Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 331 Septembre 2021 Mise en ligne le 14/09/2021

Viande ovine

Fort dynamisme des exportations espagnoles de viande ovine

Tandis que les sorties d’agneaux irlandais et britanniques sont en repli, l’Espagne tire son épingle du jeu. Elle intensifie ses envois de viande ovine sur le marché européen, notamment vers la France.

La Nouvelle-Zélande et l’Australie restent préférentiellement tournées vers les marchés chinois et nord-américains.

Viande ovine » France »

Commerce calme et offre en recul

La production française a augmenté en juillet, alors que les importations d’agneaux vivants ont conjointement baissé, illustrant des sorties dynamiques des élevages français. La météo peu propice à la restauration en extérieur a contraint la demande et l’offre importante a eu du mal à s’écouler.  Le marché était plutôt équilibré en août tandis que début septembre, l’offre s’est repliée face à une demande plutôt calme, permettant la traditionnelle hausse saisonnière du cours français.

Hausse saisonnière de la cotation

A 7,25 €/kg en semaine 35 (se terminant le 5 septembre), la cotation française poursuit sa traditionnelle hausse saisonnière. Celle-ci reste très élevée : supérieure de +0,34 €/kg à celle de 2020 et de +1,16 €/kg à celle de 2019. Début septembre, l’offre est tout juste suffisante pour couvrir la demande. Depuis Pâques, l’écart avec les niveaux des années précédentes s’est toutefois réduit. Cet été, c’est surtout la météo, exceptionnellement pluvieuse, qui a pesé sur les achats.

Fin juillet, l’Aïd est toutefois venu raviver la demande le temps d’une semaine.

Les cours sont élevés, mais la flambée des prix des intrants alourdit les coûts de production. L’IPAMPA ovin viande a atteint un sommet au mois de juillet 2021, à 112,6 (+9 points /2020).

Des abattages français soutenus par l’import de vifs

En juillet 2021, la production abattue a totalisé 8 900 téc, soit +2% /2020, via la hausse des effectifs d’agneaux abattus (+2%) comme de réformes (+2%). Les carcasses de réformes se sont allégées, de 27,2 à 26,8 kg d’une année sur l’autre, alors que celles des agneaux se sont légèrement alourdies (de 19,0 à 19,2 kg de carcasse). Le nombre d’agneaux importés était inférieur à celui de juillet 2020 : la hausse des abattages était essentiellement due à des sorties dynamiques d’agneaux français.

Sur les 7 premiers mois de 2021, les abattages d’agneaux ont augmenté de +4% /2020 et de +7% /2019, en volume. Cette hausse reste en grande partie due aux importations d’agneaux vivants, qui ont progressé de +37% sur 7 mois /2020, principalement via les achats d’Espagne, qui ont quasiment doublé. La part des imports d’agneaux vifs dans les abattages français est ainsi passée de 4% en 2019 à 6% en 2021.

Les abattages d’agneaux élevés en France ont toutefois augmenté sur la période considérée, de +136 000 têtes d’une année sur l’autre.

Les importations de viande ovine restent en repli

Les importations de viande ovine destinées au marché français sont restées faibles en juillet (-16% /2020), à environ 7 300 téc. Elles étaient toutefois supérieures aux volumes de 2019, l’Aïd ayant alors débuté en août (demande moindre en juillet 2019 / 2020).

Les achats en provenance du Royaume-Uni ont continué de reculer, de -22% /2020. En revanche, ils ont légèrement augmenté en provenance d’Espagne (+3% /2020 et +6% /2019), mais beaucoup moins vite qu’au 1er semestre. Sur 7 mois, ils s’élèvent à 10 200 téc, soit +46% /2020 et +10% /2019.

Les importations de viande en provenance de Nouvelle-Zélande sont toujours ralenties (-17% / 2020). Celles de viande ovine irlandaise ont continué de chuter d’une année sur l’autre (-16%), mais étaient supérieures de +12% à juillet 2019.

 

Viande ovine » UE et monde »

Une offre toujours restreinte à l’échelle mondiale

Les principaux pays exportateurs peinent à satisfaire la demande mondiale toujours très forte. Les sorties d’agneaux au Royaume-Uni et en Irlande restent faibles, tandis qu’en Espagne, elles sont plus abondantes et permettent des exportations de viande ovine très dynamiques.

Royaume-Uni : un agneau très peu compétitif

Après une baisse en août, la cotation britannique s’est relevée en semaine 34, à 5,31 £/kg, soit + 0,70 £ /2020 et +1,39 £ /2019. Ce sursaut – en période de baisse saisonnière – s’ajoute aux niveaux déjà très élevés du cours britannique et limite d’autant les envois (-25% sur 6 mois /2020), notamment vers la France. De plus, la livre sterling est forte face à l’euro depuis maintenant plus d’un an, n’améliorant en rien la compétitivité des produits britanniques.

L’offre britannique, toujours réduite, tant au niveau des abattages que des importations, contraint aussi les exportations. Les abattages étaient toujours en recul en juillet (-17% /2020), totalisant -10% /2020 sur 7 mois. Les importations de viande ovine ont aussi régressé, de -16%, principalement en provenance de Nouvelle-Zélande (-12%) et d’Irlande (-56%).

La réouverture de la restauration devrait stimuler la consommation intérieure.

Irlande : des envois contraints face à une demande ferme

La cotation repart à la hausse en semaine 34 (se terminant le 29 août), enregistrée à 6,20 €/kg. Bien qu’il ait régressé depuis Pâques, l’écart avec les niveaux des années précédentes reste élevé : +0,95 €/kg /2020.

Les abattages augmentent progressivement, mais restent inférieurs aux (bons) niveaux de l’an passé : au 1er semestre, les effectifs d’agneaux abattus ont chuté de -6% /2020, avec 1,3 million de têtes et de – 11% en volume, avec 23 500 tonnes. L’allègement des carcasses a réduit les volumes produits, mais c’est surtout la chute des importations d’ovins vifs d’Irlande du Nord (-46% au 1er semestre /2020), depuis le début d’année (Brexit « commercial »), qui est responsable de ce bas niveau de la production irlandaise.

L’aspiration de la Chine pour la viande néo-zélandaise perdure et libère des parts de marché en Europe. Les exportations de viande ovine irlandaise sont toutefois en recul au 1er semestre comparées aux très bons niveaux des deux années précédentes (-17% /2020 et -15% /2019) ; la faible production freine les envois.

Espagne : des exportations de viande ovine dynamiques

Après un creux saisonnier très succinct, la cotation espagnole s’est stabilisée à un haut niveau : 6,39 €/kg en semaine 34 (+7% /2020 et +30% /2019).

L’offre est actuellement équilibrée face à une demande active à l’export, notamment en France (vifs comme viande). Toutefois, les agneaux roumains font actuellement concurrence aux espagnols, poussant ces derniers à ajuster leurs prix pour rester compétitifs.

Au 1er semestre, les exportations de viande ovine ont progressé de +32% comparé à 2020 et 2019. Les envois d’agneaux espagnols au 1er semestre 2021 sont en revanche bien moindres qu’en 2020 (- 20%), année durant laquelle leur dynamisme avait été un véritable bol d’air pour la filière. Ils sont légèrement inférieurs à ceux de 2019 (- 3%).

Nouvelle-Zélande : des exportations en légère hausse en 2021

Le cheptel reproducteur néozélandais s’est encore contracté, la sécheresse ayant provoqué des abattages précoces de brebis. Malgré cela, les sorties d’agneaux devraient croître : l’hiver (juin à août) a été suffisamment chaud et les agnelages sont bons.

Sur 7 mois, la production de viande ovine a baissé de -3% /2020, du fait de la réduction du nombre d’agneaux abattus (-6%), partiellement compensée par la hausse des réformes (+2%).

Probablement grâce à du déstockage, les exportations cumulées sur 7 mois ont par ailleurs augmenté de +1% /2020, principalement vers la Chine (+20% /2020). Elles ont également bondi vers les USA (+47%) et le Canada (+25%), traduisant une reprise du secteur de la restauration nord-américaine. Elles ont en revanche reculé vers l’Europe, notamment vers le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne.

Australie : La recapitalisation se poursuit et les exports se redressent

Au 1er semestre 2021, le nombre d’ovins réformés a encore diminué de -26% /2020, année durant laquelle la recapitalisation avait déjà débuté. Les abattages d’agneaux étaient quant à eux en hausse : +3%, avec 10M de têtes. Les volumes de viande ovine produits ont chuté de -2% /2020, totalisant 313 000 tonnes.

Les exportations ont été dynamiques en juin et juillet : elles ont supplanté leurs niveaux de 2020 (début de recapitalisation) mais aussi ceux de 2019. Sur 7 mois, les envois totaux de viande ovine étaient stables d’une année sur l’autre, mais ont baissé de -13% /2019.

La recapitalisation suit donc son cours et MLA prévoit une hausse du cheptel de +6% /2020 : les conditions météo favorables au 1er semestre et les perspectives positives pour le marché de la viande ovine devraient encourager les éleveurs à garder leurs animaux. Certains envisagent même d’accroître leur cheptel initial, selon une enquête de MLA, ce qui participerait à maintenir des prix élevés en Australie, créant un cycle vertueux.