Viande ovine

Sur les premiers mois de 2025, demande et production, toutes deux en net repli, s’équilibrent dans les îles britanniques

Alors que la consommation recule, et est notamment décevante début mars pour le début du ramadan, celle-ci s’équilibre relativement bien face à des offres modestes chez les principaux producteurs européens. En Irlande et au Royaume-Uni, cela provoque une stabilisation des cours, qui devraient pourtant croître avec le début d’un enchaînement de fêtes religieuses s’étendant de début mars à début juin. En France, malgré un marché également calme, les cours augmentent début mars. En Espagne, ils ont à l’inverse baissé.

Viande ovine » France »

Le cours repart à la hausse avec le ramadan, malgré une demande limitée

Le début du ramadan, fin février, a provoqué un regain de la demande en viande ovine qui, bien que plus modeste que les années passées, semble avoir suffi pour renchérir la cotation entrée abattoir.

La cotation de l’agneau français se redresse début mars

En semaine 11 de 2025 (se terminant le 16 mars), la cotation française de l’agneau lourd atteignait 10,08 €/kg, en hausse de 0,22 €/kg d’une semaine sur l’autre et de 1,25 €/kg comparée à la même semaine en 2024.

Jusque-là, les abattages étaient en hausse de façon saisonnière avec la sortie progressive des agneaux Lacaune mais les Français n’étaient pas aux achats. Depuis la semaine 9 de 2025, la demande a augmenté avec le début du ramadan, ce qui a fait mécaniquement augmenter la cotation. Les achats se seraient tassés ensuite assez rapidement, selon les observations des professionnels.

Pâques ayant lieu cette année durant les vacances scolaires, les professionnels sont plutôt confiants quant à la demande. Néanmoins, si l’approvisionnement en agneaux Lacaune semble proche de son niveau de l’an passé (qui est toutefois modéré), celui en agneaux de pays sous SIQO serait plus compromis en raison du contexte sanitaire. La cotation devrait atteindre de nouveaux records. Il faudra attendre un peu plus d’une semaine avant Pâques pour que les points de vente se positionnent auprès des abatteurs.

L’IPAMPA ovin viande a poursuivi très progressivement sa baisse amorcée fin 2022 mais semble doucement repartir à la hausse début 2025, avec +1% d’un mois sur l’autre en janvier 2025 mais -1% /2024. Si on regarde dans le détail :
• L’indice énergie et lubrifiants augmentait de 5% d’un mois sur l’autre et reculait de 2% /2024 ;
• L’indice engrais était en hausse de 1% d’un mois sur l’autre et baissait de 3% /2024 ;
• L’indice aliments achetés était stable d’un mois sur l’autre et reculait de 4% /2024.

Franc recul de la production française en janvier 2025

Selon Agreste, la production abattue de viande ovine était en recul de 10% d’une année sur l’autre en janvier 2025, à 4 340 téc, et de 18% comparée à la moyenne des cinq dernières années (2020-2024).

Dans le détail, les abattages d’agneaux ont diminué de 10% en effectif et de 9% en volume, à 201 000 têtes et 3 700 téc, avec un poids de carcasse à 18,2 kgéc (légère hausse comparé à janvier 2024). Les réformes ont vu leurs carcasses s’alourdir plus nettement, passant en moyenne de 26,3 kgéc à 27,2 kgéc d’une année sur l’autre. Leur nombre a diminué de 15% /janv. 2024 (25 000 têtes) et en volume la baisse de production est moins prononcée (-13%, à 680 téc).

Ces replis sont au moins en partie imputables à l’épidémie de FCO qui a provoqué une forte mortalité chez les reproducteurs, mâles et femelles, dans les zones touchées. Les animaux qui n’en sont pas morts peuvent être sujets à des problèmes de reproduction qui se répercutent actuellement – ou vont se répercuter – sur la production d’agneaux. L’importante pénurie de brebis en France provoque une flambée de leur prix entrée abattoir. Malheureusement, avec le retour de températures plus douces, l’insecte responsable de la FCO reprend du service et la FCO-3 notamment, continue de s’étendre (l’Allier a été touché mi-mars).

Les importations d’agneaux vivants ont en revanche triplé comparées à leur très faible niveau de janvier 2024, atteignant 2 100 têtes. La baisse des envois espagnols en vif vers le Maroc cette année (le roi du Maroc ayant demandé de ne pas sacrifier l’agneau pour la Fête du sacrifice, voir l’article Espagne) va possiblement profiter au marché français, qui pourrait importer davantage d’ovins vivants ou de viande provenant d’Espagne. Les exports d’agneaux ont à l’inverse baissé de 14% en janvier, totalisant 46 000 têtes.

Les importations de viande ovine sont stables en janvier

Après un léger recul sur l’année 2024, les importations françaises de viande ovine étaient stables d’une année sur l’autre en janvier 2025, à 6 200 téc.

Elles suivent la tendance observée en 2024, se repliant d’une année sur l’autre en provenance d’Irlande (-11%) et du Royaume-Uni (- 12%) mais progressent d’Espagne (+42%) et de Nouvelle-Zélande (+25%).
Compte tenu d’un recul de la production de viande ovine chez les principaux producteurs européens de viande ovine, les importations françaises ne devraient pas parvenir à combler le repli de l’approvisionnement français pour Pâques.

Le disponible français en viande ovine recule début 2025

En janvier 2025, les abattages français sont toujours en repli d’une année sur l’autre tandis que les importations de viande ovine sont stables.

Le disponible français en viande ovine recule ainsi de 4% /janvier 2024 et de 15% comparé à la moyenne 2015-2019.
La demande resterait modeste sur les premiers mois de 2025. D’après les professionnels, le début du ramadan a été correct en termes de commandes aux abatteurs mais les volumes se sont ensuite tassés au fil des jours. Vue la pénurie d’offre, le prix des agneaux aurait pu flamber ce qui n’a finalement pas été le cas : la demande s’équilibre bien avec l’offre, toutes deux restant modestes. Les fêtes religieuses (chrétiennes, juives ou musulmanes) soutiennent ponctuellement la demande en viande ovine à certaines périodes de l’année… mais il se pourrait qu’une limite d’acceptabilité ait été atteinte en termes de prix de vente chez certains consommateurs et que cela commence à impacter les achats, même durant ces périodes festives.

Viande ovine » UE et monde »

L’annonce du roi du Maroc rebat les cartes au sein de la filière espagnole

Alors que le roi du Maroc a décidé d’annuler le sacrifice de l’agneau pour la traditionnelle fête musulmane de l’Aïd al-Adha début juin, la filière espagnole, 1er fournisseur du Maroc en ovins vivants, réalise alors la volatilité du commerce de vifs et pense se recentrer davantage sur le commerce de viande.

La filière espagnole constate que le marché de l’export en vifs est trop volatile

L’Association nationale des industries de la viande d’Espagne (ANICE) a déclaré que l’annulation de la Fête de l’agneau au Maroc, même si elle peut affecter les exportateurs d’ovins vivants, offrira « un répit » à l’ensemble du secteur ovin espagnol, car le marché disposera d’une plus grande offre d’ovins, entraînant une accalmie des prix (qui, ces dernières années, ont atteint des sommets sur tous les marchés ovins espagnols). En 2024, le Maroc avait tout de même importé près de 600 000 agneaux d’Espagne rien que pour cette fête.
Par ailleurs, toujours selon l’ANICE, « cette suspension met en évidence la volatilité et l’instabilité des exportations d’animaux vivants et la nécessité de renforcer les exportations de viande, tant ovine que bovine, de manière beaucoup plus soutenue et solide ». Le marché marocain s’est d’ailleurs ouvert aux importations de viande ovine espagnole fraîche fin 2024, une première étape en ce sens.
Dans un avenir proche, le Maroc prévoit d’importer près d’un million d’ovins australiens pour recapitaliser son cheptel gravement touché par la sécheresse. Le gouvernement marocain se donne jusqu’à 2027, année à laquelle les exports de vifs australiens s’arrêteront.

Une production espagnole toujours modeste début 2025

Après une baisse de 11% entre 2022 et 2023, la production de viande ovine espagnole diminuait de 6% en 2024 /2023, à 99 000 téc. Le nombre d’agneaux abattus baissait de 4% (et de 3% en volume, avec un poids moyen de carcasse en hausse de +0,1 kg), celui des réformes également (avec un alourdissement plus conséquent des carcasses), avec la volonté de recapitaliser après trois années de sécheresse. D’après le maintien du cours de l’agneau à des niveaux très élevé comparé aux années passées, on s’attend à ce que les abattages d’ovins espagnols reculent encore début 2025.

Des exportations espagnoles dynamiques en janvier 2025

Tirés par une demande marocaine toujours vive au mois de janvier 2025 (57 000 têtes exportées), les envois d’agneaux vivants ont augmenté de 90% /janv.2024. Parallèlement, les envois de réformes ont reculé de 20%, via une nette baisse des expéditions à destination du marché marocain (-44%). Ces flux illustrent clairement la dépendance du marché espagnol d’ovins vivants envers le Maroc.

Après s’être maintenues entre 2023 et 2024 à de modestes niveaux comparés aux années passées, les exportations de viande ovine espagnole étaient en nette hausse d’une année sur l’autre en janvier 2025, de 37%/ 2024, à 3 600 téc.

On suppose que la consommation de viande d’agneau en Espagne est restée en recul début 2025 pour expliquer cette croissance des exports de viande ovine, alors même que les exportations d’agneaux vivants se sont envolées sur le même mois et que la production s’est possiblement de nouveau repliée.

La hausse des exportations espagnoles de viande ovine en janvier s’explique par des progression vers l’Algérie (+ 1 050 téc/janv.2024) et la France (+530 téc). L’Algérie prévoit d’ailleurs, à l’image du Maroc, d’importer près d’un million d’ovins pour recapitaliser son cheptel et cible pour cela la Roumanie… alors même que le pays européen est touché par la PPR (Peste des Petits Ruminants) qui a amputé une partie de son cheptel ovin. Ces prévisions de mouvements d’animaux inquiètent, ceux-ci étant les principaux vecteurs des épizooties en cours en Europe.

Viande ovine » UE et monde »

Baisse de production et de demande au sein de l’UE et du Royaume-Uni

Les premiers mois de l’année sont marqués par une production en repli chez les principaux producteurs de viande ovine. Face à cela, la demande est faible mais repart légèrement à la hausse pour le ramadan début mars : les effets sur la cotation varient selon les marchés.

Royaume-Uni : la baisse des achats britanniques bride la hausse des cours

La cotation britannique est globalement stable depuis le début de l’année 2025 tandis qu’à la même période il y a un an, celle-ci était en hausse, portée par des baisses d’approvisionnement, la croissance des exportations et la proximité du ramadan et des fêtes pascales. Début 2025, la baisse de l’offre est compensée par une demande intérieure plus faible, malgré les fêtes religieuses. Le marché de l’export semble quant à lui relativement stable.
La cotation de l’agneau britannique atteignait alors 8,83 €/kg en semaine 10 de 2025, soit -0,05 €/kg d’une semaine sur l’autre et +0,13 €/kg comparée à 2024.

La production britannique de viande ovine a en effet baissé de 6% sur les deux premiers mois de 2025, totalisant 42 000 t. Cela s’explique par un repli de 14% des abattages de réformes et de 5% des abattages d’agneaux. Comparée à la moyenne 2015-2019, elle recule de 7%.

Après un bond en 2024, les importations de viande ovine poursuivent leur croissance début 2025, augmentant de 3% /2024 en janvier 2025, à 4 460 téc, avec +3% en provenance de Nouvelle-Zélande et +26% d’Australie mais -61% d’Irlande.

Les exportations britanniques de viande ovine étaient stables sur la période, à 6 900 téc. Elles se tenaient toutefois 4% au-dessus de leur niveau d’avant Brexit et pandémie de Covid-19 (moyenne 2015-2019).

Les ventes d’agneau au détail ont enregistré une baisse de 6% des volumes achetés en glissement annuel au cours des 12 semaines précédant le 23 février 2025 d’après Kantar. Les dépenses ont également diminué de 3% au cours de cette période, malgré une hausse de 4% des prix moyens payés.

Irlande : le cours irlandais reste lui aussi relativement stable au lieu de croître

En semaine 10 de 2025, la cotation du Hoggets irlandais atteignait 8,90 €/kg, en baisse de 0,15 €/kg d’une semaine sur l’autre et en hausse de 0,55 €/kg comparé à la même semaine en 2024. La demande pour le ramadan est calme mais cela s’équilibre de toutes façons avec le marché irlandais qui reste fondamentalement déficitaire : comme au Royaume-Uni, l’un des principaux clients de l’Irlande, la cotation se stabilise, oscillant autour des 9 €/kg.

Après avoir déjà baissé de 10% entre 2023 et 2024, la production irlandaise de viande ovine a chuté de 26% /2024 en janvier 2025, totalisant 4 300 tonnes : c’est 20% de moins que sur la moyenne des cinq dernières années ce même mois. Les effectifs d’agneaux abattus ont aussi chuté de 26% /2024 en volume et de 27% en têtes, illustrant une légère hausse de leur poids moyen de carcasse, et ceux des réformes aussi, avec un léger alourdissement des carcasses également.

En janvier 2025, les exportations de viande ovine irlandaise ont baissé de 20% d’une année sur l’autre, avec une hausse de +9% vers la France (donnée non concordante avec celle des douanes françaises) et une chute de 61% vers le Royaume-Uni.

Espagne : la baisse de demande pèse sur le cours espagnol

À l’image de la tendance fin 2024, le cours espagnol entrée abattoir a débuté l’année 2025 a des niveaux soutenus mais, sous l’effet d’une demande plus modeste que traditionnellement pour les fêtes religieuses (ici pour le ramadan), a chuté en semaine 10, où il était enregistré à 9,33 €/kg, soit – 0,16 €/kg d’un mois sur l’autre mais +1,28 €/kg /2024. L’annonce du roi du Maroc, fin février, d’annuler l’import de centaines de milliers d’ovins pour la fête du Sacrifice, peut aussi expliquer ce repli.

Pour en savoir plus sur le marché espagnol de la viande ovine et les bouleversements en cours, cliquez ici.

Nouvelle-Zélande : stabilité de l’offre et des envois de viande en janvier

Après avoir augmenté de 2% /2023 en 2024, la production ovine abattue en Nouvelle-Zélande s’est maintenue d’une année sur l’autre en janvier 2025, totalisant 50 100 téc, alors qu’elle reculait de 2% en têtes.
Le nombre d’agneaux abattus a diminué de 10%/2024, à 1,8 M de têtes, tandis que celui des réformes a augmenté de 30%, à 650 000 têtes. A l’inverse, en 2024, les abattages d’agneaux ont progressé et ceux de réformes diminué, illustrant une probable volonté des éleveurs de reconstituer leurs cheptels après de nouveaux épisodes de sécheresse.
A l’image de la production, les exportations de viande ovine ont parallèlement été stables d’une année sur l’autre en janvier 2025, totalisant 38 000 téc.

Les ventes sont reparties à la hausse vers la Chine (+7%), sont restées dynamiques vers le Royaume-Uni (+11%) mais baissaient vers la France (-53%) et les États-Unis (-24%).