Lait de vache

Reprise de la collecte laitière en France, compétitivité étasunienne sur le marché du beurre

Après un recul au 1er trimestre, la production laitière française montre des signes de reprise au printemps, en particulier dans l’Ouest. La demande intérieure reste dynamique, le marché du beurre solide et le prix du lait bien orienté. Mais les écarts entre régions demeurent marqués sous l’effet des contraintes sanitaires. Sur les marchés internationaux, la baisse des prix aux États-Unis, combinée à un dollar affaibli, renforce l’attractivité du beurre américain. Résultat : les exportations repartent nettement à la hausse, tandis que celles de l’UE reculent, faute de disponibilités.

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Printemps porteur pour la production laitière française

Après plusieurs mois de repli, la collecte laitière a amorcé un redressement, notamment dans l’Ouest. La conjoncture reste favorable, entre demande intérieure soutenue, fermeté du marché du beurre et bonne tenue du prix du lait. Mais des disparités régionales persistent.

Reprise de la collecte laitière dans l’Ouest, sous l’effet d’un printemps favorable

En mars 2025, la collecte laitière française a reculé de 1,4% /mars 2024, prolongeant la tendance baissière amorcée depuis décembre dernier. Toutefois, d’après les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer, un redressement serait en cours au mois d’avril (+1,5% /2024).

La mise à l’herbe des vaches s’est déroulée dans de bonnes conditions. L’herbe pâturée, de bonne qualité nutritionnelle, contribue à la production d’un lait de qualité. Les ensilages d’herbe réalisés affichent par ailleurs de bons taux de matières azotées totales (MAT), ce qui devrait être favorable à l’équilibre des rations dans les semaines à venir. Ces conditions favorables, tant sur le plan climatique que fourrager, ont permis de relancer la dynamique de collecte dans l’Ouest du pays. Ainsi, en mars, les volumes ont progressé de 0,6% /2024 en Bretagne, de 0,4% en Normandie, de 4,1% en Occitanie d’après les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer. La région Auvergne-Rhône-Alpes connaît également une hausse, avec +0,8 %. La tendance se confirme sur les deux premières semaines de mai, avec des hausses notables : +2,1% en Bretagne, +5,3% en Normandie, +5,2% en Occitanie et +4,4 % en Auvergne-Rhône-Alpes. Dans le Sud-Ouest, les précipitations tant attendues ont favorisé une bonne pousse de l’herbe, permettant un redressement de la production. En revanche, les régions du Nord et de l’Est demeurent toujours fortement affectées par les conséquences sanitaires de la fièvre catarrhale ovine (FCO). La Bourgogne-Franche-Comté (BFC) et le Grand Est ont enregistré ainsi six mois consécutifs de baisse de collecte, avec des reculs toujours très marqués en mars : -8,5% /2024 en BFC et -6,9% en Grand Est.

Mais aussi, la bonne tenue du prix du lait conjuguée à des coûts d’aliment en baisse crée un contexte incitatif pour la production. Les éleveurs disposent de conditions fourragères et économiques favorables pour produire.

Bonne tenue du prix du lait

En France, le prix du lait reste à un niveau soutenu. Pour un lait standard (38 g/l de TB et 32 g/l de TP), le prix a atteint 484 €/1 000 litres en mars 2025, toujours porté par la fermeté du marché du beurre et par une progression de la consommation de produits laitiers par les ménages.

Ce niveau de prix devrait se maintenir dans les mois à venir, malgré un léger repli attendu en lien avec le pic saisonnier de collecte. La conjoncture reste favorable, soutenue par une offre européenne de lait sous tension, un marché du beurre toujours dynamique, et une demande domestique bien orientée. Néanmoins, cette situation est contrainte par des négociations commerciales tendues avec la grande distribution.

Les charges en élevages, d’après l’IPAMPA lait de vache (qui représente 50% des coûts de production) ont légèrement reculé en mars 2025 d’un mois sur l’autre (-0,3%) et ont diminué de 2,3% /mars 2024. Sur un an, le recul est très marqué pour le poste aliment acheté (-4,1% /2024) et l’énergie (-14,5%). En revanche, le poste engrais a enregistré une hausse (+4,9%). La plupart des autres charges incluses dans l’IPAMPA sont en augmentation, à l’exception du matériel. Par ailleurs, certaines charges non couvertes par l’IPAMPA, telles que les travaux réalisés par des tiers ou encore le coût de la main-d’œuvre, continuent de progresser.

La marge MILC, estimée à 211 €/1 000 l en mars, a gagné 5 € en un mois portée par l’augmentation du produit de la vente des animaux et un léger recul des charges. La MILC a augmenté de 60 €/1 000 l sur un an. Le produit lait a progressé de 34 €, les coproduits viande ont augmenté de 17 €, tandis que les charges se sont réduites (-9 €). Pour en savoir plus sur la marge MILC et visualiser les évolutions, rendez-vous sur la page dédiée sur idele.fr.

Lait de vache » Commerce extérieur »

L’excédent commercial laitier s’effrite

Au 1er trimestre 2025, le solde commercial des produits laitiers français s’est nettement détérioré. Si les exportations ont marqué le pas, les importations sont reparties à la hausse.

Détérioration du solde commercial laitier

Au 1er trimestre 2025, l’excédent commercial des produits laitiers français s’est détérioré, de -30% /2024, à 586 millions €. Les exportations ont légèrement progressé en valeur (+1% /2024), mais les importations ont plus fortement augmenté (+19%). Les fromages demeurent le principal contributeur à cet excédent (260 millions €), représentant 44% du solde. Toutefois, la balance commerciale de cette catégorie a reculé de 11% sur un an. À l’exception des poudres de lactosérum, le solde commercial s’est contracté pour l’ensemble des produits laitiers. La principale source de cette dégradation est le déficit du beurre, qui a presque doublé au cours du premier trimestre.

Repli des exportations laitières françaises

Les exportations de produits laitiers ont reculé en volume au 1er trimestre 2025 en équivalent lait (-8,1% /2024), marquant un net retournement après la progression enregistrée en 2024 (+6,4% /2023). Seuls les laits conditionnés et les fromages échappent à la tendance baissière.

Les ventes de fromages à l’étranger ont progressé légèrement (+1% /2024), portées par la bonne dynamique des fromages frais et des râpés. Les envois de fromages frais ont notamment bondi vers les Pays-Bas (+13%), premier débouché, et le Royaume-Uni (+53%), troisième client. Du côté des fromages râpés, les volumes exportés vers la Belgique, deuxième marché, ont augmenté de 21%.

Les exports de matière grasse sont en net recul. Les ventes de crème ont chuté de 28% /2024 en volume. Belgique, Chine et Pays-Bas concentrent environ deux tiers des exportations françaises de crème. Mais les volumes envoyés se sont effondrés vers la Belgique (-40%) et les Pays-Bas (-66%). Le beurre suit la même tendance, avec une baisse globale de 12%/2024 des exportations. Une distinction s’impose toutefois : les ventes de beurre conditionné ont progressé de 7%, tandis que celles de beurre en vrac, à usage industriel, ont reculé de 20%. Les Pays-Bas, grand acheteur de ce dernier en 2024, ont réduit fortement leurs achats (-63%).

Rebond des importations laitières

Les importations de produits laitiers ont progressé en volume au 1er trimestre 2025 en équivalent lait (+1,3% /2024). Cette progression concerne la plupart des produits, à l’exception de la crème, de la poudre maigre et du lactosérum.

Les fromages restent de loin le premier poste d’importation. En légère hausse (+1% /2024), cette croissance est portée par les fromages frais. Les volumes en provenance des principaux fournisseurs ont augmenté : +10% d’Italie, +13% d’Allemagne, +8% du Danemark. À noter, une percée du Royaume-Uni, dont les exportations vers la France ont été multipliées par treize, bien qu’elles restent modestes.

Côté matières grasses, les importations de beurre, en recul en 2024, sont reparties à la hausse au 1er trimestre 2025 (+5% /2024). Les Pays-Bas conservent leur place de premier fournisseur, avec des volumes stables. L’Irlande, de son côté, a doublé ses envois vers la France, dans un contexte où son principal débouché hors UE, les États-Unis, se révèle plus volatil et avec une offre domestique plus abondante.

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Hausse de la compétitivité aux États-Unis

L’offre de beurre aux États-Unis reste importante, accentuant la pression sur les prix . L’affaiblissement du dollar US renforce la compétitivité des exportations étasuniennes.

Repli du dollar étasunien face à l’euro

Outre les effets à venir sur les différents marchés, la guerre commerciale initiée par Trump a des effets déjà palpables sur la parité du dollar étasunien avec les autres monnaies. Ainsi, entre février et mars 2025, l’euro s’est apprécié de 8% par rapport au dollar US. La progression du dollar néo-zélandais était moindre (+3% /dollar US sur la même période).

Forte chute du cours du beurre aux États-Unis, stabilité en Europe

En avril 2025, les dynamiques des cotations du beurre restaient divergentes. Avec des disponibilités plus importantes, les cours du beurre étaient en retrait sur un an en Océanie (-4% /mars 2025 mais +9% /avril 2024, à 6 716 €/t) et surtout aux États-Unis (-4% /mars 2025 et -25% /avril 2024, à 4 556 €/t), retrait amplifié par le renforcement relatif de l’euro.

Dans le même temps, les cotations sont restées soutenues dans l’UE (= /mars 2025 et +29% /avril 2024, à 7 389 €/t). Les stocks industriels limités et le recul des fabrications continuaient de peser sur les disponibilités.

Les cotations de la poudre maigre à la baisse

Alors que les dynamiques restaient divergentes il y a peu, les cotations de la poudre maigre étaient toutes orientées à la baisse en avril 2025. Mais l’intensité du repli était d’ampleur variable suivant les bassins de production. Dans le sillage de la baisse des mois derniers, c’est aux États-Unis que le recul a été le plus marqué. Et ce mouvement a été amplifié en euros par le changement récent de la parité avec le dollar. Ainsi, le cours étasunien de la poudre maigre est passé sous le niveau de 2024, à 2 266 €/t exactement (-6% /mars 2025 et -3% /avril 2024). Avec une demande actuellement moins forte, ils étaient également en léger retrait sur un mois en Océanie (-2% /mars 2025 mais +10% /avril 2024, à 2 640 €/t) et en UE (-2% /mars 2025 mais +2% /avril 2024, à 2 460 €/t), cette dernière étant affectée par une moindre compétitivité liée à la hausse de l’euro.

Les USA très présents sur le marché mondial du beurre

La baisse des prix aux États-Unis et la dépréciation du dollar US face à l’euro et au dollar NZ donne une compétitivité supplémentaire au beurre étasuniens, par ailleurs largement disponible.

Les exportations de beurre et butter oil depuis les États-Unis ont ainsi très nettement rebondi début 2025 pour atteindre 24 000 tonnes sur le premier trimestre 2025 (x3 /2024). A l’inverse, les exportations de beurre et butter oil depuis l’UE-27 étaient en retrait marqué (-10% /2024 à 58 000 tonnes).

La situation est différente sur la poudre maigre, actuellement moins recherchée sur les marchés mondiaux. Les volumes exportés par les USA sur le premier trimestre sont tombés à 160 000 tonnes (-16% /2024). En comparaison, les exportations européennes de poudre maigre se sont mieux maintenues (-1%, à 187 000 tonnes).