Viande ovine

Un creux de la cotation française très marqué cette année

La demande en viande ovine et donc les commandes aux abatteurs sont faibles en ce début d’automne 2025. Cela continue de peser sur une cotation française amoindrie cet été par un décalage des sorties d’agneaux imputable à la FCO. Les prix repartent à la hausse mi-octobre, sous l’effet d’une baisse saisonnière des abattages ovins.

Viande ovine » France »

Les achats d’agneaux particulièrement timides cet automne

Alors que la rentrée scolaire est déjà bien entamée, les achats des consommateurs sont habituellement faibles à cette période de l’année mais ils le sont d’autant plus en ce moment, du fait d’un prix de vente élevé.

La cotation française se redresse mi-octobre

Fin août, la cotation de l’agneau français semblait entamer sa traditionnelle hausse jusqu’à Noël. Elle s’est au contraire légèrement réduite pour se stabiliser ensuite. En semaine 41 de 2025 (se terminant le 12 octobre), elle s’est redressée de 0,09 €/kg d’une semaine sur l’autre, à 8,71 €/kg, en baisse de 0,96 €/kg comparée à la même semaine en 2024. C’est la baisse saisonnière des abattages, entre juin et novembre, qui permet un redressement de cette cotation.

La FCO a frappé une partie des élevages français l’automne dernier, provoquant un retard des sorties des agneaux (cet été au lieu du printemps). Cela a amplifié le traditionnel déséquilibre offre/demande estival et fait plonger la cotation française.

L’IPAMPA ovin viande poursuit très progressivement sa baisse amorcée fin 2022, même s’il est doucement reparti à la hausse fin 2024 pour régresser ensuite : il reculait de 1% d’un mois sur l’autre en août 2025 et se maintenait par ailleurs à son niveau d’août 2024. Si on regarde dans le détail :
• L’indice énergie et lubrifiants a baissé de 4% d’un mois sur l’autre et reculé de 8% /2024 ;
• L’indice engrais était stable d’un mois sur l’autre et en hausse de 10% d’une année sur l’autre ;
• L’indice aliments achetés s’est replié de 1% d’un mois sur l’autre et de 3% d’une année sur l’autre.

Attention, d’autres charges comme le travail, les travaux par tiers ou les assurances, non incluses dans l’IPAMPA, continuent de croître.

Les abattages et la consommation s’équilibrent, à de bas niveaux

Selon Agreste, la production abattue de viande ovine était en recul de 7% d’une année sur l’autre sur les huit premiers mois de 2025, à 47 000 téc, et de 24% comparée à la moyenne des cinq dernières années (2020-2024).

Sur la période, les abattages d’agneaux ont diminué de 9 % en effectif et de 7 % en volume, à 2,0 M de têtes et 37 000 téc, avec un poids de carcasse à 18,9 kgéc (+0,45 kgéc /2024). Les réformes ont vu leurs carcasses s’alourdir plus nettement, passant en moyenne de 26,1 kgéc à 27,0 kgéc. Leur nombre a diminué de 9% /2024 (à 302 000 têtes) : en volume la baisse de production est donc moins prononcée (-5%, à 8 000 téc). Ces replis sont au moins en partie imputables à l’épidémie de FCO.

Selon les données d’Ovinfos, les abattages augmentent légèrement fin septembre, après avoir connu un creux marqué tout au long du mois. L’an passé les abatteurs manquaient d’agneaux à cette période de l’année, et à l’automne 2025, l’offre en agneaux est largement suffisante pour satisfaire une demande restreinte.

Les importations françaises d’agneaux vivants ont diminué sur les huit premiers mois de 2024, de 39% /2024, totalisant 48 000 têtes. Elles reculent de 28 000 têtes d’Espagne, notre principal fournisseur. Les imports de réformes, toutes espagnoles, ont baissé de 26% /2024, à 10 200 têtes. Ces reculs participent à la baisse des abattages en France.
Les exports d’agneaux vivants ont reculé de 11% sur la période, totalisant 172 000 têtes. Les envois vers l’Allemagne ont quintuplé (+27 500 têtes) mais n’ont pas suffi à contrebalancer les baisses vers l’Espagne (-11 800 têtes), l’Italie (-25 700 têtes) et la Grèce (-9 200 têtes). Les exports de réformes ont en revanche légèrement progressé, de 6%, à 38 000 têtes.

La baisse de nos importations de viande ovine s’accentuerait en août

Après un léger recul sur l’année 2024, les importations françaises de viande ovine destinées au marché français (en soustrayant le réexport estimé de viande ovine britannique) reculeraient de nouveau sur un cumul de 8 mois en 2025 (-3%), totalisant 54 000 téc.

Sur cette période, on observe un regain des volumes en provenance du Royaume-Uni (+4%, estimation) mais des baisses marquées d’Espagne (-17%), de Nouvelle-Zélande (-5%) et d’Irlande (-11%).
Les importations françaises de viande ovine reculeraient tout de même de 13 % comparées à la moyenne 2015-2019.

Le disponible français en viande ovine recule en 2025

Sur les huit premiers mois de 2025, les abattages français sont toujours en repli d’une année sur l’autre, tout comme les importations de viande ovine.

Le disponible français en viande ovine recule ainsi de 5% /2024 et même de 17% comparé à la moyenne 2015-2019.

Selon le panel Kantar, dont les données sont fournies par FranceAgriMer, les achats de viande ovine par les ménages français (hors RHD) ont baissé de 13% sur 8 mois en 2025 comparés à 2024, parallèlement à une hausse de 10% de son prix moyen.

Viande ovine » UE et monde »

Le marché européen reste sous tension

Sur les huit premiers mois de 2025, les productions de viande ovine en Espagne, France, Irlande et au Royaume-Uni diminuent. Cela a pour effet de maintenir le marché sous tension.

Royaume-Uni : la baisse de la consommation intérieure libère des volumes à l’export

Après avoir connu un regain cet été, la cotation de l’agneau britannique a nettement baissé de fin août à mi-septembre. Elle est repartie légèrement à la hausse ensuite, pour se replier de 6 centimes en semaine 40 (se terminant le 5 octobre 2025) et atteindre 7,80 €/kg soit +0,32 €/kg comparée à 2024.

Les dernières données du Defra (Département de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales) indiquent que la production britannique de viande ovine a atteint 175 000 t sur les huit premiers mois de 2025, soit une hausse de 3% /2024 et une baisse de 7% comparée à la moyenne 2015-2019. Les abattages d’agneaux ont totalisé 7,4 M de têtes sur la période, soit +1% /2024, avec une légère hausse des poids moyens de carcasse. Les abattages de réformes ont à l’inverse reculé, de 6%, à 881 000 têtes, avec un allègement des carcasses. Cette baisse du nombre de brebis abattues pourrait refléter la contraction continue du cheptel reproducteur national.

Malgré un lent démarrage des abattages en 2025, du fait de pertes dues aux intempéries et à l’augmentation des maladies pendant l’agnelage en 2024 (comme le virus de Schmallenberg), la production s’est redressée sur les mois suivants. Elle fléchit de nouveau en août.

On constate une baisse de 8 % des ventes d’agneau au détail au 7 septembre, en cumul annuel mobile, en parallèle d’une hausse de 4 % du prix moyen payé (Kantar). Parallèlement, les volumes d’agneau en restauration ont augmenté de 3 % (volumes estimés par AHDB d’après les données OOH Worldpanel by Numerator UK), malgré une hausse de 7 % du prix moyen sur un an (voir l’article sur le site d’AHDB).

Cela libère des volumes à l’export : les exportations britanniques de viande ovine étaient en hausse de 13% sur la période, à 56 000 téc. Elles dépassaient ainsi de 5% leur niveau d’avant Brexit et pandémie de Covid-19 (moyenne 2015-2019).

Après un bond en 2024, les importations britanniques de viande ovine poursuivent leur croissance début 2025, augmentant de 7% /2024 sur les huit premiers mois de 2025, à 57 000 téc.

Irlande : les exports seraient très dynamiques malgré une production en baisse

En semaine 40 de 2025, selon la commission européenne, la cotation de l’agneau irlandais atteignait 7,48 €/kg, stable d’une semaine sur l’autre et en hausse de 0,46 €/kgéc comparée à la même semaine en 2024.

Après avoir déjà baissé de 10% entre 2023 et 2024, la production irlandaise de viande ovine a chuté de 17% /2024 sur 8 mois en 2025, totalisant 35 000 tonnes : c’est 18% de moins que sur la moyenne des cinq dernières années. Les effectifs d’agneaux abattus ont diminué de 19% /2024 et les volumes de 16%, illustrant une hausse du poids moyen de carcasse, de 21,6 à 22,2 kg. Le nombre de réformes a aussi reculé, de 21% /2024, et de 20% en volume, avec un poids moyen de carcasse quasiment stable, à 26,1 kg.

De nombreuses brebis ont été abattues plus tôt cette année, profitant des prix très élevés à cette époque mais diminuant franchement le nombre de reproductrices. Parallèlement, de nombreux éleveurs en âge de s’arrêter vendent leurs troupeaux faute de repreneurs. Tout cela explique au moins en partie le franc recul de production.

Malgré ce repli et selon les douanes irlandaises, les exportations de viande ovine se seraient redressées d’une année sur l’autre d’avril à août (après un creux des exports en 2024) si bien que sur 8 mois cumulés en 2025, elles totalisaient 31 200 téc, en hausse de 15% /2024. Les exports vers la France auraient bondi de 30% (en discordance avec les douanes françaises…).

Espagne : la production recule mais les exports de viande ovine progressent

La cotation espagnol de l’agneau entrée abattoir était enregistrée à 9,39 €/kg en semaine 40, soit +0,03 €/kg d’une semaine sur l’autre et +0,31 €/kg /2024. C’est la cotation de l’agneau la plus élevée parmi les pays étudiés, et il est rare qu’elle ne soit pas française.

Selon Agreste, la production de viande ovine espagnole a baissé de 2% d’une année sur l’autre sur huit mois 2025, totalisant 65 000 t. Près de 490 000 réformes ont été abattues, soit +2% /2024, avec une hausse plus faible en volume (+1%) : le poids moyen de carcasse est quasiment stable, à 24,4 kg. 4,4 M d’agneaux ont été abattus, soit -7% /2025, pour un volume en baisse de seulement 3%. L’alourdissement marqué des carcasses d’agneaux, de 0,6 kg sur la période considérée à 12,1 kg, est probablement lié à l’annulation de l’envoi au Maroc de dizaines de milliers d’ovins pour la Fête du Sacrifice. Ces agneaux avaient finalement été abattus en Espagne.

Malgré un recul des abattages, les exportations de viande ovine espagnole sont en hausse d’une année sur l’autre sur 8 mois en 2025, de 6% /2024, à 33 000 téc. C’est 1% de plus que sur les cinq dernières années. On observe notamment une forte hausse des envois vers l’Algérie (multipliés par plus de trois, de 2 700 téc en 2024 à 8 500 téc en 2025).
Côté vif, on constate une baisse des envois d’agneaux espagnols d’une année sur l’autre (-31% /2024), à 720 000 têtes. Les envois de réformes ont davantage reculé, de 36% /2024, à 80 000 têtes.

Nouvelle-Zélande : production et exportations de viande ovine reculent

Sur les 8 premiers mois de 2025, la production néozélandaise de viande ovine a reculé de 3% /2024, totalisant 279 000 téc. Le nombre d’agneaux abattus a diminué de 8% /2024, à 12 M de têtes, tandis que celui des réformes a augmenté de 7%, à 2 M de têtes. On observe une nouvelle phase de décapitalisation, à mettre en lien avec les difficultés structurelles auxquelles fait face la filière néozélandaise (compétitivité de l’élevage bovin lait puis plantation de pin plus récemment, qui participent aux difficultés de rentabilité des exploitations ovines). En août, les effectifs d’agneaux abattus ont baissé d’une année sur l’autre et ceux de réformes ont augmenté.

Les exportations de viande ovine ont totalisé 289 000 téc sur 8 mois, en recul de 2% /2024.