Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 366 Novembre 2024 Mise en ligne le 23/11/2024
Viande ovine
Manque d’agneau préoccupant à l’approche des fêtes
La production de viande ovine est en recul en France mais aussi en Espagne, en Irlande, au Royaume-Uni ainsi qu’en Nouvelle-Zélande. Les abatteurs s’inquiètent de ne pas trouver suffisamment d’agneaux pour couvrir le regain de demande associé aux fêtes de fin d’année.
Courant novembre, le cours de l’agneau français entrée abattoir a poursuivi sa montée face à la diminution des abattages à cette période de l’année. La faiblesse de l’offre accentue ce phénomène et la cotation dépasse ainsi les 10€/kg mi-novembre.
Le cours français poursuit son immuable ascension
En semaine 46 de 2024 (se terminant le 17 novembre), la cotation poursuit son ascension, atteignant 10,16 €/kg soit +0,23 €/kg d’une semaine sur l’autre et +1,63 €/kg comparée à la même semaine en 2023. À quelques semaines des fêtes de fin d’année, la baisse saisonnière de la production – davantage marquée cette année – tire les cours vers le haut.
C’est la première fois depuis que les cours sont remontés à FranceAgriMer qu’ils dépassent les 10 €/kg et cette hausse des prix constatée en amont pose de réels problèmes de répercussion sur l’aval de la filière.
L’IPAMPA ovin viande poursuit très progressivement sa baisse amorcée fin 2022 : il était en recul de 0,3% d’un mois sur l’autre en septembre 2024 et de 4% /2023. Si on regarde dans le détail : • L’indice énergie et lubrifiants diminuait de 2% d’un mois sur l’autre et de 23% /2023 ; • L’indice engrais diminuait de 1% d’un mois sur l’autre et de 9% /2023 ; • L’indice aliments achetés était stable d’un mois sur l’autre et diminuait de 6% /2023.
La baisse des abattages se poursuit en septembre
Selon Agreste, la production abattue de viande ovine était en recul de 5% d’une année sur l’autre sur les 9 premiers mois de 2024, à 55 300 téc, et de 13% comparé à la moyenne des cinq dernières années (2019-2023). Les abattages d’agneaux ont reculé de 4% en effectifs comme en volumes, avec un poids moyen de carcasse stable, à 18,4 kgéc, tandis que les réformes ont vu leurs carcasses s’alléger de près de 0,5 kgéc d’une année sur l’autre. Leurs effectifs ont diminué de 9% sur la période mais en volume la baisse est plus prononcée (-10%).
Le marché français de la viande ovine reste tendu, avec une offre modeste, sans parler de l’impact à venir de la FCO sur la production. Les abatteurs peinent parfois à honorer leurs commandes en ce qui concerne l’origine France, faute d’approvisionnement.
On ne peut malheureusement pas connaître les importations d’agneaux ni d’ovins adultes vivants en 2024 à cause d’erreurs de certaines entreprises lors de leurs remontées aux douanes. Les exports d’agneaux augmentent par ailleurs de 6% sur 9 mois : la demande internationale en vif est forte. Ils progressent surtout vers l’Italie et l’Espagne, ce qui contrebalance l’arrêt des envois vers Israël cette année. Les envois de réformes reculent en revanche de 9% sur la période.
Jusque-là dynamiques, les exports d’agneaux de lait vers l’Espagne pour la fin d’année pourraient être ralentis par les mesures sanitaires liées à la gestion de la FCO-8 dans le Sud-Ouest de la France.
Les importations de viande ovine repartent à la hausse en septembre
En baisse depuis le début de l’année, les importations se sont redressées en septembre, affichant une hausse de 8% /2023, du fait du dynamisme des envois espagnols (+33%).
Sur les 9 premiers mois de 2024, les importations françaises de viande ovine ont reculé de 4% /2023, à 61 000 téc. Elles ont progressé en provenance de Nouvelle-Zélande (+12% /2023) et d’Espagne (+9%). Elles ont par ailleurs nettement diminué d’Irlande (-17%) et du Royaume-Uni (-7%), notamment à cause d’un repli de la production dans ces pays.
Le disponible français se replie encore en 2024
Sur 9 mois en 2024, les abattages français sont en repli d’une année sur l’autre, tout comme les importations et les exportations de viande ovine. Le disponible recule ainsi de 5% /2023 et de 14% comparé à la moyenne 2015-2019.
D’après les données du panel Kantar de FranceAgriMer , sur 9 mois en 2024, les achats des Français auraient reculé de 9% /2023 en volume. Le prix moyen pondéré de la viande ovine s’est quant à lui stabilisé.
Vu le prix élevé de l’agneau, certains distributeurs ne commandent des carcasses que le week-end, essayant ainsi de minimiser les risques. Les commandes d’agneau français ne sont parfois pas honorées faute de production et les magasins doivent alors davantage miser sur de l’import. L’enjeu est aujourd’hui le maintien d’un linéaire de viande ovine en magasins.
Viande ovine » UE et monde »
Ouverture du marché marocain aux viandes ovine et bovine
Pour atténuer la flambée du prix des viandes rouges au Maroc, le gouvernement a autorisé courant octobre 2024 l’importation de viandes rouges provenant de pays de l’Union Européenne, des États-Unis et d’Australie. L’Espagne peut y voir une nouvelle carte à jouer si l’Australie, très compétitive, lui laisse une chance.
Espagne : le cours a cessé sa progression
Après avoir débuté sa traditionnelle hausse automnale, le cours de l’agneau espagnol s’est quasiment stabilisé depuis mi-septembre, s’établissant à 9,08 €/kg en semaine 45, soit 1,75 €/kg au-dessus de son niveau de 2023.
Après une baisse de 11% entre 2022 et 2023, la production de viande ovine espagnole a poursuivi sur cette tendance et diminuait toujours, de 10% sur 8 mois en 2024 /2023, à 67 000 téc. Le nombre d’agneaux abattus baissait de 6% et celui des réformes de 31%, avec une probable volonté de recapitaliser après trois années de sécheresse (état d’urgence levé en juin 2024).
Sur 9 mois en 2024, les envois d’agneaux vivants ont augmenté,de 7% /2023, triplant vers le Maroc. Parallèlement, les envois de réformes ont bondi de 76%, là aussi via une explosion des envois à destination du marché marocain (x7).
Sur la même période, les exportations de viande ovine espagnole reculaient de 3% /2023, à 34 000 téc, principalement du fait d’un arrêt des envois vers Oman et d’une forte baisse vers les Émirats Arabe Unis (-81%) et Israël (-53%). Ces reculs n’ont pas été contrebalancés par les hausses vers la France (+5%), la Grèce mais aussi et surtout la réouverture du marché algérien (fermé depuis 2017, 3 160 têtes sur 9 mois en 2024 soit presque 10% des envois totaux espagnols).
Le marché marocain va prochainement s’ouvrir aux importations de viandes ovines (et bovines). L’Espagne a une carte à jouer si les envois de viande ovine sont tout aussi bien valorisés que le vif.
Royaume-Uni : léger regain de la cotation
Globalement en baisse depuis le pic de Pâques, la cotation de l’agneau de nouvelle saison britannique est repartie à la hausse début novembre. En semaine 45, il se situait à 7,49 €/kg, soit +0,13 €/kg d’une semaine sur l’autre et +1,13 €/kg comparé à 2023. Malgré ce regain, la cotation reste proche du niveau des années précédentes, illustrant un marché sous pression.
La production britannique de viande ovine a totalisé 218 000 t sur 10 mois en 2024, en baisse de 7% /2023. Cela s’explique par un repli de 13% des abattages de réformes et de 7% des abattages d’agneaux. Comparée à la moyenne 2015-2019, elle recule de 11%.
Ce repli de la production est principalement dû à la contraction du cheptel reproducteur : l’enquête de juin 2024 (Defra) indique un déclin de 6% /2023 du cheptel de brebis reproductrices britanniques. Les prix élevés ont probablement incité les éleveurs à abattre davantage d’agnelles et d’ovins adultes au printemps.
Les importations de viande ovine ont bondi pour tenter de combler ce manque de production, de 47% /2023 sur 9 mois en 2024, avec +58% en provenance de Nouvelle-Zélande et +75% d’Australie mais -24% d’Irlande.
Face à la nette baisse de la production, et malgré des importations dynamiques, les exportations britanniques de viande ovine ont reculé de 7% /2023 sur la période, à 56 000 téc. La baisse la plus forte est enregistrée vers la république d’Irlande (- 83%/2023 soit -3 600 téc) : l’Irlande du Nord a en effet vendu davantage vers le reste du Royaume-Uni vu son bas niveau d’offre cette année. Les exportations du Royaume-Uni se tenaient ainsi 10% sous leur niveau d’avant Brexit et pandémie de Covid-19 (moyenne 2015-2019).
Les ventes d’agneau au détail ont augmenté au troisième trimestre au Royaume-Uni (+11% en volumes de début juillet à fin septembre 2024 /2023). Ceci a participé à réduire le disponible à l’export.
Irlande : le cours dépasse le prix britannique pour la première fois de l’année
En semaine 43 de 2024 (se terminant le 27 octobre), la cotation de l’agneau de nouvelle saison irlandais s’est de nouveau stabilisée à des niveaux plus élevés que les année précédentes. Elle atteignait alors 7,85 €/kg, soit +1,33 €/kg comparée à la même semaine en 2023.
Après avoir augmenté de 2% entre 2022 et 2023, la production irlandaise de viande ovine a perdu 6% /2023 sur 9 mois en 2024. Les effectifs d’agneaux abattus ont baissé de 6% /2023 et ceux des réformes de 9%. Comme au Royaume-Uni, la baisse du cheptel reproducteur irlandais (-2,5% entre fin 2022 et 2023) explique ce repli de la production.
Sur 9 mois en 2024, les exportations de viande ovine irlandaise ont baissé de 15% à 37 000 téc dont – 15% vers la France et -6% vers le Royaume-Uni. Associée à la baisse de la production nationale, la concurrence de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande sur le marché européen explique ce repli des envois.
Nouvelle-Zélande : les abattages poursuivent leur déclin
Après avoir augmenté de 6% sur les 5 premiers mois entre 2023 et 2024, la production ovine abattue en Nouvelle-Zélande a chuté de juin à septembre, ramenant le cumul sur 9 mois à -2% /2023, soit un total de 313 000 t. Sur cette période, le nombre d’agneaux abattus s’est apprécié de 3%, à 14 M de têtes, tandis que celui des réformes a reculé de 16%, à 2 M de têtes. Les éleveurs reconstituent leurs cheptels après de nouveaux épisodes de sécheresse.
Malgré ces abattages en baisse, les exportations de viande ovine se sont maintenues comparées à leur niveau de 2023 sur 9 mois, à 315 000 téc. La demande chinoise en agneau néozélandais reculant nettement (-25%) du fait de la compétitivité accrue de l’Australie sur ce marché, la Nouvelle-Zélande a réorienté ses envois, principalement vers le Royaume-Uni (+58%) et l’Amérique du Nord (+38% vers les USA, +42% vers le Canada et +62% vers le Mexique).