Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024
Viande ovine
Flambée des prix et pénurie d’offre
La production de viande ovine reste faible chez les principaux producteurs, hormis l’Australie, ce qui fait bondir les cours entrée abattoir. Reste à savoir si les ménages accepteront de payer l’agneau plus cher pour les festivités à venir.
Les abattages d’agneaux comme d’ovins adultes français se poursuivent à de modestes niveaux alors même que la demande augmente à l’approche de Noël. Les importations de viande ovine semblent se redresser en septembre et se maintenir en octobre mais restent également timides.
La cotation reste en hausse malgré un rebond de la production
À deux semaines des fêtes de fin d’année, malgré le redressement des abattages, les cours continuent de grimper.
En semaine 50 de 2024 (se terminant le 15 décembre), la cotation poursuit son ascension, atteignant 10,49 €/kg soit +0,03 €/kg d’une semaine sur l’autre et +1,76 €/kg comparée à la même semaine en 2023.
L’IPAMPA ovin viande (indice des prix d’achat des moyens de production agricole) poursuit très progressivement sa baisse amorcée fin 2022 : il était encore quasiment stable d’un mois sur l’autre en octobre 2024 et en baisse de 4% /2023. Si on regarde dans le détail : • L’indice énergie et lubrifiants augmentait de 2% d’un mois sur l’autre et reculait de 18% /2023; • L’indice engrais augmentait de 1% d’un mois sur l’autre et de 8% /2023. • L’indice aliments achetés reculait de 1% d’un mois sur l’autre et de 8% /2023.
Des abattages toujours en baisse en octobre
Le marché français de la viande ovine reste tendu, avec une offre modeste alors que la demande augmente progressivement à l’approche des fêtes de fin d’année. L’impact de la FCO semble d’ores et déjà visible sur la production : avec la mortalité parfois accrue dans les élevages – qui a parfois pu aussi toucher les reproducteurs – certains éleveurs sont obligés de garder pour le renouvellement des agnelles initialement destinées à la boucherie.
La nette baisse de production observée cet automne et cet hiver reflète une tendance de fond, observée depuis le début d’année, mais qui a été aggravée par la FCO apparue à la fin de l’été.
Selon Agreste, la production abattue de viande ovine était en recul de 5% d’une année sur l’autre sur les 10 premiers mois de 2024, à 59 600 téc, et de 13% comparée à la moyenne des cinq dernières années (2019-2023). Les abattages d’agneaux ont reculé de 5% en effectif comme en volume, avec un poids moyen de carcasse stable, à 18,5 kgéc, tandis que les réformes ont vu leurs carcasses s’alléger de près de 0,4 kgéc d’une année sur l’autre. Leurs effectifs ont diminué de 9% sur la période mais en volume la baisse est plus prononcée (-10%).
En octobre, la baisse de la production abattue de viande ovine en France s’est accentuée par rapport aux mois précédents, affichant -12% sur un an.
Selon les données d’Ovinfos fournies par Interbev, la production de novembre reste en retrait comparée à 2023.
Les importations d’ovins adultes vivants sont en recul en 2024 : sur 10 mois, elles baissent de 24% d’une année sur l’autre, à 15 000 têtes. Les données d’import d’agneaux sont en vérification auprès des douanes.
À l’inverse, les exports d’agneaux ont augmenté de 8% sur la période, en lien avec une forte demande internationale pour le vif. Ils progressent surtout vers l’Italie et l’Espagne, ce qui contrebalance l’arrêt des envois vers Israël cette année. Les envois de réformes reculent de 9% sur ces 10 mois en 2024 comparés à 2023.
Léger recul des importations de viande ovine sur un an
Après une révision des données douanières, on constate un redressement des importations françaises de viande ovine en juillet (+9%) et septembre (+8%). Elles sont stables d’une année sur l’autre en octobre 2024. Sur ce dernier mois, les importations d’Espagne et de Nouvelle-Zélande poursuivent leur dynamisme, tandis que les volumes en provenance d’Irlande et du Royaume-Uni reculent toujours, à l’image de la tendance globale observée cette année.
En effet, en cumul sur 10 mois 2024, les importations de viande ovine reculent de 2% au global comparées à 2023, cumulant 69 500 téc.
Dans le détail, les importations françaises de viande ovine cumulées sur 10 mois reculent de respectivement 7% et 11% du Royaume-Uni et d’Irlande par rapport à 2023 mais se redressent de 10% et 11% en provenance d’Espagne et de Nouvelle-Zélande.
Le disponible français poursuit son recul en octobre 2024
Sur 10 mois en 2024, les abattages français sont en repli d’une année sur l’autre, tout comme les importations de viande ovine. Le disponible recule ainsi de 4% /2023 et de 13% comparé à la moyenne 2015-2019.
D’après les données du panel Kantar de FranceAgriMer, sur 10 mois en 2024, les achats des ménages auraient reculé de 9% /2023 en volume. Le prix moyen pondéré de la viande ovine augmente dans le même temps de 3%. On observe un recul moins important des volumes avec des prix également en hausse en viande bovine, vitelline et porcine. Seuls les achats de volaille progressent, avec des prix qui baissent nettement.
Viande ovine » UE et monde »
Les cours flambent à l’approche des fêtes
Face à une production qui flanche et une demande qui augmente graduellement à deux semaines seulement des fêtes de fin d’année, les cours des principaux producteurs de viande ovine se redressent nettement.
Royaume-Uni : la cotation reste soutenue début décembre
Les abattages britanniques sont à de modestes niveaux et soutiennent les cours. La demande croissante à l’approche des fêtes participe aussi à cette hausse.
La cotation de l’agneau britannique poursuit sa hausse démarrée début novembre et, en semaine 49, elle se situait à 8,28 €/kg, soit +0,05 €/kg d’une semaine sur l’autre et +1,49 €/kg comparée à 2023.
La production britannique de viande ovine a baissé de 7% sur 10 mois en 2024, totalisant 218 000 t. Cela s’explique par un repli de 13% des abattages de réforme et de 7% des abattages d’agneaux. Comparée à la moyenne 2015-2019, elle recule de 11%. Les conditions d’élevages sont plus difficiles cette année – à l’image de la tempête Bert qui a provoqué des conditions météorologiques humides et des inondations dans certaines régions du pays – et les effectifs de reproductrices sont en repli, surtout en Angleterre. Les résultats d’abattage d’octobre sont les plus faibles jamais enregistrés par AHDB.
Les importations de viande ovine ont bondi pour tenter de combler ce manque de production, de 47% /2023 sur 10 mois en 2024, avec +60% en provenance de Nouvelle-Zélande et +70% d’Australie mais -23% d’Irlande.
Face à la nette baisse de la production, et malgré des importations dynamiques, les exportations britanniques de viande ovine ont reculé de 6% /2023 sur la période, à 63 500 téc. La baisse la plus forte est enregistrée vers la république d’Irlande (- 82%/2023 soit -3 700 téc) : l’Irlande du Nord a en effet vendu davantage vers le reste du Royaume-Uni vu son bas niveau d’offre cette année. Les exportations du Royaume-Uni se tenaient ainsi 9% sous leur niveau d’avant Brexit et pandémie de Covid-19 (moyenne 2015-2019).
Selon les prévisions d’AHDB pour Noël 2024, la demande globale de détail pour la viande ovine dépassera de 20% celle de 2023.
Irlande : le cours irlandais s’envole à l’approche des fêtes de fin d’année
La production irlandaise de viande ovine diminue après septembre alors que la demande des abatteurs en agneaux finis est de plus en plus forte à seulement deux semaines de Noël. Cela tire leur cotation entrée abattoir vers le haut.
En semaine 49 de 2024, la cotation de l’agneau irlandais poursuit sa nette ascension et atteint alors 8,14 €/kg, en hausse de 1,77 €/kg comparée à la même semaine en 2023.
Après avoir augmenté de 2% entre 2022 et 2023, la production irlandaise de viande ovine a en effet perdu 6% /2023 sur 10 mois en 2024. Les effectifs d’agneaux abattus ont baissé de 6% /2023 et ceux des réformes de 10%. Comme au Royaume-Uni, la baisse du cheptel reproducteur irlandais (-2,5% entre fin 2022 et 2023) explique ce repli de la production.
Sur 10 mois en 2024, les exportations de viande ovine irlandaise ont baissé de 13% à 41 600 téc dont – 12% vers la France et -9% vers le Royaume-Uni. Associée à la baisse de la production nationale, la concurrence de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande sur le marché européen explique ce repli des envois.
Espagne : net regain de la cotation à l’approche des fêtes
En Espagne, comme dans la plupart des pays étudiés, la production recule depuis le début de l’année, supportant le cours de l’agneau. Le dynamisme de la demande internationale en vif, notamment du Maroc, participe à soutenir cette cotation.
Après avoir stagné durant des semaines, le cours espagnol entrée abattoir est reparti à la hausse fin octobre et atteignait 9,68 €/kg en semaine 49, soit 0,44 €/kg au-dessus de son niveau de 2023.
Après une baisse de 11% entre 2022 et 2023, la production de viande ovine espagnole a poursuivi sur cette tendance et diminuait toujours, de 9% sur 9 mois en 2024 /2023, à 74 000 téc. Le nombre d’agneaux abattus baissait de 6% et celui des réformes de 30%, avec une probable volonté de recapitaliser après trois années de sécheresse.
Sur 10 mois en 2024, les envois d’agneaux vivants ont augmenté, de 6% /2023,triplant quasiment vers le Maroc. Parallèlement, les envois de réformes ont bondi de 65%, là aussi via une explosion des envois à destination du marché marocain (x5).
Sur la même période, les exportations de viande ovine espagnole reculaient de 2% /2023, à 37 000 téc, principalement du fait d’un arrêt des envois vers Oman et d’une forte baisse vers les Emirats Arabe Unis (-81%) et Israël (-48%). Ces reculs n’ont pas été contrebalancés par les hausses vers la France (+3%), la Grèce (+45%) et aussi et surtout la réouverture du marché algérien.
Nouvelle-Zélande : la production recule mais les exports se maintiennent
Après avoir augmenté de 6% sur les 5 premiers mois entre 2023 et 2024, la production ovine abattue en Nouvelle-Zélande a chuté de juin à octobre, ramenant le cumul sur 10 mois à -3% /2023, soit un total de 350 000 t. Sur cette période, le nombre d’agneaux abattus s’est apprécié de 2%, à 15 M de têtes, tandis que celui des réformes a reculé de 14%, à 2 M de têtes. Les éleveurs reconstituent leurs cheptels après de nouveaux épisodes de sécheresse.
Malgré ces abattages en baisse, les exportations de viande ovine se sont maintenues comparées à leur niveau de 2023 sur 10 mois, à 342 000 téc.
La demande chinoise en agneau néozélandais reculant nettement (-24%) du fait de la compétitivité accrue de l’Australie sur ce marché, la Nouvelle-Zélande a réorienté ses envois, principalement vers le Royaume-Uni (+56%) et l’Amérique du Nord (+36% vers les Etats-Unis, +28% vers le Canada et +37% vers le Mexique).