Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 354 Octobre 2023 Mise en ligne le 24/10/2023

Viande ovine

Hausse saisonnière des cours en France et en Espagne

Les cotations des agneaux lourds français et espagnols ont entamé leur hausse saisonnière sous l’effet d’une baisse progressive des abattages d’agneaux, ce qui n’est pas encore le cas au Royaume-Uni.

En Irlande, comme l’an passé, le cours de l’agneau de nouvelle saison, stable depuis de longues semaines, devrait légèrement croître en fin d’année.

Viande ovine » France »

La baisse de l’offre soutient les cours

La cotation de l’agneau français a débuté sa hausse saisonnière sous l’effet d’un repli habituel (bien que plus accentué cette année) de la production à cette période de l’année. L’offre est donc faible et les achats restent pour le moment modérés… ils devraient progresser à l’approche des fêtes de fin d’année.

Le cours français repart à la hausse

En semaine 40 (se terminant le 8 octobre 2023), la cotation entrée abattoir atteignait 8,09 €/kg, soit +5 centimes d’une semaine sur l’autre et +12 centimes d’une année sur l’autre.
Les abattages poursuivent leur baisse saisonnière, sur fond de faibles sorties et d’importations de vifs réduites. La consommation reste aussi très modérée. Les années passées à pareille époque, l’offre en agneau ne suffisait pas à satisfaire la demande. Cette année elles s’équilibrent quasiment alors même que les abattages sont plus faibles.

L’IPAMPA ovin viande rebondit légèrement d’un mois sur l’autre en août (+1% /juillet 2023). A l’indice 133,5, il est en repli de -2% /2022. Les indices aliments achetés (-6%/ 2022, mais +20% /2021), énergie et lubrifiants (-1% /2022, mais +49% /2021) ainsi qu’engrais (-34% /2022 et +22% /2021) restent très élevés, même s’ils ont sensiblement reculé d’une année sur l’autre.

Les abattages français poursuivent leur baisse

Selon Agreste, la production ovine (agneaux et réformes) a de nouveau chuté en août (-8% / 2022). Au total, sur 8 mois, elle s’établissait à 53 000 téc, soit -8% /2022.
De janvier à août, les abattages d’agneaux ont reculé de -9% en effectifs comme en volume, signe de poids moyen des carcasses stable d’une année sur l’autre, à 18,4 kgéc. Les abattages de réformes ont quant à eux reculé de -5% en effectifs, et de -6% en volume : leur poids moyen de carcasse s’est allégé, de 27,0 à 26,6 kgéc.

Avec un repli des importations d’agneaux espagnols (-39% /2022 à 70 000 têtes), des exportations d’agneaux haussières (+6% /2022 à 169 000 têtes) ainsi que des sorties d’agneaux français en baisse sur 7 mois en 2023 (-7% /2022 à 2,2 M de têtes), les abattages français reculent inéluctablement début 2023.
Selon Ovinfos, les abattages d’ovins sont restés sous leur niveau de 2022 en septembre, et la tendance semble se poursuivre en octobre.

Des importations de viande ovine à de modestes niveaux

En lien avec le décalage des dates de l’Aïd el-Kébir entre 2022 et 2023, les importations françaises de viande ovine ont chuté en juillet, de -28% d’une année sur l’autre, à 5 800 téc. Le volume cumulé sur 7 mois n’a baissé que de -1% /2022, à 48 000 téc, après une hausse de +5% au 1er semestre. Mais comparé à la moyenne 2015-19, avant covid-19, la baisse des imports s’accentue (-11%).
Seuls les volumes cumulés en provenance du Royaume-Uni ont progressé (+15% /2022). Ceux en provenance d’Irlande, d’Espagne et de Nouvelle-Zélande ont reculé de respectivement de -1%, -21% et -3% /2022.
Les achats français de viande ovine étrangère restent donc modestes, malgré des abattages en berne. Face à la faiblesse des achats des ménages, cela permet de ne pas engorger le marché et de garder une cotation historiquement élevée.

Le disponible français en net repli sur 7 mois

Sur 7 mois, le disponible français en viande ovine a logiquement baissé de -5% /2022 avec des abattages toujours en net retrait et des importations à peine stables. Il se situe ainsi très en-dessous du niveau de la dernière moyenne quinquennale (-9%).

Viande ovine » UE et monde »

Les pluies estivales ont retardé les sorties au Royaume-Uni et en Irlande

La météo estivale très humide au Royaume-Uni et en Irlande a produit des fourrages de mauvaise qualité, rendant plus difficile la finition des agneaux et retardant les sorties. A l’inverse, la France subit encore la sécheresse de 2022, avec un recul marqué des abattages d’agneaux d’une année sur l’autre. En Espagne, la situation hydrique n’est pas moins préoccupante et freine les exportations.

Royaume-Uni : le cheptel ovin au plus bas niveau depuis 2011

La cotation de l’agneau fini au Royaume-Uni a fluctué, mais est restée historiquement plutôt ferme en 2023, surtout depuis début août. En semaine 40 (se terminant le 8 octobre), elle s’établissait à 6,38 €/kg, soit 38 centimes au-dessus de son niveau de 2022 à pareille époque.
Le resserrement des sorties a soutenu les prix de l’agneau fini au cours des dernières semaines. La disponibilité du fourrage est désormais à surveiller plus attentivement : comme en Irlande, l’été pluvieux a réduit la qualité des fourrages, rendant plus difficile la finition des agneaux, avec moins de réserves à venir. Cela a soutenu le commerce d’agneaux auprès des engraisseurs, la demande persistant malgré la hausse des prix.
La hausse des volumes de viande ovine exportée ainsi que la baisse des importations participent aussi à alléger le marché britannique, ce qui soutient le cours de l’agneau.

Sur les 8 mois en 2023, la production britannique était au niveau de 2022, à 187 000 téc : les effectifs d’agneaux comme de réformes abattus ont augmenté de +2%, mais les poids de carcasse ont reculé sur la même période : volonté d’alléger les agneaux pour répondre à une baisse de la demande et, plus récemment, mauvaise finition des ovins en raison du manque de fourrages de qualité.
Malgré une production stable, les exportations britanniques de viande ovine sur les huit premiers mois de 2023 ont bondi de +12% par rapport à une année 2022 marquée par des exportations modestes (post-Brexi). Face à des achats de viande d’agneau par les Britanniques toujours modérés, les importations de viande ovine ont chuté, de -24% /2022, dont -28% en provenance de Nouvelle-Zélande et -17% d’Irlande.
L’enquête annuelle du Defra montre que le cheptel ovin anglais a diminué de -3,2% sur un an, pour atteindre 14,5 M de têtes en juin 2023. Il s’agit du plus bas niveau enregistré depuis 2011. Le cheptel de reproductrices a baissé de -1,6% et celui des agneaux de moins d’un an de -4,9%. Ces réductions poursuivent la tendance observée depuis 2017 et les principales causes sont connues : fluctuation des coûts des intrants, changements dans la politique agricole (moins d’aides directes) et baisse des achats des ménages.

Irlande : ralentissement des abattages au 2nd semestre

La cotation de l’agneau irlandais de la nouvelle saison, à 6,35 €/kg en semaine 40, demeurait stable pour la 8ème semaine consécutive, et en hausse de +5 centimes d’une année sur l’autre.

En hausse au 1er semestre, les abattages d’ovins irlandais se sont ensuite repliés au 3ème trimestre. Sur 9 mois en 2023, les effectifs ont baissé légèrement de -1% /2022, avec davantage d’agneaux abattus (+0,7% /2022, à 1,8 M de têtes), mais moins de réformes (- 13% /2022, à 229 000 têtes).
Comme au Royaume-Uni, avec un été pluvieux les fourrages récoltés ont été d’une qualité médiocre ce qui a entraîné une mauvaise finition des agneaux et des retards de sorties. La production irlandaise devrait donc augmenter au 4ème trimestre 2023 et au 1er trimestre 2024.
Malgré une hausse de production sur 7 mois (+5% /2022), les exportations de viande ovine irlandaise ont baissé de -3% /2022 sur la même période, dont -6% vers la France. Elles étaient par ailleurs stables vers le Royaume-Uni.

Espagne : la sécheresse pénalise la filière

Le cours de l’agneau espagnol poursuivait sa hausse en semaine 40 – conjointement à la baisse saisonnière de la production – et s’établissait alors à 7,83 €/kg, soit +0,60 € au-dessus de son niveau de 2022.

En 2022, beaucoup d’éleveurs avaient réformé prématurément leurs brebis pour faire face à la sécheresse, ce qui a réduit les agnelages et les abattages d’agneaux en 2023 (-6% /2022 sur 7 mois). Le nombre de réformes abattues a parallèlement chuté (-10%), le nombre de brebis ayant considérablement diminué l’an passé. Au total sur les 7 premiers mois de 2023, la production espagnole de viande ovine a chuté de -8% /2022, à 66 000 tonnes.
L’Espagne a subi un déficit de précipitations durant l’année hydrologique achevée fin septembre 2023, estimé à -12% par rapport à la moyenne des enregistrements annuels depuis 1991, selon l’agence météorologique espagnole. Les précipitations ont été plus élevées qu’en 2022, mais la situation reste extrêmement préoccupante, notamment pour les agriculteurs espagnols.
Face à des approvisionnements amoindris, les exports d’agneaux vivants espagnols ont chuté, de – 14% /2022, à 824 000 têtes sur 7 mois, notamment vers la Jordanie (-54%), et malgré l’explosion des envois vers la Libye (x13).
Les exportations de viande ovine ont elles aussi baissé, de -10% /2022 sur la même période, totalisant 28 000 téc. Les hausses vers le Portugal (+36%), l’Italie (+12%) et la Grèce (+50%) n’ont que partiellement compensé d’importants replis, en premier lieu vers le Qatar (- 65%).

Nouvelle-Zélande : production et envois en léger recul sur 8 mois

De janvier à août 2023, la production ovine abattue en Nouvelle-Zélande a reculé de -1% d’une année sur l’autre, à 294 000 t. Les effectifs d’agneaux abattus se sont repliés de -2% /2022 et ceux des ovins adultes de -5% /2022. Les carcasses d’agneaux comme d’ovins adultes destinés à l’export se sont alourdies, de respectivement +1,5% et +2,5% /2022, à 19,2 kg et 25,8 kg de carcasse.
Sur la même période, les exports néozélandais de viande ovine ont également reculé de -1% /2022, à 293 000 téc. Après une nette baisse en juillet (volumes très élevés en juillet 2022 pour rattraper le retard lié aux perturbations causées par le Covid au 1er trimestre), ces derniers se sont redressés.
Sur 8 mois, les volumes exportés vers la Chine ont progressé (+13% /2022, à 155 000 téc). Ils ont en revanche fortement fléchi vers le Royaume-Uni (-26%, à 24 000 t), la Malaisie (-54%, à 4 000 téc) et les États-Unis (-17%, à 20 400 téc). Les envois vers l’UE à 27, ont progressé de +4%, en premier lieu vers les Pays-Bas et la Belgique, totalisant 50 000 téc sur la période.
Le marché de la viande ovine de Nouvelle-Zélande est soumis à une pression importante en raison du déclin du cheptel ovin face à l’augmentation du nombre de bovins de boucherie comme laitiers.