La hausse des cours des jeunes bovins a ralenti en mars, conséquence notamment de la stabilisation de la demande méditerranéenne après le début du ramadan.
Pause ou stabilisation des cours ?
Après une période de hausse continue depuis l’automne dernier, les cours des jeunes bovins se sont stabilisés chez certains de nos voisins européens depuis deux semaines. Les hausses depuis le début de l’année restent toutefois spectaculaires.

Les cours des jeunes bovins européens ont gagné plus de 50 centimes depuis le début de l’année :
- Le jeune bovin U allemand cotait 6,39 €/kg de carcasse en semaine 11 d’après AMI (+30% /2024, +54 cts /semaine 1), stable sur quatre semaines,
- Le jeune bovin Charolais Prima Qualità italien cotait 7,10 €/kg de carcasse à Modène en semaine 11 (+18% /2024, +53 cts /semaine 1), un niveau inchangé depuis trois semaines,
- Le jeune bovin U espagnol cotait 7,02 €/kg de carcasse en semaine 11(+33% /2024, +59 cts /semaine 1).
La détente de la demande méditerranéenne après le début du ramadan fait baisser la pression sur les cours et conduit à un ralentissement de cette hausse généralisée des cotations.
Manque de viande au Sud de la Méditerranée
Les pays tiers méditerranéens ont nettement augmenté leurs importations de viande bovine depuis deux ans, conséquence de cheptels domestiques en recul malgré une demande bien présente.
Ainsi, après avoir importé 27 000 téc de viande bovine espagnole et 57 000 téc de viande brésilienne en 2024, l’Algérie a renouvelé ses achats de viande sud-américaine en janvier 2025, avec 10 000 téc de viande bovine arrivée du Brésil, une provenance qui reste bien meilleur marché que les origines européennes.

Le Maroc était également aux achats depuis deux ans, avec 7 000 téc importés en 2023 et en 2024, dont 5 000 d’Espagne cette dernière année, le pays privilégiant encore l’origine UE.

La Turquie a également été un acheteur important sur le bassin méditerranéen, avec 39 000 téc importées en 2023 et 85 000 en 2024, principalement issues de Pologne (52 000 téc en 2024), de France (19 000 téc en 2024, dont une partie entrée en Turquie via d’autres États membres) et d’Italie (10 000 téc en 2024).

L’appétit des pays tiers méditerranéens pour la viande, notamment importée d’Europe, a contribué à faire monter les cours de toutes les catégories de jeunes bovins.
L’arrivée de viande et d’animaux vifs sud-américains (découvrez-en plus dans notre article dédié aux broutards) et le tassement de la demande au milieu du ramadan pourrait avoir joué sur la stabilisation des cours des jeunes bovins européens.
Espagne : abattages de jeunes bovins stables en fin d’année
Les abattages de jeunes bovins espagnols avaient été très dynamiques jusqu’à l’automne 2024 (+15% /2023 sur neuf mois). En fin d’automne, ils étaient revenus à un niveau habituel, accentuant d’autant le manque d’offre pour la consommation domestique et l’export.

Cette offre limitée en fin d’année et la hausse des cours qui en a découlé depuis plusieurs mois pénalisent la consommation domestique.
Italie : manque de viande, hausse des importations de bovins finis
Les abattages italiens pâtissent de la raréfaction de l’offre française en broutard, conduisant à la hausse de cours constatée.

En janvier 2025, 59 000 taurillons ont été abattus en Italie, en recul de 4% /2023. Sur trois ans (depuis 2022), la baisse atteint même 11%. Par ailleurs, même s’ils ont cessé de se réduire, les abattages de génisses étaient en recul de 6% /2022, soit il y a trois ans.
Pour tenter de pallier ce manque de viande et assagir un peu ses cours domestiques, les abatteurs italiens ont eu recours à des importations de bovins finis depuis les pays limitrophes.

Ainsi, sur l’ensemble de l’année 2024, 87 000 bovins finis ont été importés de France d’après les douanes italiennes (= /2023, mais seulement 29 000 têtes inscrites en sortie dans les douanes françaises), 23 000 de Croatie (+20% /2023) et 24 000 de Slovénie (+8% /2023). Les importations depuis l’Espagne et la Hongrie étaient en fort recul, ces deux pays ayant orienté leurs animaux vers le Maghreb et la Turquie.
Fait marquant, 15 000 bovins finis sont arrivés de Tchéquie (×9 /2023) et 20 000 d’Estonie (aucun les années précédentes), démontrant le manque d’animaux à abattre en Italie.