, avec un poids de carcasse à 18,4 kgéc (+0,2 kgéc /2024). Les réformes ont vu leurs carcasses s’alourdir plus nettement, passant en moyenne de 26,3 kgéc à 27,2 kgéc d’une année sur l’autre. Leur nombre a diminué de 9% /2024 (57 700 têtes) et en volume la baisse de production est logiquement moins prononcée (-6%, à 1 570 téc). Ces replis sont au moins en partie imputables à l’épidémie de FCO qui a provoqué une forte mortalité et des soucis de reproduction chez les mâles et les femelles dans les zones touchées.

Les importations d’agneaux vivants, tous en provenance d’Espagne, ont diminué sur les deux premiers mois de 2024, de 4% /2024, totalisant 81 000 têtes. Les imports de réformes, elles aussi 100% espagnoles, ont baissé de 45%/2024.

Les exports d’agneaux vivants ont diminué de 17% sur deux mois comparés à la même période en 2024, totalisant 3 800 têtes. Les envois vers l’Allemagne ont plus que triplé d’une année sur l’autre et ceux vers l’Espagne augmenté de 2% /2024 mais cela n’a pas suffi à contrebalancer la baisse des ventes vers l’Italie (-63%). Les exports de réformes ont en revanche progressé, de 13%, à 6 700 têtes.

Léger recul des importations de viande ovine sur deux mois en 2025

Après un léger recul sur l’année 2024, les importations françaises de viande ovine reculent toujours sur les deux premiers mois de 2025, de façon plus modeste (-0,5% /2024), totalisant 12 000 téc.

Elles suivent la tendance observée sur l’année 2024 avec des baisses en provenance du Royaume-Uni et d’Irlande, et une nette hausse d’Espagne. Par ailleurs, alors qu’ils progressaient en 2024, les volumes en provenance de Nouvelle-Zélande diminuent début 2025 (-8%) : la chute de février (-32%) contrebalance la hausse de janvier (+25%). Les exportations espagnoles devraient encore être dynamiques sur les mois qui viennent : l’annulation de l’export de milliers d’ovins pour la fête du Sacrifice au Maroc a provoqué un regain des abattages en Espagne et la viande d’agneau espagnole, moins chère, a fait de l’ombre à l’agneau standard français dans nos rayons à l’approche de Pâques.

Le disponible français en viande ovine recule début 2025

Sur les deux premiers mois de 2025, les abattages français sont toujours en repli d’une année sur l’autre tandis que les importations de viande ovine reculent très légèrement.

Le disponible français en viande ovine recule ainsi de 4% /2024 sur deux mois en 2025 et de 13% comparé à la moyenne 2015-2019.

D’après le panel Kantar, le repli des achats de viande ovine s’est accentué sur les deux premiers mois de 2025 pour atteindre -15% d’une année sur l’autre ; les prix, eux, continuent de croître, en moyenne de 8% /2024. Les achats de bœuf et de veau suivent la même tendance, mais de façon plus modérée : volumes en baisse et prix haussiers. À l’inverse, les viandes blanches, moins onéreuses, voient leurs volumes de vente augmenter.

Les commandes aux abatteurs ont été dynamiques pour la Pâques chrétienne tandis que la demande pour le halal était en-deçà du niveau habituel à cette période de l’année. Il est possible que les consommateurs de viande halal aient décidé de restreindre leurs dépenses après le ramadan, ou que l’agneau espagnol, moins cher, ait eu la préférence des boucheries halal, réduisant la demande auprès des abatteurs pour de l’agneau standard français.

IPAMPA stable en février 2025

L’IPAMPA ovin viande poursuit très progressivement sa baisse amorcée fin 2022 mais la baisse a marqué le pas en février : l’IPAMPA était stable d’un mois sur l’autre en février 2025 mais reculait de 1% /2024. Si on regarde dans le détail :
• L’indice énergie et lubrifiants baissait de 3% d’un mois sur l’autre et de 10% /2024 ;
• L’indice engrais était en hausse de 3% d’un mois sur l’autre comme d’une année sur l’autre ;
• L’indice aliments achetés était également stable d’un mois sur l’autre et reculait de 3% /2024.

Viande ovine » UE et monde »

L’Espagne, seul grand producteur à voir ses abattages progresser début 2025

Les sorties des agneaux irlandais, britanniques et français reculent nettement en ce début d’année 2025. L’Espagne tire son épingle du jeu, au moins en janvier, grâce à un cheptel reproducteur qui se serait enfin stabilisé fin 2024.

Royaume-Uni : la baisse des achats britanniques s’accentue et pèse sur les cours

La cotation de l’agneau britannique atteignait 8,33 €/kg en semaine 15 de 2025, soit -0,16 €/kg d’une semaine sur l’autre et -1,62 €/kg comparée à 2024.

Les dernières données du Defra (Département de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales) indiquent que la production britannique de viande ovine a atteint 65 600 t au 1er trimestre, soit un recul de 4% /2024. Les mauvaises conditions météorologiques et les maladies pendant la saison d’agnelage de 2024, ont probablement exercé une pression à la baisse sur l’offre disponible début 2025.
Les abattages d’agneaux ont totalisé 2,8 M de têtes sur la période, soit -4% /2024, avec une légère hausse des poids moyens de carcasse, passant de 20,4 à 20,6 kgéc, et ceux des réformes ont davantage reculé, de 13%, à 317 000 têtes, avec un allègement des carcasses, de 27,6 à 26,9 kgéc en moyenne.

Après un bond en 2024, les importations de viande ovine poursuivent leur croissance début 2025, augmentant de 11% /2024 sur les deux premiers mois de 2025, à 11 300 téc, avec +17% en provenance de Nouvelle-Zélande et +14% d’Australie mais -47% d’Irlande.

Les exportations britanniques de viande ovine étaient en recul de 2% sur la période, à 13 000 téc. Elles se tenaient toutefois 3% au-dessus de leur niveau d’avant Brexit et pandémie de Covid-19 (moyenne 2015-2019). On observe une forte hausse vers les Pays-Bas (+49% /2024) – plaque tournante permettant beaucoup de réexport – mais des baisses vers l’Italie (-47%) et l’Allemagne (-6%).

Les ventes d’agneau au détail ont enregistré une baisse de 17% en volume en glissement annuel au cours du 1er trimestre 2025. Les dépenses ont diminué de 13% au cours de cette période d’après Kantar, via une hausse de 5% des prix moyens payés.

Irlande : la cotation peine à augmenter malgré des abattages en retrait

En semaine 15 de 2025, la cotation de l’agneau de printemps irlandais atteignait 9,60 €/kg de carcasse, en baisse de 0,15 €/kg d’une semaine sur l’autre et stable comparé à la même semaine en 2024. Les abatteurs expliquent cette stabilisation des prix entrée abattoir par une baisse des achats des consommateurs du fait d’un agneau devenu trop onéreux.

Après avoir déjà baissé de 10% entre 2023 et 2024, la production irlandaise de viande ovine a chuté de 18% /2024 sur les deux premiers mois de 2025, totalisant 8 800 tonnes : c’est 13% de moins que sur la moyenne des cinq dernières années. Les effectifs d’agneaux abattus ont chuté de 21% /2024 et de 19% en volume, illustrant une hausse de leur poids moyen de carcasse, de 22,1 à 22,6 kg. Ceux des réformes ont aussi reculé, de 14% /2024, et de 11% en volume, leur poids moyen de carcasse passant de 25,5 kgéc à 26,4 kgéc.

Selon l’IFA, les abattoirs sont inquiets concernant l’approvisionnement en Hoggets, resté particulièrement bas comparé à l’an passé. Les prix chez leurs principaux clients à l’export restent élevés et les abattoirs essaient de s’aligner. Ils proposent aujourd’hui des prix compris entre 9,00 et 9,30 € le kg pour les Hoggets, entre 9,50 et 9,80 € le kg pour les agneaux de printemps et entre 5,50 et 5,80 € le kg pour les brebis de réforme. Pour le moment, les agneaux de printemps représentent encore une petite part des abattages comparés aux Hoggets. En semaine 16, soit la semaine de Pâques, les exports d’agneaux d’Irlande du Nord vers la République d’Irlande pour abattage direct étaient en hausse.

Sur les deux premiers mois de 2025, les exportations de viande ovine irlandaise ont baissé de 8% d’une année sur l’autre, avec une hausse de 11% vers la France (donnée cependant non-concordante avec celle des douanes françaises) et une chute de 48% vers le Royaume-Uni.

Espagne : l’annulation des envois vers le Maroc pèse sur le cours de l’agneau

Le cours espagnol entrée abattoir a chuté de près de 50 centimes du kilo entre mi-mars et début avril, suite à l’annonce du roi du Maroc d’annuler l’import de plusieurs centaines de milliers d’ovins vivants espagnols prévu pour abonder le marché lors de la fête du Sacrifice début juin. En semaine 15, le cours était tout de même à 8,69 €/kg, soit +0,03 €/kg d’un mois sur l’autre et +1,45 €/kg /2024.

En partie grâce à la stabilisation du cheptel en fin d’année, signe d’un début de recapitalisation réussi, la production de viande ovine espagnole a bondi de 13% d’une année sur l’autre en janvier 2025, totalisant 6 900 téc. On constate un alourdissement des carcasses chez les agneaux comme chez les réformes. 465 000 agneaux ont été abattus, soit +2%/ 2025, contre +11% en volumes : leur poids moyen de carcasse étant passé de 10,4 à 11,3 kgéc entre janvier 2024 et 2025. Près de 63 000 réformes ont été abattues, soit +12% /janvier 2024 et là encore, la hausse est plus importante en volumes, +18% /2024, via un alourdissement des carcasses, passant en moyenne de 24,1 à 25,3 kgéc.

Tirés par une demande marocaine toujours vive sur les deux premiers mois de 2025 (113 000 têtes exportées vers le Maroc sur 144 000 au total), les envois d’agneaux vivants ont augmenté de 16% /2024. Parallèlement, les envois de réformes ont reculé de 14%, via une nette baisse des envois à destination du marché marocain (-70%). Ces flux illustrent la dépendance du marché espagnol d’ovins vivants au Maroc.

Après s’être maintenues entre 2023 et 2024 à de modestes niveaux comparés aux années passées, les exportations de viande ovine espagnole étaient en nette hausse d’une année sur l’autre sur les deux premiers mois de 2025, de 50%/ 2024, à 7 800 téc. Les regains vers l’Algérie (de 23 à 2 870 téc) et la France (de 1 950 à 2 700 téc) expliquent ce résultat. L’Algérie prévoirait, à l’image du Maroc, d’importer près d’un million d’ovins pour recapitaliser son cheptel et avait ciblé pour cela la Roumanie… mais ce pays étant touché par la PPR (Peste des Petits Ruminants), la demande se reporterait finalement sur l’Espagne.

On devrait voir les abattages espagnols augmenter en mars et avril, vu le nombre important d’ovins vivants prévus pour le Maroc et finalement restés au pays. Cela devrait peser sur les cours de la viande ovine espagnole, la rendant plus compétitive, boostant ainsi ses envois, notamment vers la France.

Nouvelle-Zélande : hausse de l’offre et des envois en février 2025

Après avoir augmenté de 2% /2023 en 2024, la production ovine abattue en Nouvelle-Zélande s’est maintenue d’une année sur l’autre en janvier puis a augmenté de 2% en février 2025, totalisant 98 000 téc en cumul sur deux mois (+1% /2024.)
Sur ces deux premiers mois de 2025, le nombre d’agneaux abattus a diminué de 5% /2024, à 3,9 M de têtes, tandis que celui des réformes a augmenté de 22%, à 1 M de têtes.

À l’image de la production, les exportations de viande ovine ont parallèlement été stables d’une année sur l’autre en janvier 2025 puis ont augmenté en février, totalisant 84 000 téc sur deux mois (+2% /2024).